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2.3 T ROISIEME C HAPITRE

3.3.2 L’Extase

Dans son développement concernant le repas eucharistique en Ct 5, 1-2, Grégoire s’arrête à la parole prononcée par l’Époux, « enivrez-vous » : elle représente ce qu’il appelle la ‘sobre ivresse’, empruntant le terme à Philon. Selon Daniélou29, cet état est celui de l’extase : ce mot signifie en grec ‘être debout en dehors de soi’. C’est un état de l’âme qui change la joie des plaisirs spirituels en une expérience mystique. Il y rejoint Grégoire par la transformation de l’âme renée à la nouvelle vie dans le cratère de la sagesse. C’est le bon vin de la fin des noces de Cana ou encore c’est l’outre neuve pour le vin nouveau.

Ici, le caractère sacramentel exprimé par les paroles de l’Époux est le vécu mystique de la ‘sobre ivresse’. Cette ‘sobre ivresse’ réservée à quelques-uns est attribuée par Grégoire à la transformation apportée par la nourriture divine et le breuvage divin, de ses mots dira-t- il30 : une «ivresse entraînant pour l’âme une extase vers les choses divines ».

Il rappelle les quelques rares témoignages des Écritures de vécus extatiques comme ceux de David, Paul et Pierre.

L’âme se transformant en ce qu’elle a mangé, le pain descendu du ciel, et en ce qu’elle a bu, le vin nouveau du cratère de la sagesse, devient elle aussi, à son tour, nourriture pour ceux qu’elle rencontre. L’épouse devient ce qu’elle mange, elle est participante de la Vie et la porte en elle. C’est la raison qui fait dire à Grégoire que lorsque l’Époux dit ‘enivrez- vous mes proches’, il s’adresse à ceux qui lui ont déjà donné à manger et à boire parce qu’il était affamé et assoiffé ainsi qu’à ceux qui l’ont revêtu lorsqu’il était nu et visité lorsqu’il était en prison. Ayant, alors, accompli sa volonté, sont-ils devenus ses frères et ses proches.

29 J. Daniélou, Platonisme …, p. 244 et ss. 30 Grégoire de Nysse, Homélies…, p. 228-229.

Ceux-là ont droit à cette expérience de la sobre ivresse. Un peu plus haut, page 226, Grégoire semble faire une distinction entre les personnes pour qui les fruits exquis de l’épouse – lorsqu’elle invite l’Époux à descendre dans son jardin – se transforment en aromates et leur offrent la bonne odeur de l’Époux et les personnes qui, ayant visé la vie plus parfaite, pour elles, les fruits de l’Épouse se transforment en quelque nourriture et boisson plus consistantes. Ces derniers seront appelés les frères de l’Époux et vivront l’expérience extraordinaire de l’extase : sortie de soi et entrée en Dieu ; ceux-là mêmes qui seront invités à aller à sa droite, les bénis de son Père.

Daniélou31 remarque un rapprochement entre le vécu sacramentel et le vécu mystique. Chez Grégoire, ce rapprochement s’exprime dans la suite logique du repas eucharistique, suivi de la sobre ivresse et du sommeil vigilant.

À moins de considérer l’expérience extraordinaire de l’extase que Grégoire réserve à certains comme l’expérience mystique par excellence, il me semble que ce lien rejoint la volonté de Grégoire de ne pas exclure quiconque de ce vécu extatique tout en le réservant à quelques-uns et en ouvrant à la multitude le vécu sacramentel. Cette pudeur s’exprime aussi par le fait qu’il parle peu de cette extase : peut-être dans le but de ne pas trop s’attarder à l’exception qu’elle représente. Sans doute serait-ce pour protéger ce qui doit rester caché, ce trésor qui appartient à l’ineffable intimité de l’âme avec son Créateur.

Après la ‘sobre ivresse’ vient le ‘sommeil vigilant’ causé par le vin qui décrit l’état du corps dormant dont tous les sens sont mortifiés par l’apatheia, l’esprit de l’âme est guidé par la seule contemplation des biens divins. Voici comment le décrit Grégoire32 : « Lorsque l’âme trouve sa joie dans la seule contemplation de Celui qui est (Ex, 3, 14), elle n’est éveillée à rien de ce qui produit le plaisir sensible ; mais laissant dormir toute excitation venant du corps, par la nudité et la pureté de l’esprit, elle reçoit dans une divine veille la manifestation de Dieu. »

31 J. Daniélou, Platonisme …, p. 244 et ss. 32 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 230.

Et voici ce que Grégoire33 fait dire à l’Époux : «Le profit que tu tireras de m’avoir accueilli et introduit chez toi sera la rosée dont ma tête est pleine et les gouttes de la nuit qui tombent de mes boucles. » Heureuse sera-t-elle d’en avoir une goutte de rosée de sa présence puisqu’elle n’en pourra pas recevoir d’avantage car selon l’Apôtre dans 1 Co 8, 2 : « C’est partiellement que nous connaissons et partiellement que nous prophétisons. »

Dans ce même commentaire, Grégoire justifie le peu que Dieu révèle de sa personne à la difficulté pour l’âme de le voir. Cette connaissance des choses divines par les boucles de l’Époux et les gouttes de rosée est réservée à ceux qui sont ses frères et sœurs, ceux qu’il a invités à boire son sang et manger son corps et à s’enivrer de sa présence ; ce sont les amis de l’Époux qui ne peuvent jeûner en sa présence : ce seront plus tard les disciples d’Emmaüs au cœur brûlant de sa présence, les apôtres qui reçurent son Esprit à la Pentecôte, et plus tard les évangélistes pour l’Église naissante. Grégoire dira : « Ils sont certes à nos yeux des fleuves remplis d’eau ; néanmoins, en regard de l’authentique Vérité, ils ne sont que des gouttes de rosée, lors même qu’ils débordent par l’abondance et la grandeur de leur enseignement. » Pour lui, Paul était ce fleuve, il poursuit par la description de l’exceptionnelle extase vécue par Paul jusqu’au troisième ciel, en 2 Co 12, 2-4.

À travers cette étape de l’inhabitation de l’homme intérieur par l’Époux suivie de l’extase, agapè et érôs, nous voyons le mouvement d’entrée et de sortie que vit l’âme : vers l’intérieur d’elle-même dans son recueillement pour retrouver son créateur et manger avec lui puis dans la sortie de soi, afin de le retrouver par la sobre ivresse de l’extase, ensuite retour vers l’intérieur de soi par le sommeil du corps mais qui reste vigilant, attentive qu’elle est à retrouver son Époux dès qu’il se présente à nouveau.

Ainsi plongée dans cette ténèbre qui l’entoure, l’âme qui n’a pas encore vu son Époux, le sait présent, elle sent sa présence ; il lui fait sentir cette présence mais elle ne le verra pas. Cette présence, dira Grégoire34 en nous expliquant ce concept, est ressentie avec certitude. L’âme est « enveloppée par la nuit divine, dans laquelle l’Époux survient, mais n’apparaît pas. Car comment, dans la nuit, ce que l’on ne voit pas pourrait apparaître ? Toutefois, il

33 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 240. 34 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 238.

donne à l’âme une certaine perception de sa présence, en même temps qu’il échappe à une connaissance claire, caché qu’il est par l’invisibilité de sa nature.» Ce sentiment de certitude de Sa présence représente le dernier sens de l’épouse de pouvoir sentir par tout son être : esprit, corps et âme unis, la présence de celui que son cœur aime.

Daniélou35 résume merveilleusement bien ce sentiment de présence ; il est ce quelque chose qu’il qualifie « d’infiniment réel » et pourtant « toujours voilé». Il le décrit avec ces mots : «C’est cette présence perçue d’abord comme un parfum lointain, comme un son éloigné, qui se fera plus précise, nourriture, toucher, ivresse, mais toujours dans la nuit, c’est-à-dire dans un ordre autre que celui de l’expérience ordinaire, dans un ordre surnaturel, ineffable, réservé. »

C’est dans son onzième homélie que Grégoire détaille cette dernière halte de l’ascension de l’Épouse dans laquelle aussi il nous présente une très belle récapitulation de ce chemin éternellement entrepris et jamais achevé et qui pourtant pourvoit l’épouse d’une certaine satisfaction par le fait même de le reprendre à nouveau, car elle saisi que c’est dans le fait de chercher Dieu que réside son amour pour lui et elle comprend qu’elle est éprise de l’Inconnaissable et qu’elle cherche l’Insaisissable.

Ce sentiment de présence, il me semble pouvoir le retrouver dans cette description du pape Jean-Paul II36 dans Ecclesia de Eucharistia n. 25 :

Il est bon de s'entretenir avec Lui et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf. Jn 13, 25), d'être touchés par l'amour infini de son cœur […] comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d'amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement ? Bien des fois, chers Frères et Sœurs, j'ai fait cette expérience et j'en ai reçu force, consolation et soutien !

35 J. Daniélou, Platonisme …, p. 196.

Après le sentiment de certitude de la présence de son Époux, l’âme-épouse ne sera jamais rassasiée de recommencer à le chercher pour le retrouver, sans cesser de recommencer. Ce continuel recommencement, Grégoire37, rappelons-nous, l’avait prévu dès sa cinquième homélie lorsque, décrivant le chemin de l’Épouse, il dit : « C’est pourquoi le Verbe dit à nouveau à celle qui s’est déjà levée : ‘Lève-toi’ ; et à celle qui est déjà venue : ‘Viens.’ » Balthasar38 transposant ce recommencement à travers l’itinéraire de l’épouse dira : « Chaque fois que l’âme a quitté son voile par une nouvelle purification, elle se retrouve enveloppée par rapport à la prochaine ; chaque fois que Dieu l’appelle, elle se lève, bien qu’elle coure depuis longtemps… » Pour schématiser l’itinéraire de l’Épouse, Grégoire use d’un terme nouveau, celui de l’épectase, qui est formé du verbe utilisé par Paul dans Ph 3, 13, qui veut dire, parlant de l’âme, oubliant ce qui est derrière elle : « et tendue de tout son être vers ce qui est en avant39 ».

À chaque fois, qu’elle se croira proche de le voir, il lui échappera et l’emmènera encore plus loin et plus haut, plus proche de lui comme elle le dira en Ct 5, 6 : « Mon bien-aimé est passé près de moi, mon âme est sortie à sa parole » car, comme dit Grégoire40 décrivant la répétition des sorties et des entrées de l’épouse : «Ô bienheureuse sortie que celle-là par laquelle sort l’âme qui suit le Verbe ! ‘Le Seigneur gardera ta sortie et ton entrée’ (Ps 120, 8). Ce sont là vraiment tout à la fois la sortie et l’entrée gardées par Dieu, qui adviennent à ceux qui en sont dignes : car la sortie hors de ce en quoi nous sommes est l’entrée dans les biens qui sont au-dessus de nous. »

À propos de ce désir qui croît à force de n’être pas satisfait, Balthasar41

, citant Grégoire dans La vie de Moïse, dit ceci : «À mesure qu’il approche de la vision de Dieu, l’Esprit voit toujours plus clairement l’invisibilité de la nature divine »

À travers ses sens spirituels et dépourvue de son intelligence, l’âme a la capacité de goûter à la présence de Dieu ; ce vécu de la présence de l’Époux se poursuit, ici, dans « une

37 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 133. 38

H. U. von Balthasar, Présence et pensée…, p. 70.

39 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 256. 40 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 256-257.

progressive communication du Verbe42 » de lui-même. À mesure qu’il avance vers l’âme, il lui communique à travers ses sens un peu de lui-même et ce faisant il attise en elle le désir de le voir en l’attirant toujours plus haut, au plus près d’elle-même et auprès de Lui.

Ce recommencement, Grégoire le souligne encore en rappelant, sans cesse, l’incessante ascension du chemin de l’Épouse. Il le dit dans ces mots43

: « Ainsi jamais celui qui monte ne cesse d’entreprendre commencement après commencement, et jamais non plus ne trouve son achèvement en lui-même ce commencement de biens toujours plus grand : car jamais le désir de celui qui monte ne s’arrête à ce qu’il connaît déjà. »

Ces commencements et recommencements sans fin ne sont pas à rapprocher du mythe de Sisyphe, l’âme ne recommence pas en vain, elle se rapproche à chaque étape un peu plus de son but et sa rencontre avec son Époux se vit de plus en plus intensément. Et, après chacune des étapes, elle reprend son chemin infatigablement et bien plus ardemment.

Moïse, épouse parfaite, a été cette source d’eau vive, lui qui s’est trouvé dans cette filiation divine. Dans la conclusion de la Vie de Moïse, Grégoire explique cette perfection à laquelle il est arrivé et vers laquelle devait tendre toute âme44 : « regardant plus haut que tous les biens qui nous sont réservés en espérance selon les promesses, de ne craindre qu’une chose, de perdre l’amitié divine, et de n’estimer qu’une chose honorable et aimable, de devenir ami de Dieu ce qui est à mon sens la perfection de la vie. »

Malgré la perfection à laquelle est arrivée son âme, lui qui côtoyait les hauteurs divines, il n’arrêtait pas de vouloir voir Dieu et continuer à s’abreuver de sa source, en espérant toujours pouvoir voir sa face et craignant à jamais de perdre son amitié.

Les répétitions que l’on retrouve aussi dans sa vie des différents vécus, toujours au plus haut des différentes participations divines, ressemblent au mouvement stable de la source toujours jaillissante décrite par Grégoire45 et citée par Daniélou46.

42 L’expression est de J. Daniélou, Platonisme …, p. 238. 43

Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 187.

44 Grégoire de Nysse, Vie de Moïse…, p. 327. 45 Grégoire de Nysse, Homélies …, p. 236. 46 J. Daniélou, Platonisme …, p. 301.

Comme à son habitude, Grégoire ajuste son discours au niveau de compréhension de ses auditeurs et cela nous permet, par une image de la vie quotidienne, de mieux comprendre ce qui peut dépasser toute logique humaine ; voici ce qu’il en dit :

…Pour rendre la chose plus claire, je prendrai une image. C’est comme si quelqu’un se tenait près d’une source, qu’on dit avoir jailli de la terre. Celui qui s’approchera de la source admirera cette infinie étendue d’eau qui sourd de tout côté et se répand hors d’elle ; il ne dira pas néanmoins qu’il a vu toute l’eau. Comment, en effet, verrait-il ce qui est caché dans le sein de la terre ? Si bien qu’il aura beau rester près de la source il sera toujours au commencement de sa contemplation. L’eau en effet, ne cesse pas de se répandre et de continuer de jaillir.

À la huitième homélie, Grégoire considérait cette source, éternellement nouvelle et toujours la même, à l’image du Christ : « Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi… » Par cela, il voulait dire : qu’il quitte son pays comme Abraham, qu’il descende de son arbre comme Zachée, qu’il sorte de lui-même comme Lazare, et comme le jeune homme riche qu’il prenne sa croix pour le suivre. Dans cette sortie de soi en Lui, l’âme sort d’elle-même pour le retrouver ; elle quitte ce qui n’est plus d’elle le vieil homme et revêt le nouvel Adam, le Christ. Elle retrouve son Époux, dans cet ‘autre’ ayant reconnu en son semblable, l’icône qu’elle poursuit et qu’elle avait auparavant retrouvée au fond d’elle-même.

C’est dans la neuvième homélie que l’âme est directement décrite comme missionnaire. À propos de cet élan missionnaire, l’épouse est confirmée par son Époux qui lui dit dans une sorte de bénédiction de son action : « Oui, tu es belle ma toute proche… » Grégoire47 le dit ainsi : « Ayant donc agréé cet amour de l’épouse pour tous les hommes, par lequel, à l’imitation de son Maître, elle veut, elle aussi, que tous soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Tm 2, 4). »

C’est sa façon particulière, à lui, de lui dire « Va, je t’envoie » ! Comme dans Ac 7, 34 : et aussi comme l’a entendu Moïse dans Ex 3, 7-10 : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte ; j’ai entendu leurs gémissements et je suis descendu pour les délivrer. Et maintenant, va ! Je t’envoie en Égypte. »

C’est à cette étape que s’arrête -tout en ne s’arrêtant pas- l’itinéraire de l’âme vers son Créateur. Elle continuera indéfiniment à le chercher jusqu’à l’avènement de la Parousie, qui est le retour du Christ à la fin des temps. Fin des Temps que Paul lui-même attendait de son vivant. Dans les Homélies sur le Cantique des cantiques, cette étape correspond à la douzième homélie. Dans le livre du Cantique des cantiques, lui-même, l’Épouse, continue à le chercher invitant les filles de son village à le chercher à leur tour. Elle n’aura de cesse de leur décrire sa Beauté jusqu’à la fin du livre dans des épisodes amoureux qui se répèteront.

Mais Grégoire, n’en reste pas là ! Pour lui, cet itinéraire dépasse la rencontre de l’âme humaine avec son Créateur et cet amour découvert l’un pour l’autre.

Pour Grégoire, l’économie du Salut à laquelle le Fils, le Dieu Monogène, a consenti ne peut s’arrêter là où le Salut individuel de l’un se concrétise. Il est venu, envoyé par son Père pour prendre sur ses épaules l’Humanité entière48, l’unique brebis perdue. Celle qu’il reviendra chercher à la fin des temps. C’est la raison pour laquelle, dans un magnifique développement, Grégoire49 déploie sa vision christologique de l’économie du Salut pour montrer la raison de l’épouse de décrire le Corps de son Époux en celui de l’Église ; il construit les trois homélies qui développent ce thème. Dans la treizième homélie, parlant de l’Église-Épouse, il introduit Marie, sa mère pour lui avoir donné un corps, celui de son Fils. Elle aussi, étant épouse parfaite, fut enveloppée par la nuit divine et reçut la visite de Celui qui l’habita. Dans Lc 1, 35 « L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. » Et aussitôt sa visite partie, elle se met en route « en hâte » vers sa cousine Elizabeth. Toutes deux tressaillirent de joie, de cette joie parfaite qu’il a promise à ses amis.

La mère du Christ, mère de l’Église, est décrite comme le modèle du missionnaire par sa visite à Élizabeth. Et par son ‘Oui’ qui fut un oui total, elle a prouvé qu’une multitude de ‘non’ lui avaient précédé et furent, eux aussi, des ‘non’ absolus. Commentant cette phrase

48 J. Daniélou, Platonisme …, p. 53.

de Mt 5, 37 : « Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’. Ce qui est en plus vient du Mauvais. », Grégoire50 nous explique comme dans une exhortation que ce ‘oui’ consiste à « s’obliger à fixer les yeux sur la divinité avec une foi correcte et en même temps qu’à effectuer la course de leur vie dans la pureté et l’impassibilité : car si cela est mené à bien, c’est ‘cette chose immuable’ (Hé 6, 18), le ‘oui’ qui se réalise en nous […] en devenant la tente de Celui qui habite en nous ». C’est ainsi que l’âme-Épouse est ici la Mère, celle qui avait dit à ses amies « Faites ce qu’il vous dira » pour que « Votre ‘oui’ soit

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