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Partie II - Support spatial et mesure de la biodiversité

1. Contexte et problématique

1.1. La biodiversité : diverses acceptions et dimensions

Le mot de « biodiversité » est composé de deux termes : biologie et diversité, qui déterminent l’expression « diversité biologique ». Pour rendre cette expression plus efficace en termes de communication, le mot « biodiversité » a été inventé. Le concept de « Biodiversité » apparaît pour la première fois en 1988 dans un livre publié par l’entomologiste américain E.O. Wilson. Depuis, le terme et le concept sont utilisés par les biologistes, écologistes, géographes, etc., qui, s’inquiétant de la destruction rapide de milieux naturels, tels que les forêts tropicales, réclament que la société prenne des mesures contre les activités humaines qui détruisent ces milieux (Lévêque & Mounolou, 2001). Le concept de biodiversité a ensuite été repris par les politiciens et par les media. Cela conduisit à la première conférence internationale sur la biodiversité, qui eu lieu au Rio de Janeiro en juin 1992, où les pays participants signérent une convention qui vise à protéger et à restaurer la diversité du vivant, en définissant la biodiversité par :

« la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes ».

Cette convention a été ratifiée en 2005 par 188 pays, en insistant sur le devoir humain de conservation et de gestion durable et équitable de la biodiversité. À l’échelle européenne, le sommet de Göteborg en 2001 a posé la question du déclin de la biodiversité en Europe, en demandant la mise en place de principes de lutte à l’horizon 2010, puis au-delà.

La nature de tout ce qui entoure la biodiversité en fait un concept important, mais également extrêmement obscur (McElhinny et al., 2006). Depuis la conférence de Rio (1992), le terme

de biodiversité connaît différentes acceptions, appréhendées par des philosophes, des économistes et des écologistes de différentes manières (Jutro 1993). Mais un lien évident entre ces différentes approches manque toujours (Lévêque & Mounolou, 2001 ; site web 1).

Parmi le grand nombre de définitions de la biodiversité, un certain nombre, d’importance, ont été retenues ici. Wood (1997) a considéré que le terme de biodiversité se rapporte à des différences à l'intérieur et entre les objets biologiques à tous les niveaux d'observation. Hunter (1990) a défini la biodiversité par la diversité de la vie sous toutes ses formes et à tous ses niveaux d'organisation, y compris les structures écologiques, les fonctions, et les processus de tous niveaux. La biodiversité a été caractérisée de la même façon par la Society of American Foresters (1991). Hubbell (2001) a expliqué que la biodiversité est un synonyme de la richesse spécifique et l'abondance relative d'espèces dans l'espace et le temps.

La biodiversité peut être considérée comme un facteur de stabilité des écosystèmes (Bengtsson et al., 2000) : un écosystème diversifié présente une meilleure résistance aux bio-agresseurs, car si une espèce se trouve amoindrie par un agent pathogène, les autres espèces assurent à sa place le fonctionnement de l’écosystème (photosynthèse, décomposition de la matière organique, etc.) (Site web 2). La biodiversité peut être également une conséquence de perturbations (Deconchat, 1999).

La définition actuelle de la biodiversité ne suffit pas, pour des raisons théoriques et pratiques. Tout d’abord, cette définition ne prend pas en compte les difficultés conceptuelles liées aux différents niveaux qui constituent la biodiversité : gènes, espèces, écosystèmes, paysages. De plus, elle mentionne peu les problèmes pratiques et techniques concernant l’inventaire de la biodiversité. Et enfin, cette définition méconnaît les incommensurabilités existant entre les différents niveaux (Perlman & Adelson, 1997).

Crow et al. (1994) ont identifié trois larges types ou sous-groupes de biodiversité. La « diversité compositionnelle » concerne la composition en espèces d’un peuplement. Elle présente donc la richesse spécifique et la diversité génétique. La « diversité structurelle » peut être caractérisée par la distribution horizontale ou verticale des plantes, leur hauteur, le

nombre de classes d’âge à l’échelle du peuplement. La « diversité fonctionnelle » est décrite par des processus écologiques, tels que la fixation d’azote, la décomposition, le flux d'énergie, et les relations trophiques. Chacun de ces types inclut plusieurs niveaux d’organisation : le gène, l’espèce, l’écosystème et le paysage.

Chacun des types et des niveaux de biodiversité est exprimé à une série d’échelles spatiales (Roberts & Gilliam, 1995). Rameau (1999) a indiqué quatre échelles spatiales de la diversité en forêt : l’échelle de l’arbre, l’échelle du peuplement avec son mélange d’espèces, sa densité et sa structure spatiale qui agissent sur les facteurs physiques, comme la lumière et le bilan hydrique, l’échelle du massif forestier avec une mosaïque des peuplements forestiers contigus ou discontinus et enfin l’échelle de l’écocomplexe.

Whittaker (1972) a décrit trois termes de biodiversité selon l’échelle spatiale : alpha, bêta, et gamma. La « diversité alpha » se rapporte au nombre d'espèces dans les petits échantillons homogènes, la « diversité bêta » reflète la modification de la diversité alpha lorsque l’on passe d’un écosystème à un autre dans un site, et la « diversité gamma » correspond à la richesse en espèces au niveau régional ou géographique. La diversité bêta est la diversité la plus étudiée, elle s’applique souvent aux études concernant la composition spécifique (Magurran, 1988). Une analyse de biodiversité globale appelle donc généralement une identification du type considéré (compositionnelle, structurelle ou fonctionnelle), du niveau d’organisation (gènes, espèces, écosystèmes ou paysage), et des échelles d’observation (spatiale et temporelle, Noss, 1990).

Dans cette étude, nous considérons que la diversité spécifique est une diversité importante, en raison du rôle fondamental que les espèces jouent dans la structure et la fonction des écosystèmes forestiers. Nous nous intéressons donc à la diversité compositionnelle au niveau des espèces et à l’échelle du massif. En fait, le terme de biodiversité utilisé dans ce travail correspond à la composition en espèces principales de l’étage dominant du massif forestier. Par conséquent, il convient de ne pas confondre notre définition relativement étroite avec le concept le plus large de biodiversité.