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2.3 T ROISIEME C HAPITRE

3.3.1 La « connaissance existentielle de Dieu »

L’amour par l’union entre les époux dans toute son intensité est l’essence même de ces deux prochaines étapes. Ce qui les différencie est la direction de cet amour. Dans la première, il se présente de la part de l’Époux vers l’épouse, comme une sorte d’épanchement ou une visite et dans la deuxième, il se présente comme une sortie-éclair où l’épouse pourra Lui rendre visite à son tour. Grégoire9

décrira ce mouvement par ces mots : « Dieu vient dans l’âme et l’âme émigre en Dieu » et il confirmera que ce mouvement se répètera pour l’âme infiniment, d’où la répétition dans l’invitation de l’Époux dans ces paroles en Ct 4, 8 : « Tu viendras et tu parviendras ... »

Ces deux mouvements sont ceux de l’érôs et de l’agapè qui expriment la relation d’amour des deux côtés entre l’âme et son Époux. De la huitième à la douzième homélie, Grégoire décrit le repas de fête qui sera figuré par le sacrement de l’Eucharistie propre à cette étape. Au début de la huitième homélie, Grégoire commence par un rappel de l’éternel recommencement de l’itinéraire de l’Épouse et de son incapacité à voir face à face son Époux. Il rappelle aussi les voies des purifications actives et passives à travers lesquelles elle est déjà passée et elle passera encore. Ce sont ces morts-résurrections qui seront les balises de son ascension.

La raison pour laquelle Grégoire commence en rappelant l’humilité de ce chemin est simple : l’âme vit l’expérience de la présence divine, en elle, par petites gouttes et par un principe de pédagogie divine, une progression doit prendre place afin de permettre à l’âme de saisir l’insaisissable autant qu’elle en soit capable et cette capacité de le saisir sera toujours proportionnelle au degré de la pureté qu’elle a été capable d’atteindre. C’est précisément là que se trouve la progression de l’épouse dans son itinéraire vers son Époux. Elle va vers Lui en s’approchant d’elle-même et plus elle s’approche de l’icône le plus qu’elle devient pure et purifie ses sens spirituels qui lui permettent de ‘toucher’ son époux.

8 J. Daniélou, Platonisme …, p. 148. 9 Grégoire de Nysse, Homélies…, p. 145.

C’est à travers ces sens physiques de l’âme que Grégoire développe pour nous la relation des deux époux dans cette première étape. L’âme y fait l’expérience concrète de la connaissance existentielle de son époux. Elle le sent, le goûte, l’entend et le reçoit en elle et elle ressent sa présence dans un ordre bien agencé afin que l’approche de sa présence se fasse de façon progressive et recevable par l’âme pure pour s’être purifiée par sa

ressemblance avec l’icône inscrite en elle, configurée au Christ.

Liberté, volonté et grâce divine sont toutes trois nécessaires pour l’élévation de l’âme et sa participation à la divinité de son Époux.

Donc, le rappel de Grégoire pour ce chemin sans fin n’est pas seulement un rappel de l’humilité de l’âme mais aussi un rappel de l’incognoscibilité de Dieu, point central de sa théologie mystique. Incognoscibilité, oui mais à un certain point car dans cette étape, l’âme fera l’expérience de Sa présence de façon plus claire et surtout de façon physique par l’intermédiaire de ses sens rendus spirituels par les purifications successives de l’impassibilité. Les deux temps érôs et agapè sont les deux étapes de cette voie.

La première étape représente l’érôs, ce mouvement ascendant de l’âme humaine avec tout son être vers son Dieu. Comme nous l’avons vu jusqu’à présent et à plusieurs reprises, se lever et le suivre sont la raison d’être de son itinéraire et de son existence. En contrepartie et dans une prochaine étape, son Époux viendra vers elle dans un mouvement contraire du haut vers le bas pour lui exprimer quelques touches de sa présence, ce qui sera nommé « agapè». Ces mouvements ascendant et descendant ne sont certainement pas un déplacement physique vers le haut ou vers le bas, encore moins un déplacement spatial ou temporel dans des sphères physiques ou astrales comme peuvent le décrire certaines lectures à ce sujet. Grégoire le confirme, l’âme se meut en elle-même dans un déplacement virtuellement intérieur. Ce mouvement bi-ascensionnel, de l’âme vers son Dieu et de Dieu dans l’âme est « le degré supérieur de la vie spirituelle », c’est ainsi que le décrit Daniélou10, qui « est une vie d’amour qui produit une union avec Dieu, laquelle union présente elle-même des degrés »

Érôs et agapè ne se contredisent pas, ils se complètent et s’enchaînent dans un équilibre et une tension de plus en plus franche et toujours plus tendue vers les deux sujets en relation : l’âme-épouse ou Église-épouse et son Époux.

En premier lieu, vient ce moment précis, ici, où Grégoire explique les différents sens physiques qui aident l’âme à chercher son Époux. Cet érôs, puisqu’elle ne peut aller vers Lui qu’à travers ses sens et son corps en entier, nous est expliqué par Grégoire à travers son commentaire sur la « source scellée11 » du Ct 4, 12, voici son point de vue :

Son Époux prenant la parole dira de son épouse : « Elle est un jardin fermé, ma sœur, mon épouse, une source scellée ». Grégoire explique que la source d’eau vive, toujours renouvelée par son propre mouvement est en même temps scellée car elle est fortifiée par les remparts de la vie vertueuse toujours en état d’alerte pour ne pas salir ce qu’elle a purifiée, par maints efforts et progrès. Elle est scellée de dedans par la bonne et libre volonté de l’âme pure combattant ses propres passions mais elle est aussi scellée contre les attaques venant de l’extérieur d’elle qui se trouvent pourtant à l’intérieur d’elle-même et qui viendraient perturber sa pureté désormais acquise.

Concernant ces attaques de l’extérieur/intérieur, Grégoire, utilisant les mêmes termes du champ sémantique de la protection, dit ceci : «… le sceau assure l’inviolabilité de ce qu’il garde, en intimidant les violeurs par l’empreinte gravée sur lui, … il semble que le présent éloge témoigne de l’extrême vertu de l’épouse, consistant en ce qu’elle maintient son intelligence hors du contact des ennemis et la garde pour son Maître dans la pureté et l’impassibilité».

Cette « source scellée » est en lien direct avec « le jardin fermé », de ce même verset, ce qu’est devenue cette âme protégée par les remparts de tous les côtés « par le souvenir du commandement divin », dira Grégoire.

Cela n’est pas sans nous rappeler les remparts de la cité, les murailles qu’il lui faudra plus tard dépasser n’ayant pas trouvé son Époux (cf. Ct 5, 7).

Il me semble utile de rappeler que nous trouvons, ici, les traces des purifications de la première voie, la voie Lumineuse, lumière faite par l’Épouse sur sa propre noirceur.

Cet érôs exprime la tension physique de tout le corps et de l’âme unis par la vie vertueuse. L’âme ayant soumis ses penchants physiques vers sa volonté de retrouver l’icône, sceau de sa ressemblance avec son Époux, utilise ses sens pour le saisir et, tour à tour, nous verrons passer l’odorat, le goût, l’ouïe et le toucher et à travers tous ces quatre sens, nous retrouverons celui de la vue presque omniprésent, l’âme pure étant capable de voir Dieu à travers les miroirs et les mystères.

Ces sens spirituels mis à profit pour exprimer l’amour entre les deux époux, sont agencés selon un ordre bien précis12 avec des étapes à travers lesquels l’Épouse avance dans son itinéraire spirituel dans une unité totale de son entité anthropologique. L’âme unie au corps et à l’esprit se lève et avance dans une certaine harmonie où tout son être est ordonné à sa volonté de se conformer par sa ressemblance à l’image de son Époux.

Parlant de l’Époux, le pommier qui figure le Christ, nous nous rappelons ceci : sa vue est une promesse, le goût, une possession et Grégoire 13 résume ce lien des sens spirituels et par-dessus tout celui de la vue en lien avec le désir de voir Dieu, s’adressant directement à son auditeur, comme pour l’interpeller :

Tu vois dès lors que se trouve en toi la faculté de désirer : c’est afin d’éveiller en toi le désir de ce pommier dont la jouissance revêt de multiples formes pour ceux qui s’en approchent, car, tout à la fois, l’œil se repose dans le charme de sa beauté, le nez respire sa bonne odeur, le corps s’en nourrit, la bouche en savoure la douceur, la chaleur brûlante est détournée par lui, et son ombre devient un trône où est assise l’âme qui a refusé la chaise de pestilence (Ps 1,1).

Au-delà d’une certaine classification qui mettrait un ordre précis dans l’expérience spirituelle des sens de l’épouse, reste sauve la primauté au sens de la vue qui rejoint tout le

12

J. Daniélou, Platonisme …, p. 222 et ss. Très intéressante, la comparaison avec d’autres ordres précis de cette connaissance de Dieu à travers les sens proposés par d’autres Pères certains antérieurs et d’autres postérieurs à l’époque de Grégoire.

chemin de la vie spirituelle et sa raison d’être : vouloir voir Dieu étant sa raison d’existence. La vue de Dieu comme l’a souvent répété Grégoire étant impossible « car nul ne verra ma face et ne vivra », mais observant les aveugles qui ont élaboré d’autres façons de voir dans le noir, Grégoire fait le lien avec l’Épouse qui ne pouvait voir de ses propres yeux ; elle finit par apprendre à voir avec les yeux de son âme et à travers le miroir qu’elle y trouve.

En expliquant le nard de l’époux exhalé par l’Épouse, Grégoire14

, présente les sens de l’épouse qui l’aident à s’approcher chacun selon sa nature de la « Vertu véritable dont le prophète Habacuc dit qu’elle a embrassé tous les cieux (Ha 3,3) » de Celui que personne n’a vu et que personne ne pourra voir.

Cela dit, après la vue impossible de Dieu, le premier sens mis en œuvre est l’odorat. Il est ce premier point d’appui lumineux de la voie de l’Épouse sur lequel elle s’appuie et s’appuiera encore à toutes les étapes de son cheminement ; il est ce que l’on peut appeler le point de prise par lequel elle entrevoit son Époux. Grégoire situe l’odorat comme le premier dans le sens de primauté et aussi dans le sens de l’importance par rapport à tous les autres sens, étant celui qui durera toute la vie et après la vie ; ce sera toujours par la bonne odeur de l’Évangile de l’Époux, Verbe de Dieu, que son épouse égarée pourra le retrouver. L’odeur de ce précieux nard, sera sa balise tout au long de sa vie15

.

En effet, l’épouse dira de son Époux en Ct 1,3 « et l’odeur de tes parfums, supérieure à tous les aromates » le même compliment que son Époux reprendra à son égard en Ct 4, 10 et aussi en Ct 1, 12-13 «... Mon nard a exhalé son odeur à lui » et aussi : « Sachet de myrrhe que mon bien-aimé... »

Citant Paul en Ga 5, 22, Grégoire nous rappelle que ce nard n’est que la bonne odeur de l’Évangile d’une vie vécue selon l’Esprit, charité, joie, paix, magnanimité, intrépidité, etc. C’est « la vie chrétienne tout entière qui est la distillation de ce précieux ‘nard’ offert à l’Époux16

», il est l’odeur de l’impassibilité et plus loin, quand l’Époux devient sachet de

14 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 91. 15 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 90-93. 16 H. U. von Balthasar, Présence et pensée…, p. 97.

myrrhe et l’Épouse distillera de ses doigts la myrrhe, cette odeur, dira Grégoire, est celle de la mort-résurrection de l’âme ; étant morte avec lui elle ressuscitera avec lui. Car Celui qui a l’épouse est l’Époux (Jn 3, 29) et demeurant en Lui (Jn 15, 5), elle porte son odeur. Voici ce qu’en dit Grégoire17

, dans un souhait à peine voilé d’y voir quelques rapprochement entre l’âme-épouse et l’Église-épouse, concernant ce nard que l’épouse porte désormais sur elle, près de son cœur, l’Église-épouse le diffuse sur toute la maisonnée (la koinonia : la communauté) sur la terre entière. Rappelant l’épisode du parfum dans la maison de Simon à Béthanie, Jésus leur dit ceci en Mt 26, 12, « elle a pourvu d’avance à mon ensevelissement ».

Cette odeur est d’avance la bonne odeur de la myrrhe d’où ressuscitera l’épouse, devenue colonne de myrrhe et d’encens (Ct 3, 6) portant son odeur à Lui, que même les amis de l’Époux n’avaient pas reconnue : «Quelle est celle-ci qui monte du désert, comme une futaie, une vapeur de myrrhe et d’encens, à partir de toutes les poudres du parfumeur ? » Voici une exclamation de Grégoire qui résume à merveille ce sens des colonnes de parfums, d’encens et de myrrhe dans la quatrième homélie il commente le verset du Ct 2, 5, « Étayez-moi avec des parfums… » Et Grégoire se demande, interloqué : « Ô colonnes inattendues et soutiens imprévus ! Comment des parfums peuvent-ils devenir les colonnes d’une maison ? » En effet, ce sont les multiples colonnes de vérité que seront les deux jambes colonnes de marbres du Corps du Christ qu’est l’Église (Ct 5, 15), « Pierre, Jacques et Jean (Ga 2, 9)18 ».

Concernant cette notion de l’odorat spirituel, Daniélou19

la rapproche avec la notion de la vue spirituelle disant ceci « Les vertus sont ici non les parfums, mais les irradiations du Verbe, et ce sont elles que l’œil de l’âme, purifié, perçoit dans la réflexion de l’âme sur elle-même. »

17 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 93. 18 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 299. 19 J. Daniélou, Platonisme …, p. 236

Dans sa huitième homélie, Grégoire explique cette différence des sens de la vue, de l’ouïe et de l’odorat avec les yeux de l’âme20

concernant ce que l’œil n’a pas vu ni l’oreille n’a pas entendu : «Car ce qui ne cesse d’être saisi est certes toujours plus grand que ce qui l’a été jusque-là, mais ce qui est saisi de la sorte n’enferme pas dans ses limites l’objet recherché ; au contraire, le terme de la découverte devient pour ceux qui montent, le point de départ d’une découverte de biens plus élevés encore. »

Cette vue sans voir est l’originalité de la théologie spirituelle de Grégoire. Nous verrons qu’elle englobe tous les autres sens physiques pour leur donner une approche autre que leur nature première.

Concernant l’ouïe, pour sa part, Daniélou21 propose de ne pas s’y arrêter puisque Grégoire n’en parle pas souvent. Cependant nous pouvons souligner rapidement que pour Grégoire l’ouïe de la voix de l’Époux est considérée comme une présence de sa personne. L’épouse entendra sa voix sans le voir et pourtant elle relie sa vue à sa Présence comme dans Ct 2, 8 : « Voix de mon Bien-aimé : le voici qui vient…» et en Ct 2, 10 : « Mon Bien-aimé prend la parole et me dit : Lève-toi, viens ma toute proche… ». Ailleurs, ce sont les sons de la trompette sur le mont Sinaï qui annoncent la présence de Yahvé qu’entendra Moïse, l’Épouse parfaite. Plus haut dans le Cantique, il lui parlait par derrière le mur et les châssis. Plus loin, l’Époux se tiendra derrière la porte et demandera à l’épouse de lui ouvrir. La voix de l’Époux est une action, elle est, pour l’épouse, sa présence. Dans cette ouïe, la vue est présente. L’épouse voit la voix de son Époux, sans le voir, Lui. Dans la quatorzième homélie22, en expliquant le terme du mot « Tharsis » de Ct 5, 14, Grégoire fera le lien de la présence de l’Esprit saint avec le vent violent qui s’abat sur « la chambre haute, d’abord perçu par l’ouïe ‘comme une irruption d’un vent violent’ (Ac 2, 2), puis se manifestant également aux yeux en prenant la forme de langues… ».

20 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 187. 21 J. Daniélou, Platonisme …, p. 237. 22 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 294.

Passons au goût spirituel, ici aussi Grégoire construit sa réflexion en lien avec la vue de l’Invisible : il est décrit par Grégoire23

plus longuement dans la dixième homélie, l’homélie eucharistique, suivant son apparition dans Ct 4, 16 et 5, 1-2 : d’abord l’invitation pour les fruits exquis, puis viennent le pain et le miel, le vin et le lait. Grégoire suit leur apparition dans le texte et ne semble pas donner un sens particulier à l’ordre précis selon lequel apparait l’un ou l’autre nutriment. Daniélou24 est de cet avis, leur présentation dans un ordre précis, bien qu’elle soit un détail sur lequel Grégoire s’arrête, ne semble pas être porteuse de sens ; le seul sens qui, à son avis, a de l’importance pour Grégoire est celui d’un certain mouvement lié à la progression. Plus loin, Grégoire25

commentant les mâchoires de l’Église-Épouse souligne un certain degré dans les différentes nourritures offertes aux âmes-épouses, chacune selon ce qu’elle est capable de prendre. Ce détail est important car il est en lien avec la pédagogie de l’Époux de ne pas donner à ceux qui sont encore enfants dans la vie spirituelle une nourriture qu’ils ne seraient pas capables de digérer dans le sens d’en saisir la portée.

Concernant ce goût exquis qu’offre le vécu de l’Épouse dans ces versets portant sur le repas eucharistique de Ct 4, 16 et 5, 1-2, Daniélou26 y voit « une place particulière dans la mystique de Grégoire qui est une mystique de la ‘suavité divine’ ». En effet, c’est dans ces versets que l’âme est invitée à goûter l’Époux. L’échange de nourriture, comme le disait Grégoire dans le commentaire sur le pommier en Ct 2,3, est en soi une certaine possession. Citant27 Grégoire qui décrit ces bienfaits de la vigne, Daniélou le dit avec ses mots : « Le parfum est une promesse, le goût est une possession ».

Voici le déroulement de ce repas sacramentel par lequel l’Épouse devient quelque peu son Époux par une participation à sa nature divine : ce sont les versets Ct 4, 16 et 5, 1-2 : l’Épouse désormais purifiée dans Ct 4, 14 où l’Époux avait fait l’éloge de son odeur d’encens ; en Ct 4, 16, elle ordonne au vent de se déplacer selon son gré et invite son Bien-

23 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 224-231. 24

L’expression est de J. Daniélou, Platonisme …, p. 243.

25 Grégoire de Nysse, Homélies…, p. 288. 26 J. Daniélou, Platonisme …, p. 237. 27 J. Daniélou, Platonisme …, p. 238.

aimé à descendre dans le jardin car les fruits sont mûrs et, ce dernier s’invite en l’appelant des doux noms de sœur et épouse. Il descend, il récolte la myrrhe avec les aromates, il mange le pain et le miel, il boit le vin et le lait ; il invite ses amis à manger, boire et s’enivrer. L’épouse est plongée dans une ‘sobre ivresse’, elle dort d’un ‘sommeil vigilant’ car son cœur veille.

Après avoir vanté la pureté de l’Épouse, rendue capable d’ordonner les forces de la nature qui lui obéissent, Grégoire s’attarde sur le sens de l’invitation de l’âme-épouse : « Que mon Bien-aimé descende… » : « Parole pleine de hardiesse » dit-il. Il nous rappelle qu’elle invite ce Pain descendu du ciel pour la vie du monde (Jn 6, 33). Il est la manne qui, dans le désert rassasia le peuple en marche. Par une compréhension de la parole en Jn 4, 34, « Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père » par laquelle nous comprenons le Salut des

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