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gt; Pleins feux sur les questions de structure

Dans le document 31 : Inde (Page 63-65)

L’ADBU avait choisi d’axer la journée d’étude centrale de son 36e congrès sur

les questions d’organisation des servi- ces documentaires des universités, vingt ans après le décret fondateur des SCD et SICD 8. À cela plusieurs raisons : tout d’abord, l’enquête approfondie réalisée sur le sujet par l’inspecteur général Denis Pallier ; ensuite, les évolutions institu- tionnelles actuellement à l’œuvre dans les universités, notamment autour de la création des Pres 9, et qui affectent forte- ment les BU 10 en remettant à l’ordre du jour les questions de coopération docu- mentaire interétablissements, quand ne sont pas carrément envisagés des fusions ou regroupements. L’on est là très clairement à rebours du mouvement à l’œuvre dans le sillage de la réforme de 1968 et de la décentralisation, qui avait vu la multiplication des universités et de leurs antennes délocalisées, partant, globalement, celle des entités documen- taires qui leur étaient attachées. Pour introduire cette problématique, Denis Pallier avait accepté de procéder à une synthèse de son travail sur les organigrammes et la structure des SCD et SICD. De cette étude, plusieurs points saillent, amorces ou indicateurs d’une évolution nettement en cours :

• le décret de 1985 avait fait de la section thématique l’unité de base des SCD, sur un modèle très décentralisé. Le manque de moyens chronique des SCD et les nécessités du pilotage, renforcées dans les années 1990 par la montée de la con- tractualisation et actuellement par le pro- cessus de mise en œuvre de la LOLF 11, ont conduit les SCD à étoffer le rôle du pôle de direction, en charge aujourd’hui de fonctions devenues essentielles, au- delà de la simple gestion administrative : principalement le pilotage et l’évaluation, l’animation de gestion sur un mode de plus en plus managérial, et la coordina- tion des missions transversales des SCD, dont l’importance va crescendo ; • c’est par ailleurs l’assomption de plus en plus marquée de ces missions trans- versales, ou temporaires, dans le cadre des volets documentaires des contrats quadriennaux, qui ont poussé certains SCD à renverser leur organigramme afin de mettre en place des organisations départementalisées en grandes unités fonctionnelles (politique documen- taire, services aux publics, traitement

L’ADBU renouvelait aussi en 2006 son conseil d’administration. Ont été élus ou réélus : Marie- Dominique Heusse (présidente), directrice du SICD de Toulouse ; Hélène Chaudoreille (vice-prési-

dente), directrice du SCD Paris 3 ;

Corinne Touchelay (secrétaire géné-

rale), directrice du SCD de Tours ;

Françoise Truffert (trésorière), direc- trice adjointe du SCD Lille 3 ; Marie- Annick Cazaux, directrice du SCD de Pau ; Daniel Eymard, directeur du SCD de Toulon ; Frédéric Saby, directeur du SICD Grenoble 2 et 3 ; Géraldine Baron-Fortier, chef de section au SCD du Littoral ; Thierry Samain, chef de section au SCD de Limoges ; Christophe Pérales, direc- teur adjoint du SCD de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

11. Loi organique relative aux lois de finances du 1er

août 2001.

7. Bibliothèques en chantier : constructions, exten-

sions, restructurations, actes du 35e congrès national

de l’ADBU, publiés avec le concours de la SDBIS, en vente sur le site de l’ADBU.

8. Décret n° 85-694 du 4 juillet 1985, modifié par le décret

n° 91-320 du 27 mars 1991, sur les services de la docu- mentation des établissements d’enseignement supérieur relevant du ministère de l’éducation nationale.

9. Pôle de recherche et d’enseignement supérieur.

10. Cf. Hervé Colinmaire, « Des bibliothécaires sous

Pres » in Bibliothèque(s), n°30, p. 38.

4. http ://www.education.gouv.fr/cid291/bibliofil-le-

referentiel-de-la-filiere-bibliotheque.html.

5. Formation à l’information scientifique et technique.

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congrès de l’ADBU a également permis au conseil d’administration de présen- ter son programme d’action pour 2007. À l’ordre du jour :

• le développement d’outils et d’experti- ses mutualisées, relativement aux nou- veaux services aux publics mis en œuvre par les SCD, et à leur évaluation : forma- tion à la recherche documentaire, avec le suivi du dispositif SInFoDoc, expertise sur les archives ouvertes et les environ- nements numériques de travail, en lien avec les systèmes d’information docu- mentaires, démarche qualité avec l’expé- rimentation des enquêtes Libqual+, bien connues des BU nord-américaines 13 ;

• la poursuite des travaux sur les réfé- rentiels, à travers la participation de l’ADBU à l’observatoire des métiers et des compétences, et son suivi attentif de la réforme de la formation initiale des conservateurs et bibliothécaires en cours à l’Enssib ;

• le toilettage de la formule du congrès annuel, qui sera plus ouvert aux non- adhérents, et dont le salon profession- nel sera appelé à jouer un rôle plus important, au niveau régional ;

• l’accent mis sur la question des moyens, à travers les dossiers de l’emploi étudiant, de la modulation des droits de bibliothèque en fonction des grades du LMD 14, et de deux enquêtes qui seront conduites en 2007, l’une au niveau national, l’autre, comparative, entre la France, les principaux pays européens et les États-Unis. Les premiers résultats de cette étude internationale, présentés lors du 36e congrès à Grenoble, s’annon-

cent dévastateurs, en terme d’image à l’étranger : les BU espagnoles par exem- ple, très en retard sur leurs homologues françaises il y a quinze ans à peine, nous sont aujourd’hui passées devant... On rêve aussi, de ce côté des Pyrénées, d’un tel volontarisme politique.

Christophe Péralès, directeur adjoint du SCD de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

documentaire, système d’information, etc.) plutôt qu’en sections thémati- ques. Fait significatif, dans leur version la plus aboutie, ces recompositions se sont principalement opérées dans des SCD peu ou prou monosites. Mais il est à noter que même dans les SCD multi- sites, le même mouvement s’observe : développement des services transver- saux et tentatives – même partielles – de regroupement d’unités en entités plus fonctionnelles que disciplinaires, chaque fois que cela est possible ; • illustration de cette évolution, le déve- loppement, l’apparition ou la mutation de certaines fonctions, voire de certains métiers : les postes d’adjoint au direc- teur ou de directeur-adjoint se sont multipliés, sans que l’on puisse en tra- cer un profil-type, la fonction n’ayant pas d’assise statutaire. De même, l’on a vu apparaître, massivement, des fonc- tions de responsable de la formation continue, des ressources électroniques, du réseau des bibliothèques associées (bibliothèques de facultés et/ou de laboratoires), de la formation des usa- gers, de la construction et de la logis- tique, etc., toutes fonctions qui induisent de nouvelles compétences, particulière- ment chez les agents de catégorie A, des redéfinitions de missions, notamment chez les bibliothécaires et bibliothécai- res adjoints spécialisés (BAS). Bref, des évolutions des métiers dont il est encore difficile de prendre la pleine mesure, et qui se conjuguent, en BU bien plus qu’en lecture publique, avec les évolutions à l’œuvre liées au développement rapide de la documentation électronique et des systèmes d’information.

Après un apport théorique d’Yves Winchenne (GPB Conseil) sur le pilo- tage de la réorganisation fonctionnelle, plusieurs témoignages sont venus

illustrer ou détailler les propos de Denis Pallier : Frédéric Saby a exposé très concrètement la démarche sui- vie au SICD de Grenoble 2 et 3 pour aboutir à une départementalisation quasi complète de son service. Sylvia van Peteghem (Université de Gand) a témoigné d’une problématique proche dans un contexte institutionnel diffé- rent, où il s’est agi d’articuler le fonc- tionnement de la bibliothèque centrale qu’elle dirige avec pas moins de 225 bibliothèques de facultés et de labo- ratoires... Marie-Dominique Heusse a évoqué le cas particulier mais promet- teur, dans le cadre des Pres, des SICD de mission, à travers l’exemple de celui qu’elle dirige à Toulouse. Enfin, Pierre Carbone, directeur du SCD de Paris 12- Val-de-Marne a dressé un tableau syn- thétique de l’extraordinaire complexité de la carte documentaire universitaire parisienne 12, qui avait donné lieu en 1991 à des compléments au décret de 1985, sans qu’il ait été pour autant possible de véritablement ramener les structures héritées de l’éclatement, en 1970, de la bibliothèque de l’Université de Paris au strict cadre idéal du SCD tel que souhaité par le réformateur. La journée d’étude s’est close sur deux tables rondes : la première, animée par Jean-Claude Annezer, directeur du SCD Toulouse 2-Le Mirail, autour de la ques- tion de l’évolution des métiers induite par les réorganisations fonctionnelles à l’œuvre aujourd’hui dans les SCD ; la seconde, modérée par Iris Reibel- Bieber, directrice du SCD Strasbourg 1- Louis Pasteur, entendait tracer quel- ques pistes dans le contexte actuel de recomposition du paysage universitaire français, notamment sous l’impulsion des Pres, contexte qui appelle peut-être à redéfinir la structure documentaire des universités, ainsi que le rôle, les missions et les statuts des BU.

> Chantiers 2007

Clos par différentes visites, son tradi- tionnel dîner de gala et l’intervention toujours attendue des tutelles, le 36e

D. R.

12. Cf. Pierre Carbone, « Les BU d’Ile-de-France » in

Bibliothèque(s), n°30, pp. 14-19.

13. Voir www.libqual.org/.

14. Licence Master Doctorat : découpage européen des

cursus universitaires se substituant à l’ancien décou- page DEUG, Licence, Maîtrise, DEA, Doctorat.

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Voulues par le conseil régional d’Aqui- taine, ces assises s’inscrivent dans le droit fil de son action dynamique et obstinée pour la défense de la lecture et de la chaîne du livre dans la région. Inscrites par son président, Alain Rousset, dans le combat plus général pour la diversité culturelle, elles souhai- tent en accroître la visibilité et l’effica- cité. Évoquant le protocole État-région signé en 2003 (1 M€) et le recensement par l’ASFORED de 30 maisons d’édition structurées en Aquitaine (CA : 8 M€), il insiste sur la nécessité d’accompagner les constructions et les équipements nouveaux d’une aide à l’Internet. François Brouat, directeur de la Drac Aquitaine, voit dans l’Association des librairies Atlantique et l’Association des éditeurs indépendants d’Aqui- taine le reflet d’un tissu éditorial aussi riche que fragile. La « politique exem- plaire » menée dans la région se doit donc d’être à l’écoute de leurs besoins. Plateforme d’échanges, ces premières Assises devraient stimuler des rencon- tres interrégionales.

> Éditer, quel métier !/?

C’est à Bertrand Legendre, directeur du master d’édition à Paris 13-Villetaneuse, qu’il revient d’introduire les tables ron- des de ces deux journées, denses et attentivement suivies par près de 300 professionnels et étudiants. D’une ques- tion duelle – « Jusqu’où est-on petit, et comment cesser de l’être ? » – il relève les ambiguïtés de l’état de « petit édi- teur » que certains refusent et d’autres revendiquent. La forte évolution techno- logique a facilité la transformation d’une passion en activité professionnelle

aussitôt découragée par les rudesses du marché. L’enthousiasme cède alors à l’aigreur. Le fort taux de mortalité de ces maisons d’édition – 80% ont moins de 10 ans, et 50% moins de 5 – incite à réfléchir au sens de l’engagement dans la fonction éditoriale. Face aux difficul- tés de la diffusion, sommé de choisir entre l’attitude de l’artiste et celle du manager, l’éditeur tend à se replier sur des pratiques d’animations en négli- geant le réseau de la librairie, et nombre d’entre eux se tiennent à distance de la filière. Le développement des pratiques

de médiation dans les années 1980 où bibliothèques et librairies jeunesse ont tenu le premier rôle est maintenant con- tenu, voire contredit par la publicité et la best-sellerisation. Dans ce contexte, B. Legendre conclut en insistant sur l’im- portance d’un travail de micro-actions menées sur le terrain, crucial dans la durée.

Les trois parcours exposés lors d’une première table ronde « Profession édi- teur : métier ou vocation » mettent en évidence les tensions susmentionnées et leur arrière-plan politique. Susan Juul, co-fondatrice des éditions Gaïa, raconte l’histoire emblématique d’une

enseigne née, en 1991, d’un constat de carence en matière de traductions du fonds nordique. Les premiers obstacles franchis un à un (diffusion, visibilité), les embûches de la réussite négociées – succès de Jørn Riel, cession de titres en format poche –, l’entrée d’Actes Sud dans le capital est une réponse à une évolution qui lui apparaît comme une marche forcée (« ne pas avancer, c’est reculer »). Dans ce contexte, sa conclu- sion lâche comme un soupir de soula- gement : « Nous sommes très contents de ne plus être indépendants ! » Vision à laquelle Thierry Discepolo oppose la logique militante qui a porté Agone depuis 1990 et son principe : « faire moins pour faire mieux », accorder plus de temps à la fabrication, aux librai- res. Se passer de la presse revient à privilégier le long terme. Une position que partage Pierre Gaudin qui date le vrai début de Créaphis (25 ans en 2007) à sa présence régulière en librai- rie. Celle-ci a appelé la création d’un outil, Inextenso, structure de diffusion commune à une quarantaine de petits éditeurs… dont il annonce l’arrêt immi- nent. Internet apparaît alors comme un instrument stratégique qui viendrait en appui du travail en librairie en assurant une vitrine à l’intégralité du fonds, la vraie richesse de l’éditeur.

L’intitulé de ces Assises ne favorisait pas la clarté dans un débat quelque peu usé : entre les petits absorbés et les gros indépendants, il faut accommoder souvent pour tenter d’y voir clair. Il est par exemple malaisé de simplifier sans caricaturer, d’embrasser uniment le par- cours ascendant d’Olivier Rubinstein, fondateur du Dilettante, puis des Mille et une nuits, désormais directeur de

Le malaise croît dans la chaîne du livre. Tiraillée entre des groupes éditoriaux menacés d’obésité et

des éditeurs indépendants qui font de maigreur vertu, la galaxie Gutenberg est à l’image de notre

planète en crise. Ces premières assises pourraient préluder à un « sommet altermondialiste » de

l’édition. Le livre est-il encore un feu précieux ou bien un combustible comme un autre ?

« Ils sont grands ces petits ! »

Dans le document 31 : Inde (Page 63-65)