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La politique française de la barrière de l’Est

Chapitre II – L’approche diplomatique

2. La politique française de la barrière de l’Est

a. La mésentente cordiale

Si les Allemands et les Soviets s’affrontent militairement dans la Baltique en 1919, leurs intérêts les poussent très vite à finalement coopérer pour détruire le projet baltique et le réseau polonais. En fait, les perdants de la Grande Guerre sont les premiers à ressentir le besoin de s’ériger contre le nouvel ordre. Pour aller vite, les puissances révisionnistes se rassemblent naturellement contre les tenants du statu quo en Europe de l’Est, à savoir principalement la Pologne et la France à travers elle. Ce qui est étrange, c’est que la France semble si « seule » contre Berlin et Moscou alors qu’elle a gagné la guerre avec l’Angleterre. Pire qu’un isolement, la France se retrouve même parfois combattue par la politique de son allié britannique. Comment est-ce possible ? L’évolution de la relation franco-britannique entre les guerres mondiales est ambivalente et a fait l’objet de nombreux travaux. En réalité, il apparaît que Londres et Paris s’opposent car leurs intérêts sont en partie incompatibles, et que règnent entre eux une incompréhension apparemment insurmontable. L’historiographie nomme traditionnellement ce phénomène « la mésentente cordiale ».

D’ailleurs, la France et l’Angleterre ne sont pas les seuls vainqueurs de la Grande Guerre, il y a aussi (principalement) la Serbie, la Belgique et l’Italie, mais leur effort de guerre n’est pas décisif. Par conséquent ils pèsent très peu dans les négociations à Versailles323, et nous devons les ignorer dans ce travail, car ils ne déploient pas spécialement de stratégie dans la Baltique. Enfin, il y a aussi les États-Unis, dont l’effort de guerre n’est pas tellement décisif non plus, mais dont l’importance montante sur la scène internationale ne peut être ignorée. Les États-Unis jouent un rôle important pendant les négociations de paix. Cependant, en dehors des 14 points et de la SDN imposés par Wilson, leur ligne politique revient à la rupture avec l’Europe. Les Américains demandent rapidement le remboursement de leurs prêts après l’Armistice tandis que le Congrès ne ratifie pas le traité de Versailles. Washington refuse de rentrer dans la SDN et se désintéresse des problèmes européens324. En un mot, le comportement des États-Unis est une version extrême de 323 JEANNESSON (S.), « Les diplomates français et la paix au lendemain de la Grande Guerre », Matériaux pour

l’histoire de notre temps, 2012, vol.108, no4, pp.18-22, p.20, < https://www-cairn-info.ezproxy.u-bordeaux-montaigne.fr/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-temps-2012-4-page-18.htm>, [Consulté le 26.10.2020].

324 MILLET (P.), « La contradiction américaine », L’Europe Nouvelle, no47, Paris, 19.11.1921, <https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k454648c>, [Consulté le 18.11.2020] ; MILLET (P.), « L’avenir des relations franco-américaines », L’Europe Nouvelle, no48, Paris, 26.11.1921, <https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k454649r>, [Consulté le 18.11.2020].

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l’attitude britannique, tandis que la ligne Wilson ne prévaut finalement pas. Nous nous limiterons donc à la France et à la Grande-Bretagne.

Pour comprendre la source de la division entre Paris et Londres, il faut se pencher sur les intérêts de chacun. Pour commencer, les deux puissances se sont opposées au XVIIIe

siècle, car elles étaient concurrentes pour imposer leur hégémonie. Depuis cette époque, le Royaume-Uni est toujours dans une perspective hégémonique. Ainsi, lorsqu’il attaque l’Allemagne le 4 août 1914, c’est toujours pour disqualifier un concurrent géopolitique, en l’occurrence, un concurrent économique et naval. La France en revanche ne raisonne plus sur le même plan car elle connaît un problème démographique majeur. Après avoir été le pays le plus peuplé d’Europe, la France voit l’essentiel de sa transition démographique sacrifiée au cours des guerres napoléoniennes. Depuis, un considérable ralentissement de l’accroissement naturel rend le géant français de plus en plus petit par rapport aux Européens en essor, en particulier l’Allemagne. Ainsi lorsque la France est attaquée le 3 août 1914, elle cherche à récupérer ses terres et détruire la principale menace à son intégrité. Autrement dit, les intérêts sécuritaires de la France et économiques de la Grande Bretagne sont divergents depuis le début de la guerre. Évidemment, il est tout à fait habituel que des puissances se coalisent pour des raisons diverses, mais cela pose problème lorsque le temps vient de refonder le continent à Versailles. La presse semble s’en étonner : « les grandes puissances, qui ont été splendidement unies pendant la guerre, […] ne sont pourtant pas d’accord les unes avec les autres sur plusieurs points de politique importants voire même vitaux325 ». Les Britanniques pensent que le secret de la paix est de ne pas trop enfoncer l’Allemagne. À titre d’exemple, prenons une intervention de Mr. Thomas à la chambre des Communes, le 5 mars 1919 :

Le traitement de la France par l’Allemagne en 1870 fut brutal, insensible, indifférent et égoïste. Tout le monde l’admet. Tout le monde admet aussi que ce traitement sema les germes de cette guerre [celle de 1914-1918]. Il a créé dans l’esprit de chaque homme, femme, et enfant français, un sentiment de haine et de revanche ayant trouvé son expression dans cette guerre. Personne ne prétendrait un instant que cette politique ait été un succès326.

325 « the Great Powers who have been so splendidly united in the war, […] are yet by no means wholly at one with one another on many important and even vital matters of policy ».

« The “Humanité’s” revelation », The Manchester Guardian, Manchester, 14.01.1919, <http://search.proquest .com/hnpguardianobserver/docview/476159029/citation/9D410CBD199E489FPQ/26>, [Consulté le 13.12.2019].

326 « Germany's treatment of France in 1870 was brutal, callous, indifferent, and selfish. Everyone admits that. Everyone admits as well that that very treatment was responsible for setting the germs of this War. It created in the minds of every French man, woman, and child a spirit of hatred and revenge which found expression even in this War. No one would pretend for a moment that such a policy was a success ».

Parlement du Royaume-Uni, chambre des Communes, War Indemnities, 05.03.1919, volume 113, intervention de Mr. Thomas, colonne 548, <https://bit.ly/3nyFOEw>, [Consulté le 17.11.2020].

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Dans la presse britannique aussi, on peut ressentir cette incompréhension de l’intransigeance de la France envers l’Allemagne327. Au contraire, à l’occasion d’un entretien avec le journaliste américain Wythe Williams, Clemenceau s’exprime en ces termes :

Mon programme, vous le savez bien, est de mettre l’Allemagne dans une condition telle qu’elle ne pourra pas préparer une nouvelle guerre. Nous voulons des promesses des Américains, mais vous pourriez ne pas les tenir. Ce que nous appelons la paix pourrait n’être finalement qu’un interlude entre deux guerres328.

En réalité, la divergence n’est pas réellement faute de dialogue. Les Français expliquent régulièrement leurs motivations d’ordre sécuritaire329. Par conséquent, plus qu’une incompréhension, il semble qu’une incompatibilité des motivations profondes soit la réelle cause de la mésentente entre les alliés. Voyons donc quels sont les intérêts de Londres et Paris après la guerre.

Au début de notre période les Britanniques font face à des difficultés d’ordre économique. Après avoir été le numéro un en la matière, le Royaume-Uni se retrouve lourdement endetté vis-à-vis des États-Unis330. Or ces mêmes États-Unis connaissent une croissance « champignon » qui ne tarde pas à disputer la primauté économique et commerciale britannique. De plus, au sortir de la guerre, les industries et équipements doivent être modernisés, et un mal nouveau s’installe : le chômage331. Dans de telles conditions, les priorités de Londres sont la reprise du commerce international, et donc le rétablissement de l’Allemagne. En effet, le marché allemand était l’un des principaux débouchés de la production britannique avant-guerre332. Enfin l’opinion publique britannique, fidèle à sa ligne traditionnelle de non-intervention, est opposée à la perspective de toute guerre prochaine. Ces considérations se ressentent bien dans ce que nous avons détaillé dans le premier chapitre. Dans la Baltique, les Britanniques défendent les perspectives les plus favorables au

327 « Obstacles to peace », The Manchester Guardian, Manchester, 03.03.1919, <http://search.proquest.com/hnpguardianobserver/docview/476237990/citation/A1F018BC29E44274PQ/14> , [Consulté le 13.01.2020] ; « The Paris Congress », The Observer, Londres, 23.03.1919, <http://search.proquest.com/hnpguardianobserver/docview/480736425/citation/4A746A439BD94859PQ/1>, [Consulté le 14.01.2020]. Dans la presse britannique de 1919, la France est présentée comme le principal obstacle à la paix. On y loue volontiers la miséricorde de Wilson et la mesure de Lloyd George envers l’Allemagne. Les exigences françaises sont perçues comme le résultat d’un mauvais caractère vengeur.

328 GARRIGUES (J.), Le monde selon Clemenceau : Formules assassines, traits d’humour, discours et prophéties, Paris, Tallandier, 2014, p.253, < https://www-cairn-info.ezproxy.u-bordeaux-montaigne.fr/le-monde-selon-clemenceau--9791021004320-page-251.htm#pa1>, [Consulté le 17.11.2020].

329 Le 27 mars 1919, Clemenceau dit à Wilson « Vous êtes les uns et les autres [USA et GB] à l’abri. Nous ne le sommes pas ». Ibid., p.255.

330 HIKKANEN-LIEVONEN (M.-L.), British Trade and Enterprise in the Baltic States: 1919-1925, Suomen Historiallien Seura, 1984, p.20.

331 Ibid.

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commerce, tout en fuyant précautionneusement tout contentieux pouvant mener à une guerre. La France quant à elle, souffre immensément plus de la guerre. Pour commencer, elle aussi s’est endettée aux États-Unis, mais en plus, le cœur de son industrie est complètement détruit333. Sa démographie poussive depuis plus d’un siècle connaît une grave saignée dans les générations les plus actives334. Par ailleurs, la France souffre beaucoup de la disparition de son allié russe, qui implique la perte de grandes sommes investies, mais également de la grande alliance française Est-Ouest destinée à contenir l’essor allemand. Ainsi, la France fait face à des difficultés économiques pires que celles du Royaume-Uni, mais à cela s’ajoute la destruction du pays, aussi bien sur le plan matériel qu’humain.

Les Britanniques se sentent en sécurité dans les années 1920. Par conséquent, ils se méfient de l’attitude de la France, dont ils soupçonnent progressivement qu’elle cherche à écraser les vaincus335. Or on le rappelle, Londres s’oppose toujours à l’impérialisme sur le continent. De l’autre côté, les relations entre la France et l’Allemagne sont marquées par des vengeances successives et réciproques depuis 1870, si ce n’est depuis Napoléon Ier. Pour la France, la Grande Guerre est une victoire « à la Pyrrhus » car elle ne fait qu’accentuer le déséquilibre démographique entre elle et l’Allemagne. Ainsi, dès les premiers instants, la France perçoit un danger allemand, et cherche à s’en prémunir sans suicider sa population. Les deux alliés ne convergent donc en réalité que sur un point : la préservation de la paix et le refus d’une guerre prochaine. À Paris, cela signifie prendre les devants pour organiser un ordre européen dans lequel la guerre deviendrait impossible. À Londres, cela signifie maintenir un « équilibre » entre les puissances européennes, en l’occurrence enfoncer la France et alléger la pression sur l’Allemagne336.

333 HOVI (K.), «The Baltic States and the French Economy in the 1920’s», dans LOIT Alexander, Emancipation

and Interdependence – The Baltic States as New Entities in the International Economy, Acta Universitatis

Stockholmiensis, Studia Baltica Stockholmiensa 13, Stockholm, Almqvist & Wiksell International, 1994, pp.35-39, p.35.

334 Les pertes françaises pendant la première Guerre Mondiale frappent tellement la tranche des 18-27ans que la croissance démographie connaît un arrêt. La population nationale stagne à environ 40millions d’habitants entre 1911 et 1946.

Voir INSEE, Population de la France métropolitaine de 1846 à 1999 < https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/evolution-population/population-totale/>, [Consulté le 17.11.2020].

335 « [France] which was regarded from London at the time as the main disturber of calm and stability in postwar Europe ». JACOBSON (J.), «Locarno, Britain, and the Security of Europe», dans JOHNSON (G.), Locarno

Revisited: European Diplomacy 1920-1929, Routledge, pp.8-22, p.12,

<http://www.taylorfrancis.com/books/e/9780203327753>, [Consulté le 29.09.2020].

336 En réalité, Londres s’oppose au plus puissant sur le continent. Il s’agit donc de la France au moins jusqu’en 1936. On peut constater que les Britanniques se rangent de nouveau du côté français lorsque le troisième Reich devient le plus fort à la fin des années 1930. Dans les États baltes, cela n’empêche pas une concurrence

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L’opposition franco-britannique dans la Baltique se traduit par une concurrence sur des plans divers. Concernant le commerce, la France est disqualifiée très rapidement, car son profil économique n’est pas adapté à une guerre commerciale dans la Baltique. En effet, la France est à la fois plus agraire et moins industrialisée que le Royaume-Uni337. Son profil est plus « autarcique », ainsi elle n’a globalement pas besoin des productions des Baltes, et les Baltes ne sont pas en capacité d’acheter les productions françaises. Autrement dit, en dépit de ses intérêts politiques réels, la France n’a aucun besoin de la Baltique économiquement parlant. Ses tentatives commerciales sont artificiellement soutenues par son influence politique, mais ne se traduisent par rien de significatif338. Si la Grande-Bretagne est la seule grande puissance à n’avoir aucun intérêt politique dans la Baltique, la France est la seule à n’y avoir aucun intérêt économique. Sa place dans le commerce balte est ultra-marginale, et même celui avec la Pologne reste globalement faible339.

Un autre point sur lequel la mésentente cordiale s’illustre dans la Baltique est développé en détail par l’historien étatsunien Donald Stoker340. En effet dès le 12 novembre 1921, la première d’une longue série de conférences se tient à Washington, réunissant l’essentiel des grandes puissances navales du monde. Cette conférence a pour objet d’empêcher un surarmement, dont on craint qu’il puisse favoriser le déclenchement d’un nouveau conflit. Sur ce point d’ailleurs, toutes les puissances réunies semblent faire preuve de relative bonne volonté341. En pratique cependant, la conférence navale de Washington permet à la Grande-Bretagne de garder sa supériorité en interdisant la construction de grands navires de guerre au-delà de certains quotas. Naturellement, cela provoque une forte vague d’anglophobie en France. En outre, cette conférence interdit aussi la vente de navires obsolètes. Ainsi, pour pouvoir s’armer sur le plan naval, les pays baltes doivent passer commande de navires neufs au compte-goutte à Paris ou Londres342. Globalement, Finlande et Estonie commandent en Angleterre, tandis que Lettonie et Pologne commandent en France,

commerciale anglo-allemande. Nous apportons plus d’explications dans la partie suivante (l’évolution du jeu baltique).

337 HOVI (K.), « The Baltic States … loc.cit. », p.35.

338 La France échange des armes contre du lin pendant les premières années. Certains accords sont signés par la suite comme par exemple celui avec l’Estonie en 1922.

339 Voir les annexes 2 et 3, sur les imports et exports baltes.

340 STOKER (D.), Britain, France and the Naval Arms Trade in the Baltic, 1919-1939: Grand Strategy and

Failure, Londres, F. Class, 2003, 242p.

341 GALTIER (J.), « Le règlement de la paix – La conférence de Washington sur le désarmement », Le Temps, no22025, Paris, 22.11.1921, <https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k244566b>, [Consulté le 18.11.1921] ; « La conférence de Washington sur le désarmement – Le programme naval de la France », Le Temps, no22027, Paris, 24.11.1921, <https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2445683>, [Consulté le 18.11.2020].

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mais la rigidité du système imposé favorise le commerce clandestin de sous-marins allemands au début des années 1920. Selon Donald Stoker, les Britanniques font tout pour empêcher la France de construire une marine puissante, considérant qu’elle représente la principale menace à la paix en Europe343.

Maintenir la viabilité économique de l’Allemagne et contrer les effets amers de Versailles, [cette attitude] s’est transformée plus tard en la politique d’apaisement économique des années 1930.344

Cet appeasement, dans les années 1930, pousse les Britanniques à faire des choix contre-intuitifs. On peut citer l’Anglo-German Naval Agreement, signé en marge de la deuxième conférence navale de Londres en 1935345. Par ce traité, l’Angleterre autorise à l’Allemagne ce qu’elle interdit à tous les autres États, permettant la remise en question de sa propre suprématie navale346. En 1936, quelques mois avant la remilitarisation de la Rhénanie, l’ambassadeur François-Poncet rappelle avec amertume :

La Grande-Bretagne n’a-t-elle pas, par l’accord naval de l’été dernier, sanctionné le droit de l’Allemagne à réarmer et donné une première approbation à la politique révisionniste347 ?

Jusqu’en 1937348, et même en 1938349, les Britanniques s’opposent aux plans de Paris basés sur la fermeté, au profit d’une approche conciliante avec Berlin, l’appeasement.

En résumé, la France s’investit en Europe de l’Est pour encercler l’Allemagne et se prémunir de toute nouvelle guerre contre elle. Quant à la Grande-Bretagne, elle ne coopère pas avec la France car ses intérêts sont différents et impliquent notamment un rétablissement du développement de l’Allemagne dans les années 1920. Pour maintenir un solide « cordon

343 Ibid.

344 « Maintaining Germany’s economic viability, and thus countering the bitter seeds of Versailles, later metamorphosed into the policy of economic appeasement in the 1930 ».

HEHN (P.), A Low Dishonest Decade – The Great Powers, Eastern Europe, and the Economic Origins of World

War II, 1930-1941, Londres, Continuum, 2002, p.19.

345 L’Anglo-German Naval Agreement est ironiquement signé le jour anniversaire de la bataille de Waterloo. Il autorise l’Allemagne à construire autant de sous-marins que l’Angleterre, et 35% du tonnage de la flotte britannique pour les navires émergés.

346 STOKER (D.), Britain, France and… op.cit.,

347 DDF 1932-1939, Série II, Tome I, 01.01.1936 – 31.03.1936, Dépêche diplomatique de M. François-Poncet ambassadeur de France à Berlin, à M. Laval ministre des Affaires Étrangères, Berlin, 02.01.1936, no3, D no7, pp.3-9.

348 « Въ Лондонѣ очень довольны результатами переговоровъ между Гитлеромъ и лордомъ Галифаксомъ [À Londres, on est très contents des résultats des négociations entre Hitler et lord Halifax] », Сегодня, no320, Riga, 21.11.1937, <

http://www.periodika.lv/periodika2-viewer/view/index-dev.html?lang=fr#panel:pa|issue:/sego1937n319_2|article:DIVL12|issueType:P>, [Consulté le 20.09.2020].

349 « Англiя готова приступить къ переговорамъ съ Германiей [L’Angleterre est prête à engager des négociations avec l’Allemagne] », Сегодня, no109, Riga, 17.04.1938, < http://www.periodika.lv/periodika2-viewer/view/index-dev.html?lang=fr#panel:pa|issue:/sego1938n107|article:DIVL208|issueType:P>, [Consulté le 21.09.2020] ;

HEHN (P.), A Low Dishonest Decade – The Great Powers, Eastern Europe, and the Economic Origins of World

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sanitaire », la France encourage un rapprochement entre la Pologne et les États baltes, une entreprise qui manque de peu de réussir en 1922350. Comme nous avons pu le voir, la stratégie française à l’Est est progressivement détruite par les Allemands et Soviétiques. Cela est compréhensible étant donné que la France ne dispose d’aucune implantation économique dans la région, et ne peut compter sur l’aide d’aucune grande puissance. Contrainte à une approche essentiellement diplomatique, la France parvient cependant à maintenir la « barrière » entre Berlin et Moscou pendant le début des années 1920. Revenons donc plus en détail sur le mode opératoire de la stratégie française, dont le principal instrument n’est autre que l’alliance polonaise.

350 « Результаты Варшавской конференцiи [Les résultats de la Conférence de Varsovie] », Сегодня, no62, Riga, 17.03.1922, <

http://www.periodika.lv/periodika2-viewer/view/index-dev.html?lang=fr#panel:pa|issue:/p_001_sego1922n62|article:DIVL26|issueType:P>, [Consulté le 30.03.2020].

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b. L’alliance franco-polonaise

Depuis le début du XIXe siècle, la France cherche un allié à l’Est du continent pour pouvoir neutraliser les puissances centrales. Cet allié oriental, que Napoléon Ier trouve dans le peuple polonais, puis dans le tsar de Russie avec plus ou moins de succès, est toujours recherché avant et après la Grande Guerre. L’alliance franco-russe qui s’impose progressivement après la guerre de Crimée satisfait les deux parties. Malheureusement, l’Empire ne tient pas aussi bien le choc que la France entre 1914 et 1917. La défaite provoque l’effondrement du régime qui montrait déjà des signes de faiblesse depuis 1905. Preuve que la France tient à son allié oriental, elle intervient en Russie du côté des Blancs jusqu’à ce que la situation soit sans espoir ; tandis que Londres demande déjà à se retirer en 1919351. La perte de l’allié russe est un coup terrible pour le système géopolitique français. En effet, comment pourrait-on contenir l’effort vengeur allemand sans lui mettre de barrière à l’Est ? Ainsi dès 1919, Paris envisage de faire renaître une alliance orientale avec la Pologne, mais