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LA PERSONNE HUMAINE (Roseline Davido) [159]

DEUXIEME PARTIE : LE DESSIN

 ETUDES SPECIFIQUES

E. LA PERSONNE HUMAINE (Roseline Davido) [159]

 Les personnages

On retrouve chez eux les mêmes traits que dans les autres symboliques, mais ils sont peut-être encore plus révélateurs.

L’enfant projette tout son moi dans ses dessins ; sans doute, quand il dessine un « bonhomme », c’est lui qu’il dessine; mais la représentation des autres personnages a tout autant d’importance. Ceux-ci vont apparaître sous des aspects bien divers : soit ils sont intégralement représentés, soit il y a des manques (omissions) ou, au contraire, des éléments superflus.

Le corps fantôme (Thomazi) [160]

Le corps fantôme est un aspect particulier du personnage en forme de « têtard »; il est en effet sans corps, si ce n’est un nombril ou un bouton, entre les deux pattes d’un « bonhomme » ! Ce stade correspond au phénomène de « remplissage », époque, nous l’avons vu, où l’enfant n’a pas encore assimilé la notion de « vide ».

Le ventre à l’air

C’est une des représentations de la « transparence », sur laquelle nous reviendrons encore. Dans l’exemple proposé, il s’agira de la transparence du thorax et de l’abdomen.

 Le portrait-robot

Il comprend divers éléments : la tête, le corps, les membres, auxquels s’ajoutent des détails : il peut être nu ou habillé, fumer une cigarette, porter la barbe, une valise, un parapluie …

____________________________________________________________________ [159] DAVIDO Roseline, La découverte de votre enfant par le dessin, L’Archipel, Paris, 1998

113 Le visage est l’élément essentiel du personnage, car c’est lui qui l’ « humanise ». il peut être bien proportionné ou énorme, au contraire, chez les très jeunes enfants, qui font souvent de grosses têtes à leurs personnages.

Plus tard, ces « grosses têtes » sont pathologiques et se rencontrent le plus souvent chez les paranoïaques, qui souffrent d’une hypertrophie du moi. En revanche, les petites figures sont fréquentes dans les dessins de déprimés, ou chez ceux qui ont tendance à se dévaloriser et qui souffrent d’un sentiment d’infériorité.

Ainsi, la tête, centre du moi, va révéler bien des aspects, par les implications diverses entre tous ses éléments.

Le nez

C’est un équivalent phallique ; il est déformé dans la mesure où il y a des problèmes sexuels. Il est très long en cas d’angoisse de castration, par exemple.

Les yeux

« Miroirs de l’âme », ils révèlent profondément le sujet et le regard qu’il porte sur le monde. Beaucoup de symboles peuvent y être associés, depuis la puissance magique « du mauvais œil » jusqu’à l’œil de l’hypnotiseur !

Mais l’œil assure aussi notre sécurité, en nous prévenant des dangers. C’est, d’autre part, avec lui que l’on fait du charme … . Ce côté esthétique apparaît surtout chez la fille et le garçon à tendance homosexuelle ; tous deux le dessinent souvent grand.

Les sourcils bien tracés accentuent encore cet aspect esthétique. En revanche, chez les enfants primitifs et chez les agressifs, ils apparaissent hirsutes.

Les cheveux

Ils représentent un attribut sexuel certain et sont fréquemment coiffés et bouclés chez les narcissiques.

Les oreilles

Elles sont faites pour apprendre et entendre. Elles sont grandes chez les enfants avides de culture. Elles peuvent être énormes chez l’enfant qui entend mal; mais, le plus souvent, elles font défaut dans leurs dessins, marquant aussi l’incommunicabilité.

114  La bouche

Elle symbolise la parole (moyen de communication), les aliments, ainsi qu’un certain érotisme. Symbole de la prise de nourriture, elle est liée à la mère ; car c’est à elle que revient le rôle de nourrice; pour le tout jeune enfant, la mère est nourriture; d’après les psychanalystes, l’enfant qui tète sa mère mange sa mère.

L’enfant qui omet de représenter une bouche à ses personnages peut traduire des problèmes sexuels ou relationnels (complexe d’Œdipe, mauvaises relations avec sa mère). Cette absence de bouche se rencontre aussi chez les enfants dont le foyer manque de chaleur communicative.

La bouche ouverte, qui « montre les dents », évoque l’agressivité. La langue représentée figure des problèmes sexuels mal résolus. Des lèvres épaisses se rencontrent chez les sensuels; les bouches fermées, aux lèvres pincées, sans sourire, traduisent un certain degré de tension.

La bouche « ronde » est fréquente dans les dessins des tout-petits ; chez les enfants plus âgés, elle peut être signe d’un retard intellectuel.

Le menton

Le menton accuse la virilité du personnage, il n’apparaît que tard dans les dessins. Il est à remarquer que l’agressivité de l’auteur du dessin lui en fait accuser les détails; les enfants très agressifs représentent parfois leurs personnages de profil.

Le cou

Forme de passage entre la tête et le corps, il n’apparaît que tardivement dans les dessins d’enfants (huit-neuf ans).

Les mains

Elles peuvent revêtir plusieurs aspects : balayettes, râteaux, ronds ; mais les mains à cinq doigts existent aussi !

Bien marquées, elles traduisent la sociabilité de l’enfant. Mais elles peuvent aussi être absentes (dans les poches ou réellement mutilées), lorsqu’il existe des problèmes sexuels (masturbation) ou sociaux (voleurs, prédélinquants).

115  Les bras

Ecartés moyennement du corps, ils évoquent la sociabilité. Collés au corps, sans énergie, ils traduiraient plutôt un sentiment de défaite. L’omission des bras est souvent liée à la masturbation.

Les jambes

Supports du personnage, elles peuvent être repliées chez les sujets déprimés et frêles; elles traduisent parfois une déficience physique ou psychique.

Les seins

Ils traduisent des préoccupations sexuelles et mettent aussi l’accent sur les relations mère-enfant. Quand aux fesses, elles sont accentuées chez les petits garçons ayant des tendances homosexuelles.

 Les vêtements

Nu comme un ver

Que l’enfant de moins de sept ans dessine des personnages nus, cela est tout à fait normal; mais à partir de dix ans, le personnage habillé, l’être social doit faire son apparition. Si l’enfant persévère dans la représentation de personnages nus, cela reflète un comportement asocial, voire une attitude pathologique.

La nudité revêt un sens ambigu, elle peut être naïveté, candeur, pureté, mais aussi humiliation (souvenez-vous du sens qui lui était attribué dans les camps de concentration).

La personne qui dessine ses personnages nus peut user de cette arme pour les dévaloriser. S’il se dessine nu, il révèle ainsi son sentiment d’infériorité.

L’habit fait le moine

Lorsqu’un enfant dessine un personnage, il peut le vêtir à son goût; grâce au style des vêtements, on pourra déjà comprendre à quelle catégorie sociale appartient le personnage. Si son costume est en haillons, il y a de grandes chances pour qu’il soit dévalorisé.

Les vêtements chauds apportent des nuances particulières; pour Flugel, ils représentent la nécessité de se protéger d’un certain type de froid : la tiédeur des

116 sentiments ! Ils symbolisent aussi la mère en tant que « matrice protectrice ». Ces vêtements peuvent en effet rappeler la chaleur affectueuse de la mère. L’enfant qui se dessine avec un grand nombre de vêtements chauds serait un enfant déprimé, qui ne se sentirait pas aimé (Flugel). L’enfant qui se dessine couvert se sent bien protégé; mais cette chaleur est bien souvent en fait, elle aussi, une compensation.

Chez les femmes, les vêtements peuvent servir de compensation à l’envie du pénis, répondre au besoin de changer l’image du corps, pour plaire ou être acceptées par les autres, traduire leurs tendances exhibitionnistes (Ada Abraham).

Les vêtements sont lourds de sens, mais d’autres objets renferment des symboles phalliques : la cravate, la pipe, le chapeau pointu, la cigarette, le parapluie, la canne, etc. pour Flugel, le sujet qui représente une pipe ou une cigarette exprime le réconfort qu’il ressent, car cette représentation le protège de la crainte de perdre l’organe phallique.

Les poches et les boutons

Les poches et les boutons valorisent les personnages et leur confèrent une certaine importance. Quand ces personnages portent des vêtements où boutons et poches sont en trop grand nombre, l’auteur du dessin marque par là un sentiment de dépendance.

Il est à noter que le premier « bonhomme » est vêtu, généralement, d’un bouton. L’enfant habille ses personnages comme il le désire et les déprécie ou valorise selon ses sentiments profonds, voire inconscients.