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La mine de charbon de Nathan Daviddoff 15

Été 1907

8 « En été 1907, mon ami Elia Markovitch Sloutzki et moi-même sommes allés à Kanibadam dans la région d’Isfara16 pour chercher des champs de pétrole et de charbon. Nous sommes partis pour Isfara en voiture, puis nous avons continué dans un attelage à trois chevaux. Nous avons emporté des provisions dans une petite glacière car la chaleur était insupportable. Nous sommes arrivés peu après, dans un grand cratère de 26 mètres de diamètre où, à côté d’un arbre, se trouvait un écriteau : “Ici, il n’y a pas de charbon”. Monsieur Sloutzki était un homme d’une grande intelligence, mais il avait un défaut : il était incapable d’achever une affaire entreprise. C’était un révolutionnaire et avait été exilé pour cette raison de Kokand, après la Révolution de 1905. Il avait de nombreux amis parmi les fonctionnaires russes et grâce à de gros pots-de-vin, j’ai réussi à le ramener à Kokand et à le loger chez moi. Donc, en arrivant à ce cratère, au pied de la montagne, nous avons décidé de grimper au sommet et d’examiner les alentours. Et en croyant y arriver, nous nous sommes aperçus que la montagne s’étendait encore sur quatre kilomètres et qu’il y avait sur les côtés les mines de charbon (à ciel ouvert) des familles Vodiaev et Potilakhoff. J’ai dit à mon ami que je ne pensais pas qu’il puisse y avoir des mines en exploitation en haut de la montagne et que plus bas, près du cratère, il n’y avait pas de charbon. Il y avait à mon avis une erreur, lui dis-je. Sloutzki me donna raison. Nous sommes descendus et avons examiné le cratère. Après cette exploration, j’ai décidé d’aller au service des mines de charbon et de vérifier à qui appartenait le terrain. Lorsque j’ai trouvé le propriétaire, je lui ai proposé de lui acheter le terrain, ce que j’ai fini par acquérir pour un montant de 75 000 roubles. J’ai télégraphié la nouvelle à notre société, mais comme ils en avaient l’habitude, ils n’ont pas enregistré l’achat au nom de la société et je me suis donc retrouvé propriétaire de ce bien17. »

9 « J’ai commencé à organiser la prospection. J’ai engagé un jeune ingénieur, acheté des wagons, des rails, deux chevaux qui faisaient tourner une roue, laquelle faisait monter la terre extraite. J’ai mené les recherches pendant treize mois, persuadé de trouver du charbon. Plus nous descendions, plus il était difficile de creuser. Au début, les ouvriers travaillaient six heures par jour, puis ils sont arrivés à une demi-heure de travail, car à cette profondeur, l’oxygène est rare. J’ai télégraphié à l’oncle Benjamin à Moscou18 de m’envoyer des machines excavatrices afin de pouvoir creuser aux quatre coins du terrain en même temps. Les journaux ont rapporté sur un ton moqueur que les familles Vodiaev et Potilakhoff extrayaient chaque jour du charbon tandis que Davidoff ne creusait que pour ramener de l’argile… »

10 « Nous sommes arrivés à une profondeur de 280 mètres sans trouver de charbon. J’ai commencé à désespérer tout en restant persuadé que le charbon était plus en profondeur. Les frais augmentaient vite. J’avais déjà investi 250 000 roubles, y compris l’achat de l’équipement. J’ai donné l’ordre de chercher, tous les deux mètres sur les côtés également. Mes concurrents ainsi que mes cousins se réjouissaient déjà de cet échec. Mais je n’avais pas perdu tout espoir et j’ignorais la joie de ceux qui me

souhaitaient du mal. En mon cœur, je croyais en ma chance et en Dieu. Jusqu’ici, tout ce que j’avais entrepris avait réussi et il n’y avait pas de raison, pensais-je, qu’il n’en soit pas de même cette fois-ci. Ma confiance n’a pas été démentie. À une profondeur de 293 mètres, nous avons trouvé du charbon (…). »

11 « Je me suis consacré alors au second forage qui devait assurer l’aération de la mine. Je me suis adressé à cette fin à un grand ingénieur19 et lui ai demandé de calculer les mesures exactes pour atteindre la couche de charbon et ne pas la manquer. Le deuxième forage a dévié de huit mètres de la couche et il a donc fallu réparer cette erreur en faisant un forage de côté. Lorsque le travail a été terminé, j’ai commandé un moteur pour remplacer les deux chevaux et j’ai fait construire deux bâtiments : un grand pour les bureaux et un pour les employés. J’en ai fait construire un troisième pour loger les ouvriers et leurs familles. J’ai ouvert près de ces logements une épicerie et une boucherie, car au début, 300 ouvriers travaillaient dans la mine en trois équipes, faisant huit heures chacune. On avait l’habitude alors de transporter le charbon dans des charrettes tirées par des chevaux jusqu’à Kachgar, dans le voisinage, où l’on s’en servait pour le chauffage domestique. J’ai fait savoir, en langue musulmane, à tous les villages des environs que je vendais du charbon non au poids, mais à la charrette, 25 roubles la charrette. Le client pouvait charger sa charrette autant qu’elle pouvait supporter, 50 pouds ou 500… J’avais tout intérêt à le faire car je ne disposais pas d’un endroit pour stocker le charbon (…). Les mines de Vodiaev et Potilakhoff étaient à quatre kilomètres plus haut à flanc de montagne. Je disposais donc d’un emplacement privilégié car aucun cocher ne voulait éreinter ses chevaux en leur faisant grimper la côte (…). La hauteur de la couche dans ma mine était de trois mètres environ et il y avait une réserve de deux milliards de pouds selon les estimations des gens du service des mines. Cette estimation a été confirmée par le Professeur Ignassoff (…). »

Janvier 1909

12 « (…) Je suis allé à ma mine de charbon où les deux bâtiments sont prêts, y compris les alentours. Il en est de même pour les logements des ouvriers et pour les boutiques. La mine fonctionne à plein régime mais l’organisation du travail et la vente laissent à désirer. Il est possible d’améliorer l’exploitation et nous continuons à vendre suivant la méthode du début, à 25 roubles la charrette. Il y a certes des centaines de charrettes par jour, mais cela n’est pas suffisant. Il me faut trouver une autre méthode de vente, commercialiser de façon plus efficace, même sans bénéfice, de façon à disposer d’un endroit où stocker le charbon. J’ai donc décidé de vendre aux chemins de fer deux millions de pouds à 12 kopeks le poud. (…). Ce qu’il y avait de mieux à faire, c’était de construire une voie ferrée privée entre ma mine et la gare la plus proche. J’ai invité mon frère ainé (Avraham) pour le consulter à ce sujet. Mon idée était de créer une société par actions, au capital de 2 millions de roubles, appelée « société de transport de charbon du Turkestan du commerçant de la première guilde, Nathan Davidoff ». Nous avons convenu qu’il y avait lieu de construire une voie ferrée bien que ce ne fût là qu’une démarche purement formelle car j’étais, en fait, le propriétaire de la mine et il était normal que la voie ferrée fut ma propriété. J’ai acheté le terrain nécessaire à la construction de la voie ferrée : 180,000 m², sur une longueur de 40 km, de la mine jusqu’à la gare la plus proche. J’ai acheté une partie des terrains à l’État et l’autre à des particuliers. J’ai publié un avis d’adjudication à Londres pour la pose des rails et au bout d’un mois, j’ai reçu une lettre de la société « Martin » me faisant part de son accord et

se déclarant prête à envoyer ses représentants. Quelque temps après, un ingénieur, un fondé de pouvoir et une autre personne sont arrivés pour établir les plans de la voie ferrée. Ils ont parcouru tout le trajet que j’avais prévu. »

Décembre 1910

13 « (….) J’ai écrit à mon frère de se préparer à me remplacer à partir du 15 décembre, car je voulais aller à Saint-Pétersbourg pour hâter l’octroi de la concession pour la construction de la voie ferrée. Cette question dont s’occupe l’avocat de cette ville traîne depuis trois ans sans issue prévisible. Les autorités ne sont pas prêtes à me transférer la concession appartenant à un noble russe qui n’en fait aucun usage. Je suis donc arrivé à la conclusion qu’une affaire aussi sérieuse ne serait résolue que si je me rendais personnellement sur place (…). »

14 « À Saint-Pétersbourg, j’ai constaté que la confrontation entre mon avocat et le Ministère au sujet de la concession se poursuivait. Si j’avais eu les liens nécessaires, l’affaire aurait été réglée depuis longtemps en ma faveur. Mais j’ai des principes très stricts. J’attendrai donc encore. (….) J’ai consulté mon frère au sujet de la voie ferrée. Je lui ai expliqué que je pouvais enfin obtenir la concession mais que cela dépendait d’une certaine dame et que cela me déplaisait. Mon frère a répondu que mon attitude n’était pas commerçante car l’installation de la voie ferrée permettrait une augmentation importante des ventes de charbon. De plus, la région de la mine est également une région de culture de riz et d’abricots et il existe aussi un problème de transport de ces denrées. Bref, mon frère a réussi à me persuader et m’a demandé si nous n’avions pas

« raté le train » (…) J’ai répondu non, car j’ai entre les mains une lettre de cette dame de qualité20 qui est prête à assurer elle-même la direction formelle de la voie ferrée. (…) Après accord de mon frère, j’ai demandé à cette dame, par écrit, si elle pensait pouvoir affronter le duc Svetopolkovski et je lui ai donné des directives précises au sujet des documents de travail se trouvant chez mon avocat. Trois semaines plus tard, j’ai reçu une réponse par télégramme m’annonçant sa victoire, mais que je ne pourrais obtenir la concession que dans deux ans, délai au terme duquel la concession actuelle viendrait à expiration. À son avis, il n’y avait pas à craindre que le duc fasse jouer ses droits car il n’avait pas encore de mine de charbon et il n’avait pas l’argent nécessaire pour mener à bien un projet comme celui de la voie ferrée. De plus, les terres sur lesquelles devait passer la voie ferrée étaient déjà ma propriété. Par conséquent, à son avis, il n’avait pas la moindre chance d’exploiter sa concession, bien que sur un plan juridique il eût la préférence. Elle ajoutait que la lutte juridique était très difficile et que le Ministère faisait tout pour sauvegarder les droits du duc. »

Hiver 1911

15 « J’ai informé la direction de la mine de mon arrivée en compagnie de la future directrice du chemin de fer pour une visite de onze jours. À cette époque, 2 800 personnes travaillaient dans les mines, dont 100 employés en trois équipes. Les ouvriers m’aimaient beaucoup car je les traitais généreusement et avec amitié. Lorsqu’ils ont appris notre arrivée, ils ont organisé une vraie fête. Sur trois kilomètres, d’Isfara à la mine, ils ont répandu des herbes le long du chemin sur lequel nous devions passer. Une charrette avec cinq musiciens nous précédait. Près de 3 000 ouvriers nous ont accueillis avec des pancartes « bienvenue ». Le président du Comité d’entreprise a prononcé un

long discours et a affirmé que grâce à mon comportement humanitaire, les ouvriers vivaient dans de bonnes conditions. Dans mon allocution de remerciement, j’ai répondu que j’appréciais leur dévouement et les remerciais pour leur attitude envers moi. J’ai ajouté que tant que je vivrais, je veillerais sur eux et leurs familles et m’efforcerais d’améliorer chaque année leurs conditions de vie. Je leur ai annoncé la construction prochaine de la voie ferrée qui faciliterait leur vie aussi et cela grâce à l’honorable dame se trouvant à mes côtés (…). »

16 « En 1913, il y eut une crise économique grave. Les clients n’étaient pas en mesure de payer. À la même époque, l’oncle Yossef se méfiait de ses enfants et décida de créer un système de remboursement des dettes par des garanties. Tous ses employés travaillaient (dans la société) à salaire plein et ils sont venus me proposer ce système21. Je leur ai répondu : « prenez les clés et faites selon votre bon plaisir, ou bien vous acceptez une réduction de 30 % et j’achète tout ce qui appartient à la société ». Ils ont marchandé mais ont fini par accepter une réduction de 25 %. J’ai payé et acheté toutes les affaires de la société dans la région de Ferghana, bien qu’il m’ait été difficile de gérer l’ensemble de ces affaires tout seul. Mais je crois en Dieu et il m’a toujours aidé. »

17 « En 1914, lorsque la guerre éclata, mes affaires prospérèrent. En 1915, ma fortune s’élevait à 20 millions de roubles. Pour de nombreuses raisons, je fus obligé d’aller à Moscou où mes affaires étaient dix fois plus importantes qu’en Asie. J’ai rassemblé tous mes proches, je leur ai donné 20 % des gains et des directives sur la façon de gérer les affaires. En même temps, j’ai expédié à Moscou 150 wagons de coton, 75 wagons de beurre, 25 wagons de fil de coton et je suis parti à Moscou avec (mon frère) Avraham.

En arrivant, j’ai loué un appartement de cinq chambres et le lendemain je me suis rendu chez le banquier Knop à qui j’avais expédié la marchandise. Et par son entreprise, j’ai acheté 2 500 hectares de forêt avec une scierie où travaillaient 350 ouvriers. Cela pour assurer ma sécurité économique. Entre temps, toute la marchandise (que j’avais amenée) a été vendue et avec l’argent j’ai acheté 43 millions d’archines de toile et mille pouds de fils bruts22. Ne disposant pas d’argent, j’ai payé Knop à crédit pour un an, avec un taux d’intérêt de 5 %. J’ai immédiatement remis les toiles et les fils à des ateliers pour la fabrication de tissu à motifs de style asiatique. Et c’est ainsi que je suis devenu un grand fabricant dans ce domaine. La chance m’a souri : j’avais deux banquiers à mon service et tous deux étaient mes amis. »

18 « En 1916, ma fortune s’élevait à 16 millions de roubles et vers la fin de l’année j’ai acheté des objets de valeur pour plusieurs millions de roubles. Mais un peu plus tard, Kerensky – que son nom soit maudit – qui était l’instrument des Bolcheviks, est apparu, puis ces derniers ont pris le pouvoir et naturellement tous mes biens en Asie ont été perdus. C’est-à-dire : usines, maisons, terres, mines de charbon, marchandises et argent, que les Bolcheviks ont confisqués. Alors qu’une partie de mes affaires prospérait à Moscou, le reste connaissait une fin catastrophique. Je gérais toutes mes affaires financières et mes marchandises avec mon ami banquier de Saint-Pétersbourg, directeur de la « Banque internationale » et mes affaires de cotonnades avec Knop. Je transférais tout à l’étranger par l’intermédiaire de Seryoja. C’est ainsi que j’ai transféré 2 500 000 dollars (le taux était de 2 roubles et 20 kopecks le dollar) mais je n’ai pas réussi à transférer 3 autres millions car entre temps on a interdit l’exportation de capitaux. Et ces 3 millions sont restés dans les coffres. »

19 « Quelque six mois avant la prise du pouvoir par les Bolcheviks, Seryoja m’a proposé d’acheter une maison à la campagne, des vêtements de paysans pour ma femme et moi

et de m’y rendre une fois par semaine pour que les voisins s’habituent à nous. Il a également proposé d’y transférer les dollars et les bijoux, les nôtres et les siens, en prévision de l’arrivée au pouvoir des Bolcheviks et de nous installer dans le village. Il était très fiable et honnête et voici que lui-même, sa femme et son enfant ont disparu.

Ils ont sûrement été exécutés après une surveillance de notre maison à la campagne.

J’ai également appris qu’un jeune garçon que j’avais envoyé là-bas avec des dollars et des bijoux a été arrêté et tous ces biens ont été perdus. De plus, j’ai transféré, il est vrai, 2 500 000 dollars à l’étranger, mais je n’ai pas pu obtenir les documents nécessaires.

J’espérais recevoir cet argent en arrivant à Riga. J’ai donné là-bas 2 000 dollars à un certain banquier pour qu’il recherche mon argent à travers le monde. Mais la mission s’est avérée impossible. En 1918, la guerre civile battait son plein et une épidémie de choléra fit de nombreuses victimes dans les rangs de l’armée bolchevique. On manquait, en particulier, de savon. Je possédais à Kanibadam une colline dont le sol contenait 9 % de matières grasses. J’ai donné l’ordre d’extraire 500 pouds de cette terre et engagé deux chimistes auxquels j’ai demandé de fabriquer du savon avec ces graisses minérales. Ce savon avait également des qualités antiseptiques. Cela a bien marché.

Tout d’abord j’ai essayé le savon sur moi-même, puis, ensuite, j’ai écrit à la Croix Rouge que je disposais d’un savon antiseptique. Le lendemain matin j’ai reçu la visite de cinq personnes qui ont amené des vêtements infestés d’insectes nuisibles ; des femmes, ayant revêtu des gants, ont trempé les vêtements dans de l’eau savonneuse et immédiatement les insectes ont été détruits et ont flotté, morts, à la surface. Les cinq représentants de la Croix Rouge étaient très satisfaits et m’ont demandé si je pouvais fournir ce savon rapidement. Je leur ai répondu que cela dépendait d’eux. Ils m’ont demandé ce qu’ils devaient faire et je leur ai dit qu’il me fallait vingt wagons vides que l’on n’arrêterait pas en route. Toutes mes demandes ont été satisfaites. Ils ont envoyé à Kanibadam 10 000 sacs et 20 wagons vides. J’y ai envoyé, par ce train, un homme de confiance avec de l’argent pour mon ancien agent. Les pierres de la colline ont commencé à arriver à la cadence de cinq wagons. Entre temps, j’ai préparé dans l’usine un emplacement pour le séchage du savon et 28 jours plus tard j’expédiais le premier envoi sérieux, 500 pouds de savon, et il en restait un stock. Cela m’a valu en témoignage de reconnaissance, le titre de “Professeur” Davidoff… J’ai noté dans mon journal la méthode de production. Et en un an et demi, j’ai ainsi gagné 190 millions de roubles. Ils ne m’ont jamais demandé ce qu’étaient les coûts de fabrication, ils payaient comptant ou en chèque, les yeux fermés. »

20 « Tu sais certainement que les Russes aiment boire du thé. Le thé véritable avait disparu. Le prix d’un paquet, au marché noir, était de 1 000 roubles. J’ai entrepris la fabrication d’un concentré de thé liquide et on pouvait faire avec 25 gouttes de cet extrait un samovar de vingt litres de thé. Il fut un temps où l’on vendait des petites bouteilles de vodka appelées « Merzavtchik23 » et les moujiks, qui étaient les consommateurs de cette vodka, en faisaient sauter le bouchon d’un coup de paume.

Entre 1919 et 1921, j’ai fourni à l’Armée rouge 15 000 bouteilles de thé de ce genre par jour et 25 000 par jour à la « Centrosoyouz ». La bouteille me coûtait cinq roubles et je la vendais vingt-cinq. Le thé était surtout fait de sucre brûlé et j’achetais le vrai thé au marché noir avec l’autorisation des autorités. De plus, j’avais alors à Moscou deux entreprises de textiles24 produisant des tissus à motifs asiatiques. Toutes les provinces asiatiques se fournissaient chez moi : les gens de Tachkent, Kokand, Samarcande et Boukhara m’achetaient des tissus. Chaque mois, je vendais en Asie centrale entre 1 500 et 2 000 rouleaux de tissus. Yona, fils de Yossef Davidoff et Hadj Hochanan Davidoff