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Cahiers d Asie centrale La Mémoire et ses supports en Asie centrale

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8 | 2000

La Mémoire et ses supports en Asie centrale

Vincent Fourniau (dir.)

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/asiecentrale/511 ISSN : 2075-5325

Éditeur

Éditions De Boccard Édition imprimée

Date de publication : 1 septembre 2000 ISBN : 2-7449-0135-0

ISSN : 1270-9247 Référence électronique

Vincent Fourniau (dir.), Cahiers d’Asie centrale, 8 | 2000, « La Mémoire et ses supports en Asie centrale » [En ligne], mis en ligne le 05 février 2010, consulté le 26 mars 2020. URL : http://

journals.openedition.org/asiecentrale/511

Ce document a été généré automatiquement le 26 mars 2020.

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Le thème de la mémoire est de première importance dans les États jeunes aux racines anciennes de l’Asie centrale. Il est d’ailleurs mis en avant dans leur vie politique et culturelle de façon appuyée. Or, la mémoire “retrouvée” de pays nouvellement indépendants fait souvent un saut dans l’histoire jusqu’aux époques les plus brillantes de leurs cultures. Cependant, la question d’une recherche historique également vivante concernant d’autres périodes se pose à leur historiographie, dont les Cahiers d’Asie centrale tentent de suivre l’évolution. Le travail de mémoire des nations concernées se manifestant entre affirmation et oubli, celui du chercheur consiste à tenter de saisir cette complexité. Pour cela, prendre en compte différents supports de la mémoire s’avère nécessaire. Partout, quel qu’ait pu être le destin de l’écriture et du livre, les États d’Asie centrale glorifient l’ancienneté des âges classiques qui se manifestèrent sur leur territoire. Les Cahiers d’Asie centrale, en tant que publication du seul institut occidental en activité dans la région même, sont heureux d’être un lieu d’accueil : car le travail collectif de mémoire se fait séparément dans chaque pays et, sous l’effet des mêmes causes, il recompose le contenu de l’assemblage régional que nous appelons

“Asie centrale”. Si l’ancienneté des formes culturelles est extrêmement valorisée dans les actuelles politiques patrimoniales, leur continuité n’est pas toujours examinée comme un facteur relatif aux significations éventuellement paradoxales. On a donc souhaité que la juxtaposition d’articles portant sur des questions variées puisse accompagner le lecteur dans sa réflexion. Venus en particulier des quatre coins de l’Asie centrale, les articles présentés dans ce numéro 8 en dessinent la carte culturelle, si riche d’interrogation dans son unité-diversité.

NOTE DE LA RÉDACTION

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SOMMAIRE

Avant-propos

Vincent Fourniau

Tables de translittération

Patrimoine intellectuel centrasiatique

quelques réflexions sur les enjeux de la transition Catherine Poujol

Dossier

Les collections de manuscrits en persan de Saint-Pétersbourg

Firuza Abdullaeva

Une vue d’ensemble des manuscrits tchagatay du Xinjiang

Amina Abdurahman et Jin Yu-Ping

Les fonds manuscrits en caractères arabes au Kazakhstan

Meruert Abuseitova et Aitjan Nurmanova

Quelques mots sur la paternité des œuvres historiques d’Asie centrale

d’après des ouvrages en persan et en tchagatay Tursun Sultanov

La tradition historique orale des Kazakhs

Aitjan Nurmanova

Hors dossier

Couleurs et culture chez les Kazakhs

Sophie Renaud

The Uzbek Architecture of Afghanistan

Bernard O’Kane

Notes et documents

Alexandre Alexandrovič Semënov (1873-1958)

Un aperçu de sa vie et de son œuvre Emmanuel Choisnel

Nathan Davidoff, industriel du Turkestan russe

Binyamin Ben David

Note sur l’Institut des manuscrits du Turkménistan

Annagurban Achirov

Quelques livres des Kazakhs de Mongolie occidentale : Aqyt qažy Ulymžyuly

M. Khurmetkhan

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Avant-propos

Vincent Fourniau

1 Pour leur présente livraison, les C.A.C. (Cahiers d’Asie centrale) ont souhaité saisir quelques éléments de la “Mémoire et ses supports” de l’Asie centrale et leur offrir une halte dans ce numéro 8, qu’ils sont heureux de vous présenter.

2 Le thème de la mémoire est de première importance dans les États jeunes aux racines anciennes qui composent l’Asie centrale. Il est d’ailleurs mis en avant dans leur vie politique et culturelle, où il donne lieu pourtant à une rhétorique souvent sélective, ce qui peut sembler paradoxal compte tenu de sa richesse.

3 Ainsi, chacun de ces pays se repositionne autour d’une mémoire “retrouvée”, dont les chemins sont tracés avant tout par les États et peuvent s’observer dans les actuelles politiques patrimoniales, de recherches historiques et universitaires, dans la pensée sociale etc. Ce travail de mémoire est également effectué par les individus et cette dimension, moins bien connue, laisse entrevoir une grande diversité de sensibilités.

4 L’observateur ne peut être qu’attiré par un tel appel du passé dans le présent, dans une région qui est marquée par des dynamiques historico-géographiques de moyenne et longue durée : l’accession à l’indépendance en 1991 n’a pu en soi abolir l’enclavement économique des États ou bien changer la donne géopolitique de leur environnement régional du côté de leurs voisins “extérieurs” (Chine, Iran, Afghanistan).

5 La mémoire “retrouvée” de pays nouvellement indépendants fait souvent un saut dans l’histoire jusqu’aux époques les plus brillantes de leurs cultures, dont le XVe siècle, par exemple, est pour la Transoxiane un fleuron. Cependant, la question d’une recherche historique également vivante concernant d’autres périodes se pose aux historiographies de ces pays, dont les Cahiers d’Asie centrale tentent de suivre l’évolution. De même, la part de l’influence – indirecte ? – des legs des cultures antérieures sur celles qui servent de socle aux réalités actuelles reste également à interroger.

6 Le travail de mémoire des nations concernées se manifeste en particulier à la jonction entre affirmation et oubli, celui du chercheur consiste à tenter de saisir cette complexité. Pour cela, prendre en compte différents supports de la mémoire s’avère nécessaire. Partout, quels qu’ait pu être le destin de l’écriture, du livre et des

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principales langues patrimoniales comme le persan et le tchagatay, les États contemporains d’Asie centrale glorifient la tradition écrite, ainsi que l’ancienneté des âges classiques qui se manifestèrent sur leur territoire.

7 Pourtant, ces sources écrites sont encore mal connues et peu utilisées, elles représentent une riche matière qui reste largement à explorer, même si des régions étaient moins systématiquement productrices d’écrit (celles où dominaient les cultures nomades) que d’autres (la Transoxiane, le Xinjiang, l’Afghanistan).

8 C’est la raison pour laquelle cette revue a entrepris la présentation des principales collections de manuscrits en persan et en tchagatay de l’Asie centrale dans les numéros 7 de 1999 et dans ce numéro 8. C’est un travail unique dans les publications actuelles. Il est conçu comme un outil, aussi bien pour le chercheur occidental que celui originaire des pays de cette zone. On sait en effet que depuis 1991, les liens intellectuels entre les chercheurs de ces pays se sont malheureusement relâchés.

9 Les Cahiers d’Asie centrale, en tant que publication du seul institut occidental en activité dans la région même, sont heureux d’être un lieu d’accueil de partenaires naturels mais aujourd’hui éloignés les uns des autres. Car le travail collectif de mémoire se fait séparément dans chaque pays et, sous l’effet des mêmes causes, il recompose le contenu de l’assemblage régional que nous appelons “Asie centrale”.

10 Si l’ancienneté des formes culturelles est extrêmement valorisée dans les actuelles politiques patrimoniales, leur continuité n’est pas toujours examinée comme un facteur relatif, aux significations éventuellement paradoxales, voire enfouies ou controversées.

On a donc souhaité que la juxtaposition d’articles portant sur des questions variées puisse accompagner le lecteur dans sa réflexion. Le dossier sur les fonds d’archives et les collections de manuscrits est suivi de plusieurs études qui éclairent la mémoire multiforme de sociétés plus complexes qu’elles ne le disent elles-mêmes dans leurs seuls écrits.

11 L’article de B. O’Kane propose une analyse de premier plan sur une architecture en partie disparue en Afghanistan du nord. Les représentations de la couleur constituent un élément important dans les cultures de toute l’Asie centrale. L’entrepreneur N. Davidoff témoigne d’une façon originale de la période charnière des années 1880-1920. Enfin, les autres contributions publiées sous la forme de notes et de documents touchent des sujets ou des savants trop peu connus du public occidental.

12 Comme chacun de ceux qui le précèdent, ce numéro voudrait refléter la diversité des recherches qui sont menées actuellement sur l’Asie centrale, en France, par des chercheurs reconnus, mais aussi par des doctorants ou des jeunes docteurs très prometteurs, maintenant nombreux, également par des amateurs éclairés, en Asie centrale, ou encore dans d’autres pays du monde.

13 Nous avions annoncé deux numéros par an à partir de celui de septembre 1999. Ce numéro 8 aurait dû paraître plus tôt, il faut croire que la mémoire de cette affirmation s’était égarée – le support n’en était-il pas ce papier si fragile et périssable ?

14 Les Cahiers d’Asie centrale numéro 8 ne publient pas les actes d’un colloque, mais des articles commandés tout spécialement aux quatre coins de l’Eurasie pour cette livraison. L’exercice est plus difficile, l’échéance moins tangible aussi pour les contributeurs qui ont envoyé leur article par courrier postal, par internet, en russe, en kazakh, en anglais, mais également directement en français (A. Abdurahman). L’effort

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de traduction et de mise en forme fut considérable et l’équipe de l’IFÉAC, largement sollicitée.

15 Venus des quatre coins de l’Asie centrale, ces articles en dessinent d’ailleurs la carte culturelle, si riche d’interrogations dans son unité-diversité. L’Asie centrale est un ensemble, aucune de ses sous-parties n’a plus de légitimité patrimoniale que les autres.

Par contre, les supports de la mémoire ne sont pas toujours les mêmes, ou plutôt ils ont chacun une très vaste aire de distribution, mais leur densité et leur signification dans ces aires varient.

16 Le fidèle lecteur remarquera la présence de nouvelles tables de translittération, celles des alphabets cyrilliques utilisés dans la région (ouzbek, tadjik, russe, kirghize mais aussi tatar etc.).

17 Ces pages tentent de parler de toute l’aire Asie centrale et non pas seulement de sa partie la plus connue, la Transoxiane. Il était temps que la revue de l’IFÉAC s’ouvre à ces autres régions et publie des études qui permettent également de replacer la Transoxiane dans un plus vaste cadre culturel. L’IFÉAC vous souhaite une bonne lecture.

AUTEUR

VINCENT FOURNIAU

Directeur de l’Institut français d’Études sur l’Asie centrale

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Tables de translittération

Table de translittération de l’alphabet arabe

voyelles persane : a, â, e, i, o, u voyelle arabes : a, â, à, i, î, u, û ezâfa persan : -e / -i, -ye / -yi

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Table de translittération IFÉAC des alphabets cyrilliques utilisés en Asie centrale

alt. : altaïen az. : azéri bach. : bachkir kara. : karakalpak

kar.-bal.: karatchaï-balkar kaz.: kazakh

kir.: kirghiz koum.: koumyk nog.: nogaï ouz.: ouzbek tadj.: tadjik tat.: tatar touv.: touvin turkm.: turkmène

Table de translittération de l’alphabet russe

Lettres russes Translittération

а a

б b

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в v

г g

д d

е e

ё ë

ж ž

з z

и i

й j

к k

л l

м m

н n

о o

п p

р r

с s

т t

у u

ф f

х h

ц c

ч č

ш š

щ ŝ

ъ "

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ы y

ь '

э è

ю û

я â

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Patrimoine intellectuel centrasiatique

quelques réflexions sur les enjeux de la transition

Catherine Poujol

1 La disparition de l’URSS a provoqué une rupture diversement perceptible dans la

“posture identitaire” des groupes nationaux qui la constituaient (nations éponymes, minorités autochtones, minorités exogènes). Elle a fourni l’occasion inespérée pour tous de faire valoir la richesse et la profondeur de leur patrimoine culturel, plus ou moins reformulé, magnifié ou nié par l’époque précédente. Elle a également permis d’abolir certaines frontières politiques qui isolaient la zone centrasiatique des sous- espaces voisins tels le Xinjiang, le nord de l’Afghanistan et la Mongolie, avec lesquels elle partage des strates historiques et culturelles communes.

2 Dans cette perspective, les États indépendants d’Asie centrale se sont immédiatement lancés dans un processus de reconstruction identitaire observable en tous points de l’ex-bloc soviétique, mais dont les implications varient selon les lieux et la conjoncture politique, économique et sociale. Ce processus passe par la réévaluation de leur patrimoine culturel, en général, architectural, artistique et intellectuel en particulier, par les acteurs centrasiatiques eux-mêmes. De par son caractère volontariste et relatif, il n’est pas exempt d’artifices idéologiques. À ce titre, on peut signaler que des processus semblables appliqués à la préservation du patrimoine intellectuel se déroulent en Mongolie et au Xinjiang, dans le cadre de la République populaire de Chine où, le poids du centre sur la périphérie va croissant.

3 Objet de spéculations politiques, la revalorisation du patrimoine est donc devenue un enjeu pour la légitimité des nouveaux pouvoirs issus de l’indépendance, pour la stabilité sociale et régionale, pour le dialogue entre pays voisins. Alors qu’on tendrait à inscrire Avicenne ou al-Farabi au patrimoine de l’humanité, plusieurs États s’en arrachent la paternité; la dynastie samanide est “écartelée” entre un Tadjikistan qui la revendique et un Ouzbékistan dans l’espace géographique duquel elle s’est développée autour de Boukhara, sa capitale; certains voudraient voir dans les milliers de pétroglyphes gravés sur les rochers du Kazakhstan, du Kirghizstan ou de l’Ouzbékistan l’ancrage prouvé des anciens Turcs, oubliant que ces derniers ont réutilisé un mode

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d’expression attesté dans une continuité troublante depuis l’âge du bronze; et que faire alors des pétroglyphes du Tadjikistan…

4 Ainsi, par-delà la réelle unité qui caractérise l’espace centrasiatique progressivement islamisé entre le VIIIe siècle et le XVIIIe-XIXe siècle, sa diversité souligne l’existence de plusieurs patrimoines en parallèle, mais également en symbiose, en dialogue plus ou moins productif, souvent en concurrence ou en miroir : celui des sédentaires des oasis de Basse Asie centrale et des oasis du Tarim, des pasteurs transhumants des steppes, des déserts et des montagnes, des iranophones et des turcophones, des musulmans et des non-musulmans.

5 Plus que jamais, pour dépasser le renforcement de “guerres patrimoniales”, expression intellectuelle de tensions inter-ethniques ou inter-étatiques, la multiplication des recherches ponctuelles s’avère cruciale. Elle doit permettre de mettre en évidence les contours parfois flous de ces patrimoines intellectuels encore insuffisamment connus et d’introduire l’idée de communauté d’héritage, de synthèse culturelle, d’une

“géographie intellectuelle transfrontalière”.

6 Les articles rassemblés ici souhaiteraient prolonger la connaissance du caractère pluri- culturel de cette mosaïque de patrimoines d’une grande richesse, encore imparfaitement maîtrisée malgré de belles avancées récentes1. Ils voudraient aider à percevoir leurs racines historiques, spirituelles et philosophiques communes et souvent complémentaires. Ils voudraient faire refléter les pratiques des scribes et des lettrés des oasis, le poids des écrits de la Tradition coranique et de l’adab persan dans le miroir des traditions intellectuelles, artistiques et cultuelles des nomades et des semi-nomades turcophones. Ils voudraient enfin mesurer la persistance des thèmes littéraires écrits à l’aune des valeurs de l’oralité et des autres modes de préservation de la mémoire.

7 Les bibliothèques des centres intellectuels de Transoxiane, même en faisant abstraction des sévices causés par les bouleversements politiques fréquents dans cet espace, ne recèlent donc qu’un pan de la mémoire centrasiatique qui trouve également son écho dans les fonds documentaires conservés en zone kazakhe, kirghize, turkmène ou mongole.

8 L’autre pan de cette mémoire est alimenté par les milliers de pétroglyphes disséminés sur l’ensemble du territoire centrasiatique, constituant la “Bibliothèque de la steppe et des montagnes d’Asie centrale”, les dizaines de milliers de kourganes recensés ou non dans les différentes républiques aujourd’hui indépendantes et les multiples formes d’expression qu’y prend l’art oratoire, problèmes qui dépassent largement la présente livraison des Cahiers d’Asie centrale.

9 Ces articles souhaitent aussi prouver que le clivage qui diviserait depuis des siècles la culture centrasiatique entre sa composante nomade et sa composante sédentaire ne résiste pas à l’examen des collections patrimoniales qui, chacune contiennent de nombreux éléments relevant, a priori, de l’autre culture. Ainsi, les fonds documentaires du domaine traditionnellement nomade offrent des originaux et des copies de manuscrits que l’on pourrait juger spécifique du monde sédentaire. En d’autres termes, la “mémoire nomade” au moins dans sa forme écrite recèle de nombreux éléments inhérents à la “mémoire sédentaire”. Tout comme les “banlieues” des cités caravanières renferment les tombes (kourganes) de princesses nomades; les plus grandes épopées turciques sont communes à plusieurs peuples de la région, quel que soit leur mode de vie.

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10 Ainsi, la recherche fondamentale, informative et analytique pourrait-elle jouer un rôle modérateur dans ce débat où il est nécessaire de poser en préalable la question de l’existence d’un patrimoine culturel propre à l’Asie centrale et d’en apprécier sa propre perception et ses divers apports.

Existe-t-il un concept endogène de patrimoine intellectuel centrasiatique ?

11 Une réponse affirmative est donnée par le lexique qui comporte les termes de meros en ouzbek, en ouïgour, en kirghize, en kazakh et en turkmène, et de merâs-i farhangi en tadjik. Mais, pourrait-on suggérer qu’il s’agit d’emprunts récents dûs à la langue russe ? Une autre réponse est fournie par l’histoire du développement du savoir en Asie centrale, du support de sa transmission (le livre, l’épopée orale, le concours de bardes : l’aïtis), de son financement (mécénat, institutions de recherches), de sa conservation (bibliothèques, musées, malles et greniers, parois et stèles à l’air libre).

12 En somme, la “fabrication du passé”, comme partout, renvoie à la gestion de la mémoire sous des formes matérielles (manuscrits, pétroglyphes, épigraphie) ou immatérielles (rites, traditions, épopées, chants, aphorismes). Elle se développe sur le long terme, la période pré-islamique ou post-islamique par exemple, comme pour des séquences temporelles plus courtes, telles la période mongole, timouride, coloniale, soviétique, ou encore la transition actuelle. De ce fait, ce volontarisme identitaire introduit la notion de sélection des objets dignes de mémoire, “d’invention de la mémoire nécessaire à la reproduction des sociétés2”, invention pour laquelle le corpus des sources écrites et orales centrasiatiques constitue un “gisement informel” qu’il convient d’organiser.

13 A ce stade, il semble utile de faire le point sur l’état actuel de ces “gisements informels”

dont on doit pouvoir disposer pour prolonger la réflexion sur le patrimoine intellectuel centrasiatique. L’époque étant propice à la réinterprétation du passé, il apparaît nécessaire de favoriser l’ “exhumation systématique” et la collecte des sources patrimoniales, profitant de la volonté concrète qui se manifeste partout de répertorier les fonds existants et de les compléter par des sondages dans les fonds privés.

L’inventaire des sources orales et écrites qui a débuté depuis plusieurs siècles est donc une entreprise aussi nécessaire aujourd’hui que colossale dans son ampleur et ses résultats.

14 Les recherches publiées par les Cahiers d’Asie centrale en sont un précieux jalon.

Cependant, il est encore trop tôt pour songer à l’achèvement d’une telle entreprise, tant les sources sont nombreuses, surabondantes dans certains domaines et totalement muettes dans d’autres. Le recours à la “mémoire extérieure” devient dès lors crucial et pose divers problèmes en terme de copies, d’emprunts, de décalages et d’a-priori culturels.

15 Outre les pièces maîtresses du patrimoine culturel accessible (conservé ou déjà localisé) qui se divisent en de nombreuses catégories, les œuvres écrites (illustrées ou non) des populations sédentaires, les épopées des nomades ou ex-nomades, (mises à l’écrit à la fin du XIXe ou au XXe siècle), ce corpus renferme une multitude de documents. On peut les classer selon leur typologie (pièce écrite, récitée, chantée, originaux, copiés ou rapportés oralement), leur nature (œuvres littéraires, historiques, mystiques,

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hagiographiques), leur fonction (code de loi écrit ou oral, actes juridiques, ordonnances officielles, yarlik, décisions religieuses, fetwa, chartes de vaqf). Sans oublier les textes copiés (lithographiées) postérieurement à leur composition, les compilations reprenant l’histoire musulmane depuis son origine, les légendes, proverbes, aphorismes, chants traditionnels, qui sont autant de pièces constituant le puzzle patrimonial.

16 Une telle approche prend pour support toute forme écrite ou orale produite par une culture centrasiatique, à une époque donnée. Elle transgresse la traditionnelle frontière entre le document manuscrit et l’oralité fonctionnant au moyen de “passerelles culturelles” venant alimenter les patrimoines respectifs. Les habitants des oasis n’ont jamais négligé la culture populaire transmise oralement, tout comme les pasteurs de la steppe ou des plateaux kirghizes ont toujours montré un respect pour les livres auprès desquels ils se sont également ressourcés.

17 Les sources documentaires de l’Asie centrale posent donc le double problème d’exister sous une apparence pléthorique, notamment depuis 1991 et de présenter des “trous de mémoire” qu’il est parfois difficile de combler. Entre les “silences documentaries” et la sur-interprétation inhérente à la reconstitution ou à l’évaluation d’un patrimoine, on comprendra qu’il existe un hiatus sur lequel se construisent les processus de régénération, de sélection de l’héritage culturel et de la réévaluation du passé à l’aune du présent.

18 Une fois établi le fait que les sources manuscrites, épigraphiques, épiques, “ne sont pas des gisements naturels d’information et ne répondent pas toujours aux attentes de la réécriture de l’histoire et du renouvellement de la tradition3”, il reste nécessaire de comprendre les mécanismes qui les font passer de simples objets transmis ou créés par des individus, de leur propre chef ou pour répondre à des commandes officielles, à des symboles communautaires sur lesquels s’articulent ou voudraient s’articuler la mémoire collective.

19 Contrairement à certaines idées qui ont circulé à différentes époques, la profusion et la diversité des éléments constituant le patrimoine intellectuel centrasiatique mérite, à défaut d’une typologie illusoire en l’état actuel des recherches, au moins une approche critique, afin d’apprécier la profondeur des interrogations qu’elle suscite.

Des sources du patrimoine culturel centrasiatique

20 En fait, les sources du patrimoine en Asie centrale sédentaire et nomade découlent des nombreux paramètres d’unité et de diversité historiques, géographiques, culturelles, qui fondent ses rapports au pouvoir, au savoir et à sa transmission. Selon les périodes, ces rapports se modifient, même si l’on peut noter certaines continuités.

21 Le patrimoine intellectuel centrasiatique puise à deux traditions qui témoignent tant de son histoire récente que plus anciennement ancrée : l’une endogène, s’attachant aux objets littéraires, artistiques, cultuels et les inscrivant dans une lecture musulmane (voire pré-islamique) irano-turcique, l’autre exogène, introduite par la colonisation russe puis la soviétisation (création du concept de préservation dans les musées, d’étude par les Société d’amateurs de géographie, d’archéologie, etc. puis par les divers Instituts et Académies des Sciences fondés par l’URSS). Vu du présent post-soviétique, ce patrimoine apparaît, au moins dans son approche formelle et générale, comme une synthèse de ces deux traditions.

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22 Il présente en effet des articulations communes telles la notion de fabrication et de contrôle du patrimoine, d’une part, de transmission et de préservation de l’autre. Il repose dans les deux cas sur une idéologisation manifeste du processus de stockage de la mémoire. Enfin, le patrimoine s’alimente selon plusieurs sources : par le haut sous la forme de l’art officiel, (voir l’art sacré officiel) élitiste, panégyrique, contrôlé, conformiste, traditionnel, par le bas à travers l’art populaire, laissant une place à l’innovation et l’art sacré populaire, cette dernière catégorie méritant d’être traitée séparément.

Intéraction entre pouvoir et savoir : incidences sur le patrimoine

23 L’articulation entre pouvoir et savoir n’est pas propre à l’espace centrasiatique.

Cependant, les traductions spécifiques qui en sont faites dans le monde sédentaire comme dans le monde nomade par le truchement de la préservation de la mémoire attirent l’attention, tant elles recèlent de pistes de recherches à approfondir dans la problématique du patrimoine culturel et de sa “fabrication”.

24 En Basse Asie centrale, les relations entre pouvoir et savoir empruntent des voies marquées par la persistance de modèles culturels forts où le prince idéal est un érudit, épris de justice, formé à l’adab, poète, protecteur des savants et des lettrés. Le goût des livres précieux de la part des souverains musulmans traverse les époques, alors qu’alternent les périodes d’épanouissement culturel, de mécénat, de construction de bibliothèques, d’écoles, d’avancées scientifiques et littéraires et de déstabilisation, destruction, dispersion des collections, incendies des bibliothèques, conquêtes.

25 Dans cette perspective, la nature même du lien entre le mécène et l’exécutant de sa

“volonté de savoir” en montre les limites. “Monétarisée”, la relation entre ce dernier et son pourvoyeur de fonds n’aurait pu être qu’une prestation de service appauvrissant une œuvre sur commande. Or, la force du patrimoine panégyrique provient de sa richesse d’expression par-delà son carcan formel, qui a résisté au temps.

26 L’obstination constante des pouvoirs successifs de transmettre aux générations la chronique des hauts faits de la dynastie régnante, histoire officielle où se conjuguent la tradition didactique du “miroir des princes” et la sélection des événements seuls dignes d’être consignés, conduira à plusieurs reprises la société locale à engendrer un contrepouvoir spirituel et économique, après la mort de Tamerlan en 1405; politique et intellectuel, en réaction contre le conformisme de l’émir après l’imposition du protectorat à Boukhara et à Khiva en 1873.

27 La période coloniale introduit une autre strate dans les relations entre le pouvoir et le savoir, avec notamment la minorisation du savoir local au profit de celui issu de la domination européenne. Une telle pratique a traversé les siècles pour trouver une continuité originale à travers la “positivation” des faits organisée par le pouvoir soviétique et le culte du héros socialiste.

28 L’intéraction entre pouvoir et savoir dans les zones steppiques est toutefois différente de ce que l’on observe en milieu sédentaire. On observe une sorte de “diglossie du savoir”, à travers une “langue parlée” (l’orature), une autre monumentaire ou écrite, s’appuyant sur une dichotomie des supports de mémoire. Ainsi, une certaine forme de savoir est transmise et préservée oralement, l’autre a pour support des inscriptions et

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des images gravées, des monuments et des bâtiments. Les sources documentaires existent, mais proviennent souvent des observateurs ou protagonistes extérieurs, ce qui n’empêche pas qu’elles soient collectées, comme le montre l’article consacré aux manuscrits du Kazakhstan.

29 Néanmoins, la légitimité du pouvoir chez les pasteurs transhumants s’appuie sur la transmission d’un savoir et l’intangibilité d’une généalogie qui voudraient s’enfoncer plus profondément dans le socle des générations passées qu’elles ne le font chez les sédentaires. Les nécessités socio-économiques qui accompagnent l’adaptation des populations nomades au milieu spécifique de la steppe ont imposé la réduction minimale des biens matériels pour favoriser les déplacements saisonniers. En contrepartie, cette culture est marquée par l’hypertrophie de la langue en tant que support, de la mémoire, substance légère, transportable et nécessairement transmise.

De la nécessité du patrimoine…

30 Cette réflexion qui inspire le devenir de toute société humaine conduit à s’interroger sur la définition du patrimoine culturel et de son utilité transposée dans la sphère politique et idéologique de l’Asie centrale dans son ensemble, ainsi que dans ses sous- unités.

31 Les régions des steppes et des oasis d’Asie centrale ayant été fortement confrontées à la culture dominante russe, la mémoire de l’histoire et de la culture locale a dû chercher d’autres lieux de retranchement face à l’idéologie impériale russe, puis “sécularisante”

soviétique.

32 La culture des oasis caravanières a d’abord vu s’installer la modernité russe dans sa périphérie (construction de villes russes en marge de la ville autochtone, du chemin de fer, etc.) avant de subir de violentes ruptures sous forme de destruction de monuments et de transformation des modes de vie, notamment en zone urbaine, du système éducatif, des codes juridiques, des structures administratives. Il est à noter que la plupart de ces ruptures ont été commencées précisément durant la période tsariste et menées à leur terme (paroxysme ?) durant la période soviétique.

33 Dans ces conditions, la culture orale des steppes assise sur une “géographie de la mort”

et sur le souvenir des lignages et des ancêtres aurait pu mieux résister à la pression extérieure du fait de son caractère à la fois “volatile” et ancrée dans le sol s’il n’y avait eu la douloureuse phase de sédentarisation et de répression des “porteurs de culture”, phénomène qui a placé à égalité les deux sous-unités centrasiatiques.

34 En Russie, en revanche, l’histoire s’écrit en même temps que se déplacent les frontières d’un État en constante expansion à partir du milieu du XVIe siècle. Mais à la différence des autres colonisations européennes, la domination du centre sur la périphérie (contiguë) ne coïncide pas entièrement avec le concept du rapport métropole-colonie, sauf peut-être au Turkestan.

35 Au contraire, l’intégration dans un modèle administratif et culturel unique est la seule méthode qui fut envisagée, s’appuyant sur une législation qui intériorisait la différence : sujets russes orthodoxes/allogènes. La nécessité de la mémoire se manifeste en terme politico-culturels, sorte d’entrisme de la mémoire dominante face à une résistance plus ou moins passive de la part de la mémoire locale, fortement

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commotionnée par plusieurs siècles de pression russe et soviétique. D’où les volontés de réécriture de l’histoire qui s’exercent depuis une décennie.

…à la réinvention du patrimoine national

36 Dans ce contexte, le regain d’activité dans le domaine de la réinvention du patrimoine culturel à la faveur de la disparition de l’URSS n’est guère étonnant. La recherche de nouvelles légitimités pour les pouvoirs de la transition post-soviétique a impliqué la critique de l’historiographie soviétique et la reconstruction d’une nouvelle histoire officielle dans chacune des républiques nouvellement indépendantes. Ce thème, qui a attiré l’attention de nombreux chercheurs étrangers, bénéficie d’ores et déjà d’une imposante bibliographie.

37 Encore faut-il souhaiter que des moyens appropriés soient dégagés pour permettre l’évaluation de ce qui relève réellement du patrimoine national dans toute la richesse de son acception et pour s’assurer de la conservation de l’ “existent”. Au contraire, il semble que les pouvoirs post-soviétiques aient hérité de la vision soviétique d’un patrimoine élitiste, ethno-centré, privilégiant la personnalité dont la célébration didactique va dominer une année de discours (tels par exemple, Moukhtar Aouezov pour le Kazakhstan, Imam al-Boukhari pour l’Ouzbékistan, Ismaïl Samani pour le Tadjikistan), le monument à reconstruire, au détriment du quartier traditionnel qui lui, est entièrement détruit. À cela, on peut ajouter cette étrange “cuisine idéologique” qui prétend ne garder que “les bonnes traditions nationals” et se débarrasser des mauvaises…

38 La réalité actuelle n’est donc pas toujours celle qui correspond aux discours quotidiens dans les médias centrasiatiques sur la nécessité de reconstruire et de préserver le patrimoine national. À peine est-il déclaré en cours de reconquête aujourd’hui qu’il est soumis à un risque aussi insidieux que durant les périodes de déconstruction/

reconstruction politique ou idéologique : celui de la vente sauvage, de la dispersion sans état d’âme, voire de la destruction “pour faire de la place” ou pour construire du neuf.

39 Il est certes satisfaisant de porter à la connaissance du public qui s’intéresse à l’Asie centrale la découverte et la localisation de nouveaux fonds d’archives, la traduction de nouveaux jalons de l’histoire culturelle centrasiatique, la présentation de sources et de documents dont certains ont déjà disparu, ce que souhaite fournir la présente livraison des Cahiers d’Asie centrale. Mais, on ne saurait fermer les yeux sur les dangers qui pèsent sur les collections patrimoniales de l’ensemble de la zone, sans parler de celles concernant les minorités ethniques s’efforçant de faire entendre leur voix dans le grand déballage des patrimoines à reconquérir.

40 De nombreux efforts devraient être fournis concrètement pour éviter la dispersion pour des raisons économiques évidentes, des collections, des livres et des sources documentaires. Répertorier, classer, cataloguer sont des entreprises indispensables, mais il faut aussi songer à préserver ce qui existe (retrouver ce qui est déjà effacé ou détruit) et à en faire comprendre la valeur à ceux qui en ont la garde, quelle que soit la conjoncture ou l’air du temps, quelle que soit “la signature” ethnique de l’objet.

41 Ceci pour que la réinvention du patrimoine (des patrimoines) en cours ne soit pas confrontée au terrible constat d’avoir eu entre les mains un immense trésor en “peau

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de chagrin” qui aurait perdu sa profondeur pour ne garder que sa surface, un patrimoine devenu virtuel, ou “ayant changé de lieu de conservation” avant d’avoir pleinement pris conscience de lui-même…

NOTES

1. Voir le volume 7 des Cahiers d’Asie centrale, Patrimoine manuscrit et vie intellectuelle de l’Asie centrale islamique, Édisud, 1999.

2. Jeudy, H.-P., Patrimoines en folie, Paris, 1990, p. 1.

3. Fourniau, V., Cahiers d’Asie centrale, vol. 7, 1999, p. 1.

INDEX

Mots-clés : patrimoine culturel, manuscrits, conservation et restauration Keywords : cultural property, manuscripts, conservation and restauration

AUTEUR

CATHERINE POUJOL

Institut National des Langues et Civilisations Orientales, Paris

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Dossier

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Les collections de manuscrits en persan de Saint-Pétersbourg

Firuza Abdullaeva

Traduction : Alié Akimova

« Tant de livres à y écrire ! Tant d’idées à y développer ! » (extrait de la lettre de Pouchkine à Pogodine datée du 5 mars 1833 et concernant le travail en archives)

1 Les collections manuscrites en persan de Saint-Pétersbourg ont une importance comparable à celles du British Museum, de la Bibliothèque Nationale de France ou encore de l’Institut d’Orientalisme de l’Académie des Sciences de l’Ouzbékistan. À l’heure actuelle, Saint-Pétersbourg conserve les plus riches collections manuscrites persanes et orientales de Russie. Les plus importantes sont à la filiale de l’Institut d’Orientalisme de l’Académie des Sciences de Russie et à la Bibliothèque Nationale de Russie. L’Université Nationale de Saint-Pétersbourg et l’Ermitage possèdent également de précieux et rares manuscrits persans.

2 Le fonds manuscrit de la Bibliothèque nationale de Russie a été constitué par étapes, au fil de l’acquisition des collections. On peut dégager ces étapes comme suit :

3 1. Les collections acquises avant 1852

2. La collection de M. Hanykin, acquise en 1864 3. La “Nouvelle série persane” depuis 1852 à nos jours

4. Les manuscrits persans de la collection d’I. Kračkovskij acquise en 1971-1974

5. Les livres persans faisant partie des manuscrits de la “Nouvelle série persane” et des autres collections1.

4 Il existe plusieurs catalogues des fonds manuscrits persans de la Bibliothèque. Des informations sur les deux premières collections ont été publiées il y a plus d’un siècle par B. A. Dorn2. La description de la “Nouvelle série persane” a été rédigée par G. Kostygova en 19723, ce qui a permis de publier, quinze ans plus tard, un catalogue où sont inventoriés tous ces manuscrits. Composé de deux volumes, celui-ci décrit par

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ordre alphabétique plus de 1 400 manuscrits datés du XIVe au XXe siècle4. Plusieurs d’entre eux sont décorés de miniatures persanes relevant du style de différentes écoles et constituant de véritables chefs-d’œuvre. De plus la section des manuscrits orientaux de la Bibliothèque a commencé à établir des catalogues systématiques des fonds manuscrits en persan. Un premier volume a été édité, consacré aux documents persans et tadjiks5.

5 La constitution des fonds manuscrits persans de l’Institut d’Orientalisme de l’Académie des Sciences de Russie est liée à la création en 1818 du Musée de l’Asie de l’Académie des Sciences, transformé en 1930 en Institut d’Orientalisme, puis en Institut des peuples d’Asie de l’Académie des Sciences de l’URSS en 1960, avant de devenir de nouveau en 1968 une filiale de l’Institut d’Orientalisme de l’Académie des Sciences.

6 Une collection acquise en 1819 à Paris chez J.-L. Rousseau (1780-1831) en constitue la base. Celle-ci comptait 500 manuscrits, dont 152 persans, outre les ouvrages arabes et turcs.

7 Depuis plus de 180 ans, l’Institut n’a cessé d’acquérir de nouveaux ouvrages. Parmi les plus importants, citons : la collection de V. I. Ivanov acquise en 1915-1916, qui recense 613 manuscrits persans, réunis entre 1913-1914 ; celle de L. F. Bogdanov (174 manuscrits persans, 1904-1914) ; la collection de K. G. Zaleman (105 manuscrits d’Asie centrale, 1891, 1897, 1908) ; la collection de N. F. Pashin (86 manuscrits d’Asie centrale, 1930) ; la collection d’A. L. Kun (85 manuscrits d’Asie centrale, 1890) ; la collection de S. A. Alimov (84 manuscrits d’Astrakhan, 1936-1941) ; la collection du centre d’Études du Ministère des Affaires étrangères (168 manuscrits, 1919) et des manuscrits acquis pendant l’Expédition archéologique de l’Académie des Sciences au Tatarstan en 1934 (303 manuscrits)6.

8 À l’heure actuelle, la section des manuscrits de l’Institut d’Orientalisme de l’Académie des Sciences de Russie7 comprend plus de 2 897 ouvrages dont 2 285 sont en persan.

Parmi eux, on compte 124 dîwan de différents auteurs, 22 kulliyât, 22 recueils (jung) y compris les autographes des auteurs, 35 recueils poétiques et 25 ouvrages de “recueils poétiques”. Dans les kulliyât on mentionne également 323 œuvres qui ne sont pas représentées par des manuscrits séparés8.

9 Le plus ancien manuscrit du fonds est daté du XIIe siècle. Il s’agit d’un dictionnaire arabo-persan “Kitab as-sami fì-l-asami” copié le 9 ẕû-l-ḥijja 573/le 25 juin 11439.

10 La collection manuscrite persane de l’Institut d’Orientalisme de l’Académie des Sciences est décrite de façon détaillée. Grâce aux chercheurs de la section du Moyen- Orient, O. F. Akimuškin, V. Kušev, N. D. Mikluho-Maklaj, A. M. Muginov, M. A. Salahedinova, un catalogue en deux volumes a été publié en 1964. Le premier de ces volumes présente une introduction et la liste des manuscrits par ordre alphabétique. Le second comprend les index de noms d’auteurs, d’interprètes, de traducteurs et de personnes mentionnées dans les annotations, un index thématique, la date et le lieu de copie, la liste des manuscrits ornés de miniatures, d’autographes et des copies, des chiffres et d’appendices avec les noms des copieurs et des collections10.

11 Plus tard, grâce au travail des chercheurs de cette section, commencé en 1950, les catalogues systématiques du fonds de l’Institut ont été édités. N. D. Mikluho-Maklaj y a décrit les manuscrits biographiques, hagiographiques et historiques11, S. I. Bajevskij les dictionnaires encyclopédiques et bilingues12, N. N. Tumanovič le folklore13,

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Z. N. Vorožejkina et X. N. Niâzov – les manuscrits littéraires14, O. F. Akimuškin les recueils poétiques15.

12 Les miniatures et les feuillets calligraphiés les plus précieux du fonds de l’Institut figurent dans les catalogues de l’exposition qui s’est tenue au Petit Palais à Paris (du 14 octobre 1994 au 8 janvier 1995), puis à la Villa Favorita à Lugano (du 2 juin au 12 août 1995) et au Metropolitan Museum de New-York (du 15 septembre au 10 décembre 1995)16.

13 Le musée de l’Ermitage possède également un fonds manuscrit de 31 ouvrages, dont 14 sont enluminés. Tous ces manuscrits revêtent une grande valeur artistique. Les travaux de T. Adamova fournissent des informations sur les miniatures de ces manuscrits ; cette dernière a d’ailleurs édité le catalogue de l’exposition de 1997 « Peinture persane dans les collections de l’Ermitage »17.

14 Seul le fonds persan de l’Université de Saint-Pétersbourg ne possède pas de catalogue des manuscrits. Ce fait est d’autant plus étonnant que la plupart des chercheurs qui ont constitué et décrit les fonds manuscrits mentionnés ci-dessus ont étudié et enseigné dans cette université18 ; le fonds manuscrit persan de l’Université est un des plus anciens de Saint-Pétersbourg. Sa fondation est liée à l’enseignement des langues orientales à partir de 1816 dans cette ville, à l’Institut Pédagogique Principal, l’ancien Gymnase Pédagogique. Les chaires d’arabe et de persan y ont été fondées en 1818 ; l’Institut obtint le statut d’Université trois ans plus tard19.

15 En novembre 1818 fut ouvert le Cabinet Oriental, dépendant de la Kunstkamera, afin de conserver médailles, manuscrits et livres orientaux. H. D. Fren, futur académicien, en devint le conservateur20. La section orientale de la bibliothèque universitaire a été définitivement formée en 1819, date à laquelle elle reçut les manuscrits en arabe, persan, turc et tatar venus de la section orientale de la Kunstkamera de Pierre le Grand, devenue le Musée de l’Asie21.

16 Par un décret impérial du 22 octobre 1854, cette section fut transformée en Faculté des Langues Orientales ; un an plus tard quatorze professeurs y ont été recrutés, venant des institutions provinciales, en particulier de l’Université, du premier Gymnase de Kazan et du Lycée Richelieu d’Odessa22. Ces établissements furent fermés en raison de la création du centre d’orientalisme à Saint-Pétersbourg23. Le fonds manuscrit de la nouvelle faculté s’est beaucoup enrichi grâce à cette réforme. À partir du 1er juin 1855, les langues orientales ont cessé d’être enseignées à Kazan et Odessa24 et, à la fin de l’été 1855, on projetait de transférer tous les livres anciens à Saint-Pétersbourg (sauf les manuels de tatar), les monnaies et les manuscrits orientaux.

17 Pourtant, à cette date, tous les ouvrages n’étaient pas arrivés et les directions de l’Université de Kazan et du Lycée d’Odessa s’opposèrent à cette décision. Cependant, après de longues négociations, il fut décidé en 1861 de garder à Kazan deux chaires de langues orientales25. L’Université de Kazan a été d’autant plus sensible à la perte de son fonds que sa bibliothèque avait acquis juste avant le décret de 1854 la collection manuscrite du professeur A. K. Kazembek26.

18 Néanmoins, dès août 1855, le bibliothécaire général, I. F. Gotvald, accompagna à Saint- Pétersbourg les 58 premières caisses de livres, de manuscrits et de monnaies. Les locaux pour accueillir les livres n’étant pas prêts, M. Gotvald rentra à Kazan. Jusqu’en 1857, les acquisitions et la garde du fonds furent sous la direction du bibliothécaire K. F. Buš.

Remarquant en 1861 que certains manuscrits manquaient, celui-ci adressa une plainte à

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Kazan, plainte à laquelle M. Gotvald et le professeur d’arabe M. Holmogorov rétorquèrent : “on ne partage pas l’opinion d’un bibliothécaire qui nous est absolument inconnu. Nous avons gardé les manuscrits mentionnés pour notre besoin, conformément à la décision impériale de restituer l’enseignement des langues orientales à l’Université de Kazan27”.

19 L’inauguration solennelle de la Faculté des Langues Orientales eut lieu le 27 août 1855.

Les cours commencèrent au mois de septembre, mais les livres rares n’arrivèrent qu’au cours des deux années suivantes. Il est difficile de préciser quand furent installées toutes ces richesses. Nous savons, par exemple, que les monnaies ont été définitivement placées “dans un but pédagogique” dans les pièces de l’ancien cabinet zoologique en octobre 1864. Auparavant, la collection de monnaies d’Asie était conservée dans le coffre de la caisse universitaire où, selon Barthold, “elle ne pouvait être utilisée dans un but scientifique28”.

20 C’est de cette façon qu’a été créé le fonds manuscrit de la Bibliothèque de l’Université de Saint-Pétersbourg. La “collection Kazan” de manuscrits musulmans en constitue jusqu’à nos jours la partie la plus précieuse, bien que d’autres manuscrits aient encore été acquis avant la période soviétique. Certains furent légués à l’Université par les professeurs de la faculté ou achetés à leurs héritiers ; d’autres ont été rapportés à l’issue de voyages de professeurs et d’étudiants en Orient.

21 L’acquisition des manuscrits donnait lieu à un choix et un tri minutieux. Nous savons, par exemple, qu’une liste d’ouvrages à acquérir avait été dressée et proposée aux professeurs et étudiants se rendant en Asie centrale ou en Iran. En 1834, l’académicien Fren rédigea une liste sous le titre significatif “Liste chronologique de cent ouvrages historiques et géographiques en arabe, persan et turc qui manquent dans la plupart des bibliothèques européennes, à acquérir par ceux qui séjournent en Orient29”.

22 Selon P. I. Lerh, de telles listes circulaient sur les marchés aux livres en Orient. Lerh lui- même utilisait ce procédé d’acquisition de manuscrits orientaux à Khiva et Boukhara et il parvint à amener à Saint-Pétersbourg beaucoup de manuscrits rares et précieux30.

23 La plus importante collection (après celle de Kazembek) de la bibliothèque de l’Université était celle de A. A. Romaskevič, réunie au cours des quatre années de son séjour en Perse (229 ouvrages). En 1889 N. I. Veselovskij ramena d’Asie centrale 22 manuscrits. De 1891 à 1904, V. A. Žukovskij remit à la bibliothèque 15 manuscrits dont il avait fait l’acquisition en Perse de 1883 à 1886 ; en 1911 I. Y. Kračkovskij apporta 9 manuscrits de Syrie, etc.

24 Trois manuscrits appartenant au professeur A. O. Muhlinskij, doyen de la faculté de 1859 à 1866, ont été vendus par ses héritiers à K. F. Keller, antiquaire à Leipzig.

L’université les racheta en 1868 et ils furent envoyés à la bibliothèque de l’Université31.

25 L’avancée de la Russie en Orient a également permis de compléter les fonds manuscrits de la bibliothèque. Ainsi, en 1878, après les succès russes sur le front turc, le doyen de la faculté V. V. Grigor’ev fut avisé officiellement d’un éventuel envoi de livres et de manuscrits orientaux (plus de 4 300 ouvrages) découverts en Bulgarie. Pourtant le fonds ne comporte aucune information sur ces manuscrits32.

26 Les manuscrits persans de l’Université de Saint-Pétersbourg ne sont décrits qu’en partie. Trois listes descriptives ont été rédigées au fur et à mesure de la constitution du fonds. La première porte sur 380 ouvrages persans, a été publiée en 1888 grâce aux efforts de K. G. Zaleman avec l’assistance du baron V. Rozen33. Cette liste contient des

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informations sur des ouvrages persans (par ex., n° 72, “Shâh-nâme” de Firdawsi ; n° 81,

“Anvâr-e Suheylî” ; n° 54, “Livre de sermon” d’‘Aṭṭar, et d’autres) qui font partie du catalogue de manuscrits arabes rédigé à Kazan par I. F. Gotvald34.

27 En 1925, A. A. Romaskevič publia une seconde liste (273 manuscrits) décrivant les nouveaux ouvrages que le fonds comptait en 191535. En 1962, A. T. Tagirdžanov, professeur à la chaire d’iranologie, édita un catalogue très détaillé des manuscrits persans du fonds oriental de la bibliothèque de l’Université de Leningrad. Ce catalogue décrit 81 ouvrages sur l’histoire, la géographie, les biographies de poètes et de saints soufis dans 169 manuscrits36. Malheureusement l’œuvre de Tagirdžanov est restée inachevée. Le premier volume, qui devait ouvrir la série de catalogues, fut le dernier.

28 Grâce aux efforts de Tagirdžanov, la troisième liste décrivant 180 manuscrits fut éditée en 196737. On peut déterminer à peu près la provenance de ces ouvrages, dont une partie est restée imprécise depuis l’époque où Zaleman a travaillé ; 9 manuscrits ont été offerts par les héritiers de la veuve Romaskevič. Les manuscrits n° 1232-1272 et 1282-1451 restaient non identifiés. Ils ont probablement été remis à la faculté par l’Institut Oriental38.

29 Un aide-mémoire du Collège des Orientalistes daté de 1923 contient la note suivante sur les nouvelles acquisitions de la section orientale de la bibliothèque de l’Université de Petrograd : “nous avons reçu du Musée de la Révolution et du comité d’inventaire et de distribution de livres nationalisés de nombreux ouvrages, y compris en langues orientales et… des manuscripts”39. Il est très probable que parmi les manuscrits non identifiés de Tagirdžanov, figurent certains ouvrages confisqués au cours de la Révolution de 1917. Le fonds manuscrit musulman de l’université de Saint-Pétersbourg renferme encore de nombreux secrets. Ainsi, la dernière liste de Tagirdžanov mentionne l’ouvrage intitulé “Tarjuma-yi Naṯri-yi Shâh-nâme, jild-i duvvum”

(n° 1378), dont la provenance est inconnue. Le “Tarjuma” représente en fait le manuscrit unique du second volume de la version turque en prose la plus antérieure de l’œuvre de Firdawsi, copiée à la demande du sultan turc Osman II (1618-1622), peu de temps avant sa chute en 162140.

30 Le manuscrit est orné de 29 miniatures dont le style est proche de ce qu’on appelle le style commercial de Chiraz. Il a été copié par Dževri, grand calligraphe et poète de la cour d’Osman II. L’histoire de l’acquisition de ce manuscrit par le fonds de la bibliothèque reste énigmatique. On ne dispose que de quelques informations sur sa provenance. Son ex-libris a permis d’établir que le comte V. Rževutskij, aventurier et voyageur connu, fervent collectionneur de raretés orientales, aurait été du nombre de ses détenteurs. Selon V. D. Smirnov, auteur du “Catalogue de manuscrits turcs de l’Institut des Langues Orientales de Saint-Pétersbourg”, ce manuscrit se trouvait encore en 1897 à Odessa, au musée de la Société d’Histoire et d’Archéologie41.

31 D’autres ouvrages rares restent cachés dans les fonds de la bibliothèque. A l’heure actuelle on estime que la section orientale de la bibliothèque compte 1 000 manuscrits persans environ42. L’idée de la publication d’un catalogue général des manuscrits musulmans ou arabes, persans et turcs, a resurgi à plusieurs reprises à la faculté mais sans succès.

32 En 1858, trois ans après la création de la faculté, à l’initiative du professeur Popov, on a décidé d’entreprendre une description du fonds de la bibliothèque. Le travail fut réparti entre neuf professeurs de la Faculté : le professeur Vasiliev devait décrire les manuscrits chinois et mandchous ; Golstunskij – mongols et kalmouks ; Gomboev –

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tibétains et sanskrits ; Sonin – persans ; Budagov – turco-tatars ; Navrockij – arabes ; Hvol’son – hébreux ; Beroev – arméniens ; Čubinov – géorgiens43. Le Conseil Universitaire refusa de donner son accord pour l’édition de ces catalogues tant que leur coût ne serait pas évalué44. La Faculté ne répondit qu’en mars 1859, déclarant qu’une telle évaluation n’était pas possible à l’avance45. Aucune suite ne fut donnée à ce projet.

33 La Faculté fut menacée de fermeture à deux reprises. Dès sa création, l’Université de Saint-Pétersbourg orientait ses étudiants vers la recherche, tandis que l’Université de Kazan et le Département du Ministère des Affaires Étrangères préparaient des spécialistes praticiens. Le souhait du gouvernement de remplacer la faculté de Kazan par celle de Saint-Pétersbourg ne pouvait donc être comblé. À l’été 1860, E. P. Kovalevskij, ministre de l’Éducation Nationale, visita l’Université de Kazan et fit son rapport au tsar. Celui-ci décida de “tenter de recréer à Kazan la faculté d’orientalisme et de supprimer celle de Saint-Pétersbourg46”. La faculté de Saint- Pétersbourg ne fut même pas informée de la volonté impériale. Rien ne changea cependant car “les professeurs s’étaient habitués aux modes de vie et de recherche scientifique de la capitale47”.

34 Un second coup fut porté à la Faculté en 1861 à la suite de troubles estudiantins. Par un décret impérial du 20 décembre 1861, la Faculté fut fermée, les professeurs et le personnel destitués ; les étudiants pouvaient néanmoins poursuivre leurs études dans d’autres facultés. Cependant les étudiants ne pouvant continuer leur formation que dans cette faculté, celle-ci demeura ouverte. À leur demande, les cours furent repris en février 1862. Il est à noter que de l’hiver 1862 à l’automne 1863, cette faculté était la seule subdivision de l’Université où étaient dispensés des cours réguliers.

35 Une nouvelle tentative de publication du catalogue général eut lieu en 1918, à la veille du Congrès International des historiens qui devait se tenir à Petrograd. Les orientalistes de cette ville décidèrent de publier en l’honneur du Congrès un catalogue général de tous les ouvrages historiques musulmans du fonds de Petrograd. La guerre et la Révolution empêchèrent la réalisation de ce projet, la plupart des fonds ayant été emportés de Petrograd48.

36 C’est pourquoi créer un Catalogue de manuscrits persans de la section Orientale de la bibliothèque de l’Université de Saint-Pétersbourg et introduire à des sources précieuses et non étudiées reste aujourd’hui particulièrement nécessaire.

37 En conclusion, je terminerai cette courte revue des fonds manuscrits persans de Saint- Pétersbourg par une citation d’A. K. Kazembek, premier Doyen de la Faculté : “le catalogue est la clé des trésors de la science et l’indice de ses mystères les plus cachés.

La bibliothèque ne peut donc exister sans catalogue, elle ressemblerait alors à un homme muet incapable de transmettre ses pensées aux autres, à un parterre de fleurs par une nuit sombre49”.

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NOTES

1. G. I. Kostygova, Persidskie i tadžikskie rukopisi Gosudarstvennoj Publičnoj biblioteki imeni M. E. Saltykova Ŝedrina (Alfavitnyj katalog). č. 1-2. L., 1988, V-VI.

2. B. Dorn, Catalogue des manuscrits et xylographes orientaux de la Bibliothèque Impériale publique de St- Pétersbourg. SPb. 1852 ; B. Dorn, Die Sammlung von morgenlandischen Handschriften, welche die Kaiserliche offentliche Bibliothek zu St-Petersbourg im Jahre 1864 von Hrn.v.Chnyakov erworben hat. SPb., 1865.

3. G. I. Kostygova, Persidskie i tadžikskie rukopisi “Novoj serii” v Gosudarstvennoj Publičnoj biblioteki imeni M. E. Saltykova-Ŝedrina. – Vostočnyj sbornik. GPB. M., 1972. Vyp. 3, 61-75. G. I. Kostygova a encore publié une série d’articles sur l’histoire des collections séparées des manuscrits persans faisant parties de la collection générale de RNB (la bibliographie détaillée : Persidskie i tadžikskie rukopisi Gosudarstvennoj Publičnoj biblioteki imeni M. E. Saltykova-Ŝedrina (Katalog). č. 1. L., 1988, VI).

4. Ce catalogue a été récemment édité en persan : G. I. Kâstigova. Fihrist-i Nusxahâ-yi fârsî mowjid dar Kitâbxâna-yi ‘umûmî-yi dowlatî-yi Saltîkov-Shîdrîn. Tarjuma-yi A. Ramazan. Qum, 1375 /1996.

5. O. Âstrebova, Persidskie i tadžikskie dokumenty v Otdele rukopisej Rossijskoj nacional’noj biblioteki.

SPb., 1999.

6. O. F. Akimuškin, V. V. Kušev, N. D. Mikluho-Maklaj ; A, M. Muginov, M. A. Salahedinova…

7. Sur ces fonds voir : A. Petrosân, The collection of Oriental Manuscripts in the St. Petersburg Branch of the Institute of Oriental Studies and its investigation. – Manuscripta Orientalia.

International Journal for Oriental Manuscript Research. Vol. 2. No. 3. St. Petersburg-Helsinki, September 1996, 27-33.

8. V. V. Polosin, Fonds manuscrits et de livres anciens, du matériel épigraphique et… dans les langues des peuples de l’Orient soviétique et étranger. – Materialy Vsesoûznogo rabočego soveŝaniâ po problemam vostočnoj arheografii (Leningrad, 1-4 marta 1988 g.). M., 1990, 187 ; O. F. Akimuškin, V. V. Kušev, N. D. Mikluho-Maklaj, A. M. Muginov, M. A. Salahetdinova, Persidskie i tadžikskie rukopisi instituta Narodov Azii AN SSSR (kratkij alfavitnyj katalog). Pod redakcii N. D. Mikluho-Maklaâ.

V 2-h čč. M., 1964, Č. 1, 4.

9. Op. cit., F. 1, 3

10. Il n’y a pas longtemps ce catalogue a été réédité à deux reprises. En 1996 – en version persane Fihrist-i Nusxaha-i Xatti-yi Farsi-yi Muassisa-yi Xavarshinasi-yi Farhangistan-i Ulum-i Rusiya. Mutarjim A. Ramazan. Tihran, 1375/1996. Deux ans plus tard le fac similé a été publié aux États Unis.

O. F. Akimuškin, V. V. Kušev, N. D. Mikluho-Maklaj, A. M. Muginov, M. A. Salahedinova, Persidskie i tadžikskie rukopisi Instituta Narodov Azii AN SSSR (kratkij alfavitnyj katalog). Pod redakcii N. D. Mikluho-Maklaâ s predisloviem Û. A. Petrosâna i Rezvana. V 2-h čč. New York, 1998.

11. N. D. Mikluho-Maklaj, Opisanie tadžikskih i persidskih rukopisej Instituta Vostokovedeniâ AN SSSR.

M.-L., 1955 ; N. D. Mikluho-Maklaj. Opisanie tadžikskih i persidskih rukopisej Instituta Narodov Azii AN SSSR. Vyp. 2. Biografìčeskie proizvedeniâ. M., 1961 ; N. D. Mikluho-Maklaj, Opisanie tadžikskih i persidskih rukopisej Instituta Vostokovedeniâ AN SSSR. Vyp. 3. Istoričeskie sočineniâ. M., 1975.

12. S. I. Baevskij, Opisanie tadžikskih i persidskih rukopisej Instituta Vostokovedeniâ AN SSSR. Vyp. 4.

Persidskie tolkovye slovari (farhangi). M., 1962 ; S. I. Baevskij, Opisanie tadžikskih i persidskih rukopisej Instituta Vostokovedeniâ AN SSSR. Vyp. 5. Dvuâzyčnye slovari. M., 1968.

13. N. N. Tumanovič, Opisanie tadžikskih i persidskih rukopisej Instituta Vostokovedeniâ AN SSSR. Vyp.

6. Fol’klor (zanimatel’nye rasskazy i povesti). M., 1981.

14. Z. N. Vorožejkina, Opisanie tadžikskih i persidskih rukopisej Instituta Vostokovedeniâ AN SSSR. Vyp.

7. Persoâzyčnaâ hudožestvennaâ literatura (X – načalo XIII vv.). M., 1980 ; H. N. Niâzov, Opisanie

(27)

tadžikskih i persidskih rukopisej Instituta Vostokovedeniâ AN SSSR. Vyp. 8. Persoâzyčnaâ hudožestvennaâ literatura (XI-načalo XIII vv.). M., 1979.

15. O. F. Akimuškin, Opisanie tadžikskih i persidskih rukopisej Instituta Vostokovedeniâ AN SSSR. Vyp.

10. Poètičeskie sborniki. M., 1993.

16. Pages of Perfection. Islamic Painting and Calligraphy from the Russian Academy of Sciences, St.

Petersburg. Milan, 1995.

17. A. T. Adamova, Persidskaâ živopis’ i risunok XV-XIX vekov v sobranie Èrmitaža. SPb., 1997, 50.

18. Les professeurs de cette université tels que K. Zaleman, V. Žukovsky, V. Bartol’d, I. Kračkovskij ont fait le catalogue du fonds de l’Institut d’Orientalisme. Le baron V. Rosen, V. Smirnov et M. Gamazov (1812-1893) ont décrit le fonds de cet Institut. (Collections scientifiques de l’Institut des langues Orientales du Ministère des Affaires Étrangères. I. Les Manuscrits arabes de l’Institut des Langues Orientales décrits par le Baron Victor Rosen. SPb., 1877 ; Collections scientifiques de l’Institut des Langues Orientales du Ministère des Affaires Étrangères. II. Les manuscrits Turcs de l’institut des Langues Orientales décrits par W. D. Smirnov. SPb., 1897).

19. V. V. Grigor’ev, Imperatorskij Sankt-Peterburgskij universitet v tečenie pervyh pâtidesâti let ego suŝestvovaniâ. Istoričeskaâ zapiska, sostavlennaâ po poručeniû Soveta universiteta. SPb., 1870, 3-5 ; A. N. Kononov, Vostočnyj fakul’tet Leningradskogo universiteta. Vostokovedenie v Leningradskom universitete. Učenye zapiski LGU. Vyp. 13 (296). L., 1960, 3-31.

20. T. V. Stanûkevič, Kunstkamera Peterburgskoj Akademii nauk. M.-L., 1953, 214 ; P. S. Savel’ev, O žizni i učenyh trudah Frena. Trudy Vostočnogo otdeleniâ Arheologičeskogo obŝestva. 2. SPb., 1856, 14 ; I. U. Kračkovskij, Izbrannye sočineniâ. T.5. M.-L., 1958, 5 ; 37-38 ; B. V. Lunin, Srednââ Aziâ v dorevolucionnom i Sovetskom Vostokovedenii. Taškent, 1965, 71 ; Očerki istorii muzeev Imperatorskoj Akademii nauk. SPb., 1865, 76-86 ; B. Dorn, Das Asiatische Museum der Kais. Akademie der Wissenschaften zu St. Petersburg. SPb., 1846, 776 ; D. I. Tihonov, Iz istorii Aziatskogo muzeâ. Očerki po istorii russkogo vostokovedeniâ, II, M., 1956, 449-468.

21. A. T. Abramov, Biblioteka vostočnogo fakul’teta. Vostokovedenie v Leningradskom universitete.

Učenye zapiski LGU. Vyp. 13 (296). L., 1960, 177-188.

22. V. Vladimircov, Istoričeskaâ zapiska o 1-oj Kazanskoj gimnazii 18 stoletie. T. 1-2 Kazan’, 1867-1868.

23. La concentration à St-Pétersbourg de la science et de l’enseignement orientaliste faisait partie du projet, selon lequel les plus grands établissements d’enseignement, de fonds et d’institutions académiques d’orientalisme devaient se trouver dans cette ville. Outre l’Université et l’Académie des Sciences, on enseignait l’arabe, le persan et le turc à la section des langues orientales du département d’Asie du Ministère des Affaires Étrangères depuis 1823. Voir.

Materialy dlâ istorii fakul’teta vostocnyh âzykov (MIFVÂ). T.1. SPb., 1905, 529-534 ; N. I. Veselovskij, Svedeniâ ob oficial’nom prepodavanii vostočnyh âzykov v Rossii. Trudy 3-go Meždunarodnogo s"ezda orientalistov v S.-Peterburge. T.1. SPb., 1879-1880.

24. MIFVÂ. T.1, 159, 203, 205.

25. MIFVÂ. T.1, 326.

26. Le coût de cette collection varie de 6 000 roubles (Protokoly zasedanij Soveta Imperatorskogo S.- Peterburgskogo universiteta, 4, 1870, 114) à 7145 roubles 75 kopeks, selon le compte rendu du Conseil Universitaire (MIFVÂ. T.1, 183). Quant au curateur Molostvov, il l’évaluait à 18 milles roubles d’argent (MIFVÂ. T.1, 183) et essayait désespérément d’être remboursé.

27. Protokoly zasedanij Vremennoj komissii pri Sovete Imperatorskogo S.-Peterburgskogo universiteta za 1862 g., 1, 1870 ; V. V. Bartol’d, Sočineniâ. T.9, 112.

28. V. V. Bartol’d, Sočineniâ. T.9, 109. Dela fakul’teta za 1864 g.

29. B. V. Lunin, Srednââ Aziâ v dorevolucionnom i Sovetskom vostokovedenii. Taškent, 1965, 75.

30. H. Fren, Nekotorye ukazaniâ, vzâtye bol’šeû čast’û iz istoriko-geografičeskoj literatury Arabov, Persov i Tûrkov, preimuŝestvenno dlâ naših činovnikov i putešestvennikov v Azii. SPb., 1845, 87 ; P. I. Lerh.

Monety Buhar-hudatov. – VORAO, č. XVIII, SPb., 1975-1909, 52-53.

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