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La BDP intra muros

Dans le document 31 : Inde (Page 70-73)

Maison d'arrêt de Bordeaux, à Gradignan.

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Culture en prison : où en est-on ? Actes des rencontres nationales [25 et 26 avril 2005, Comédie de Valence (Drôme)], Fédération interrégionale du livre et de la lecture, FILL, 2006, 224 p., 25 x 17, 5 cm. ISBN 2-915327-21-1

Cette publication sera capitale pour qui se soucie de voir les personnes placées sous main de justice, prévenues ou condamnées, accéder au droit à la culture, universel et fondamental.

En une séance d’ouverture, onze ateliers et une plénière, les multiples intervenants ont réussi à aborder tous les sujets afférents au thème, laissant au lecteur une impression contrastée. En effet, bien des choses ont été réalisées dans les prisons françaises depuis les Rencontres de Reims (1985) : des projets aboutis, satisfaisants pour les artistes, les écrivains, les personnels des minis- tères de la Culture et de la Justice, dans le cadre de la politique du livre et de la lecture élargie en 1997 à l’ensemble des champs culturels ; des réalisations vécues comme des moments intenses de rencontre et de beauté, mais trop souvent l’expression d’un discours de « l’exploit » selon le mot de Dominique Chavigny (Inspecteur général de l’administration des affaires culturelles).

Avec une indéniable sincérité, les parti- cipants ont débattu des obstacles struc-

turels qui entravent la mise en œuvre de ces projets : difficulté à assurer la

pérennité des actions ; clivage entre les tenants de la culture comme bien com-

mun à découvrir et ceux qui revendi quent les bons usages de la culture pour

une réinsertion sociale compliquée ; paradoxe entre l’affirmation des droits

pour les prisonniers et leur violation légitimée par un règlement intérieur

où toute expression est assujettie au principe sécuritaire ; contradiction entre

la volonté de former des personnels pénitentiaires et la réalité plutôt limitée

à une information élémentaire ou à une sensibilisation superficielle ; écart

impressionnant entre la mission bien définie des Services pénitentiaires d’in-

sertion et de probation (SPIP) et les moyens dérisoires affectés (on parle très

justement d’insuffisance chronique pour les bibliothèques et on déplore l’ab-

sence totale d’espaces culturels, les salles polyvalentes valant surtout pour

les activités sportives). Pourtant, l’enjeu majeur est clairement défini : les

citoyens emprisonnés doivent pou- voir continuer à se construire comme êtres

humains, à développer une sensibi- lité, à rencontrer l’autre, comme dit si bien

le FASILD, partenaire des services de l’État. Comment faire ? Jane Sautière

(SPIP) plaide avec conviction pour que le droit à la culture soit formellement

inscrit dans les règlements intéri- eurs des établissements pénitentiaires et

que ceux-ci soient accessibles aux prisonniers. Le service public de la culture ne doit pas être une occupation, un divertissement, une distraction, mais plutôt un grand dérangement, une possibilité d’ouvrir les portes. S’adonner à une activité culturelle, c’est sortir d’un rapport contraint au monde. Nicolas Frize qui animait l’atelier le moins fréquenté, « Culture et formation profession- nelle », dira que le défi pour l’artiste est d’être en situation de « transmettre… de l’intransmissible, de l’indicible, de l’immatériel, du sensible ».

Alors « culture en prison : où en est-on ? ». Un temps se profile où tout peut basculer. Michèle Sales (Arpel) a su dire avec décision la dialectique qui permettrait d’assurer la réalité des projets culturels en établissement pénitentiaire, mais en femme de terrain avertie, elle a laissé poindre son angoisse devant les portes de fer sur lesquelles viennent buter les meilleures propositions culturelles. Il s’agit en effet de réfléchir sérieusement aux murs immatériels de la prison. La reconnaissance de la dignité des prisonniers, la suppression des exceptions au droit commun, la synergie de tous les services publics (État et collectivités terri- toriales) sont les conditions premières permettant aux détenus d’être acteurs de l’offre culturelle. La culture en prison, ce n’est plus la démocratisation de la culture, ni l’élargissement des publics, c’est une invention fondamentale que nous devons imaginer. L’ouvrage multimédia (un DVD présente la conférence/entretien du philosophe Bernard Stiegler qui passa cinq ans en prison) se clôt sur un ensemble précieux de références documentaires et de lieux de ressources.

Philippe Pineau i- e s i p l p p u m po sa l’e voi lité de que eur

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muni du catalogue, circule donc dans les étages et gère les emprunts. Aux quartiers des femmes et des fins de peines, les bibliothèques sont acces- sibles après inscription des volontaires sur une liste contrôlée.

La fréquentation de la bibliothèque des mineurs est gérée par la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse), qui y planifie aussi l’ensemble des actions culturelles. Quartier Hommes

• Désherbage : la bibliothèque du QH, « sinistrée » depuis plusieurs mois en raison de l’absence d’un profession- nel du livre, a d’abord eu besoin d’un nettoyage intensif. Commencé dès le premier jour, il se poursuit encore avec l’aide du détenu classé.

• Formation de l’auxiliaire bibliothé- caire : cette bibliothèque a la chance de profiter de l’action et de l’investis- sement d’un détenu engagé dans son travail, proposant des initiatives intel- ligentes. Il se charge du traitement des documents après avoir reçu une formation initiale au catalogage et au fonctionnement général de la bibliothè- que par l’intervenante BDP à laquelle échoit l’indexation.

• Acquisitions et animations : les nouveautés, comme des animations thématiques (lectures à voix haute de poèmes, présentation d’auteurs) sont proposées tous les trois mois au Forum du Livre, dans une salle en amphithéâ- tre prévue pour accueillir une cinquan- taine de détenus. Ces forums sont l’unique occasion de rencontrer ce public spécifique.

Quartier Femmes

Le travail effectué dans cette biblio- thèque est le même que celui du QH avec toutefois plus de cohérence, une meilleure organisation, et avec le bénéfice de l’accès libre. Le local est équipé de manière à recevoir un public et à permettre des animations (accueil d’auteurs, ateliers d’écriture…). L’instabilité des auxiliaires biblio- thécaires (4 en 6 mois) demeure le prin- cipal problème, tout comme au bâti- ment B, le quartier des fins de peine et des mineurs. Chaque nouvelle détenue classée doit être formée au catalogage et à l’usage du logiciel documentaire pour l’enregistrement des emprunts. Bâtiment B (pavillon des fins de peine)

Cette bibliothèque est la seule à auto- riser l’intervention de bénévoles. Elle

fonctionnait très bien jusqu’à ce qu’un problème informatique soit détecté, bloquant provisoirement toutes les activités. L’ordinateur a été remplacé et le problème du choix du logiciel documentaire s’est posé : quel logiciel gratuit télécharger ? Comment récupé- rer les anciennes notices ? Le référent informatique de la BDP a résolu le pro- blème, ce qui va permettre de former le bibliothécaire classé et de continuer à avancer.

Intervenir en prison expose à des situa- tions insolites, à des problématiques typiques. Les difficultés sont nombreu- ses (formation incessante des biblio- thécaires classés, complexité de l’admi- nistration et pléthore d’interlocuteurs, fonctionnement des bibliothèques lié à la motivation des bibliothécaires clas- sés…). Néanmoins, les points positifs existent également et sont très grati- fiants, comme l’engagement des parte- naires sur le terrain, la reconnaissance des détenus face aux actions menées, le sentiment d’évolution... et, surtout, l’intérêt propre de cette intervention ! La situation peut s’améliorer, il faudrait, par exemple, multiplier les animations autour du livre, déménager la biblio- thèque des hommes pour en permettre le libre accès... Mais nous savons que la notion de durée n’est pas la même en prison, que les projets se construi- sent dans le temps et qu’il est, en ce lieu plus qu’ailleurs, nécessaire de voir à long terme ...

Marianne Terrusse BDP de la Gironde

La convention Lire à Saint-Étienne

L'objectif de la convention signée en décembre dernier par l'associa- tion Lire à Saint-Étienne, le Spip, la Maison d'arrêt et l'association socio- culturelle des détenus était de déve- lopper la lecture et les animations autour du livre à la Maison d'arrêt de La Talaudière. Elle vise à formaliser les efforts accomplis par les différents acteurs afin de promouvoir la lecture en milieu pénitentiaire: débats lit- téraires dans la bibliothèque de la Maison d'arrêt, rencontres avec des écrivains, concours de nouvelles et l'objectif « 500 mots » qui s'inscrit dans le cadre de la lutte contre l'il- lettrisme. Autour de Jacques Plaine, les bénévoles proposeront une année 2007 particulièrement riche.

Les chemins

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