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1. Autochtophonie multipliée

L’intérêt premier, toujours mis en avant quand il est question de parler du Maroc, concerne la diversité culturo-linguistique qui constitue ses caractéristiques fondamentales. Il est probable, d’un point de vue éclectique, que cette richesse « pourrait » ouvrir la porte à l’activité de penser, à la créativité d’idées, à la sublimation, et à la possibilité qu’une parole émerge et se symbolise, sauf si des obstacles ne viennent en oblitérer le cours. En effet, la multiformité interne du Maroc pourrait d’un point de vue psychanalytique représenter un facteur d’éclatement, une spécificité négative quand elle est l’indicateur d’une transmission générationnelle dont la continuité est défaillante, parfois des ruptures tranchées qui tranchent la langue à ceux qui n’ont pas eu l’occasion de comprendre ce qui s’est passé dans le tissage diachronique et synchronique de leur histoire, un inconscient collectif dont le refoulement n’est pas son seul mécanisme, le clivage, le déni, le rejet, le désaveu ou encore la forclusion, sont tous des visages possibles dans une multiplication culturelle qui tend souvent vers les antinomies plus que vers les harmonies.

Le pays est en pleine mutation, ce n’est plus une question a soulevé, mais alors comment se fait cette métamorphose, quels sont ses versants positifs et négatifs, à quel prix se fait-elle ? Le Maroc est porteur d’une histoire, comme tout pays dans le sens sémantique large, une nation reconnue comme telle traverse différentes étapes historiques et la langue ou les langues qui les accompagnent mutent, se transforment, s’adaptent, parlent et s’identifient aux liens civilisationnels qui les caractérisent. Le Maroc a été le carrefour de plusieurs civilisations qui l’ont sillonné, depuis l’antiquité à aujourd’hui passant par l’époque médiévale, sa situation géographique le singularise, il est un lieu aux contours variés, enfant de la mer atlantique et frère de l’Afrique avec une figure au charme méditerranéen. Son corps a été un berceau accueillant une multitude de populations qui y ont laissé une trace, une empreinte, une culture plurielle et signifiante.

Tandis qu’on entre dans l’intimité du pays, on constate que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, résistance, appartenance, rejet, discrimination, autant

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d’activités sur lesquelles s’étayent une dynamique forcenée qui cherche son identité ou ses identités ; elles sont encore plus frénétiques quand la globalisation donne naissance à des conflits d’intérêts nourris par les changements « approximatifs » de la politique, de l’économie et de la culture et ce, dans l’ensemble du Maghreb contemporain. Quoi de plus intime qu’une langue, et quoi de plus structurant qu’une relation « suffisamment bonne » à la mère ; la langue maternelle, par elle nait le sujet, elle l’intègre dans le monde et lui offre la parole du « Je ». Dans un pays comme le Maroc la parole est clivée et certaines langues perdent de leur valeur ou disparaissent, comme pour alerter d’un mal d’être, d’un malaise dans la civilisation marocaine.

Il n’est pas difficile de remarquer l’accélération entreprise par la recherche dans le domaine linguistique et dans celui du patrimoine culturel auquel il est intimement lié. Nombreux sont les objectifs de ces recherches, mais celle qui nous a interpelé est l’action qui consiste à venir en aide à des déperditions de patrimoine langagier de l’humanité, le Maroc n’est pas le seul concerné, la catastrophe écolo-langagière est universelle et la prise en charge du problème de l’écosystème langagier se voit imminente. L’Unesco, donne le ton et lance en 1996 son projet « Atlas des langues en danger dans le monde »1, il est question de sauvegarder un patrimoine immatériel, ici langagier, la mission est de le « sauver » d’une menace réelle et de sensibiliser et éduquer les consciences sur ce qu’il représente de fondamental c'est-à-dire, qu’il est le vecteur de la culture propre à chaque population, sa mémoire collective, et les valeurs représentatives de cette dernière, mais aussi et plus important, il est le facteur essentiel de l’identité du groupe. Le principe même de la communauté est considéré comme une fonction maternelle, elle englobe et contient dans une union où s’expriment les aspirations de l’enfance primitive, elle est nécessaire dans son contact avec l’autre, elle a besoin d’un espace intersubjectif, qui peut souvent s’élargir par les distinctions spatio-temporelles des générations, le point central où le « Je peut advenir ».

Le rapport cite à juste titre, dès son ouverture, E.M Cioran, qui stipule qu’« on n’habite pas un pays, on habite une langue », nous pourrions compléter l’affirmation, pour mieux l’affermir, en citant Freud qui, en écrivant à Zweig en exil, lui rappelait « […] votre langue, qui n’est pas un vêtement, mais votre propre peau.2 » Nous serions donc témoins d’une époque contemporaine qui menace d’arracher la peau à plusieurs populations, certaines

1UNESCO (1996), « L’Atlas UNESCO des langues en danger dans le monde », Publié par l’Organisation des

Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, Paris, 2011.

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minoritaires, d’autres plus imposantes mais soumises, soit à des enjeux socio-économiques qui favorisent une langue de « marché » plus fructueuse qu’une autre (ex. l’anglais), soit à des traumatismes collectifs refoulés qui se soumettent volontiers à ses excuses politico-financières qui leur servent de couvert à leur blessures identitaires. Piera Aulagnier ne se trompait pas en qualifiant la fiction d’Orwell de prophétique, « il imagine comme ultime visée du pouvoir totalitaire la création du novlangue »1. On dirait que le monde mue à des intervalles spécifiques de la vie humaine, pendant lesquels il laisse derrière lui une peau sémantique desséchée, muette, une peau morte. Si on parle de certaines langues anciennes en les qualifiants de mortes, c’est qu’elles ne sont plus parlées que par un nombre insignifiant d’individus par rapport à l’immensité du monde et à son dynamisme accéléré. L’agonie langagière contemporaine, parle, comme l’Unesco, de « langues éteintes », le suspect premier de ce drame est la globalisation. Toutefois, la tragédie contemporaine, la dramaturgie que constitue notre époque chamboulée par les rapports de force qui reflètent les grands enjeux politiques de pouvoir et d’enrichissement, fait des transformations linguistiques, mutations ou extinctions, des questionnements graves sur l’éventuel impact destructif sur l’identité des individus. Le vocabulaire moderne se veut dramatique et se nourrit de la pulsion de mort qui guette des générations entières, on parle d’une mort de langues, nous sommes en train d’assister à une « thanatoglossie »2.

Parmi les régions ciblées par l’alerte de l’Unesco, le Maghreb est présent et le Maroc est bien impliqué, spécifiquement pour l’amazigh (le berbère). Le chantier sociolinguistique marocain actuel, consisterait en une sorte de « dé-stratification » des couches langagières présentes dans le pays, à savoir les placer chacune dans un contexte précis et « légitime ». A. Boukous nous propose de voir dans le multilinguisme marocain une ramification clivée et exprimée dans les objectifs de restructuration du pays : « la revitalisation de la strate de l’autochtophonie représentée par l’amazigh (le berbère), les stratégies de légitimation de l’arabe en tant que strate supra locale, l’emprise économique de la francophonie comme strate coloniale et l’émergence de l’anglophonie au niveau de la technostructure symbole de la strate impériale »3. Cependant nous y voyons qu’un aspect technique, organisationnel, une entreprise de « maquillage identitaire », une continuelle résistance aux traumatismes qui se transmettent dans et par le champ linguistique, la schématisation rigidifiée de la linguistique

1

Piera Aulagnier et al, « Le droit au secret : condition pour pouvoir penser. », op. cit., p.18.

2 Nous relayons un chiffre pour participer symboliquement à cette cause de sauvegarde, 6.809 langues sont

répertoriées dans le monde entier, soit 50% des langues de notre planète sont en danger.

3 A. Boukous (2008), « Le champs langagier : diversité et stratification », in La diversité linguistique et

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au Maroc serait vraisemblablement le résultat d’une transmission qui s’organiserait plutôt sur des signifiants figés, énigmatiques, « sauvages » dont le travail de la symbolisation aurait manqué. le Maroc a ses passés que le passé ne connait plus, et le marocain au présent non plus, la dé-stratification qu’il faudrait faire, serait d’abord celles des souvenirs, une mémoire qui s’est stratifiée en couches, une sur une autre plus-d’une-autre, un « effondrement », un « tassement », ne laissant que peu ou pas de place à la symbolisation à travers les générations, c’est pour cela que les héritiers de l’amazighe (berbère) ou de l’arabe dialectal s’exilent volontiers sur d’autres terres sémantiques, comme le français, l’espagnol et l’anglais et ce au sein du même pays.

Des notions intéressantes ont vu le jour dans le domaine de la recherche linguistique, notamment quand Goffman en 1963, soulève la question des marges ou marginalités des langues face à leurs opposants les normes et les standards linguistiques. Souligner l’élément de la marginalité d’un discours, propose systématiquement la notion de l’exclusion de son locuteur. Le statut des langues, contrairement à ce que l’on voudrait croire, n’est pas libre d’exister comme bon lui semble, des critères précis les définissent, comme : principaux, « périphériques » ou minoritaires. Dans son article, « Marges et Normes linguistiques au Maroc : un terrain mouvant », Catherine Miller1, propose une étude qui illustre clairement la situation sociolinguistique marocaine. Elle énumère, d’abord quatre critères statuaires d’une langue, qu’elle développe, mais nous nous tiendrons simplement à les présenter. Le premier est géographique : « les dialectes/ parlers périphériques sont distingués du centre (la notion centrale elle-même est équivoque), notion renvoyant elle-même à une représentation historique, politique et géographique », puis démographique : « les langues/ parlers des groupes démographiquement majoritaires dans un pays ont plus de chance d’acquérir un statut officiel et de se diffuser dans le reste de la population que ceux des groupes minoritaires », ensuite concernant le troisième critère, il est socio-économique, il identifie les différentes langues/styles et leur rapport avec les classes sociales, il les hiérarchise dans le pays en fonction de la valeur donnée au prestige social des classes considérées, alors que celles qui sont défavorisées, donc au Maroc illettrées, l’usage de leur langue/styles est moins valorisé, les classes instruites et donc souvent « bourgeoises » détiendraient la norme. Et en dernier lieu, le statut est défini par rapport à la politique, ce qui au final, ferait de ce dernier critère un regroupement de ceux qui le précèdent, il détient le pouvoir de normaliser ou de marginaliser.

1 C. Miller, « Marges et Normes linguistiques au Maroc : un terrain mouvant », C. Aufauvre, K. Benafla, et M.

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Si Nathalie Zaltzman dénonce le « secret obligé »1 et ses vicissitudes, ici on pourrait parler de langue obligée.

A l’instar des travaux construits par P. Bourdieu2 en 1982 et L.-J. Calvet3 en 1987, est naît un concept, que l’on pourrait qualifier d’inquiétant, il est appelé le « marché linguistique », et de ce fait, les légitimités, le droit d’exister et de se standardiser pour une langue, se retrouvent entre les mains des puissances locales politiques, elles-mêmes soumises au marché de l’économie national et international, c'est-à-dire que le sort d’une langue est à la merci des autorités extérieures du pays dans lequel elle a ses racines, son histoire, et ses valeurs. Certains auteurs parlent de « glocalisation maitrisée »4, un néologisme anglais qui contracte globalisation et localisation, nous sommes dans un marché gigantesque et sordide dans lequel l’individualité et la subjectivité sont perdus. Si après l’époque de l’esclavage, dont il est question de marché des corps, la période contemporaine n’en est pas moins inhumaine, « traficoter » avec les langues, n’est pas loin non plus d’un esclavage moderne où l’on dérobe à certaines populations leur liberté de parler la langue de leurs ancêtres, de leurs parents, aussi chargée de désir soit-elle. Le libre choix de parler une autre langue, est par ailleurs une issue, une porte vers la subjectivation, mais quand le changement n’est plus propre à soi, qu’il est instrumentalisé par les autorités puissantes et le marché de l’emploi et de l’économie, l’issue se ferme et devient une prison aussi dangereuse que le mutisme.

Le Maroc ne fait pas l’exception, et notamment quelques raisons le rendent encore plus soumis à ce « marché linguistique » que d’autres pays, son passé historique – les arabes contre les berbères – la période coloniale, et son projet de se moderniser davantage – entendons par là, son ambition d’ « évoluer » économiquement – font de lui (le Maroc) une terre fertile aux multiplicités linguistiques « opportunistes »5. La sociolinguistique marocaine, sa hiérarchie et les compétitions entre langues sont bien développées dans ces trois ouvrages (on retrouve, A. Boukous6 (1995), M. Ennaji7 (2005), J.-J. De Ruiter1 (2006), tous les trois cités et discutés

1

Nathalie Zaltzman, « Le secret obligé », in la pensée interdite, Paris, PUF, « Petite bilbliothèque de psychanalyse », 2009.

2 P. Bourdieu, 1982, Ce que parler veut dire, Paris, Fayard. 3 J.-L Calvet, La guerre des langues, Paris, Payot.

4 A. Boukous (2008), « Le champs langagier : diversité et stratification », in La diversité linguistique et

culturelle, Revue de l’Institut Royal de la culture Amazighe, n°1, Rabat, 2013, p. 17. (p.15-37)

5 S. Boukri-Friekh, « Le français, langue utilitaire donc concurrencée. Du rapport ambivalent à la langue :

concurrence de l’anglais dans l’espace maghrébin », Les cahiers de l’Orient 2011/3 (N° 103), p. 39-42.

6 Boukous Ahmed, 1995, Société, langues et cultures au Maroc. Enjeux symboliques, Rabat, Faculté des lettres

et sciences humaines, (Essais et études, n° 8).

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dans l’article de C. Miller, en plus d’autres évidemment). Le champ de recherche est vaste et extrêmement fertile, mais non encore développé par la psychanalyse au Maroc, ce que nous pourrons fortement déplorer.

Si au Maroc on parle plus de « langue dominante/dominée », alors les deux langues dominantes sont la fusha (arabe littéraire classique ou moderne), sa hiérarchisation principale lui est value grâce à son appartenance à la tradition religieuse, au patrimoine arabo-musulman puis au nationalisme arabe, un nationalisme qui s’est renforcé pendant la période du protectorat français et après l’indépendance. C’est la langue française qui est considérée, paradoxalement, comme la deuxième langue dominante et elle est identifiée comme la langue de la modernité économique, de la mobilité sociale et de l’ouverture internationale. La nuance valable dans le concept de dominance, est celle de la langue écrite, au contraire de l’orale, sa domination trouve son inscription dans les institutions officielles, l’éducation, et dans les entreprises. On notera que cette classification en termes de langues « hautes »2 du pays, est en total décalage avec la réalité du quotidien. Les langues « orales », à savoir l’arabe dialectal appelé la darija et l’amazigh3 qui est la langue berbère – le berbère principalement situé dans le Rif, nord du Maroc, le Moyen-Atlas, le Haut-Atlas et dans le sud – sont deux langues étroitement lié au phénomène déplorable de l’analphabétisme de masse qui touche le Maroc, si les langues dominantes sont celles de l’écrit et que plus de la moitié du pays est analphabète, alors logiquement se sont les langues orales qui ont la prédominance, mais la loi du marché, la loi dite impériale, en a décidé autrement. L’arabe dialectal, contrairement au berbère n’est pas menacé de déperdition, il est parlé par 72% de la population. Toujours en terme de stratification, entre les deux strates linguistiques dialectales, se trouve ce qui est appelé « l’arabe médian », communément pressenti comme un arabe marocain moderne, hybride, il allie la fusha et la darija. Il concernerait quant à lui l’utilisation orale de la langue quotidienne par ceux qui sont éduqués en situation formelle, donc non analphabètes, d’où leur connaissance de la fusha, son usage serait à peu près de 40% des marocains, il serait selon A. Boukous, la future koinè nationale. Deux autres strates s’incorporent à cette tour linguistique qui donne le vertige, elles sont les moins dominantes, l’espagnol, attaché à la période coloniale par les espagnols dans le Nord du Maroc et quelques régions du sud, puis l’anglais

1De Ruiter Jan Jaap, 2006, Les jeunes Marocains et leurs langues, Paris, L’Harmattan. 2

C. Miller, op. cit., p. 5.

3 Le berbère est parlé par 28% de la population marocaine, 21% en milieu urbain et 34% en milieu urbain, cf. C.

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qui commence à séduire les classes sociales favorisées qui « trahissent » de plus en plus les institutions françaises.

Nous pourrions rajouter un élément extrêmement intéressant dans la phénoménologie sociolinguistique marocaine, et il concerne l’amazigh. La langue berbère serait considérée comme une « langue de femmes », et c’est là où les études psychanalytiques pourraient apporter leur apport considérable avec l’anthropologie. En effet, dans les régions dites rurales et montagneuses dans lesquels séjournent une des langues maternelles du Maroc – si ce n’est « La » langue maternelle si le Maroc reste fidèle à son histoire – des phénomènes historiques et économico-politiques que nous ne pourrions traiter ici, ont laissé les femmes comme seul vecteur de la langue, les hommes quittaient la région et même le pays pour aller travailler ; selon certaines études1, c’est le rapport de l’amazigh à la femme qui aurait dévalorisée sa reconnaissance par la population, un indicateur fort parlant de la place de la femme au Maroc, « Parler de femmes – Hoffman (2008) et Sadiqi (2003) insistent toutes les deux sur cette « féminisation et genderisation » du berbère –, parler du village et, de ce fait, langue des marges économiques et sociale2. »

Pour conclure difficilement sur cette spécificité marocaine, qui a tellement à dire et à signifier, le rapport de la langue se perd dans les différences socio-économiques et illustre les multiples messages qu’elle émet, une population en mal de dire, et de dire mal ce qui a du mal à se symboliser. L’histoire est indéniablement le creux dans lequel raisonnent toutes ces voix polyglottes. La classe défavorisée, analphabète, n’a pas le « luxe » de quitter la langue maternelle ; l’observation clinique nous pousse à croire qu’elle est la plus sujette à la langue du corps, quand la névrose se fait entendre, trop proche d’une oralité dénudée, plus exposée à ses fantasmes, elle a du mal à symboliser, à déplacer et à sublimer dans des « activités sociales ». Si nous nous référons à la définition de G. Rosolato qui stipule que « la sublimation est l’orientation du désir vers les activités socialement valorisées, dont les projets, leurs réalisations, sont reçus et préférés en un accord communautaire qui crée une union humaine et en résulte », nous pourrions alors supposer qu’au Maroc un vrai problème s’impose, le multilinguisme n’est qu’un indicateur, parmi tant d’autres, qui marque les discriminations sociales et économiques qui existent au Maroc, des idéologies multiples, des dominations élitistes et bien d’autres phénomènes éclatent l’union communautaire et ne peut

1Ennaji Moha, 2005, Multilingualism, Cultural Identity, and Education in Morocco, New York, Springer. 2 C. Miller, op. cit, p. 7.

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de ce fait qu’accentuer le malaise dans la civilisation marocaine, que la parole individuelle vient souvent dénoncer en thérapie.

2. Un choix de langue symbolique

Donner un aperçu de l’usage linguistique au Maroc ne s’arrête pas à admirer le décor diversifié, il est le moyen pour nous de rendre compte d’une réalité locale en souffrance ; et nous la touchant de plus près quand nous la rencontrant en séance. En effet, un des points marquants mais aussi énigmatiques, était la langue usitée par les patientes, qui à la quasi majorité privilégiaient le français à la langue maternelle, l’arabe, lors des séances. Qu’est ce qu’une langue maternelle ? Rajaa Stitou nous propose cette réponse : « d’un point de vue

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