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Chapitre 2 : Problématique

2. Diabète gestationnel

2.6 La prévention du diabète

2.6.1 La prévention du diabète par de saines habitudes de vie

L’adoption de saines habitudes de vie comme moyen de prévention pour le DbT2 a fait ses preuves. En effet, il a été démontré qu’une perte de poids par des modifications des habitudes de vie telles que l’augmentation de la pratique de l’activité physique ainsi que l’amélioration de la qualité de l’alimentation ont eu un effet sur la diminution de l’incidence du DbT2 de l’ordre de 58 % chez des populations à risque (57; 58).

Plus précisément, une étude d’envergure, le Diabetes Prevention Program, a été effectuée aux États-Unis auprès de 3234 personnes à risque de diabète et a permis de comparer un groupe contrôle, un groupe avec l’utilisation de la médication (metformine) et un groupe d’intervention avec un encadrement pour des changements dans les habitudes de vie (57). L’intervention pour les changements dans les habitudes de vie avait pour objectif un minimum de 150 minutes d’activités physiques par semaine, une alimentation faible en gras et à faible teneur énergétique afin d’obtenir une perte de poids d’au moins 7 % (57). Le suivi a été effectué en moyenne sur 2,8 années et les changements dans les habitudes de vie étaient plus importants dans le groupe d’intervention (57). Il a été observé que l’incidence du DbT2 dans le groupe d’intervention était 58 % plus faible que le groupe contrôle (57). Dans le groupe avec la médication, l’incidence était 31 % plus faible que le groupe contrôle (57). Donc, le groupe d’intervention a même obtenu une meilleure diminution de l’incidence du DbT2 comparativement au groupe sous médication (57). Une sous-analyse de la population étudiée dans le Diabetes Prevention Program a été effectuée afin de vérifier l’influence du traitement sur l’incidence de DbT2 chez les femmes ayant eu un DbG (59). Les résultats obtenus sont similaires à ceux mentionnés dans la cohorte complète. En effet, chez les femmes avec un antécédent de DbG, comparativement au groupe contrôle, le groupe de médication avait 50 % moins d’incidence de DbT2 et le groupe d’intervention avait 53% moins d’incidence de DbT2 (59).

Une autre étude similaire a été effectuée en Finlande auprès de 522 personnes intolérantes au glucose permettant de comparer un groupe contrôle à un groupe d’intervention (58). Le

groupe d’intervention avait un encadrement pour atteindre des objectifs précis (58). Au niveau anthropométrique, une perte de poids de 5 % était ciblée (58). Pour l’alimentation, consommer moins de 30 % de l’apport énergétique sous forme de matières grasses et moins de 10 % de l’apport énergétique sous forme de gras saturés de même qu’une augmentation des fibres dans l’alimentation jusqu’à au moins 15 g pour chaque 1000 kilocalories consommés étaient les cibles (58). Finalement, 150 minutes d’activités physiques par semaine étaient ciblées (58). La durée moyenne du suivi est similaire à l’étude du Diabetes

Prevention Program, soit de 3,2 années (58). Après un an, le groupe d’intervention avait

davantage atteint les cibles que le groupe contrôle et l’incidence de DbT2 était 58 % inférieure à celle du groupe contrôle (58) ce qui est similaire aussi à ce qui a été observé dans le Diabetes Prevention Program.

2.6.2 Les habitudes de vie chez les femmes avec un antécédent de

diabète gestationnel

Selon les lignes directrices émises par l’ACD, lors d’une grossesse avec un DbG, les femmes devraient être suivies par une équipe multidisciplinaire afin de favoriser l’atteinte d’un contrôle adéquat de leurs glycémies (4). L’adoption de saines habitudes de vie, telles que la pratique de l’activité physique et l’adoption de la saine alimentation, sera favorisée pour le contrôle de la glycémie (4). Au niveau de l’alimentation, les cibles sont une restriction modérée des glucides tout en les répartissant sur trois repas et trois collations (4). Le poids pré-grossesse est considéré dans les recommandations pour l’apport énergétique et la surveillance de la vitesse du gain de poids (4). Si les changements d’habitudes de vie sont insuffisants pour contrôler la glycémie chez la femme après deux semaines, l’utilisation de l’insuline devrait être proposée (4). L’intervention faite chez les femmes durant leur grossesse semble être efficace étant donné qu’il a été suggéré que les femmes avec un DbG avaient une amélioration de leur alimentation à la fin de la grossesse comparativement aux femmes normo-tolérantes (60).

Cependant, malgré le changement des habitudes de vie observé durant la grossesse chez ces femmes, les études suggèrent que les saines habitudes de vie ne sont pas conservées durant

les mois suivant l’accouchement (61; 62). Plus précisément, Stage et coll. ont évalué les habitudes de vie de 121 femmes avant la grossesse et 2 ans suivant une grossesse compliquée par un DbG (61). Le tiers des femmes ne faisaient aucune activité physique avant la grossesse et cette proportion n’a pas diminué 2 ans après la grossesse (61). Dans cette étude, les femmes devaient indiquer si elle considérait leur alimentation à très faible, faible, élevée ou très élevée teneur en matières grasses (61). Les analyses ont été effectuées en comparant celles ayant indiqué très faible ou faible teneur en matières grasses à celles ayant indiqué une teneur en matières grasses élevée ou très élevée. Avant la grossesse, 74 % des femmes avaient une alimentation riche en matières grasses et ce pourcentage a significativement diminué à 47 % 2 ans après la grossesse (61). Le pourcentage de femmes ayant perdu du poids était significativement plus élevé chez les femmes ayant amélioré leur alimentation que celles ayant conservé une alimentation riche en matières grasses (61). Ainsi, les saines habitudes de vie, soit la saine alimentation et la pratique de l’activité physique, ne sont pas encore majoritairement présentes chez les femmes avec un antécédent de DbG. Une autre étude populationnelle de Yun et coll. a vérifié les habitudes de vie chez 12 677 femmes diabétiques, 2 123 femmes avec un antécédent de DbG et 141 111 femmes sans aucune de ces deux conditions (62). Les femmes avec un antécédent de DbG étaient plus susceptibles d’être inactives que celles sans diabète, soit une prévalence d’inactivité respectivement de 32,0 % et 25,7 % (62). Cette prévalence augmente à 57,4 % chez les femmes avec un antécédent de DbG lorsque l’on évalue le non respect des recommandations sur la pratique de l’activité physique du Centers for disease control and

prevention (CDC), soit un minimum de 150 minutes d’activités physiques par semaine

d’intensité modérée à élevée et/ou un minimum de 60 minutes d’activités physiques par semaine d’intensité élevée (62). Autant de femmes avec un antécédent de DbG que de femmes sans diabète avaient une consommation de moins de 5 portions de légumes et fruits par jour, soit une prévalence respectivement de 24,1 % et 27,7 % (62). Il y a donc encore place à l’amélioration des habitudes de vie chez les femmes avec un antécédent de DbG dans l’optique d’une prévention du DbT2.

Cependant, il ne s’agit pas d’une situation spécifique aux femmes avec un antécédent de DbG. En effet, selon un rapport effectué à partir des données de l’Enquête sur la santé dans

les collectivités canadiennes (ESCC) sur le volet nutrition en 2004, un peu plus de 50 % des femmes de 19-50 ans n’atteignaient pas la recommandation visant la consommation de 5 portions de légumes et fruits par jour (63). La situation était similaire pour la consommation de produits laitiers avec un peu plus de 60 % des femmes de 17-50 ans ne consommant pas un minimum de 2 portions par jour (63). Pour la consommation de produits céréaliers, un peu plus de 40 % des femmes ne consommaient pas un minimum de 5 portions (63). Cependant, en moyenne, les femmes atteignaient la recommandation de 2 portions de viandes et substituts (63).

Les femmes ayant un antécédent de DbG représentent une population à risque de DbT2 unique de par leur âge et leur contexte familial. En effet, les femmes avec un antécédent de DbG représentent un groupe à risque pouvant être détecté avant l’âge de 40 ans, ce qui correspond à l’âge de dépistage du DbT2 suggéré par l’ACD (4). La période entre 20 et 40 ans correspond aussi à une période où le jeune adulte occupe plusieurs rôles dont un des rôles les plus importants est celui de parent (64). Alors, en tant que groupe à haut risque de développer le DbT2, les femmes avec un DbG bénéficieraient d’interventions spécifiques à leurs besoins pour le maintien du changement de comportement à long terme.

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