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Contexte géographique général

1.3 La végétation : les régions phytogéographiques

La forte présence de l’activité humaine limite actuellement le développement de formations arborées. Ces dernières ne sont que relictuelles parmi des vastes surfaces cultivées ou mises en pâture (Al-Eisawi 1996), donnant au paysage un aspect plutôt dénudé où la végétation se concentre principalement autour des points d’eau.

De par sa situation géographique, le sud du Proche-Orient est soumis à l’influence de quatre grandes régions phytogéographiques* présentant chacune une flore particu-lière (Figure 3) : la région méditerranéenne, comme son nom l’indique, correspond aux contrées du pourtour de la Méditerranée soumises à un tel climat, la région irano-touranienne est constituée d’éléments végétaux caractéristiques des environs de la mer Noire, la région saharo-arabique englobe les zones désertiques entre le Sahara et le sud du Pakistan3et la région soudano-déccanienne4est constituée des contrées d’Afrique intertropicale et d’Asie méridionale. De nombreuses études réalisées essen-tiellement en Israël ont permis de définir les grandes zones de répartition de ces quatre territoires, répartition qui dépend beaucoup de celle des précipitations (Danin 1983; Danin et Plitmann 1987; Zohary 1973). Les limites ne sont pas pour autant brutales et linéaires mais progressives, avec de nombreuses interpénétrations.

L’influence de la flore méditerranéenne est la plus forte dans les zones les plus arrosées, au nord et à l’ouest de la zone d’étude, le long des zones côtières (Pales-tine) et un peu plus à l’intérieur des terres lorsque l’obstacle montagneux est moindre (trouée de Homs). Les essences arborées dominantes sont représentées par quelques forêts de chêne à feuillage caduque5 (Quercus boisseri Reut., Q. ithaburensis Decne. Figure 4), apparaissant parfois également comme élément relictuel au-dessus des fo-rêts mixtes composées de chênes à feuillage persistant (Quercus calliprinos Webb.), d’amandier (Amygdalus communis L.), d’arbousier oriental (Arbustus andrachne L.) et

3. Le terme « saharo-sindien », prenant en compte un territoire légèrement différent, est parfois préféré, surtout dans la littérature plus moderne concernant la Péninsule arabique (Ghazanfar et Fisher 1998; Vincent 2008).

4. De même, la littérature actuelle préfère parfois utilisée le terme « nubo-sindien » (Ghazanfar et Fisher 1998; Vincent 2008).

5. Annexe B page 407 pour la correspondance entre noms latin et vernaculaire.

1.3. La végétation : les régions phytogéographiques

FIGURE3 – Répartition simplifiée des régions phytogéographiques. D’après Sanlaville 2000 et Zohary 1973.

de pins d’Alep (Pinus halepensis Mill.). La pimprenelle épineuse (Sarcopoterium spino-sum (L.) Spach.) domine généralement le couvert sous-arbustif à l’approche des zones steppiques. L’olivier sauvage (Olea europaea L.) peut également croître au sein de ces forêts. Le genévrier phénicien (Juniperus phoenicea L.) pousse particulièrement dans les hauteurs jordaniennes (Al-Eisawi 1996), accompagné du pin d’Alep et du cyprès (Cupressus sempervirens L.). L’influence méditerranéenne pénètre assez loin vers l’est dans la zone irano-touranienne, tout en s’affaiblissant progressivement.

La flore irano-touranienne apparaît principalement dans les régions intérieures, connaissant un climat continental et un régime hydrique annuel inférieur à 300 mm (Neumann, Kagan, et al. 2007). Elle couvre la Syrie intérieure, le nord de la Jorda-nie et s’étend vers le sud. On la trouve également dans le Néguev et dans le désert de Judée. Elle est présente parfois sous forme d’espèces arborées (Pistacia atlantica Desf.), souvent sous formes arbustives et herbacées. Le cytise blanc (Retama raetam (Forssk.) Webb.) couvre abondamment les pentes rocailleuses et bords de wadis des semi-montagnes jordaniennes. On y trouve également l’armoise (Artemisia sp.). Les astragales (Astragalus spp.) et les graminées comme la stipe (Stipa spp.) et la fétuque

1.3. La végétation : les régions phytogéographiques

(Festuca spp.) sont particulièrement présentes dans les zones steppiques à l’est de nos régions d’étude.

La végétation du territoire saharo-arabique apparaît principalement dans les ré-gions présentant des précipitations inférieures à 100 mm par an. La végétation doit faire face à des conditions très contraignantes. Elle est essentiellement composée d’es-pèces vivaces, les plantes au cycle de vie annuel ne se développant qu’au printemps ou à l’automne lorsque les précipitations sont suffisantes et les températures adéquates pour une croissance rapide. Les structures végétales présentent des racines longues, des structures de stockage de nutriments sous forme de bulbes, rhizomes et tuber-cules et des petites feuilles, parfois réduites à de simples écailles (Sanlaville 2000). La végétation arborée se concentre principalement dans les dépressions et dans le lit des wadis. Les essences sont particulièrement adaptées aux sols sableux et salins, tels les Chénopodiacées et les tamaris (Tamarix aphylla (L.) Karst., T. negevensis Zoh., T. pa-laestina Bertol.) (Al-Eisawi 1996; Zohary 1973).

La végétation soudano-déccanienne est formée d’un grand nombre d’espèces d’in-fluence tropicale s’insinuant dans la vallée du rift, sur les bords de la mer Morte et du wadi Arabah et dans les plaines désertiques de la péninsule arabique. On y trouve notamment plusieurs espèces d’acacia (Acacia tortilis ssp. tortilis (Forssk.) Hayne, A.tortilis ssp. raddiana (Savi) Brenan), le pommier de Sodome (Calotropis procera (Alton) W.T. Alton), les câpriers (Capparis spp.), le myrobalan (Moringa peregrina (Forssk.) Fiori) et l’épine-du-Christ (Ziziphus spina-christi (L.) Desf.) (Sanlaville 2000). Nos régions d’étude proposent des combinaisons multiples et variées de ces quatre types de flore et offrent une grande diversité taxonomique*. La répartition de la flore est très liée aux conditions climatiques. Par exemple, la végétation de la région phyto-géographique saharo-arabique est bien présente dans le sud de la zone, en Arabie du nord-ouest tandis que son influence est moins marquée en Syrie du Sud.

Il est important de comprendre que ces descriptions phytogéographiques répondent à un besoin de classification qu’il ne faut pas négliger mais qui ne sont pas bien adap-tées à la description d’un paysage. Dans cette dernière optique, il est parfois plus pertinent de parler en termes d’association* ou de formation* végétales composées de plantes d’origines diverses présentant des critères écologiques identiques. Parallè-lement aux formations caractéristiques des différentes divisions phytogéographiques s’ajoutent des végétations azonales liées à des conditions hydrologiques et/ou éda-phiques particulières, par exemple la flore de ripisylve*, les formations halophiles* ou psammophiles*.

Une fois le contexte géographique général établit, il convient de présenter les ca-ractéristiques géographiques spécifiques des régions d’étude.

Chapitre 2