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Les logiques du recrutement

3. La carrière d’entraîneur

On peut à travers les éléments recueillis auprès des entraîneurs interrogés décrire une carrière. La croissance des revenus avec l’âge est un indicateur ; la durée de vie dans l’entraînement en est un autre. Les deux tiers ont au moins dix ans d’expérience derrière eux et la durée moyenne est de 15 ans. On a donc à faire à des entraîneurs expérimentés. Moins de 5 ans 11 % 5 à 9 ans 24 % 10 à 14 ans 19 % 15 à 19 ans 14 % 20 à 24 ans 13 % 25 à 29 ans 9 % Plus de 29 ans 10 %

Tableau 13 : durée des carrières

Avoir des parents sportifs ou entraîneurs aide à entrer dans le monde du sport et dans celui de l’entraînement, mais c’est surtout le fait d’être un ancien sportif qui importe : 90 % des entraîneurs interrogés l’étaient, à un niveau international, 55 %, ou à un niveau national, 35 %.

Toujours voulu être entraîneur 31 %

Opportunité 20 %

Suite logique de la carrière sportive 18 %

Contact avec le sport qu’on entraîne 14 %

De fil en aiguille 13 %

Autre 4 %

Pas d’autre choix 1 %

Tableau 14 : comment on devient entraîneur

Devenir entraîneur apparaît comme une suite logique de la carrière sportive. Pour un tiers, c’est une véritable vocation, pour les autres il s’agit d’un passage progressif, un nombre non négligeable est d’ailleurs toujours pratiquant de son sport. L’appartenance nécessaire au milieu sportif se traduit aussi par le fait que les trois-quarts ont obtenu le poste par des contacts existant dans le monde sportif. Le passage progressif et

l’appartenance au milieu se traduisent par le fait que 71% avaient déjà occupé des fonctions d’entraîneurs à un niveau moindre et que 61% occupaient des positions de cadres sportifs.

Le fait que la mise à disposition ne concerne que 14 % des personnes interrogées est cohérent avec le fait que 16 % seulement sont professeurs de sport et va avec l’hypothèse qu’un nombre important des entraîneurs ayant répondu sont plus en position d’attente que de consécration. Mais le poids du diplôme sportif comme condition d’exercice intervient puisque, pour plus de la moitié, ils ont du passer un diplôme (professorat de sport ou brevet d’Etat) pour entrer dans la fonction.

Pour relativiser ces constats de l’importance décisive de l’appartenance au monde du sport, on notera qu’un tiers a toutefois une expérience professionnelle antérieure qui n’avait rien à voir avec le sport, ils n’étaient même pas professeur d’EPS, sauf qu’ils étaient des sportifs.

Le fait que certains aient répondu qu’ils étaient devenus entraîneurs par opportunité ou parce qu’ils n’avaient pas le choix nous met sur le terrain familier, celui de la reconversion des sportifs qui, après leur carrière et les sacrifices qu’elle a nécessité, souhaitent se mettre à l’écart du monde sportif, puis voient dans l’entraînement une réponse satisfaisante à la question des orientations professionnelles car c’est le monde sportif qu’ils connaissent le mieux. Cela peut aussi nous conforter dans l’idée que l’engagement dans une activité de passion, c’est le cas du sport, qui offre des gratifications qui incitent à prolonger sa carrière sportive peut aussi contraindre à durer dans cette activité, en devenant entraîneur ou préparateur physique ou mental, parce qu’on la connaît bien et qu’on y est introduit.

Ce qui peut expliquer que la durée de vie dans la fonction d’entraîneur soit de 15 ans et de 7 ans. Par comparaison, la position d’entraîneur national est plus problématique : 63 % sont en poste depuis moins de cinq ans soit la durée d’une olympiade, 8 % d’entre eux étant en fonction depuis plus de 15 ans. Outre l’appartenance à l’administration qui constitue pour une partie des personnes interrogées un motif de maintien dans la fonction, le maintien dans la carrière va de paire avec l’augmentation des gains procurés par l’activité : plus on dure, plus on gagne, ce qui correspond à la situation des agents titulaires inscrit dans une grille de

rémunération, mais qui peut correspondre aussi à la situation de ceux qui ont su cumuler diverses activités liées à l’entraînement comme on l’a vu précédemment.

On terminera par une hypothèse, celle selon laquelle la vie d’entraîneur est faite de cycles. Si on croise l’optimisme ou l’idée d’abandonner le métier avec la durée dans le métier ou l’avancement dans l’âge, on peut décrire des mouvements de satisfaction ou d’insatisfaction. Ainsi, jusqu’à cinq ans dans le métier, on est dans une phase d’optimisme ; une ancienneté plus grande fait tendre au pessimisme ; si on dépasse ce stade, 10 à 15 ans de carrière correspond à une plus grande sérénité ; au-delà de 15 ans, on est pessimiste car confronté aux limites de l’évolution de sa carrière. On pourrait mettre ces données, qui ne sont que des hypothèses, en rapport avec celles qui sont relevées dans les manuels de management qui s’attachent à définir des cycles dans la vie des salariés. Car si l’âge apporte des avantages en terme de revenus, c’est aussi un élément d’usure : si on a plus de 15 ans de métier, on a plus envie d’abandonner et la période située entre 40 et 49 ans est la plus critique. Mais on est plus sûr de son estime de soi à partir de 45 ans tandis que les moins de 30 ans ont l’enthousiasme de la jeunesse. C’est au moins comme cela qu’on pourrait interpréter ces mouvements. On ajoutera qu’être une femme dans un métier d’homme rend moins optimiste et qu’on a un peu plus envie d’abandonner.

Moins de 30 ans 47 % 30-34 ans 51 % 35-39 ans 50 % 40-44 ans 55 % 45-49 ans 56 % 50 ans et plus 43 %

Chapitre 3.