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Dans l'immédiat après-guerre, les dirigeants de la CFTC jouent un rôle non négligeable dans la reconstitution de la CISC. La création de la CISL suscite cependant quelques contestations. Avec l'arrivée d'Eugène Descamps au secrétariat général en 1961, la politique internationale prend de l'ampleur. Le secteur international est réorganisé autour d'une nouvelle équipe et de nouvelles orientations se dessinent, débordant le cadre strict de la CISC.

Pour le maintien du syndicalisme chrétien

A la conférence de Londres279 (6 au 17 février 1945) qui prépare la constitution de la Fédération syndicale mondiale, la CFTC est invitée avec l'espoir que les centrales chrétiennes rejoignent la nouvelle internationale. Maurice Bouladoux intervient par une mise en garde à l'encontre la polysémie du terme "unité", source de confusion et éventuellement d'opacité stratégique. La question de la représentation est un problème essentiel qui divise les Anglo- saxons et les Soviétiques. Comme les Britanniques, la CFTC s'inquiète de la domination des grands pays et en premier lieu de celle des Russes280. A la conférence de Paris qui s'ouvre le 25 septembre 1945, elle attend de solides garanties sur le maintien des Fédérations internationales professionnelles, la possibilité de la double affiliation, l’égalité de toutes les organisations syndicales, ainsi que sur l'assurance du respect du principe de liberté d’association dans chacun des pays représentés à la FSM. Les pays de l'Est sont évidemment visés par cette clause. Opposée aux statuts, la CFTC dénonce des procédés peu

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P. Pasture, Histoire du syndicalisme chrétien international - La difficile recherche d'une troisième voie, Paris, L'Harmattan, 1999,p. 210-213.

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démocratiques, en particulier dans le fonctionnement de la Commission des statuts, qui aurait fait peu de cas des amendements de la centrale chrétienne. Finalement, la délégation CFTC se retire de la Conférence lorsque celle ci se transforme en Congrès de la Fédération syndicale mondiale. En effet, le paragraphe 2 de l’article 1er des statuts prévoit que “ En règle générale, l’affiliation est limitée à une Centrale nationale unique pour chaque pays. Toutefois dans des cas exceptionnels, le droit d’affiliation peut être accordé à plus d’une centrale syndicale nationale, ou à plus d’une organisation nationale syndicale individuelle ”. Or la CFTC considère comme inacceptable un texte qui "pose comme un principe l’unité syndicale".

L'expérience de l'unité dans les pays de l'Est s'étant soldée par la disparition des syndicats chrétiens, Gaston Tessier281 exprime le profond désaccord qui l'amène à récuser le principe d'unité et qui justifie par conséquent la reconstitution de la CISC :

Certes, nous ne sommes pas insensibles à la mystique de l’unité, nous qui croyons à l’unité

foncière de l’espèce humaine issue d’une même paternité divine, mais cette unité ne peut s’accomplir que dans la clarté et dans la vérité, par un accord loyalement établi sur certaines idées fondamentales.”

“ L’unitarisme, le totalitarisme qui, dans de multiples domaines et spécialement en matière syndicale, agit par voie de contrainte, nous inspire une profonde répulsion. Au surplus, l’expérience montre que cette unité, artificiellement établie, aboutit à introduire, à l’intérieur du mouvement, des divergences, des querelles, des dissensions qui sont au détriment de son activité normale et qui peuvent le conduire à la stérilité, sinon à la ruine. ”282

Ces deux passages sont reproduits dans une brochure diffusée par la CFTC en 1945 pour expliquer ses choix sur le plan international. Dans le même temps, une autre brochure, intitulée "Unité syndicale ou unité d'action", est publiée, dans laquelle la CFTC s'explique sur

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D'après Patrick Pasture, Jean Brodier, présent à la conférence de Londres, était plutôt favorable à l'unité au sein de la FSM. Cette position n'apparaît pourtant dans la brochure qu'il signe avec Bouladoux.

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son refus de constituer une centrale unique avec la CGT283. L'argumentation est similaire : l'attachement au pluralisme syndical, pendant du pluralisme politique, est réitéré.

Ainsi, quelques jours après le congrès constitutif de la FSM, la CISC réunit son congrès. Son siège est fixé à Utrecht284. En 1950, l'internationale chrétienne déclare environ 3.5 millions d'adhérents, dont 1.2 en France, 600.000 en Belgique, 500.000 en Hollande, et le reste au Canada, en Irlande, au Vietnam et en Amérique du Sud285. La perte de l'Italie et de l'Allemagne accroît le poids de la CFTC et lui offre une occasion de jouer un rôle de premier plan dans la CISC.

Trois générations de syndicalistes chrétiens

Trois hommes font le lien entre la CFTC et la CISC et symbolisent l'attachement au syndicalisme chrétien : Jules Zirnheld, Gaston Tessier et Maurice Bouladoux.

Gaston Tessier devient Président de l'internationale en 1946286, comme Jules Zirnheld avant lui. Ce dernier287 avait été Président du syndicat des employés du commerce et de l'industrie (SECI) puis Président de la CFTC, avant de devenir Président de la CISC à partir de 1933, d'abord pour une période provisoire, puis définitivement à partir du congrès de Paris en septembre 1937. Gaston Tessier, que Zirnheld avait parrainé à son entrée dans le syndicalisme chrétien288, seconde celui-ci au poste de Secrétaire général. Il prend aussi quelques responsabilités sur le plan international. Il devient membre du conseil de la CISC (1920) et Secrétaire général de la Fédération internationale des syndicats chrétiens d'employés (1921). A partir de 1921, il est conseiller technique des délégués gouvernementaux à toutes les conférences internationales du travail ; en 1924, conseiller technique des délégués

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En septembre 1944, le bureau confédéral de la CGT propose à la CFTC une fusion des deux organisations. Pendant un an, des courriers sont échangés entre les deux directions à ce sujet.

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A partir de 1953, elle s'installe à Bruxelles.

285

G. Bianchi, « La CMT-CISC : identité chrétienne et vocation syndicale », dans G. Devin (dir.), Syndicalisme :

dimension internationale, La Garenne-Colombes, Erasme, 1990,p. 131. 286

Rappelons qu’il remplace Pauwels, décédé en 1946.

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gouvernementaux à la 6ème Conférence internationale du travail ; en 1931, il siége à la Commission économique franco-allemande.

Le 9 novembre 1940, Jules Zirnheld, Gaston Tessier et Maurice Bouladoux signent, contre le décret de dissolution des confédérations syndicales, avec neuf représentants de la CGT, le Manifeste des douze. Jules Zirnheld décédé, Gaston Tessier et Maurice Bouladoux reprennent ensemble le flambeau du syndicalisme chrétien. Après avoir été son Secrétaire puis son principal collaborateur dès l'entre-deux-guerres, Maurice Bouladoux succède en 1948 à Tessier au poste de Secrétaire général, à la présidence de la CFTC ainsi qu'à celle de la CISC, à partir de 1953 et jusqu'en 1961289. Jules Zirnheld et ses deux héritiers représentent donc trois générations de syndicalistes chrétiens qui ont marqué de leur empreinte à la fois la CFTC et la CISC. En cumulant des fonctions représentatives dans les deux organismes, ces hommes peuvent mettre en cohérence l'orientation définie par la CISC et la politique nationale de la CFTC. De plus, jusqu'en 1958, les questions internationales sont à la CFTC du domaine du Président confédéral : c'est lui qui gère les rapports avec la CISC, l'OIT et qui entretient quelques rares rapports bilatéraux. Quelques responsables fédéraux sont impliqués à travers les FIP, elles-mêmes représentées au sein du conseil de la CISC. Le groupe des internationaux est encore relativement restreint.

Vers la constitution d'une équipe internationale

Malgré la grande quantité d'archives de la CFDT et de la CISC, il est difficile de recenser avec précision toutes celles et tous ceux à qui des "missions internationales" ont été confiées. Les corpus sont incomplets et les informations parcellaires290. La liste des délégations nationales aux congrès de la CISC291 ne figure pas systématiquement dans les rapports de

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A l'époque, le syndicat recrutait encore exclusivement des travailleurs « notoirement catholiques », et tout nouvel adhérent devait être parrainé par deux anciens. Cf. T. Burel, « Gaston Tessier », DBMOF.

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En 1952, Tessier succède à Léon Jouhaux comme délégué ouvrier aux sessions annuelles de la Conférence internationale du travail.

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Une recherche effectuée à partir du CD-ROM Maitron (CISC + CFTC) donne quelques résultats supplémentaires.

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Parfois, elle est donnée dans les rapports d'activité de la CFTC. Ainsi, au 30e confédéral de la CFTC (1959), Georges Levard indique dans son rapport que la délégation française au 13e congrès de la CISC (1958) était composée de Bouladoux, Alidières, Braun, Descamps, Jeanson, Troisgros et lui-même pour la CFTC et de

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congrès. Ceux-ci ne rendent pas compte de l'intégralité des débats. Dans le fonds de la CISC, les archives des FIP sont très réduites, surtout pour les années 1950-1960. Cependant, à travers les comptes-rendus des bureaux de la CISC292, on peut repérer quelques Français représentant soit la CFTC, soit une FIP.

De 1953 à 1961, on retrouve au bureau293 de la CISC (composé d'environ 14 membres) : Gaston Tessier en qualité de Président de la CISC (1953-1961), Madeleine Tribolati (1953- 1955), Maurice Bouladoux (1953-1961), Maurice Nickmilder (1956-1961), Simone Troisgros (1956-1961) et Eugène Descamps (1959-1961).

En 1952, Madeleine Tribolati est élue vice-présidente de la fédération internationale des syndicats chrétiens d'employés, techniciens, cadres et voyageurs de commerce (FISCETCVC), dont Jacques Tessier est Secrétaire général. C'est à ce titre qu'elle est membre du bureau. Née en 1905, elle adhère à 19 ans à la Fédération française des Unions des syndicats professionnels féminins. A la fin des années 1920, Madeleine Tribolati travaille comme Secrétaire sténo-dactylographe à l'Association internationale pour le progrès social, association de droit privé, et comme Secrétaire juridique dans un cabinet privé294. Pendant la guerre, elle occupe un autre poste de Secrétaire et au lendemain de la Libération, elle s'engage à nouveau dans l'action syndicale. Elle est élue en 1946 Secrétaire générale adjointe de la Fédération des employés et, en 1948, vice-présidente de la CFTC.

Simone Troisgros est née en 1904295. Comme Madeleine Tribolati, elle s'engage dans les syndicats professionnels féminins dans l'entre-deux-guerres. Elle est également membre de l'Union féminine civique et sociale, fondée par Andrée Butillard. Engagée dans la Résistance à Saint-Denis, elle combat la campagne en faveur de la Charte du Travail. Sollicitée par

Nickmilder (Transport), Haniquaut (Agriculture), Mayoud (Textile) et Tessier (Employés) pour les FIP. Cf. Fonds CISC, 899.

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Fonds CISC, 82.

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Nous nous limitons ici aux membres de la CFTC.

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J. Chabot, « Madeleine Tribolati », DBMOF.

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Maurice Bouladoux du fait de son expérience de syndicalisation des travailleuses, elle remplace, en 1948, Marie-Louise Danguy au secrétariat de la commission confédérale féminine et est nommée, en 1949, Secrétaire générale adjointe de la CFTC. La même année, elle est déléguée à la commission de formation de la CISC. De 1950 à 1952, elle représente le conseil féminin de la CISC au Bureau international du travail (BIT).

Maurice Nickmilder entre d'abord au bureau comme membre suppléant puis comme membre permanent à partir du 13e congrès de la CISC (1958), au titre de la FIP des transports. Né en 1906 à Paris, Nickmilder adhère en 1926 au syndicat professionnel des cheminots CFTC. La notice qui lui est consacrée dans le Dictionnaire du Maitron est très brève et ne donne aucune indication sur son activité durant la guerre.

A ce même 13e congrès de la CISC, Eugène Descamps est élu lui aussi membre du bureau au titre de la FIP de la métallurgie, dont il est le vice-président depuis 1957. Né en 1922, il adhère à la CFTC avant la guerre mais se consacre davantage à la JOC de 1936 à 1939. Réfractaire au Service du travail obligatoire au printemps 1943, il reconstitue la JOC dans le Nord de la France et participe à la Résistance296. A partir de 1946, il est responsable de la JOC d'Alsace-Lorraine. Après un passage au secrétariat général de la JOC à Paris, il devient Secrétaire permanent de l'Union régionale de la sidérurgie de Moselle (1950) avant d'être élu Secrétaire général de la Fédération de la Métallurgie en 1954. Il entre au Conseil confédéral de la CFTC l'année suivante.

Madeleine Tribolati et Simone Troisgros ont des profils très proches. Leur connaissance des questions féminines acquise avant-guerre, est mise à profit au sein de la commission féminine de la CISC.

Maurice Nickmilder et Eugène Descamps accèdent tous deux au bureau de la CISC par les FIP. Cependant, leurs profils diffèrent dans la mesure où Descamps a une expérience particulière au sein de sa fédération en encourageant cette dernière, dès le début des années

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1950, à rejoindre la FIOM, ce qui provoque un conflit avec la confédération297. Descamps se distingue aussi de ses trois collègues par son âge.

D'autre part, Madeleine Tribolati298 et Maurice Nickmilder rejoindront la CFTC maintenue après 1964 ; on peut donc les considérer comme des fidèles de la démocratie chrétienne. Quant à Simone Troisgros, même si elle reste à la CFDT, elle est conseillère municipale MRP de 1945 à 1948, ce qui la rapproche de Tribolati et Nickmilder. En revanche, Descamps est socialiste.

Bien que ce groupe constitué autour de Tessier et Bouladoux soit intégré à l'activité de la CISC, il ne pilote pas l'activité internationale au sein même de la confédération.

Les territoires d'Outre-Mer au groupe Afrique de la CISC

A l'intérieur de la CFTC, il faut distinguer ce qui concerne la communauté et les TOM, et ce qui relève de l'international. Théo Braun figure à partir de 1958 sur un organigramme comme représentant du secteur international chargé des questions européennes299. En fait, avant cette date, il est associé aux questions internationales. Il raconte, dans un entretien réalisé par le secteur des archives de la CFDT, les débats auxquels il a participé à propos de la reconstitution de syndicats chrétiens en Allemagne, c'est-à-dire au moment de la reprise des activités de la CISC. Alsacien d'origine lorraine, maîtrisant parfaitement la langue allemande, il est favorable au maintien de syndicats uniques en Allemagne, contrairement à Gaston Tessier. Théo Braun n'est pas membre du bureau de la CISC. Sans doute son rôle se limite t-il à quelques fonctions représentatives dans les organismes syndicaux de la CECA. Il siège

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Nous reviendrons plus précisément sur cet épisode dans le prochain chapitre.

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B. Béthouart, « De la CFTC à la CFTC maintenue : itinéraires chrétiens », dans B. Duriez, E. Fouilloux, A.R. Michel, G. Mouradian, N. Viet-Depaule (dir.), Chrétiens et ouvriers en France 1937-1970, Paris, éditions de l’Atelier/éditions ouvrières, 2001,p. 194-205.

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occasionnellement au comité exécutif300 ainsi qu'au bureau de l'OE-CISC, au côté de Bouladoux301.

Gérard Espéret, qui est Secrétaire général adjoint responsable de la formation et de la propagande depuis 1947, devient à partir de 1950 responsable des TOM. Dans cette tâche, il est assisté par 2 ou 3 adjoints selon les périodes. Le passage d'une fonction à une autre, bien que surprenante pour l'intéressé, n'est pas le fruit du hasard :

"Fin 48, un jour Adam, le père Adam, qui vient et nous dit : j'ai des nouvelles de l'Afrique.

C'est lui, comme il était le secrétaire administratif, il suivait les nouvelles d'Afrique, il leur répondait gentiment. "Les gars de la Côte d'Ivoire nous demandent de venir absolument tout de suite parce qu'ils sont coincés par les communistes et on est en train de leur casser la gueule et de leur arracher tout ce qu'ils ont. Il faut venir." Alors, on se tourne vers moi, on me dit "c'est toi la propagande". L'Afrique, moi je ne connaissais rien, rien que ce qu'on pouvait connaître d'ici ou là. D'un seul coup, et bien j'ai dit oui. Je suis parti. La gouvernement m'a avancé mon billet plus on m'a donné je crois une somme et puis démerde toi. Alors j'ai eu mon billet qui faisait toute l'Afrique noire francophone avec un passage d'ailleurs par les copains du Congo Belge, il fallait bien voir. Me voilà parti. Je suis parti quatre mois comme ça, j'ai fait toute l'Afrique noire.302"

Gérard Espéret obtient la création d'un secrétariat d'Outre-Mer, contribue à l'organisation d'un premier congrès panafricain (en Afrique francophone) en 1950 et œuvre pour l'autonomie des centrales syndicales en Afrique et en Asie303.

300

J.M. Pernot, Dedans- Dehors…op.cit., p. 497.

301

Fonds CISC, 899.

302

Fonds CFDT, Entretien de Gérard Espéret, réalisé par Pierre Autexier et Louisette Battais, le 29 octobre 1985.

303

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L'empire colonial français constitue une ressource pour la CFTC qui y est implantée. Un rapport de Théo Grinevald304 renforce l'idée selon laquelle la CFTC revêt une importance stratégique pour la CISC.

Lors du 26e congrès de la CFTC (1951), les débats sur les questions internationales animent l'assemblée305.

André Jeanson contre attaque à l'intervention de Paul Vignaux, en expliquant que l'adhésion à la CISL remettrait en cause l'existence même du syndicalisme chrétien, ce qui poserait de fait la question des relations avec FO. Théo Grinevald qui assiste au congrès au nom du BIT est sensible aux interventions des délégués de la communauté et des territoires d'Outre-mer. Il rapporte que Fraudeau, de l'Union départementale d'Alger, est favorable au maintien dans la CISC, même s’il souhaite que les relations CISC-CISL s'améliorent. En effet, il considère le rôle de la CFTC comme prépondérant en tant qu’organisation libre, FO étant pratiquement inexistante en Algérie. Basse, le délégué du Sénégal, dénonce la politique nationaliste de la CISL qui propose aux syndicats locaux l'adhésion directe à la CISL. Jouan, le délégué du Vietnam, évoque aussi la propagande de la CISL sur son territoire et surtout les comportements corrupteurs des Américains.

" Nous n'hésitons pas à croire que ce débat est unique dans les annales du monde syndical.

Un certain nombre d'observateurs et de militants étaient d'ailleurs conscients du fait que la position de la CFTC serait déterminante quant à l'avenir de la CISC. Cela me fut confirmé par Serrarens qui m'invita à dîner à la suite de ce débat, considérant qu'une autre issue ne l'eût pas maintenu Secrétaire général de son internationale. En ce qui concerne le vote émis par le congrès, il faut noter que la majorité a obtenu 68.3% des voix contre 63.4 % au comité national d'avril 1950. Cependant, la CISC, ainsi que la CISL devront tenir compte de l'attitude de la CFTC", conclut Théo Grinewald306

.

304

Fonds CISC, 899. « Rapport de Théo Grinevald, représentant le BIT au 26e congrès de la CFTC à Paris, du 11 au 14 mai 1951 à la maison de la chimie ». Le destinataire du rapport n’est pas défini. On notera cependant que Théo participe occasionnellement aux bureaux de la CISC en tant que représentant du BIT.

305

A l'entrée du congrès une note sur la responsabilité de la CFTC et l'affiliation à la CISL présentée par Albert Détraz, Charles Savouillan, Paul Vignaux, René Mathevet et Gilbert Leclercq, est distribuée aux congressistes.

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Consciente que la référence au christianisme constitue un obstacle à son développement, la CISC réfléchit très tôt aux moyens d'attirer de nouveaux membres. Dans cette perspective, les syndicats des pays colonisateurs comme la France ou la Belgique peuvent s'avérer utiles. En 1957, le Conseil des organisations syndicales d'union française, le COSUF307 voit le jour, dans lequel Gérard Espéret est actif308.

En 1959, soit quatre ans après la Conférence de Bandoeng, la CISC organise à Saigon un séminaire centré sur les bases éthiques communes aux grandes religions mondiales, exprimant une ouverture aux travailleurs croyants non chrétiens.

A la réunion du bureau de la CISC du 6 au 9 novembre 1961, la décision est prise de créer un groupe "Afrique" pour la coordination des efforts de la CISC sur tout le continent. Celui-ci est constitué de Bouladoux, Vanistendael, Cool ; Jean Brück (CSC) et Gérard Espéret (CFTC) assurent en commun l'exécutif309. Ce dernier effectue alors de multiples missions sur le continents africain où il retrouve ses concurrents :

"Quand on a constitué un groupe Afrique, la CISC m'a donné la délégation pour l'Afrique.