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La répartition des rôles d’accompagnement

2. LES MODALITÉS D’ACCUEIL ET D’ACCOMPAGNEMENT DES STAGIAIRES

2.5. La répartition des rôles d’accompagnement

2.5.1. Configurations à géométrie variable et dénominations hétérogènes

La définition de site qualifiant de la circulaire du 31 décembre 2008 (reprenant celle du 27 mai 2005) organise l’accueil des stagiaires autour de deux fonctions, référent professionnel de site qualifiant et formateur sur site qualifiant. Selon cette définition,

Le référent professionnel de site qualifiant joue un rôle d’interface interne/externe :

« il représente son Institution auprès du ou des établissements de formation et participe au processus de reconnaissance du ou des sites qualifiants, élabore et suit les conventions conclues dans ce cadre » ; et au niveau interne : « garant de la qualité des stages, il organise et mutualise les ressources institutionnelles au bénéfice de chaque stagiaire et coordonne les différents

professionnels mobilisés pour l’accueil en stage sur site qualifiant.A ce titre, il est garant de la cohérence globale de chaque projet de stage » (ibid.).

Le formateur sur site qualifiant, lui a une action en interne :

« il est en proximité directe et quotidienne avec le stagiaire ; il accompagne celui-ci dans l’acquisition d’une ou plusieurs compétences. Il suit la progression de ses acquisitions, dresse des bilans réguliers avec le stagiaire et informe le référent professionnel de site qualifiant de l’évolution de celui-ci » (id.).

Sur le terrain la dénomination qui prévaut pour l’accompagnement de proximité est celle de tuteur, ou

« tuteur de proximité », mais celle de « référent professionnel » se diffuse et celle de « formateur terrain » se rencontre encore. Quand la fonction de responsable de site qualifiant existe, comme activité transversale portée par un encadrant ou un professionnel, le terme de référent (de site), ou de tuteur-référent de site qualifiant (TR-SQ, essentiellement rencontré en Rhône Alpes) s’entend pour référent professionnel. Ces dénominations recouvrent en fait celles des modules composant désormais l’offre de formation proposée par la branche : module 1 de tuteur (de proximité), obligatoire pour l’accueil de contrats de professionnalisation, et module 3 de tuteur référent. Selon l’un de nos interlocuteurs UNIFAF, en région Aquitaine, ce dernier module serait le moins suivi, du fait de son imputation au plan de formation.

« trois cursus, le cursus de base donc obligatoire pour ceux qui mettent en place un contrat pro, le deuxième cursus de 40 heures et donc complémentaire notamment sur la question d’alternance et plutôt réservé aux salariés de niveau 5 et niveau 4, en partant du postulat que les salariés de niveau 3 et 2 ont eux même suivi une formation en alternance et connaissent donc un peu tout ça.

Et puis le troisième module de 40 heures est pour devenir référent de site qualifiant (…) Les modules 1 et 2 sont pris en charge sur des fonds mutualisés. Il n’y a que le module 3 qui ne l’est pas. C’est vrai que de fait le soutien n’est pas le même. C’est vrai que de fait l’établissement va plus aller vers des formations financées à 100% ».

Ainsi, si la volonté du législateur dans la mise en œuvre des sites qualifiants est d’encourager et non de contraindre, la question du financement des actions visant à la favoriser n’est pas neutre. Les efforts consentis par la DRJSCS Rhône Alpes pour des formations correspondant au 3eme module illustrent cette politique d’encouragement. Laquelle profite d’ailleurs plus largement à un nombre grandissant de stagiaires, les dispositifs mis en place sur les sites bénéficiant à des stagiaires relevant d’autres certificateurs (ministère de la santé, de l’emploi, de l’Education nationale, de l’agriculture, de l’enseignement supérieur etc.). Si la multiplicité des initiatives en matière de formation de tuteurs est incontestable, ce qui a pu poser quelques problèmes d’harmonisation des référentiels utilisés pour les sites qualifiants qui ont misé sur les différents dispositifs pour former leurs professionnels, a contrario la les formateurs des écoles semblent avoir moins souvent pu bénéficier de formation pour les accompagner dans la mutation de leur activité. L’UNAFORIS a attiré notre attention sur ce point.

Quelques initiatives ambitieuses ont cependant pu être observées, comme celle portée par le réseau des MFR au titre de son activité de CFA, pour le DEAVS : tous leurs formateurs intervenant sur des cursus en alternance sous statut salarié bénéficient de huit semaines de formation, étalées sur deux ans.

La capacité des écoles à mieux prendre en compte les apprentissages réalisés sur les sites qualifiants, pour les croiser avec les savoirs théoriques qu’elles délivrent, dépendra sans doute des efforts qui seront fait aussi sur ce volet de la formation continue des professionnels de la formation.

2.5.2. Sur la reconnaissance des rôles et les moyens attribués à la fonction

Les fonctions de référent professionnel de site qualifiant et formateur sur site qualifiant peuvent être séparées ou cumulées, selon l’organisation choisie par l’organisme d’accueil (cf. circulaire citée). Si les textes n’obligent pas à ce qu’ils soient distincts, la nature des rôles dans leur spécificité reste toutefois différenciée dans la très grande majorité des cas. Il n’en reste pas moins que dans certains établissements, les rôles s’enchevêtrent, rendant la situation assez illisible pour un interlocuteur externe :

« Je ne suis pas sûre que cette distinction tuteur et tuteur référent (en fait RSQ) soit bien identifiée par tout le monde … même au sein des écoles parfois … (…). Le tuteur référent, il informe les référents professionnels de la marche à suivre, des outils à leur disposition, on leur donne des conseils … et le cas échéant, ou à cause de situations particulières, on accompagne directement le stagiaire, donc on fait office de référent professionnel, mais aussi d’organisateur au niveau de l’établissement et de lien avec les écoles … En fait je pense qu’il y a eu un petit quiproquo à l’origine car on pensait tous partir en formation pour être tuteur, c-à-d référent professionnel, et en fait on a été formé comme tuteur référent de SQ … » (FAM, ES, ME ; Rhône Alpes).

La présence d’un temps spécifiquement attribué à l’accueil et l’accompagnement des stagiaires témoigne d’une clarification des rôles et la favorise. Sur ce point les situations rencontrées s’avèrent inégales. Les professionnels affectés à l’accueil de stagiaire peuvent bénéficier d’un temps dédié pour assumer la fonction :

« Les tuteurs référents bénéficient de temps de décharge pour assurer le suivi régulier des apprentis et des stagiaires. Les tuteurs référents (ou Référent de Site Qualifiant) qui ne sont pas des cadres bénéficient d’une grande autonomie dans la gestion des relations avec les écoles et le suivi du parcours des stagiaires et des apprentis. Ils sont investis d’une réelle responsabilité et travaillent avec les CDS, dans des relations non hiérarchiques » (FAM, Rhône Alpes).

Pour d’autres, ce temps dédié n’est pas formalisé ni reconnu mais existe néanmoins. Voir, relève d’une obligation, la fonction tutorale peut faire partie de la fiche de poste (assistante sociale en conseil général, Alsace). Enfin des bricolages existent pour que l’une et l’autre des fonctions puissent être assurées :

« Un temps est dédié à la référente pour les rencontres individuelles à l’intérieur de la structure mais son temps n’est pas libéré pour lui permettre d’assister aux rencontres au sein de l’établissement de formation. Pour autant elle est en relation avec ce dernier par l’intermédiaire du directeur qui lui entretient des relations rapprochées, avec l’IRTS particulièrement, ne serait-ce qu’au travers de son engagement en tant que vacataire » (Association multi accueil enfants, Aquitaine).

Plus largement, relevons qu’à la différence de l’accompagnement des apprentis reconnu conventionnellement, l’accompagnement des stagiaires ne bénéficie pas de cette reconnaissance et rarement d’une forme de reconnaissance particulière, symbolique ou matérielle : « ça fait partie de la fonction, le tutorat … d’ailleurs en général elles sont contentes de faire ce tutorat, ça leur permet aussi d’avancer dans leur pratique, de se questionner expliquer ce qu’on fait et pourquoi on le fait… ». Toutefois, ce peut être un plus dans la notation spécifique à la fonction publique ou hospitalière. Pour certains, une forme de valorisation de la fonction existe :

« ce qui avait été intéressant, c’est que ces formations ont parfois aussi servi dans une démarche de déroulement de carrière… ça a permis pour certains d’aller ensuite vers des positions de cadres. C’était… des compétences qu’ils pouvaient à un moment donné valoriser et dans l’institution c’était aussi reconnu » (Conseil général, Alsace).

Ainsi pour les formateurs sur site qualifiant : l’engagement dans l’accompagnement se base sur le volontariat. Expliqué par la volonté de transmettre, le retour réflexif sur sa pratique entrainé par l’apprentissage transmis à l’apprenant pouvant générer ou s’appuyant sur une remise en route de son propre désir de formation. Pour les référents professionnels : le fait que même si tous ne le sont pas, le plus souvent la fonction est assumée par un cadre pour qui cette activité s’entend comme une activité d’encadrement incluse dans sa fonction et non distincte. Dans notre corpus, la demande de reconnaissance de l’activité spécifiquement dédiée à l’accueil de stagiaire peut être ou n’être pas exprimée, plus important serait l’attribution d’un temps affecté à cette délégation.

3. LA PLACE DES PROFESSIONNELS DE TERRAIN DANS LE