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Français langue de spécialité

2.2 Langue générale et langue de spécialité .1 Introduction

La rénovation globale de l'enseignement du français langue étrangère se traduit par un outil pédagogique nouveau portant plusieurs désignations : « le

français scientifique et technique », « langue de spécialité », « français fonctionnel », « langue spécialisée», etc. Il se définit par opposition au « français général », et

représente un nouvel accent sur les domaines apparemment spécifiques à l'intérieur de la langue française : discours juridique, médical, économique, bref de tout ce qui n'est pas littéraire, et il « sert à quelque chose par rapport à la vie» (L. Porcher). « Le français de spécialité » doit donc être adapté au public précis qui l'attend. Il ne doit pas être confondu avec « le français langue étrangère » conçu en général pour rendre service à n'importe quel public dans n'importe quelle situation d'apprentissage. Les efforts actuellement entrepris dans le domaine de l'enseignement de la langue française, semblent essentiellement tenir compte du public et de la situation générale de transmission linguistique mais les buts paraissent être quelque peu négligés. L'objet de l'apprentissage des langues de spécialité n'est en effet, pas défini par les textes officiels. Nous préconisons un enseignement tourné vers les besoins communicatifs au sens large sans pour autant spécifier les éléments linguistiques nécessaires à cette communication spécialisée (excepté le domaine particulier de la terminologie).

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2.2.2 Diverses approches de définition

2.2.2.1

Repères théoriques et méthodologiques

Selon Maria Térésa Cabré39 la langue générale est un « ensemble diversifié de sous-codes que le locuteur emploie en fonction de ses modalités dialectales et qu'il sélectionne en fonction de ses besoins d'expression et selon les caractéristiques de chaque situation de communication ».

En revanche, nous pouvons dire, que la langue générale comprend: « les variétés

marquées comme les variétés non marqués, peut être considérée comme un ensemble d'ensembles, imbriqués et reliés entre eux selon de nombreux points de vue. »

Dans la lignée, Scarpa40 cite que le terme langue générale désigne : « une variété linguistique dans laquelle se trouve juxtaposées les notions de langue neutre- (non marquée sur quelque dimension de variation que ce soit), normée (acceptée comme étant correcte et juste) et normale(chez les locuteurs scolarisés) BERRUTO (1993 :84)»

Et d’après, Varantola

,

il précise qu’ :

« Il existe de nombreuses définitions qui différencie la langue de spécialité et la langue générale, mais aucune n’est universellement applicable, pour des raisons bien compréhensibles. En somme, on a affaire à deux suppositions qui sont intuitivement justes, qui fonctionnent sur le plan pratique, mais qui résistent à une définition et à une délimitation claires » (Varantola, 1998 :120).

C’est aussi la position de Sager, Dungworth et McDonald :

« Entre la langue générale et les langues de spécialités, il existe une différence de degré plutôt que de nature : à savoir le degré auquel les caractéristiques fondamentales de la langue sont plus ou moins exploitées dans les langues de spécialités ».

39 .Maria Térésa Cabré, Terminologie : théorie, méthode et applications, p 115, Les presses de l'Université d'Ottawa, Armand Colin, 1998

40 .Scarpa Federica, La traduction spécialisée – Une approche professionnelle à l’enseignement de la traduction, traduit et adapté par M. A. Fiola, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2010, page 34

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(Sager, Dungworth et Mc Dolan, 1998 : 111).

Certains auteurs ont envisagé les langues de spécialité comme des systèmes totalement différents par rapport à la langue commune. Cette affirmation n’apparait pas totalement justifiée.41 A cet effet, il est capital de prendre en considération la distinction entre les deux langues.

Selon Rondeau42, la langue commune est :

« 1’Ensemble des mots et expressions qui, dans les contextes où ils sont

employés, ne se réfèrent pas à une activité spécialisée» (Rondeau, 1991 : 24).

Par contre, pour Kocourek

« La langue de spécialité a un sous-système ». En effet, il considère la

langue de spécialité comme « une sous-langue de la langue naturelle, c'est-à-dire de la langue commune » (Kocourek, 1991 :25).

Ce qui nous fait dire que, la langue de spécialité a une sorte d’adéquation avec la langue usuelle, quoiqu’ elle ait ses propres caractéristiques.

Elle a tendance à :

« Définir ses unités lexicales, contrôler la polysémie et l'homonymie,

supprimer les synonymes, simplifier et délimiter les moyens syntaxiques, neutraliser ou contenir1'émotivité et la subjectivité».

Kocourek la définit comme « un instrument qui sert à signifier le contenu

spécialisé, à le communiquer ».

Selon Rondeau 43(1991 :24), l'ensemble des langues de spécialité se réparti

en trois zones:

- La zone mitoyenne : zone qu'il considère" la plus rapprochée de la

langue commune". Il considère cette zone la plus proche de la langue commune car

c'est sur la langue commune que le vocabulaire spécialisé se construit.

- La zone centrale des langues de spécialité : zone où se trouvent des « termes communs » à plusieurs domaines du savoir.

- La zone des ensembles ultra spécialisés: c'est-à-dire, la zone des techniques de la recherche d'avant-garde » (Ex. Chimie, mathématique).

41 Árpád MIHALOVICS, « Quelques traits caractéristiques des documents diplomatiques » 109 (Langues spécialisées – langage politique – textes diplomatiques), 2011 Centre Interuniversitaire d’Études Françaises. 42.RONDEAU, Guy (1991) : « Introduction à la terminologie », Québec, Gaétan Morin, p24.

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C'est une zone ou le vocabulaire employé est très opaque et hermétique dans la mesure ou il est crée, définit et compris par un groupe socioprofessionnel réduit.

En outre, un des éléments qui nous permet de faire la différence entre la langue générale et langue de spécialité est l’utilisation de la terminologie considérée comme l’aspect le plus caractérisant des textes spécialisés comme l’affirme Rondeau ; que les langues de spécialité se caractérisent par leur lexique, et par leur sémantique générale des textes produits:

« La terminologie a pour objet en effet, la dénomination des notions ; ce n’est

donc que de façon accessoire que ses préoccupations rencontrent celles de la phonologie, la morphologie et de la syntaxe» (Rondeau, 1991 :147).

En effet, Rondeau est arrivé à définir les langues de spécialités comme de simples variantes lexicales de la langue générale selon cette citation affirmant que :

«Il faut noter que les expressions langue de spécialité et langue commune ne recouvrent qu’un ensemble de la langue, celui des lexèmes » (Rondeau, 1991 :119).

De plus, les langues de spécialité sont caractérisées par la communication entre les spécialistes comme l’affirme Sager:

« les langues de spécialités, ou plutôt les langues des domaines de spécialité,

sont généralement conçus comme le moyen de communication entre spécialistes hautement qualifiés d’un domaine donné, comme des ingénieurs, des médecins, des juristes, etc. » (Sager, Dungworth et Mc Doland,1998 :124)

Selon les normes ISO, la langue de spécialité serait un :

"Sous-système linguistique qui utilise une terminologie et d'autres moyens linguistiques et qui vise la non-ambiguïté de la communication dans un domaine particulier"

Dubois44 la définit comme étant :

« Un sous-système linguistique tel qu'il rassemble les spécificités linguistiques d'un domaine particulier. »

En ce qui concerne P. Lerat45, il explique :

44. Dubois, Jean et coll. (1994), Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Larousse, Paris 45. Lerat, Pierre (1995), Les langues spécialisées, PUF, Paris

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« Qu’il ne peut exister à proprement parler des langues de spécialité parce que les activités humaines ne sont pas strictement cloisonnées ni cloisonnables … il suggère qu’il y aurait avantage à parler de langue spécialisée ».

Il ajoute :

"Une langue spécialisée ne se réduit pas à une terminologie : elle utilise des dénominations spécialisées (les termes), … On peut donc la définir comme l'usage d'une langue naturelle pour rendre compte techniquement de connaissances spécialisées».46

Conclusion partielle

Il serait vain de trancher définitivement sur cette dichotomie. Jusqu’à nos jours, la définition de la langue de spécialité reste un sujet de débat entre différents auteurs et spécialistes qui ont essayé d’attribuer à ce concept plusieurs définitions selon plusieurs critères. En cherchant une définition sur le français de spécialité, il nous était difficile d’en trouver une qui semble satisfaire notre topo.

Nous pourrons néanmoins tenter de cerner l'objet et, aux propositions des multiples définitions que nous pouvons lire, comprendre un peu mieux les raisons de cette difficulté.

Ce qui nous montre en tout cas la diversité des propositions, et ce qui explique en partie la preuve que le champ de cette discipline n'a pas cessé de s'agrandir et de s’évoluer. Cependant ! Ces définitions aident-elles à se faire une idée précise de ce qu'est le français de spécialité ?

46. Id.

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Afin de pouvoir dégager ce matériel langagier, il est nécessaire de décrire linguistiquement quelques composantes des langues de spécialité, tout d’abord :