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3 Concepts

3.1 La schizophrénie

3.1.7 Les traitements

3.1.7.3 La réhabilitation

La réhabilitation est le fait de permettre à une personne souffrant de trouble mental de se réinsérer dans la société et de fonctionner au maximum de ses capacités.

« La mission de la réhabilitation psychiatrique est d’aider les individus atteints d’incapacité psychiatrique de longue durée à améliorer leur fonctionnement et ainsi de leur permettre d’éprouver de la satisfaction et de vivre heureux au sein de l’environnement de leur choix tout en maintenant un niveau minimal d’intervention professionnelle continue.2 »

La réhabilitation psychosociale ou psychiatrique, est née il y a plus d’un siècle, elle est cependant tombée dans l’oubli jusqu’aux courants de désinstitutionalisation suivant la Deuxième Guerre Mondiale. En effet alors que ces courants prônent la fermeture des hôpitaux psychiatriques, il devint indispensable de réhabiliter socialement les individus atteints de troubles

1 Tiré de TOWNSEND, Mary C. Soins Infirmiers psychiatrie et santé mentale. Québec : Editions du Renouveau Pédagogique, Inc, ERPI, 2004. 692 p.

2 Tiré de ANTHONY, W., COHEN, M., FARKAS, M., GAGNE, C. La réhabilitation psychiatrique. Charleroi/Belgique : Socrate Editions Promarex, 2004. 442 p.

mentaux. « La désinstitutionalisation visait à fermer des institutions ; la réhabilitation vise à permettre à des existences individuelles de s’ouvrir. La désinstitutionalisation visait à mettre un terme aux contraintes imposées aux patients ; la réhabilitation vise à aider les patients à trouver les soutiens individuels qu’ils souhaitent avoir. La désinstitutionalisation visait à libérer des individus ; la réhabilitation vise à mettre de la vie dans la liberté de chaque individu.1 »

Depuis les années 90, la réhabilitation est considérée comme faisant partie du traitement des troubles mentaux graves, au même titre que la médication et la thérapie. Les personnes souffrant de schizophrénie ont souvent été les premiers à bénéficier de programmes de réhabilitation.

La réhabilitation se base sur les deux postulats suivants :

« - Il existe en chaque individu une motivation à développer maîtrise et compétence dans des domaines de la vie qui vont lui permettre de se sentir indépendant et confiant en lui-même.

- De nouveaux comportements peuvent être appris et les individus sont capables d’y avoir recours et de les adapter pour répondre à leurs besoins de base.2 »

Les représentations sociales de la population ne vont généralement pas dans le sens de ses postulats et partent souvent du principe que la maladie mentale est immuable et que l’individu qui en souffre ne peut se réintégrer socialement ;

« Les images du « fou » et de la folie restent encore entachées de représentations fausses et inadaptées (la folie ça ne se guérit pas, les fous sont dangereux, la schizophrénie est contagieuse, le seul traitement possible c’est l’asile, etc.) et renvoient de façon stéréotypée à des sujets « perdus » en tant qu’individus sociaux.3 »

Après consensus entre les différents experts de ce domaine, il a été possible de déterminer les neuf grands principes de base de la réhabilitation suivants :

1 Tiré de ANTHONY, W., COHEN, M., FARKAS, M., GAGNE, C. La réhabilitation psychiatrique. Charleroi/Belgique : Socrate Editions Promarex, 2004. 442 p.

2 Tiré de DELEU, Guy. Les grands principes de la Réhabilitation psychosociales.

Belgique, le 1er janvier 2004. 3 p.

Adresse URL : http://www.espace-socrate.com/SocProAccueil/Rehabilitation.aspx?page=1

3 Tiré de GIORDANA, Jean-Yves. La stigmatisation en psychiatrie et en santé mentale.

Issy-les-Moulineaux : Elsevier-Masson, 2010. 241 p.

« 1. L’amélioration des capacités et des habiletés des personnes atteintes d’incapacité psychiatrique constitue une préoccupation essentielle de la réhabilitation psychiatrique.

2. Pour les clients, les avantages de la réhabilitation psychiatrique sont des améliorations comportementales dans les environnements de leur choix.

3. Soutenir la dépendance peut entraîner une amélioration du fonctionnement autonome du client.

4. Les deux interventions fondamentales de la réhabilitation psychiatrique sont le renforcement des habiletés du client et le développement des soutiens environnementaux.

5. La réhabilitation psychiatrique vie avant tout à améliorer les conditions résidentielles, éducationnelles et professionnelles des personnes atteintes d’incapacité psychiatrique.

6. La participation active et l’implication des individus dans leur réhabilitation constituent la pierre angulaire de la réhabilitation psychiatrique.

7. Le traitement médicamenteux à long terme constitue le complément souvent nécessaire mais rarement suffisant d’une intervention de réhabilitation.

8. La réhabilitation psychiatrique est éclectique car elle repose sur une variété de techniques.

9. L’espoir représente un ingrédient essentiel de la réhabilitation psychiatrique.1 »

Dans le troisième principe, la dépendance est considérée comme présente chez tous les individus, sous diverses formes, telles que le dentiste, des lunettes, un portable, un salaire, etc. Dans le cas d’une personne souffrant de maladie mentale, « les interventions qui autorisent un certain degré de dépendance à certains moments (comme le recours à des facilitateurs ou à des aides dans un environnement donné) peuvent en réalité permettre d’optimiser le fonctionnement de la personne dans d’autres environnements à d’autres moments.2 »

Concrètement dans le cas de la schizophrénie, il est difficile de séparer certaines thérapies de la réhabilitation. Ainsi l’Entrainement aux Habiletés Sociales et les thérapies comportementales3 font partie intégrante de la réhabilitation

1 Tiré de ANTHONY, W., COHEN, M., FARKAS, M., GAGNE, C. La réhabilitation psychiatrique. Charleroi/Belgique : Socrate Editions Promarex, 2004. 442 p.

2 Ibid.

3 Cf. le point 3.1.7.2 : Les thérapies

psychiatrique, cependant afin de permettre à la personne souffrant de schizophrénie d’optimiser ses capacités, elle peut suivre d’autres modules tels que « l’éducation au traitement neuroleptique », « contrôle des symptômes »,

« habiletés conversationnelles » ou encore « entrainement à la résolution de problèmes interpersonnels » 1.

Les modalités d’apprentissage sont variées (jeux de rôles, extraits vidéos, discussion de groupe ou individuelle, exercices à difficultés progressives, etc.) et elles sont individualisées.

En Valais Romand, la réhabilitation se fait principalement par le biais des CCPP (Centres de Compétences en Psychiatrique et Psychothérapie), ils se situent à Sierre, Sion, Martigny et Monthey. Les personnes souffrant de maladies mentales peuvent s’y rendre durant la journée afin de participer aux activités ou bénéficier de consultations. Selon leurs besoins, les personnes peuvent venir de un à cinq jours par semaine. Ces centres regroupent divers professionnels, tels que des psychiatres, des psychologues, des infirmiers-ères, des assistants-es en soins et santé communautaire, des ergothérapeutes, des physiothérapeutes, un psychomotricien et une diététicienne et des assistants-es sociales-aux. La fréquentation des CCPP est généralement momentanée, les personnes peuvent en bénéficier après un séjour hospitalier afin de maintenir une structure journalière et développer des compétences sociales, elles peuvent également, lors de périodes plus difficiles, décider de revenir au centre ou augmenter le nombre de jour de fréquentation dans le but de prévenir une rechute et ainsi éviter un séjour en hôpital psychiatrique.