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Le Développement Economique Local : des dynamiques institutionnelles et des

Chapitre II - Le Développement Economique Local comme dynamique des élites locales

Section 1. Le Développement Economique Local : des dynamiques institutionnelles et des

Dans cette Section, nous analyserons pourquoi les institutions doivent être au centre de l’analyse économique et comment elles impactent la performance économique. Puis nous verrons s’il est possible de créer ou de choisir des institutions permettant le développement économique. Si c’est le cas, nous tenterons d’identifier les acteurs pouvant être à l’origine des modifications institutionnelles et la manière dont ils s’y prennent. Nous passerons ainsi en revue certains travaux traitant de l’intentionnalité des acteurs dans le changement institutionnel et nous mettrons peu à peu en lumière les élites comme les acteurs déterminants des dynamiques institutionnelles et économiques.

1. Les dynamiques institutionnelles et la performance économique

Les résultats mitigés des programmes d’aide au développement en Afrique et la découverte du territoire productif ont conduit (Chapitre précédent) à une reconsidération du niveau local. Ils ont également modifié le regard sur le développement. Ainsi les théories sur le développement humain montrent que les programmes économiques ne peuvent à eux seuls permettre le développement : il s’agit également de s’intéresser aux institutions. En effet, alors que pour l’économie orthodoxe, une bonne économie pure de marché ne dépend pas des institutions qui représentent des éléments perturbateurs ; l’économie institutionnelle regroupe plusieurs théories qui montrent au contraire que les institutions doivent être au centre de la réflexion (Chavance, 2007). Aujourd’hui, l’économie institutionnelle est composée de divers cadres théoriques (Gislain, 2003)28. Une première approche est dite « classique », une seconde peut être qualifiée de « coasienne », enfin une approche « contemporaine » a été élaborée par Williamson, North ou Ostrom.

L’approche classique ou l’institutionnalisme américain a été développée par Veblen (1899) et Commons (1934), considérés comme les fondateurs de l’économie institutionnelle. Ils affirment qu’il est nécessaire de s’intéresser aux institutions pour pouvoir appréhender les nombreuses transformations de la société américaine et notamment l’émergence de la société de production de masse, de la consommation de masse, de l’industrie mécanisée et du capital

28 Gislain, 2003, p. 20 : « Dès sa fondation et jusqu’à nos jours, l’économie orthodoxe a cherché à réduire la question des institutions économiques à celle de la conformité entre, en théorie, une bonne économie pure de marché sans institution perturbatrice, et, en réalité une économie concrète, plus ou moins pervertie par les institutions. En revanche les différentes hétérodoxies successives en économie (Sismondi, Saint Simon, les historicistes, la sociologie économique, etc.), ont chacune à sa façon, proposé une conception de l’économie

financier. D’après eux, les théories orthodoxes ne permettent pas d’expliquer les changements de l’Amérique du XXème siècle.

Veblen propose des analyses qui s’intéressent aux facteurs d’évolution de la société et de l’économie et qui reconstituent des processus d’apparition d’institutions sociales. Il applique ainsi la métaphore de la sélection naturelle aux institutions économiques et sociales. Il s’inspire également de l’historicisme allemand 29 et rejette les théories néoclassiques 30 et du marginalisme31. Les institutionnalistes s’inspirent aussi de la philosophie pragmatiste32 et de la psychologie sociale33. Les idées sont construites par les Hommes. La curiosité les conduit à manipuler la nature de différentes manières et à modifier les « construits ». Les sociétés et les économies évoluent, en conséquence, à travers des conflits entre l’ancien et le nouveau. Commons montre que la rationalité néoclassique de l’individu ne peut pas expliquer les comportements : les individus saisissent des opportunités mais, le plus souvent, se comportent de manière routinière. Il s’oppose à la conception néoclassique de l’acteur économique ne recherchant qu’utilité et profit : l’économie est une branche des sciences sociales et doit tenir compte de la pluralité des motivations potentielles d’un individu34. Dans le même sens, Polanyi (1944, 1957) fait remarquer que la distinction entre économique et social n’est qu’artificielle (elle n’a pour but que de faire progresser l’analyse de ces deux branches). Il remarque que dans de nombreuses civilisations, cette distinction ne se fait pas, l’économie étant encastrée dans le social.

Les préférences, les perceptions, les représentations des individus découlent d’un apprentissage continu qui implique une interaction permanente avec les autres dans un contexte où des institutions et des valeurs prévalent. Ce constat ne s’apparente pas au déterminisme social mais

29 Gustav von Schmoller et Werner Sombart. Le courant historiciste veut inscrire l’économie dans le temps historique au contraire de l’économie néoclassique, déductive et à priori (et donc antihistorique). La pensée historiciste préconise une observation des faits réels qui nécessite une théorisation relative au contexte auquel elle se rapporte par mobilisation de l’inférence déductive. Mais Veblen et Commons sont critiqués sur le manque de théorisation de l’historicisme allemand.

30 Ricardo, Senior, Mills…

31 Walras, Menger, Jevons…

32 Charles Sanders Peirce. Les philosophes pragmatistes reprennent la méthodologie du philosophe C.S. Peirce, l’« abduction », qui se définit comme un raisonnement partant de l’observation permettant de formuler une hypothèse sur un phénomène observé. L’abduction ou rétroduction ou encore induction à rebours (« backward induction ») part de la cause pour arriver aux effets (non pas comme l’induction qui va du particulier au général). La philosophie pragmatiste inspire aux institutionnalistes une conception dans laquelle le comportement de l’individu est fonction de ses croyances et de ses habitudes ainsi que, parfois, de ses instincts.

33 William James et William McDougall.

les relations et le contexte de l’individu influencent clairement ses actions car elles conduisent l’individu à adopter un comportement raisonnable.

L’ordre vient donc de la régulation des interactions et des conflits à travers les règles de l’action collective qui encadrent les transactions entre les individus. Il ne vient pas du marché comme le pense Smith qui sépare marché et institutions. Commons montre ainsi qu’une législation prudemment fabriquée peut créer du changement social35. Ses analyses mettent l’accent sur l’action collective de l’Etat et d’autres institutions qu’il considère comme essentielles pour comprendre l’économie. Il fournit une définition des « transactions » très importante pour l’économie institutionnelle : pour lui, la transaction est plus importante que le marché, et elle constitue l’unité d’analyse. Elle désigne l’interaction entre deux ou plusieurs individus qui s’échangent des droits de propriété et des libertés d’action ; les individus en situation d’interactions sociales sont à la fois interdépendants et en conflit.

Ainsi, les Hommes reviennent au centre de l’analyse économique car ils sont à l’origine des lois et des règles, mais également des coutumes et des habitudes qui organisent la vie économique. Ce sont les Hommes qui provoquent le changement en sélectionnant les institutions à travers leurs interactions et les conflits ou les divergences entre les groupes, entre l’ancien et le nouveau et entre l’économique et le social. Des motivations influencent les individus et les sources de conflits dans une structure sociale font partie du sujet de l’économiste.

L’approche proposée par Coase (1937) confirme l’importance des interactions sociales dans la détermination des coûts de transactions. Il commence par imaginer un monde sans coût de transaction et montre que dans ce monde, seule une négociation directe entre les parties permet de résoudre efficacement un problème (Coase, 1960). Dans ce cas, le rôle de l’Etat se limite à la définition et à la mise en œuvre des droits de propriété et de responsabilité (« liability »), cette répartition des droits n’influençant pas les résultats des négociations qui sont forcément efficaces. Toutefois, Coase reconnaît que les conditions de validité de son théorème sont irréalistes et il propose à la suite de son premier article, un monde réel où les coûts de transaction existent. Il ne s’agit donc plus seulement dans ce monde de répartition des droits, mais également d’arrangements sociaux appropriés et donc d’institutions (firme, marché, Etat). Dans les années 70, les théories institutionnelles tombent dans l’oubli puis sont à nouveau déterrées dans les années 80 et reprises sous un nouvel angle de vue. Jusqu’alors le vieil

institutionnalisme mettait l’accent sur le caractère institutionnel de l’organisation. Les néo-institutionnalistes s’intéressent plutôt au caractère répétitif de l’action dans les organisations36. Williamson (1975, 1985), reprend alors l’idée de Coase et fonde la nouvelle économie institutionnelle (ou l’approche contemporaine par les coûts de transaction et la gouvernance) : toute transaction économique provoque des coûts indispensables à sa réalisation, liés soit à la recherche d’information, soit à la réduction du comportement opportuniste des agents. Les agents économiques, dont la rationalité est limitée et qui adoptent des comportements opportunistes, cherchent donc à réduire ces coûts à travers des arrangements institutionnels. Le choix de la structure de gouvernance (marché, Etat, formes hybrides - sous-traitance, concession, réseau…) qu’ils adoptent est contraint par l’existence de coûts de transaction que les agents tentent de diminuer. Ces coûts de transaction dépendent du degré d’incertitude, de la spécificité des actifs et de la fréquence de transaction.

La mise en place de règles serait donc directement liée à la volonté des Hommes de réduire les coûts de transaction et l’incertitude et d’accéder plus facilement à l’information. Cependant, toutes les règles ne sont pas volontairement construites par des arrangements conscients entre les Hommes. Dans ce sens, R. Nelson et S.G. Winter (1982) (théorie néo-schumpétérienne), mettent en avant l’existence de routines : les interactions des organisations sont basées sur des routines comportementales et des « décisions à vue de nez ». Ces routines sont plus ou moins favorables à la performance d’une organisation : celles qui réussissent à améliorer la croissance sont conservées et celles qui détériorent la performance sont abandonnées (analogie avec le concept de sélection naturelle de C. Darwin). De son côté, Hayek distingue les règles correspondant soit à des « ordres construits » (comme les lois), soit à des « ordres spontanés » (comme les routines). Billaudot (2008) ajoute que les règles doivent être justifiées dans l’espace public ; elles doivent être défendues au nom de l’intérêt général et considérées comme légitimes si l’on souhaite qu’elles soient respectées.

Les règles ne font pas disparaître les intérêts personnels ou d’un groupe et la définition des règles répond à des compromis réalisés. Les institutions naissent et se modifient à travers les conflits entre les groupes et les arrangements conclus entre les acteurs qui n’ont pas au départ pour but de modifier les règles, mais plutôt de réduire les coûts de transaction. La coordination entre les acteurs est dès lors également un moyen de parvenir à sélectionner des institutions qui permettent de réduire l’incertitude et qui sont performantes pour l’économie.

36 D’après les néo-institutionnalistes, les organisations deviennent de plus en plus homogènes au fil du temps, sans pour autant être plus performantes d’un point de vue économique.

Afin d’établir plus clairement le lien entre les institutions et la performance économique, nous pouvons nous référer à North (1990, 1996) qui applique les enseignements de la nouvelle économie institutionnelle à l’économie du développement et montre que l’existence d’institutions en permettant la réduction des incertitudes et la baisse des coûts de transaction impacte directement la performance. La croissance économique n’est possible que par un jeu d’équilibre entre les coûts de production et les coûts de transaction : les coûts de production baissent avec le progrès technologique, alors que les coûts de transaction augmentent avec la complexification de la société et nécessitent des institutions capables de limiter cette augmentation. L’économie fonctionne donc grâce aux institutions, représentées par les lois, les règles, les normes et les routines. Les institutions sont alors des contraintes, mises en place par les Hommes et notamment ceux qui gouvernent. Les institutions permettent d’organiser les relations économiques et sociales et structurent les interactions.

Ces contraintes peuvent être formelles, North distingue les systèmes politiques autoritaires et les démocraties ; ou informelles, les règles sociales qui encadrent les comportements collectifs, les « croyances partagées », les idéologies. Les institutions peuvent également être appréhendées en termes de ressources car les règles permettent de réduire l’incertitude et de prévoir les comportements (Samson, Ternaux). Pour illustration, le respect des règles lié au langage est une contrainte mais le respect de ces règles permet la communication. Les acteurs les créent et les adoptent car elles permettent l’interaction sociale (Giddens, 1984). Une institution peut dans ce sens être imposée, notamment pas l’Etat pour les règles formelles, mais elle peut également émaner d’une volonté collective des acteurs à la créer ou à la maintenir. North distingue institution et organisation : les deux sont pour lui des composantes du cadre structurel supportant l’interaction humaine mais les institutions représentent les règles du jeu alors que les organisations sont les joueurs. Les règles du jeu sont créées pour réguler certains comportements individuels et sont accompagnées d’un système de surveillance et de sanction. Elles sont plus ou moins favorables au développement économique. Les organisations sont les agents du changement. Elles sont des groupes de personnes qui sont liées autour d’objectifs communs qui peuvent être politiques (partis, Sénat, Assemblée Nationale…), économiques (firmes, groupes, coopératives…) et sociales (syndicats, associations, clubs, églises…). Elles ont pour objectif de réussir sur le plan économique, mais surtout d’établir leur légitimité dans le monde des institutions (DiMaggio et Powell, 1991)37. Leur degré d’influence dépend de leur pouvoir de négociation.

Les institutions sont donc créées et changent par les humains à travers leurs interactions. Les joueurs font des choix selon une rationalité limitée38 et des idéologies39, basés sur un calcul des coûts et des bénéfices, tels que subjectivement perçus, ainsi que sur des informations imparfaites, menant à des changements institutionnels aux conséquences inattendues. Les choix humains découlent directement de leurs perceptions, c’est-à-dire de leur interprétation des informations reçues (Otando, 2011). Les individus construisent des schémas mentaux à travers lesquels ils perçoivent le monde qui reposent beaucoup sur les idéologies facilitant le respect des institutions et limitant les comportements opportunistes. Les organisations et les individus sont dotés de modèles mentaux dont il faut pouvoir rendre compte. Cette rationalité limitée représente une limite cognitive permettant de mieux comprendre le changement des institutions et surtout le maintien d’institutions inefficaces. North montre ainsi que des chemins de dépendance empêchent les pays les moins performants de copier les institutions des pays les plus performants40. Des changements positifs sont toutefois possibles car, pour North, la construction des schémas mentaux prend racine dans les mécanismes d’apprentissage des individus.

La relation entre les institutions et les individus est donc interactive. Les institutions naissent des pratiques routinières d’individus liés qui s’influencent mutuellement. Ils partagent une culture commune et font partie d’un même groupe. Les institutions organisent les comportements au sein du groupe. Puis les institutions s’autonomisent et deviennent partie de la pensée collective. Les institutions influencent les choix et les comportements des individus. En retour, les choix individuels font évoluer les institutions, sans déterminisme. Dans ce sens, les institutions sont le produit d’une histoire car elles proviennent d’habitudes de pensée et d’actions dominantes et diffèrent d’un contexte à un autre, les rendant intransférables.

Les institutions ne sont pas la somme de comportements individuels mais plutôt les résultats de la confrontation entre des groupes sociaux aux intérêts différents. Les institutions formelles

38 Plusieurs auteurs ont proposé une nouvelle lecture du comportement des agents, plus réaliste que l’homo economicus dans l’analyse économique, par ex : Friedman, 1953 : « as… if… » ; Becker, 1996 : rationalisation des comportements non directement utilitaristes ; Simon, 1963, 1976 : focalisation sur les procédures de décision ; Akerlof, 1983, Sugden, 1986, 1998 : modélisation des comportements des agents non utilitaristes et des relations que ces agents peuvent construire.

39 North rejette en effet l’idée de la rationalité parfaite de l’agent économique même s’il reconnaît que cette approche facilite la compréhension du rôle incitatif des institutions sur les comportements. Il préfère considérer que les agents économiques possèdent une rationalité limitée (information imparfaite…) et affirme que l’idéologie joue un rôle déterminant.

40 North s’inspire des travaux de Hayek (1952) et tente d’incorporer les apports des sciences cognitives (Denzau et North, 1994) et des progrès de la biologie (Edelman, 1992 ; Damasio, 1999). Le processus évolutionnaire en biologie permet en effet de saisir : a) les processus d’apprentissage par l’accumulation de l’expérience ; b) la construction par cristallisation des croyances, des mécanismes de coopération à certains moments de l’histoire humaine (sociétés de chasse, de cueillette et mécanismes coopératifs).

(lois et règles) peuvent changer très rapidement, mais les institutions informelles (codes de conduite, normes de comportement, conventions) ne se modifient que très progressivement. L’apparition de nouvelles normes formelles en désharmonie avec les normes informelles peuvent conduire à un rejet des nouvelles normes.

Concernant les économies en développement, North propose une approche institutionnaliste du développement économique41. Pour lui, les performances des économies en développement peuvent être améliorées si l’on remplace les arrangements institutionnels (et organisationnels) défaillants, par d’autres, plus efficients. La mise en place de nouvelles institutions déclenche bien sûr des tensions, des conflits et des inerties entre les règles formelles et informelles. Les nouvelles institutions favorables au progrès économique seraient ainsi celles qui permettent de contenir l’augmentation des coûts de transaction, d’accroître la productivité, de récompenser les innovateurs et finalement de rassembler toutes les conditions favorables à la révolution industrielle.

Le développement économique serait alors intentionnel et volontaire et l’évolution des sociétés tributaire des choix des acteurs individuels (entreprises, organisations). L’Etat, organisation par excellence, occupe une place centrale pour le changement institutionnel. Il n’est pas un facteur exogène, à l’opposé de l’économie orthodoxe, et le politique détermine la performance économique en définissant et en renforçant les règles économiques. Le changement est souvent provoqué par des éléments déclencheurs, comme par exemple les altérations des prix poussent les entrepreneurs à changer leurs façons de faire et leurs habitudes et à élaborer de nouvelles règles qui entrent en conflit avec les anciennes. Mais la plupart des décisions sont routinières ; les normes et les habitudes guident les choix.

North présente le processus de changement institutionnel sous forme de trajectoires, présentant une combinaison de ruptures et de continuités. La trajectoire permet de décrire le changement institutionnel comme un « processus de diffusion de nouvelles normes et habitudes », rendu difficile par la dépendance du sentier (poids du passé) (Arthur, 1985, David, 1989), mais permis par l’apprentissage (accumulation d’expériences, de connaissances, de ressources…). De nouveaux produits, des savoir-faire, des comportements sont diffusés peu à peu tout au long de la trajectoire.

41 En 1992, North affirme que « l’essor du monde occidental est l’histoire d’innovations institutionnelles réussies qui sont venues à bout de la faim et des famines, des maladies et de la pauvreté, pour produire le monde développé

Le rythme du changement institutionnel et donc du développement économique serait donc, étroitement lié à la capacité d’apprentissage des individus et des organisations. Certaines sociétés conservent des institutions inefficaces, perpétuées par des individus et des organisations qui détiennent le pouvoir de négociation. Le sentier de dépendance est réversible mais c’est un processus difficile. Par conséquent, le rapport de pouvoir compte dans la formation des institutions et affecte également l’efficacité des résultats et la direction du changement économique.

Ainsi, pour appréhender le changement économique il faudrait :

a) d’une part, comprendre l’articulation entre les modèles mentaux des acteurs, les croyances partagées construites dans une société et les institutions qui définissent les règles du jeu des acteurs économiques ;

b) d’autre part, saisir les mécanismes de changement économique, liés à la perception qu’ont les agents du changement, ainsi qu’aux institutions et croyances existantes ; c) enfin, pour montrer le rôle des individus dans le changement, et alors qu’il a été prouvé

qu’il existe des chemins de dépendance, une théorie de l’intentionnalité des individus devrait être fondée : la capacité d’apprentissage est au cœur du processus de changement mais cependant, la culture (croyances) agit comme un filtre pour l’information. La recherche institutionnelle s’étend bien au-delà des sciences économiques. Trois méthodes d’analyse se revendiquent appartenir au néo-institutionnalisme et cherchent à comprendre comment naissent et se modifient les institutions (Hall et Taylor, 1996).

- L’institutionnalisme historique (IH) explique que les institutions sont générées par la résolution des conflits dans un institutionnel en crise (dissociation entre fonction et genèse – la fonction ne se comprend qu’après coup) et que le rapport entre comportement