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Chapitre 3 : Perspectives en médecine générale et ébauche d’un

2) La place des règles hygiéno-diététiques au cabinet, l’éducation

Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) propose, pour 2017-2021, une politique nutritionnelle de santé publique . Elle signe l’importance du changement que veulent 120

faire opérer les autorités sanitaires dans l’abord du soin.

En Avril 2011, la HAS établissait un rapport intitulé « développement de la prescription des thérapeutiques non médicamenteuses validées » Dans les premières lignes de ses directives, elle s’engage à développer notamment le domaine des « règles hygiéno- diététiques » comme un axe majeur d’intervention. Concernant le risque cardio- vasculaire par exemple elle y cite 6 recommandations sanitaires allant en ce sens dont deux émanant des sociétés savantes . 121

Lors de l’entretien et le suivi du patient inscrit en affection longue durée il apparait comme une évidence de recourir à l’utilisation de règles hygiéno-diététiques comme partie intégrante de son éducation thérapeutique pour prévenir les rechutes et complications de sa maladie. Or les conditions actuelles d’exercice laissent de moins en moins de moyens et de temps disponible à cette éducation . 122

L’hypothèse serait que d’une part le médecin généraliste semble peu formé et sensibilisé à l’utilisation de la diététique dans son cursus de formation et que d’autre part l’éducation d’un patient, par exemple celle bien rencontrée du patient diabétique, apparait comme chronophage par manque d’outils standardisés disponibles pour aider le médecin dans cette démarche.

HCSP. Pour une Politique nutritionnelle de santé publique en France. PNNS 2017-2021

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[Internet]. Paris: Haut Conseil de la Santé Publique; 2017 Sep [cited 2019 Feb 19]. Available from: https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=632

developpement_de_la_prescription_de_therapeutiques_non_medicamenteuses_rapport.pdf

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[Internet]. [cited 2019 Mar 29]. Available from: https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/ application/pdf/2011-06/

developpement_de_la_prescription_de_therapeutiques_non_medicamenteuses_rapport.pdf Ferrer É. La place du médecin généraliste dans la nutrition en prévention primaire: expériences

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Partant de ce constat, il nous semble pertinent de proposer un protocole de recherche clinique qui aboutirait par la suite à un guide thérapeutique reflétant les possibilités de régimes par le jeûne à la lumière des études récentes. Celui ci permettrait l’entretien et le suivi des patients et pourrait répondre à la demande grandissante d’information sur le sujet.

Dans un article de 2014 123, le chercheur Mark P Mattson du laboratoire des Neurosciences de Baltimore aux Etats-Unis, spécialisé dans la recherche sur le vieillissement, expose sa théorie concernant les perspectives de lutte contre la genèse des maladies par le biais de l’éducation sanitaire par intermittence. Il y expose un résumé des dernières recherches concernant le jeûne thérapeutique intermittent et l’exercice physique par intermittence. Il va ensuite plus loin dans sa démarche en tentant de répondre à la question de son absence dans le système de soin actuel américain, dans l’éducation thérapeutique des patients. Voici les grandes lignes des théories qu’il présente dans sa partie «La société peut-elle accéder aux exigences axées sur

l’homersis en matière de prévention de la santé des maladies ? :

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L’essor de l’industrie pharmacologique et du progrès technique médical a instauré dans les mentalités de la population, que si elle tombait malade, il y aurait une réponse simple à ce problème : le médicament, la chirurgie. Dans un modèle d’accessibilité où l’homme se veut sédentaire avec « tout et tout de suite » à disposition, l’idée de ne pas réfléchir aux bases de la santé mais de la « soigner » est restée prépondérante.

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L’hyper-spécialisation de la médecine forme des spécialistes de maladies et donc enseigne aux futurs médecins à « soigner » et non « prévenir » par l’éducation sanitaire.

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Réintégrer le patient dans le choix d’un programme personnalisé en fonction de ses habitudes de vie initiales serait un programme d’éducation simple et libre. Il dénonce ici le manque d’information et de liberté qui est donné au patient dans

Mattson MP. Challenging Oneself Intermittently to Improve Health. Dose Response [Internet].

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2014 Oct 20 [cited 2019 Mar 25];12(4):600–18. Available from: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/ articles/PMC4267452/

notre modèle de médecine occidentale. Il y développe un exemple ensuite de stratégie d’éducation pour la promotion de la santé du patient métabolique:

« En cette ère moderne de l'information, les prestataires de soins de santé devraient pouvoir donner aux patients le choix entre des routines de jeûne et d'exercice intermittentes, parmi lesquelles choisir celles qui conviennent le mieux à leurs routines quotidiennes et hebdomadaires. Par exemple, un patient en surpoids et résistant à l'insuline doit être informé que s'il ne suit pas l'ordonnance du médecin, il va développer un diabète et risque de mourir d'une crise cardiaque ou d'un accident vasculaire cérébral à un âge précoce. Il donnait alors le choix aux patients entre deux régimes à base de jeûne intermittent par semaine: 1) deux jours par semaine, ils ne mangent qu'un seul repas et les cinq autres jours, ils mangent normalement; ou 2) Cinq jours par semaine, ils ne mangent pas entre 18 heures et 10 heures. Quel que soit le régime choisi par le patient, un membre du personnel du cabinet du médecin resterait en contact étroit celui-ci par le biais de SMS et/ou de médias sociaux pour surveiller les progrès du patient et jouer le rôle de "pom-pom girl" pour l'aider à s'adapter à son nouveau comportement alimentaire. Sur la base de découvertes récentes (Harvie et al ., 2011 , 2013 ), un pourcentage élevé de patients seront en mesure de s'adapter à un modèle d'alimentation plus sain et pourront l'intégrer à leur mode de vie à long terme à mesure qu'ils bénéficieront d'une meilleure santé globale. »

C’est cette idée que nous avons souhaité développer ici. En mettant un point d’honneur aux stratégies préventives, basées sur l’éducation primaire alimentaire du patient, personnalisée, libre et accompagnée. Nous souhaitons réinvestir la santé globale du patient par le re-formatage acceptable des ces habitudes de vie nées du système d’abondance et du lobbying pharmaceutique.

Nous espérons que cette démarche s’inscrive dans les programmes d’ interventions non médicamenteuses (INM) qui émergent de plus en plus dans notre exercice quotidien moyennant une collaboration pluri-disciplinaire. A ce sujet les maisons pluridisciplinaires offriraient de belles perspectives en ce sens.