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LA PHASE DE LA VENTE

Dans le document COMPTABILITE GENERALE (Page 134-137)

Le 29 mars N les deux tiers de la commande de production sont vendus à un client à un prix de 880. Ce jour-là, une facture est émise et la livraison est effectuée par l’entremise d’une société de transport (voir la phase suivante pour des précisions sur

1. Dans l’équation fondamentale on a A 900 (stocks d’en cours) et A 900 (stocks de produits finis).

112 THÉORIE COMPTABLE ce point). Le client ne paiera que le 31 mars N (le temps de vérifier la commande).

Que va-t-il se passer au bilan ?

Suite à la livraison, le stock de produits finis va se « dégonfler » des deux tiers pour un montant de 600 (900 × 2/3). En compensation de cette perte de valeur, l’entreprise X reçoit un droit de créance (ou créance) sur son client d’une valeur de 880. Ce droit, même s’il n’est pas encore liquide, constitue un actif (c’est de la tréso-rerie décalée) qui doit être inscrit au bilan (c’est d’ailleurs un actif négociable qui peut être vendu à une banque pour obtenir des liquidités en cas de besoin urgent de trésorerie).

Donc, en terme d’équation fondamentale, A 600 (stocks de produits finis) et A 880 (poste créances « clients »). Sachant que S’ et D ne varient pas (il n’y a pas de nouvelles ressources externes venant des propriétaires et des prêteurs) le seul terme de l’équation qui peut varier pour parfaire l’égalité est ∆S (le résultat) qui augmente de 280 : l’entreprise, ou, plutôt les propriétaires de l’entreprise, ont donc réalisé un bénéfice de 280 qui est certes provisoire1 mais qui existe cependant et doit être comptabilisé au bilan parmi les capitaux propres en attendant sa répartition ulté-rieure.

Le bilan, au stade de la vente, est donc le suivant :

D’une manière générale, c’est donc au stade de la vente qu’apparaît le résultat dans une comptabilité moniste de type anglo-saxon2. Ce résultat est la résultante d’un double mouvement de diminution des stocks de produits finis et d’augmenta-tion des créances3. À l’actif du bilan, le bénéfice est matérialisé par une créance ou, plus exactement, une portion des créances d’un montant de 280 ; ce bénéfice est

1. Il est provisoire car les propriétaires devront le partager avec d’autres parties prenantes (voir infra).

X Bilan au 28.3.N

2. On verra que dans une comptabilité dualiste de type français, un résultat transitoire peut apparaître dès la phase de l’approvisionnement (le résultat définitif n’apparaissant qu’à la fin de l’exercice).

3. Bien entendu, si la vente avait été au comptant, on aurait enregistré une augmentation des disponibi-lités au lieu d’une augmentation des créances.

La comptabilité moniste anglo-saxonne 113

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également inscrit au passif en tant que ressource et en tant que droit à faire valoir par les capitalistes propriétaires : c’est à eux que revient cette richesse produite. Le bilan, ainsi présenté, est parfait ; à l’origine de la partie double il pouvait suffire aux capitalistes ; cependant, bien vite, ces derniers ont voulu non seulement connaître leur bénéfice mais également expliquer sa genèse ; ils ont donc pris progressive-ment l’habitude de faire figurer au-dessous (ou à côté) du chiffre de bénéfice les deux mouvements qui expliquent son apparition : c’est ce que nous avons fait au bilan présenté en faisant figurer la différence 880 – 600.

Par la suite, le nombre et la complexité des mouvements générateurs du résultat sont devenus tels que les capitalistes ont jugé plus rationnel de créer un document spécifique pour présenter la genèse du résultat : ainsi est né ce qu’on appelé ultérieu-rement le compte de pertes et profit (profit and loss statement des Anglo-Saxons).

Ce compte est un tableau comportant deux colonnes :

– la colonne de droite, par convention, est réservée aux mouvements générateurs d’un résultat positif ou « produits » (revenue en anglais) ;

– la colonne de gauche, est réservée aux mouvements générateurs d’un résultat négatif, c’est-à-dire aux « charges » (expenses en anglais). Dans le cas d’une vente, dans le système comptable anglo-saxon :

- les produits sont constitués par le montant des ventes ou, plus cursivement, par les « ventes » ;

- les charges sont constituées par le montant du coût de production des produits vendus (le fameux cost of goods sold des anglo-saxons).

Compte tenu de ces informations, le compte de pertes et profits (ou compte de résultat selon la terminologie française) de l’entreprise X pour la période du 1er mars N jusqu’à la phase de la vente serait le suivant :

Une autre présentation très courante et plus facile à comprendre pour un non comptable serait la suivante (présentation « verticale » au lieu de la présentation

« horizontale ») :

L’expérience prouve que, parfois, il est difficile de comprendre pourquoi on trouve le résultat à la fois au bilan et au compte de résultat. Mais l’histoire permet

Compte de pertes et profits du 1.1.N au 29.3.N

Charges Produits

Coût de production vendus 600 (cost of goods sold)

Résultat 280

Ventes (sales) 880

– Ventes 880

– Coût de production des produits vendus 600

= Résultat 280

114 THÉORIE COMPTABLE de voir que le compte de résultat est un « morceau du bilan », morceau qui ne s’est détaché que pour pouvoir mieux expliquer la genèse du résultat grâce à l’enregis-trement des flux de charges et de produits, qu’il était difficile de faire figurer au bilan.

Remarque

Nous avons fait figurer, comme cela est l’usage dans la comptabilité anglo-saxonne, pour ce qui est des comptes de résultats publiés, une rubrique de charge très «compacte» : le coût de production des produits vendus. Toutefois, le comptable anglo-saxon dispose généralement des informations pour «éclater» cette charge en diverses composantes matières, services, amortissements, salaires, etc.

Dans le cas de X il suffit de prendre les deux tiers des composantes du coût de production total pour trouver les composantes du coût de production des produits vendus : on obtient donc :

Coût des matières (« vendues ») 180 × 2/3 = 120

Coût des services (« vendus ») 60 × 2/3 = 40

Coût du travail (salaires « vendus ») 620 × 2/3 = 413,3 Coût des amortissements (« vendus ») 40 × 2/3 = 26,7 Coût total de production des produits vendus = 600

Si cette information n’est pas souvent communiquée dans les comptes de résultat anglo-saxons publiés c’est généralement pour des raisons tenant au secret des affaires.

Dans le document COMPTABILITE GENERALE (Page 134-137)