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L E SENTIMENT D ’ APPARTENANCE DES MEMBRES A LEUR LOCALITE D ’ ORIGINE

CHAPITRE 4 PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

4.1 L E SENTIMENT D ’ APPARTENANCE DES MEMBRES A LEUR LOCALITE D ’ ORIGINE

sentiment d’appartenance vis-à-vis la localité qu’ils représentent dans l’association. Ce sentiment d’appartenance se base sur plusieurs aspects, parmi lesquels : la présence de membres de la famille vivant toujours dans la localité, leur lieu de naissance et leur enfance dans la localité d’origine, le patrimoine et les personnages historiques attachés à la localité d’origine, ou encore les attraits ou les charmes de la localité d’origine. C’est le cas d’une majorité de répondants. Par exemple, l’un d’eux s’exprime : « Concernant mon sentiment d’appartenance à [la localité], c’est que mes parents sont originaires de cette localité. Je suis né et grandi là. Ensuite j’y ai fait mes études primaires également » (P-012-M).

Si pour ce participant c’est son vécu dans la localité qui renforce son sentiment d’appartenance, pour une autre participante c’est plutôt la spécificité de sa localité par

rapport à toutes les autres qui renforce son sentiment d’appartenance : « [la localité] c’est [la localité], c’est chez moi. Il n’y a que là que je me sens à l’aise. Quand je suis à Port-au- Prince ou au Cap-Haitien, je ne suis pas bien. Je suis bien juste à [la localité]. Je me sens chez moi, même l’air que vous respirez n’est pas pareil » (P-003-F).

Ce sentiment d’appartenance manifesté envers la localité d’origine permet à la diaspora de garder contact et d’être présente dans la localité quand la situation le permet. Selon nos interviews, en dehors des activités des associations, les Haïtiens de la diaspora retournent en Haïti pour voir des membres de la famille, assurer le suivi de leurs biens, et surtout pour participer aux fêtes patronales. À la question touchant l’existence d’un évènement particulier qui permettrait aux gens de la diaspora de se rendre dans leur localité d’origine, tous les répondants ont mentionné la fête patronale de la localité comme évènement de choix qui rassemble un grand nombre de la diaspora. Quoique les localités soient décrites comme des lieux de souvenirs pour la plupart de nos répondants, certains des membres actifs des associations de la diaspora ne sont toutefois pas des natifs des localités où ils s’engagent. Ainsi, leur sentiment d’appartenance pour la localité en question est venu grâce à la connaissance d’un(e) conjoint(e), des parents ou des amis(es) qui sont originaires de cette dite localité. C’est le cas de cette répondante dont le sentiment d’appartenance est plutôt manifesté par le fait que l’un de ses parents est originaire de la localité : « Non non, je suis née à Port-au-Prince […] Ma maman est originaire [de la localité] En fait, je ne suis pas née à [la localité], mais c’est comme si j’étais née là. Je me sens appartenir à cette terre, tu comprends ! » (P-007-F).

Selon les données recueillies, il y a même des membres du conseil d’administration de deux associations qu’on a interviewés qui ne sont pas originaires de la localité pour laquelle ils travaillent. Toutefois, pour les autres membres des associations, cela ne représente pas vraiment un problème, pourvu que la personne se sente motivée à donner un appui quelconque :

Non seulement ça, on trouve dans le conseil des personnes de [autre localité] ou d’autres régions d’Haïti que [la localité]. Par exemple, notre vice-président est de [autre localité], mais par le fait qu’il s’est marié avec une [femme d’une autre localité], il s’est impliqué à l’association jusqu’à

intégrer le conseil. Et nous avons des membres actifs qui viennent de [autre localité]. D’ailleurs, nous sommes avant tout Haïtiens et nous travaillons tous pour la même cause. C’est vrai les natifs d’une localité sont plus enclins à se motiver et à cotiser pour développer leurs localités parce qu’ils se connaissent tous, mais cela n’empêche pas quelqu’un d’une autre localité de partager ce même désir s’il aime le projet (P-012-M).

Les résultats de nos interviews nous montrent que les membres de la diaspora haïtienne du Québec qui nous intéressent dans notre étude, se sentent appartenir à leur localité d’origine en Haïti. Celle-ci apparait surtout dans leurs discours quand il s’agit de spécifier leur localité par rapport à d’autres, à travers des éléments auxquels ils s’attachent et autour desquels ils fondent une identité culturelle commune, ou encore en mentionnant tel héros de l’indépendance nationale ou tel autre personnage important dans l’histoire d’Haïti qui y a pris naissance : par exemple Jean-Jacques Dessalines, le héros de l’indépendance haïtienne est originaire de la Grande Rivière, et c’est toujours une fierté pour les membres de l’association […] de le rappeler. Même si les répondants sont fiers de vanter les attraits et les charmes de leur localité d’origine en Haïti, à la question concernant leur retour à cette localité, quelques-uns sont favorables à cette éventualité et d’autres non. Ceux qui sont favorables à un retour à la localité mentionnent que grâce à son calme et son caractère sécuritaire, la localité d’origine est l’endroit privilégié pour prendre sa retraite. D’autres vont encore plus loin jusqu’à affirmer que l’idée de retour au pays d’origine est intrinsèque à tout Haïtien de la diaspora. C’est le cas de cette répondante qui exprime en ces termes :

[…] Nos ancêtres ont toujours voulu retourner en Afrique, donc tout haïtien vivant à l’étranger a une aspiration de retourner dans son pays à un moment. Même lorsque ça reste… au niveau… euhhh… je ne sais pas une chimère, mais ça reste. Donc, c’est de retourner et voir le pays prospère […] (P-006-F).

Par ailleurs, d’autres de nos répondants ont clairement affirmé leur position contre cette idée de retourner vivre définitivement dans leur localité d’origine, même s’ils se sentent bien lui appartenir. Toutefois, ils considèrent que la localité sera toujours leur premier choix quand ils devront partir en vacances.

Si le bien-être d’une manière générale, qui pour nos répondants passe entre autres par l’accès à des services ou infrastructures : l’électricité, des hôpitaux bien équipés, des

logements décents, la sécurité, l’eau potable, des écoles de qualité, des routes, etc., constitue l’un facteur primordial jouant sur le retour des membres de la diaspora dans leur localité d’origine, peut-être que cela pourrait être aussi l’une des raisons qui les motivent à s’engager envers leur localité d’origine à travers les associations régionales. Ce sera le second point que nous aborderons dans cette section.