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1. Phylogenisis Y ?

« En confortant la conception du totem, suggérée par la psychanalyse, avec le fait du repas totémique et avec l’hypothèse darwinienne concernant l’état primitif de la société humaine, on peut acquérir une compréhension plus profonde et on entrevoit la perspective d’une hypothèse qui peut paraître fantaisiste, mais présente l’avantage de réaliser, entre des séries de phénomènes isolées et séparées, une unité jusqu’alors insoupçonnée » Totem et tabou, p.162. Nous ne prétendons pas trouver ici l’« insoupçonné », toutefois nous soupçonnons une forte empreinte transgénérationnelle, phylogénique, qui ne saurait détourner notre regard telle une amulette contre notre mauvais œil. Nous avons tenté donc de jeter un œil dans le dictionnaire de J. Laplanche et J.-B., Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, que nous utilisons souvent quand un concept psychanalytique nous paraît inintelligible et dont la documentation dense nous intimide parfois, sauf que notre appétit épistémophilique a été frustré, le dit dictionnaire ne consacre pas de définition propre pour le concept de la phylogenèse, cependant, avec de la persévérance, nous le trouvons timide et discret, caché derrière les fantasmes originaires, les auteurs nous le se définissent ainsi : « Structures fantasmatiques typiques (vie intra-utérine, scène originaire, castration, séduction) que la psychanalyse retrouve comme organisant la vie fantasmatique, quelles que soient les expériences personnelles des sujets ; l’universalité de ces fantasmes s’explique, selon Freud, par le fait qu’ils constitueraient un patrimoine transmis phylogénétiquement. 1» Le conditionnel utilisé à la fin de cette définition, donne l’impression d’un chuchotement, une idée citée mais non assumée. Le développement quant à lui, ne saurait se dégager du lien entre l’Urphantasien (fantasmes originaires), la réalité psychique, et l’Urszenen (scènes originaires) une réalité de fait. L’une soutenant l’autre, la réalité psychique devant puiser dans la préhistoire de la « famille humaine » quand la réalité individuelle du sujet (enfant) se trouve lacunaire, « La préhistoire des névroses nous l’enseigne : l’enfant à recours à cette expérience phylogénique là où son expérience personnelle ne suffit plus. Il comble les lacunes de la vérité individuelle avec de la vérité

1 J. Laplanche, J.-B. Pontalis (1967), sous la dir. De Daniel Lagache, Vocabulaire de la psychanalyse, coll.

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préhistorique, il remplace sa propre expérience par celle de ses ancêtres. 1». La relation entre les deux réalités, préhistorique et individuelle, dont le mariage donne la réalité psychique, n’est pas une simple fouille archéologique, elle assoie le mythe indispensable de l’origine de l’être. S’intéresser aux évènements archaïques réels permet d’assimiler la manière dont les symptômes névrotiques se seraient construits, c'est-à-dire arriver à faire ré-émerger ces « scènes originaires » – considérés comme réalité traumatisante – de derrière les fagots, et cet espace psychique où ils sont cachés, peut-être situer par les fantasmes qui s’en nourrissent ou des souvenirs-écrans qui les habillent et les masquent. Ce même espace psychique on pourrait le localiser, comme le dit M. Dayan « dans l’intervalle du mythique et du psychique »2.

Pourquoi parler de phylogenèse dans ce travail de recherche ? La psychanalyse contemporaine s’attache de plus en plus aux études sur le transgénérationnel, ce dernier marqué par deux caractères primordiaux : la mémoire et la transmission. Les nouveaux « phénomènes sociaux », ne peuvent pas être – nous le savons nulle besoin de le justifier – uniquement des résultats d’une chaîne de faits socio-économiques (des éléments déclencheurs), les fantasmes qui leur sont sous-jacents en font de nouvelles pathologies, des névroses actuelles-contemporaines, alors quand on observe dans le présent, on ne peut occulter le passé. De ce fait, nos questions seraient : Quel passé ? Avons-nous des marqueurs qui nous permettent de nous arrêter à une époque précise et ne pas aller plus loin ? L’observation que nous avons menée au Maroc, auprès des femmes, nous obligerait-elle à nous pencher uniquement sur l’héritage marocain ? Ou l’élargir à l’histoire arabo- musulmane ? Ou sonder plus loin encore, encore et encore ? Jusqu’à arriver au bout de l’histoire, au pied du mur, au bout de la terre et tomber dans le gouffre de l’originaire inaccessible, ou faire de notre recherche, comme le ferait un enfant de sa vie, un mythe de l’origine qui lui donnerait une âme, un nouvel être qui regarde le monde. Alors nous nous proposons de poser le concept de la phylogenèse freudienne comme un traceur heuristique. Les raisons nécessaires pour nous de baliser l’évolution de la pensée freudienne phylogénique sont multiples, d’abord parce que dans notre titre même nous parlons de la pulsion de mort, une deuxième théorie de Freud lynchée, pourrait-on dire, et aussi spéculative que celle de l’héritage archaïque. Dans l’Au-delà du principe de plaisir (1920), Freud ne se justifie plus, il assume, il donne que ce soit à la phylogenèse, que lui-même nomme de fantaisiste, et à sa

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S. Freud (1918), «Extrait de l’histoire d’une névrose infantile (L’homme aux loups) », in Cinq Psychanalyses, trad. par Marie Bonaparte, Rudolph M. Loewenstein, PUF, Paris, 2003 (23e éditions), p. 399-400.

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nouvelle « trouvaille » sur la pulsion de mort, le droit d’exister dans la théorie psychanalytique aussi abstraites, et non biologiquement démontrables, fussent-elles. Le trait abstrait commun à ces deux théories, les fait se détacher des autres, en étant que « pure spéculation », alors que les autres théories, au contraire, s’appuient et s’étayent sur des observations cliniques. Mais quand cette observation se complique, non pas par sa non existence, mais par l’échec des mécanismes de défenses, dits observés et « efficaces » face aux excitations extérieures, que pouvons-nous proposer comme explications ? En effet, le plaidoyer que fait Freud pour ces deux théories « mal aimées », on trouve son écho explicite dans Au-delà du principe de plaisir plus précisément dans son quatrième chapitre « les mécanismes de défense contre les excitations extérieures et leur échec. La tendance à la répétition », dans cette partie, Freud l’introduit en nous alertant : « Ce qui suit doit être considéré comme de la pure spéculation, comme un effort pour s’élever bien au-dessus des faits, effort que chacun, selon sa propre attitude, sera libre de suivre avec sympathie ou de juger indigne de son attention. Il ne faut pas voir, dans les considérations que nous développons ici, autre chose qu’un essai de poursuivre jusqu’au bout une idée, afin de voir, par simple curiosité, jusqu’où elle peut conduire.1» Un « qui m’aime me suive » payant pour ceux qui marcheront sur ces traces archéologiques de la psyché. Dans Analyse terminée et Analyse interminable le procédé est le même, se donner la liberté psychique de réfléchir, d’user allégrement des analogies, des ressemblances, et ce, tout en faisant de la théorie ou plutôt en se la figurant, si Freud n’appelle pas à la rescousse la « sorcière métapsychologique », il fait appel aux fantômes des ancêtres primitifs.

Ce qui nous amène à la deuxième raison qui a motivé cet arrêt sur la théorie phylogénique et son contemporain le transgénérationnel ; c’est l’impact qu’ont eu sur nous certaines études, que nous qualifions de justes, pourquoi précisément cet adjectif, parce qu’il est polysémique et surtout précis, comme une flèche qui atteint le cœur de la cible, justes par leur justesse de réflexion, justes parce qu’ils dénoncent l’injustice, justes parce qu’ils dévoilent les textes erronés, justes parce qu’ils parlent de toutes les réalités, réelles et mythiques. Parmi ceux-là, les travaux de Houria Abdelouahed m’ont beaucoup apporté et inspiré, beaucoup d’autres sont cités au fur et à mesure de ce travail mais ce qui a le plus alimenté mes idées, c’est bien la notion de l’héritage archaïque que H. Abdelouahed refait naître en donnant la voix à nos

1 S. Freud (1920), Au-delà du principe du plaisir, traduit par le Dr S. Jankélévitch, éd. Payot, 1968, p. 24. (Nous

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ancêtres femmes, une voix trop longtemps tue et ensevelie1. Le fait de supposer – et là ce sont nos propos, pour ne pas risquer de déformer les idées de H. Abdelouahed – que quand nous écoutons en séance, ici des femmes arabo-musulmanes, nous nous figurons le collectif dans la parole subjective – si subjectivité il y a vu que le collectif trop prégnant peut l’étouffer et la supprimer –quand on a une femme face à nous, la répétition d’une ressemblance « démoniaque » ou d’une familiarité perturbante peut laisser entrevoir le visage d’autres femmes sans qu’il n’y ait de lien de parenté ni de descendances généalogiques, nous serions témoins d’un « atavisme psychique ». Sommes-nous donc dans de la théorie spéculative, ou dans une révolution sagace et encourageante ? Une promesse Shéhérazadienne, qui contera l’histoire et délivrera des maux.

Chronologiquement nous pourrions suivre la démarche réflexive de Freud sur la phylogénique, qu’il n’a jamais voulu abandonner, mais paradoxalement qu’il n’a pas pu amener jusqu’à l’aboutissement, à sa décharge nous estimons qu’à son époque la tâche était doublement impossible, premièrement parce que l’évolution technique, dans un sens large, était encore en processus de maturation, deuxièmement, son idée n’a trouvé que trop peu de soutien, et pour qu’une idée se démontre il lui faut d’abord qu’elle réussisse à convaincre l’assemblée bienpensante et intellectuelle de son époque. Freud n’omet pas cette dernière raison et la compare à la théorie de Darwin qui a dû attendre beaucoup trop longtemps avant d’avoir son assise dans la société, sauf que Darwin a eu la biologie de son côté, science enracinée et légitime, alors que Freud, militant pour le côté psychique, s’est retrouvé du côté de la science marginalisée et « injustifiable », du côté de la force obscure. Freud se console et nous rassure : « Considérons par exemple le sort d’une doctrine scientifique moderne comme la théorie darwinienne de l’évolution. Elle se voit d’abord farouchement rejetée, elle est vigoureusement discutée pendant des décennies, mais il ne faut pas plus d’une génération pour qu’on reconnaisse en elle un grand progrès en direction de la vérité.2 » Certes le temps après la phylogénique a dépassé quelques générations déjà, mais rien ne dit que cet ère, la nôtre, ne sera pas la bonne candidate.

L’interprétation des rêves (1900), précisément dans le chapitre VII (Psychologie des processus du rêve), Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa

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Ces deux principaux ouvrages sur ce sujet, entre beaucoup d’autres : Abdelouahed H., Figures du féminin en Islam, « Petite bibliothèque de psychanalyse », PUF, Paris, 2012 ; Les femmes du prophète, Seuil, 2016.

2 S. Freud (1939), L’homme Moïse et la religion monothéiste, trad. par Cornélius Heim, coll. Folio/Essais,

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(Le président Schreber, 1911), Totem et Tabou (1912-1913), L’intérêt de la psychanalyse (1913), Extrait de l’histoire d’une névrose infantile (L’homme aux loups, 1918), Le moi et le ça (1923), l’Abrégé de la psychanalyse (1938 posthume 1940), L’homme Moïse et la religion monothéiste (1939) : autant d’œuvres – il y en a évidemment d’autres – qui font vivre l’idée phylogénique freudienne, si la théorie a perduré si longtemps, c’est qu’elle occupe l’âme de la psychanalyse, surtout si nous adhérons à l’idée qu’elle comble la pauvreté des « scènes originaires » de la vie réelle de l’individu, alors elle doit être prise au sérieux et nous aider, à voir dans la parole de nos patients, ce qui vient d’un au-delà de l’histoire actuelle et qui souvent se trouve lier à un au-delà des limites du principe de plaisir, comme ce que nous observons dans les processus psychiques de la pensée magique1.

Quand nous parlions du fait d’être témoins, pour certains plutôt acteurs, d’un temps clé pour la psychanalyse nous pourrions cité Freud qui affirmait et espérait ce temps, comme une prophétie, pourrions-nous mieux le comprendre aujourd’hui : « Ce court post-scriptum à l’analyse d’une paranoïa nous fait voir combien Jung a raison lorsqu’il affirme que les forces édificatrices des mythes de l’humanité ne sont pas épuisées, mais aujourd’hui encore, dans les névroses, engendrent les mêmes productions psychiques qu’aux temps les plus reculés. […] il en est de même des forces édificatrices des religions. Et je crois que le moment sera bientôt venu d’entendre encore un principe que nous, psychanalystes, avons depuis longtemps énoncé, et d’ajouter à ce qu’il impliquait d’individuel, d’ontogénique, une amplification anthropologique, phylogénique. Nous disons : dans le rêve et dans la névrose se retrouve l’enfant avec toutes les particularités qui caractérisent son mode de penser et sa vie affective. Nous ajouterons aujourd’hui que nous y retrouverons encore l’homme primitif, sauvage, tel qu’il nous y apparaît à la lumière des recherches archéologiques et ethnographiques.2 » Alors comment Freud, sept ans après cette affirmation, nous explique – avec ses moyens de l’époque et une réflexion plus étayée sur la clinique – la causalité de ce procédé d’aller-retour du psychique, entre réalité et mythe, entre vie infantile et vie préhistorique archaïque ? La proposition nous est donnée dans, L’homme aux loups, en objectant, mais qu’en partie, la

1 Nous donnons l’exemple de La pensée magique en référence à ce que nous avons décrit dans la partie sur

l’histoire du drapeau marocain. Nous pensons qu’une étude psychanalytique plus approfondie, que nous regrettons de ne pas pouvoir entretenir dans ce travail, est indispensable pour comprendre le « patrimoine atavique » qui s’observe dans plusieurs observations où la magie et d’autres formes de la pensée magique font partie d’un comportement quotidien chez le sujet marocain, alors que ses ressources en thérapie sont

primordiales.

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S. Freud (1911), « Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa (Le président Schreber) », in Cinq Psychanalyses, trad. par Marie Bonaparte, Rudolph M. Loewenstein, PUF, Paris, 2003 (23e

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psychologie des processus inconscients de Jung, Freud nous dit ceci : « Je suis entièrement d’accord avec Jung pour reconnaître cet héritage phylogénique, mais je trouve qu’il est incorrect, du point de vue méthodologique, d’avoir recours à une explication tirée de la phylogenèse tant que tout ce que l’ontogenèse peut offrir n’a pas été épuisé. Je ne puis comprendre comment l’on dénie obstinément toute importance à la préhistoire infantile tout en reconnaissant volontiers celle de la préhistoire ancestrale. Je ne puis non plus méconnaitre que les mobiles et les faits phylogéniques, ont eux-mêmes besoin d’une élucidation qui, dans un grand nombre de cas, peut leur être fournie par l’étude de l’enfance individuelle. Enfin, je ne suis pas surpris que ce qui avait été engendré aux temps préhistoriques et ensuite transmis à titre de prédisposition à être acquis de nouveau puisse, les mêmes circonstances ayant persisté, surgir à nouveau en tant qu’évènement concret de l’expérience individuelle.1» Le terme de « prédisposition » nous interpelle au plus haut point, car il définit, pour nous, à lui seul, bon nombre de caractères et de symptômes névrotiques observés et dont disposerait l’individu comme un héritage archaïque. Si ce ne sont pas des traumatismes hérités de nos ancêtres, et ceux-là peuvent être l’aspect négatif de ces prédispositions, ce pourrait être des facultés instinctuelles, le côté positif que revêt cette prédisposition transmise, toutefois le côté instinctif et non délié du traumatisme. Nous nous expliquons : si nous ne sommes pas face à une réaction atavique issue d’un traumatisme transgénérationnel, nous serons plutôt face à une réaction à un traumatisme individuelle, issue d’un traumatisme précoce infantile, mais dont la réponse, dans un second temps – règle du traumatisme oblige – est quant à elle puisée dans la réserve inconsciente transmise par nos ancêtres quand les propositions de la vie réelle ne suffisent plus, une sorte d’« automatisme de survie » expérimenté par nos aïeuls et gardé caché, comme un trésor de famille, dans le grenier de l’inconscient. Un legs tantôt négatif, tantôt positif, ce qui est connexe à la positivité et à la négativité dont parle Freud en rapport avec le traumatisme2, en considérant ce dernier comme étiologie de la névrose. En effet, c’est dans sa partie sur l’« analogie »3 que Freud tente de superposer sur la genèse des névroses humaines, la psychologie des masses résultante de l’histoire religieuse, celle choisie par Freud est la religion juive, son « jeu » d’analogie se sert de tout ce qui se constate comme similaire entre les deux phénomènes, individuel et collectif, notamment l’évènement traumatique, sa « liquidation », c’est-à-dire son refoulement, puis l’avènement de la période de latence pendant laquelle se prépare – par différents moyens selon qu’ils soient groupaux (Tradition)

1

S. Freud (1918), «Extrait de l’histoire d’une névrose infantile (L’homme aux loups) », op. cit., p. 400.

2

S. Freud (1939), L’homme Moïse et la religion monothéiste, p. 163-164. (Nous discutons la question du traumatisme dans la troisième partie.)

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ou singulier au sujet (Sublimation) – la réémergence des traces mnésiques, de l’« expérience initiale », par des manifestations « incompréhensibles », autrement dit des symptômes1 (ces derniers peuvent être parfois la preuve d’un langage originaire mais liquidé au même titre que l’expérience dont il est issu) et enfin, c’est le caractère de contrainte (de répétition) qui va dominer en défiant dans le psychisme le principe de la pensée logique ; le transfert sera également le lieu de la dite répétition. Le volet de l’analogie est primordial et surtout figuratif, Freud se transforme en une sorte de mathématicien, posant les différents inconnus d’une fonction mathématiquement « psychisable » et use, comme bon instituteur, des 1), 2) pour structurer et schématiser ses pensées puis des petits a), b), pour détaillées ces dernières, ou encore quand il utilise des appellations savantes comme « série complémentaire » pour expliquer le phénomène quantitatif qui se produit face à un évènement qui sollicite trop du psychisme et obtient dès lors le caractère dit traumatique. Un peu plus tôt dans le même texte Freud schématisait ces caractères traumatiques davantage de nature agressive et sexuelle, précisant qu’à un âge précoce ces deux natures ne sont pas différenciées par l’enfant, écrivant : « Dans cet ordre d’idée, deux points revêtent une importance particulière. Le premier est que la genèse de la névrose remonte partout et toujours à des impressions de la première enfance. Deuxièmement : il est exact qu’il existe des cas que l’on désigne comme « traumatiques » parce que les effets remontent indubitablement à une ou plusieurs impressions fortes de cette première enfance, qui se sont soustraites à une liquidation normale, de sorte qu’on pourrait estimer que si ces impressions ne s’étaient pas produites, la névrose ne se serait pas non plus formée.2 »

2. Un algorithme psychanalytique

Nous continuons le fil de nos idées toujours à partir du même ouvrage, L’homme Moïse et la religion monothéiste, pour les poursuivre dans un souci de continuité logique, nous voulons nous rapprocher de ce qui importe notre sujet de recherche, à savoir la correspondance entre les symptômes névrotiques et le contexte socioculturel et religieux.

1 Ibid., p. 158. 2

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Comme nous l’avons déjà mentionné, nos observations faites ces dernières années au Maroc, ont tracé à elles seules le contenu de ce travail de recherche, basées exclusivement sur elles, nos réflexions ont été inscrites de deux sortes de constats, d’abord un matériel clinique riche que nous exposons dans la deuxième partie avec un développement de détails voulu, puis des observations subjectives effectuées lors du séjour, principalement dans les rues de Casablanca et dans sa vie quotidienne, nous ne prétendons surtout pas avoir tout observé ni fréquenté tous les quartiers qui sont d’une différence socioéconomique et même psychologique souvent troublante. La capitale économique recense depuis le 1er septembre 2014, rapport effectué par le haut-commissariat au plan, le nombre de 4270750 habitants constituant la population de la région dite du « Grand Casablanca » c'est-à-dire y compris les banlieues qui lui sont annexées,

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