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environnementales liés au tiers monde

B- L’importance de l'aluminium secondaire

Au chapitre 1, la FIGURE I-1

(ANNEXE 1)

nous a montré que les besoins des utilisateurs finaux d'aluminium peuvent être satisfaits à partir de deux sources de production différentes. La filière de la fusion primaire où la bauxite est extraite, réduite en alumine, transformée en aluminium et convertie en produits ouvrés ou semi-ouvrés. Une filière alternative ou un aluminium seconde fusion est obtenu à partir du recyclage de vieux rebuts (des biens de consommation courante telles les canettes métalliques, les fils électriques, les revêtements de maisons ou des enjoliveurs de roues ayant terminé leur cycle de vie économique) où de nouveaux rebuts (des retailles et autres résidus résultant de la production d'aluminium primaire, de produits laminés, tréfilés ou moulés à base d'aluminium, ou encore la transformation de ces produits semi-ouvrés en produits finis). Même si plusieurs raisons expliquent l'attirance de certains utilisateurs en faveur de l'aluminium secondaire (la technologie de production apparaît plus simple, moins coûteuse et moins nocive pour l'environnement : le recyclage des vieux rebuts réduit le taux d'utilisation des ressources non renouvelables et réduit la dépendance des pays faiblement dotés en ressources minières par rapport aux importations étrangères), son principal avantage demeure sa consommation relativement faible d'énergie. En effet, 1 tonne d'aluminium produite selon la filière secondaire nécessite à peine 5 % de l'énergie nécessaire pour la production d'un volume équivalent selon la filière classique. De plus, le métal obtenu à partir du recyclage de nouveaux et vieux rebuts se révèle un bon substitut du métal primaire lorsque les deux possèdent la même teneur en aluminium et en métaux d’addition.

La consommation mondiale d’aluminium secondaire s’élevait en 1960 à un peu plus de 850 000 tonnes, soit environ 21% de la consommation totale d’aluminium des pays occidentaux. Le TABLEAU II-6 (ANNEXE 34) montre que cette consommation a frôlé les 6 millions de tonnes en 1991, ce volume de consommation correspondait au quart de la consommation totale d’aluminium de cette époque. Aujourd’hui, il existe peu de sources publiant les données globales concernant la consommation d’aluminium secondaire, mais les données du TABLEAU II-7 (ANNEXE 35) montrent qu’à eux seuls, l’Europe des 27, les Etats-Unis, le Japon et la Chine ont une production supérieure 13 millions de tonnes en 2005.

On estime aujourd’hui à 32% la part de consommation d’aluminium secondaire dans la consommation totale mondiale d’aluminium.

Le recours croissant à l’utilisation d’aluminium secondaire contribue certainement à un ajustement vers le bas du prix de l’aluminium. Autrement dit, les prix de l’aluminium seraient donc nettement plus élevés aujourd’hui en l’absence de l’aluminium secondaire.

C – L’importance relative des produits de substitution à l'aluminium

En dehors de l'aluminium secondaire, l’alternative offerte aux utilisateurs d'aluminium primaire se trouve dans les divers substituts à l'aluminium. Ces substituts limitent en fait le pouvoir de marché susceptible d'être exercé par le groupe des producteurs d'aluminium. En effet, une hausse du prix de l'aluminium peut entraîner une réduction importante en pourcentage des quantités vendues, compte tenu de l'accroissement de l'élasticité - prix de la demande d'aluminium du fait de la présence de ces produits de substitution dont nous avons fait l’hypothèse. Cela peut entraîner une atrophie des recettes des producteurs d'aluminium et un rétrécissement de leurs marges bénéficiaires.

La guerre de tranchées que se livrent les producteurs de métaux et de matériaux a aussi été fortement ressentie dans le domaine du transport. Ici, la performance de l'aluminium qui a vu sa part du poids d'une voiture moyenne tripler au cours des trois dernières décennies au détriment du fer et de l'acier, a été éclipsée par celle encore plus fulgurante des plastiques et des produits composites. En effet, le volume utilisé de ces derniers s'avérait à la fin des années 80 être de 5 à 10 fois selon les pays, supérieur à celui enregistré au début des années 60. En fait, on observe que la percée de l'aluminium dans cette industrie s'est surtout déroulée entre

1960 et 1980. Depuis lors, plusieurs pièces autrefois fabriquées en aluminium (la calandre, les pare-chocs, le plancher du coffre à bagages, des pièces du moteur ou encore les parures extérieures) le sont maintenant en produits composites ou en matière plastique.

Les industries de la construction et des produits électriques et électroniques ne sont pas exemptes de cette rivalité inter métaux et intra matériaux. Dans le premier cas, l'aluminium subit la concurrence du vinyle et du bois, eux aussi intéressés à dominer le lucratif marché du revêtement résidentiel. Dans le cas des produits électriques et électroniques, la part de marché détenue par l'aluminium accuse un recul assez soutenu après ses retentissants succès du début des années 70, lorsque l'aluminium a remplacé le cuivre dans la fabrication des lignes surélevées de transmission électrique. La substitution s'est révélée ici aussi bien physique (le remplacement de l'aluminium par le plastique dans la fabrication de châssis pour ordinateurs) que quantitative (la miniaturisation des produits électroniques a réduit la consommation d'aluminium par unité produite).

On le constate, même si l'aluminium a été capable au cours de la période 1950 - 1975 de se substituer à l'acier, au cuivre, au bois ou encore au verre au niveau des divers domaines d'utilisation de ces matériaux, les producteurs de ces derniers ont pu dans plusieurs cas soutenir la concurrence et même reconquérir sous diverses formes des marchés auparavant perdus au profit de l'aluminium. Diverses matières plastiques, ainsi que produits composites sont venues dans leur cas contester la part de marché détenue par l'aluminium.

Comme le fait remarquer NAPPI (1994) : « Dans le cas de l'aluminium, on peut affirmer que durant les 75 premières années de son existence, il s'est avéré un substitut coriace et persévérant face à ses concurrents. Depuis une trentaine d'années, ces derniers lui rendent la politesse ». La présence de ces produits de substitution a certainement joué un rôle modérateur sur la hausse des prix de l’aluminium en pesant sur la demande de ce métal. Les aluminiers menacés par la concurrence des produits de substitution sont effet peu enclins à exiger des prix plus élevés pour leur production.

Paragraphe 3 : L’analyse de la stratégie d’intégration verticale caractéristique de l’industrie de l’aluminium

Le nombre de sociétés dans une industrie, leur degré de concentration et la présence de groupes de firmes partageant des caractéristiques communes et la distance stratégique qui les

sépare s’avèrent une condition nécessaire mais non suffisante pour observer un niveau donné de concurrence dans une industrie, et donc une faible capacité des firmes en place à coordonner leurs politiques de prix et de production. D’autres déterminants doivent aussi être considérés tel que par exemple le niveau de l'intégration verticale caractérisant l'ensemble de la filière de production. Cette caractéristique de l'intégration verticale est historiquement très marquée dans l'industrie de l'aluminium. Il convient d’en présenter les motivations et l’évolution aujourd'hui, puis d'en déterminer l'impact au niveau concurrentiel.

A- Les motivations de l’intégration en amont dans l’industrie de l’aluminium

Les professionnels de l’aluminium pensent que la principale motivation de l’intégration en amont dans l’industrie de l’aluminium est avant tout d’obtenir des rentes (concessions) de bauxite et d’énergie (hydraulique) qui placent les groupes ainsi intégrés à l’abri des incertitudes du marché. L’analyse suivante à ce propos est de STUCKEY (1983)

a - Définition : Selon Stuckey une firme est définie comme étant verticalement intégrée en amont, quand elle a des intérêts de propriété en termes de participation financière directe, ou indirecte dans 2 ou 3 niveaux de production en amont d’elle.

b - Les diverses motivations de l'intégration en amont

Les évidences montrent que l’industrie de l'aluminium est encore hautement intégrée en amont.

- Une explication majeure de cette situation découle de l’hétérogénéité minérale de la bauxite et de l'alumine10. En effet, la bauxite d’un site minier particulier a des caractéristiques chimiques et physiques uniques et suffisamment différentes des autres bauxites pour exiger des méthodes de raffinage spécifiques. Dans le cas extrême, une mine de bauxite unique et la raffinerie d’alumine qui lui est associée représentent un monopole bilatéral sur le marché.

Cette mine de bauxite n’a qu’un débouché possible. Les problèmes de marchandage qui

10 On peut aussi raisonnablement penser, contrairement à J. Stuckey, que ce n’est pas seulement un problème

d’hétérogénéité, mais que c’est surtout un problème de marché. L’intégration en amont vers la mine met le producteur de lingots à l’abri des fluctuations des prix de la bauxite et de l’alumine, et le fait bénéficier de la rente minière et énergétique.