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environnementales liés au tiers monde

B- La production chinoise d’aluminium de première fusion

La production d'aluminium de première fusion de la Chine a atteint 7,806 millions de tonnes en 2005. Le secteur de l'aluminium chinois est non seulement plus important mais aussi beaucoup plus moderne qu’il y a à peine quelques années. Plus de 80 % des installations utilisent la technologie des anodes précuites, alors que seulement 20 % de la capacité existante totale de la Chine reste concentrée dans de petites usines d'électrolyse à goujons horizontaux de technologie Soderberg12. Pour replacer la situation chinoise dans le contexte mondial, on compte pour environ deux fois plus d'installations de type Soderberg dans le monde occidental et en Russie qu’en Chine.

Durant les quatre dernières années, Chalco qui contrôle déjà toutes les usines d'alumine de la Chine a augmenté sa part dans le secteur de l'aluminium de première fusion. En 2005, le volume de production de Chalco atteignait déjà 2,5 millions de tonnes, soit près du tiers du total d'aluminium produit en Chine.

Les coûts d'exploitation totaux des usines de Chalco se situaient dans la partie supérieure de la courbe d'exploitation préparée par CRU pour l'année 2002. Les autres usines chinoises se situaient plus haut sur cette courbe en raison surtout des coûts élevés de l'alumine et de l’énergie. Cependant, même si les usines chinoises ont des coûts d’exploitation totaux supérieurs à la moyenne mondiale, ces coûts restent comparables aux prix LME 3 mois des deux dernières années.

- Rétrospectivement, on se rend compte que la production d'aluminium en Chine en 1995 qui était de 1,97 millions de tonnes, a augmenté au cours des 10 dernières années à un rythme annuel de 13 %. Ce taux de croissance annuel était inférieur à 9 % jusqu'en 2000, puis il a explosé au cours des 5 dernières années. Au cours de cette même période comprise entre 1995 et 2005, la production mondiale d'aluminium primaire a augmenté de plus de 8 millions

12 Les anodes Soderberg sont des anodes à auto-cuisson mises au point pour les cuves d’électrolyse de l’aluminium dans les années 1930- 1940 dont la version 100 000 ampères installée à Saint-Jean-de-Maurienne à 1952 a apporté un réel progrès par rapport aux cuves à anodes précuite de l’époque ; il s'est largement développé de par le monde. Mais l'amélioration de cuves à anodes précuite dans les années 1960- 1970 leur faire reprendre l'avantage, non seulement à en termes de performances techniques, mais aussi pour des raisons de conditions de travail et de pollutions atmosphériques. Dans les années 1980 les cuves Soderberg ont été progressivement remplacées par des cuves à anodes précuites. Pechiney a arrêté ses dernières séries Soderberg en 1991.

Réponse de M. Maurice La parra Président l'institut pour l'histoire l'aluminium (IHA) le 28102007.

de tonnes. 40% de l'augmentation nette totale de la production mondiale de cette période a eu lieu en Chine. En 2002, la Chine était devenue le plus grand producteur d'aluminium au monde représentant déjà à cette époque 17 % de la production mondiale. Elle a donc devancé de beaucoup la Russie (13%), le Canada (13 %) et les États-Unis (10 %), et sa croissance se poursuit

Le « grand bond en avant » de la production d'aluminium chinoise au cours des 5 dernières années est attribuable à un certain nombre de facteurs :

- Les prêts sans intérêts visant à développer l'infrastructure économique du pays et à encourager la modernisation de l'équipement par des améliorations technologiques et les extensions de capacité

- Les prêts et subventions avantageux accordés par les autorités provinciales et locales pour stimuler l'emploi à l'échelle locale ;

- La disponibilité d’énergie bon marché de centrales « captives »

- Les prix de l'alumine peu élevés entre août 2000 et décembre 2002

- La baisse des dépenses en immobilisation par tonne des nouvelles capacités (1500 $ à 2000 $ par tonne comparativement à 4000 $ -4500 $ par tonne en Occident)

- L'intégration en aval d'un certain nombre de centrales électriques

- La protection douanière par des droits d'importation a été de 9 % jusqu'en janvier 2000 et de plus de 5 % par la suite.

- Une réduction de 15 % de la TVA sur le métal exporté jusqu'en janvier 2004 ce qui a encouragé la construction d'usines d'électrolyse axées sur le marché externe.

- Enfin, des investissements massifs du gouvernement chinois dans l'infrastructure, l'urbanisation rapide de la Chine et la très forte baisse des droits d'importation ont ouvert la porte à une énorme demande d'aluminium refoulée et ont encouragé la production nationale.

En résumé, concernant la production chinoise d’aluminium, la capacité de production d'aluminium de première fusion de la Chine a dépassé les 7 millions et demi de tonnes en 2005. Environ la moitié de cette capacité provient de 15 usines d'électrolyse produisant plus de 100 000 tonnes par an chacune. Le reste de l'industrie est très fragmenté (95 usines en 2005). Toutes les usines d'électrolyse chinoises ont des coûts d'exploitation totaux qui dépassent la moyenne mondiale, car leurs avantages sur le plan des coûts de la main-d’œuvre et du carbone sont entièrement annulés par les désavantages considérables sur le plan des coûts de l'énergie et de l'alumine. La Chine toutefois, a des coûts d'investissement beaucoup moins élevés que ceux du monde occidental. C'est pourquoi la production d'aluminium du pays a triplé au cours des 10 dernières années, sous l'impulsion d’une demande intérieure vigoureuse et d’un prix de l'aluminium élevé à l'échelle nationale. La dépendance de la Chine à l'égard du marché au comptant de l'alumine et la hausse des coûts énergétiques devraient cependant ralentir le taux de croissance de la production dans les prochaines années et contribuer à stabiliser les cours mondiaux d’aluminium.

Concernant l'énergie, la Chine est le deuxième producteur d'énergie au monde, mais l'augmentation de la demande dépasse l'accroissement de la capacité. Ainsi, même si certaines usines d'électrolyse bénéficiant d'importantes économies d'échelle et pouvant compter sur leurs propres sources d'énergie ont des coûts énergétiques comparables à la moyenne mondiale (19 $ par mégawatts heure), ce n'est absolument pas le cas pour l'usine chinoise type. Le coût de l'électricité achetée au réseau national par les usines d'électrolyse varie entre 40 $ et 43 $ par mégawatts heure en Chine. En outre, comme les réseaux d'électricité chinois sont de plus en plus interreliés, d’autres marchés vont se développer pour une grande partie de l'énergie captive actuellement utilisée dans la production d'aluminium. Cela aura pour effet, d'augmenter davantage le « coût d'opportunité » de l'énergie et de ralentir la croissance de la production de métal en Chine.

C – La consommation d’aluminium en Chine

La consommation de l’aluminium de première fusion de la Chine est restée inférieure à 2 millions de tonnes jusqu'en 1995. Elle a ensuite remonté à un rythme annuel de 12 % pour atteindre 7,10 millions de tonnes en 2005 ; en 2006, la consommation a été de 8,670 millions de tonnes, la consommation pour 2007 était de 10,8 millions de tonnes sur un total mondial de

37 millions de tonnes. La Chine est aujourd'hui le plus grand consommateur d'aluminium primaire du monde devant les États-Unis, le Japon et l'Allemagne. Comme la consommation mondiale d'aluminium de première fusion a augmenté à un rythme annuel de 3 % au cours de ces dernières années, la Chine a contribué pour plus de 50 % à croissance de la consommation mondiale d'aluminium entre 1995 et 2005.

Si l'on inclut l'aluminium de deuxième fusion, la consommation d'aluminium totale de la Chine dépasse les 12 millions de tonnes en 2005. La FIGURE II-13 (ANNEXE 41) compare les consommations d’aluminium de la Chine et de l’Occident selon les marchés utilisateurs.

Les résultats de cette comparaison sont contrastés : le bâtiment et la construction (31 %), les produits électriques (13%) et les biens de consommation durables (10 %) sont des marchés utilisateurs plus importants en Chine qu'en Occident. C'est l'inverse pour le transport (14 %) et les canettes et autres emballages (7 %). Cependant, les livraisons au secteur des transports de la Chine augmentent à un rythme très soutenu.

Le dynamisme de la consommation est essentiel, car c’est lui qui détermine le niveau de l’offre et donc celui des prix. Dans le cas de la Chine, malgré les problèmes de rareté relative de l’alumine et de l’énergie électrique signalés plus haut, les cours seront encore pendant longtemps soutenus par une consommation forte. Rappelons que la consommation moyenne annuelle par habitant d’aluminium de la Chine est aujourd’hui inférieure à 5 kg, contre plus de 20 kg pour un français ou un américain, la marge de progression reste donc forte et le niveau des prix en sera forcément encore longtemps influencé.