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Chapitre IV. Analyse des perturbations pathologiques de la composition du liquide synovial

4.3.5. Marqueurs inflammatoires

4.3.5.2. La phosphatase alcaline (PAL)

Même si les analyses chimiques de l’hôpital des échantillons ont montrés qu’il n’y a pas de signe clinique de présence de cristaux, une analyse des précurseurs de ces cristaux a été établie.

La présence de la PAL, les interactions entre la PS et les ions de Ca2+ déterminent l’activation de processus de minéralisation et donc la précipitation des cristaux de phosphate de calcium dans le liquide synovial et sur la surface du cartilage qui favorisent l’usure du cartilage. Ainsi, comme l’activation de la PAL peut être une source de minéralisation donnant des cristaux précoces les échantillons ont été soumis à un test d’activité par spectrophotométrie (annexe 14). Aucune activité n’a été détectée par cette technique ce qui confirme l’hypothèse que les cristaux identifiés en MET (cf. 3.3.2) sont des cristaux de cholestérol.

105 4.4.Discussion et conclusions

Si on détaille les résultats quantitatifs des analyses rapportées à la bibliographie (Tableau 14) on observe qu’elles sont en concordance ou un peu plus élevées aux valeurs trouvées dans la littérature.

Tableau 14. Synthèse des résultats des analyses par rapport à la bibliographie

Par spectroscopie infrarouge on ne peut pas obtenir des informations quantitatives, elle permet seulement d’obtenir des informations qualitatives sur la composition du liquide synovial par l’identification des pics correspondants à chaque composant principal. Afin d’avoir une quantité relative de chaque composant de liquide synovial à partir de ces spectres nous avons défini les rapports entre les absorbances des composants principaux. Ainsi les rapports suivants ont été définis :

- C1 qui représente le rapport entre l’absorbance de protéine qui correspond à 1650 cm-1 et l’absorbance d’acide hyaluronique ;

- C2 qui représente le rapport entre l’absorbance de protéine qui correspond à 1650 cm-1 et l’absorbance de phospholipides

Les valeurs pour ces rapports sont données dans le Tableau suivant :

LS C1 C2

Sain 1.94 17.5

OA 1.68 12.3

PR 2.25 12

Tableau 15. Valeurs des rapports entre les absorbances des composants principaux Ainsi on remarque :

- une diminution du rapport C1 en OA ce qui peut être expliqué par une diminution de la concentration de l’AH (cf. Tableau 4) et une augmentation du même rapport

pour la PR du fait de l’augmentation de la concentration de protéines dans les

inflammations (cf. Tableau 14)

- le rapport C2 diminue avec l’augmentation des phospholipides dans les cas pathologiques LS Sain OA PR Composant (mg/ml LS) Nos analyses Biblio Nos analyses Biblio Nos analyses Biblio Protéines 27 12 - 30 52 -66 24 - 44 68 – 74 26 - 63 PLT 0.2 0.1 – 0.2 0.2 - 0.7 0.2 – 0.3 0.3 - 0.8 1.5 – 3.7 Cholestérol 0.091 0.066-0.075 0.9 -1.27 0.27 - 0.8 1.28 -3.6 0.7 – 0.9

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On remarque une augmentation de la concentration des protéines et d’acide hyaluronique qui forment le gel glycoprotéique (cf. chapitre III) et une diminution des phospholipides (par rapport à la concentration des lipides totaux) qui forment les membranes vésiculaires (cf. chapitre III) dans les cas pathologiques. Ce résultat peut être interprété par une augmentation de la quantité de gel glycoprotéique dans les cas pathologiques qui peut être une explication du fait que dans ces cas le gel glycoprotéique n’est pas incorporé dans les vésicules lipidiques (cf. chapitre III).

Nous avons montré aussi que la concentration de lipides augmente dans les pathologiques avec une diminution de la concentration de PLs (lipides ayant un rôle important dans la structure) rapportée à la concentration des lipides totaux. Partant de ce résultat, on peut expliquer le changement de structures vésiculaires observées en microscopie électronique (cf. chapitre III) : grands vésicules lipidiques multilamellaires dans le cas sain donc une concentration assez importante de PLs pour former des membranes multilamelaires et petits vésicules unilamellaires pour le cas inflammatoire donc une grande concentration de lipides mais avec une concentration faible de PLs.

Dans les cas pathologiques on observe aussi une importante augmentation de la

concentration de Chl comme dans les cas de TG (lipide ayant un rôle nutritionnel). Les

concentrations élevées de Chl dans les cas pathologiques et les résultats négatifs de l’activité de la PAL nous permettent d’argumenter que les cristaux vus en MET (cristaux qui augmentent en dimensions dans les inflammations tout comme la concentration de Chl) sont des cristaux non minéraux de Chl.

Dans le cas des phospholipides totaux on a obtenu des valeurs plus élevées que dans la bibliographie pour les liquides synoviaux sains et non inflammatoires mais plus faibles pour le cas inflammatoire. Les valeurs faibles pour le liquide synovial arthritique peuvent être expliquées par l’obtention d’échantillons avec des pathologies précoces. Les résultats obtenus sur les différentes classes de phospholipides démontrent que le phospholipide prédominant

dans le liquide synovial est le PC, phospholipide qui assure un coefficient de frottement faible. La diminution de sa concentration dans les cas pathologiques affecte les performances

tribologiques du liquide synovial comme le PE et PS qui sont présentes en plus faibles quantités dans les échantillons pathologiques (PS seulement dans le cas OA) ce qui augmente

le coefficient de frottement.

En ce qui concerne le PI, on observe qu’il a la même tendance que la lubricine, le PI permettant de diminuer aussi l’usure du cartilage par la protection des couches lipidiques. Dans l’OA, le PI décroit significativement, le cartilage doit ainsi être abimé tandis que la concentration de la lubricité augmente le plus dans ce cas-là du fait de cette usure du cartilage. Nous avons mis en évidence l’activation de PLA2 par la présence de marqueurs d’oxydation/ inflammatoires LTB4 et 5-HETE dans les échantillons pathologiques analysés avec une concentration qui augmente dans l’PR. Ces marqueurs résultants des réactions d’oxydation enzymatique des phospholipides contenus dans le liquide synovial peuvent être un indicateur

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du changement probable de la structure du liquide synovial par rapport à l’état sain de fait de la réorganisation des structures lipidiques résultant en fonction de l’évolution locale de la pathologie. Ainsi partant de ce résultat, on peut expliquer plus avant le changement des structures vésiculaires observés dans le chapitre III, donc des grands vésicules lipidiques multilamellaires dans le cas sain versus petits vésicules unilamellaires pour le cas inflammatoire.

Pour déterminer la corrélation entre la structure et la composition du liquide synovial sain ou pathologiques nous sommes amenés à étudier maintenant le comportement tribologique des échantillons correspondants.

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Chapitre V. Analyse des perturbations pathologiques