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L’outil cartographique à l’appui de l’analyse des risques et de la prise de décision

Dans le document La recherche à l'IGN : activités 2000 (Page 82-85)

La composante spatiale des risques intervient, en premier lieu, d’un point de vue descriptif. Cette application de la géographie au domaine des risques est conséquente : la cartographie intervient en effet à tous les niveaux d’analyse du risque (identification, information, règlementations, prescriptions, etc.) et ce, à tous les échelons (de la parcelle au niveau national). À ce titre, les recherches en cartographie des risques ont été initiées au laboratoire COGIT au cours de l’été 2000 par une étude sur la représentation spatiale des accidents routiers [DOLLÉ 00].

Le support cartographique permet de transcrire les effets et conséquences des phénomènes redoutés. Sa mission d’information peut se borner à un simple recensement des zones à risque, en nuançant quelque peu le niveau d’intensité des phénomènes ou les enjeux en présence, à l’image des cartes de localisation des communes soumises aux risques naturels, diffusées par le MATE (Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement).

La carte B.5.1 constitue un exemple pour les risques d’inondation. Les niveaux croissants de gris et bleu sont représentatifs de l’importance des enjeux relevés.

carte B.5.1

Carte de localisation des communes soumises au risque d’inondation (source : site internet du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement : http://www.environnement.gouv.fr).

La cartographie du risque ou de l’une de ses composantes à plus grande échelle, nécessite de disposer d’une information plus précise, par exemple, en exploitant exhaustivement les archives historiques en matière d’aléa et en déclinant la nature des enjeux relevés en matière de vulnérabilité. Par ailleurs, la légende devra être définie avec le plus grand soin, car la carte d’information du risque est avant tout destinée au grand public. La carte B.5.2 (page suivante) est un exemple de carte d’aléa réalisée à partir d’un fond cartographique IGN.

La cartographie peut également constituer un trait d’union entre l’expert et le chercheur en tant qu’outil d’aide à la décision, pour l’élaboration de règlementations, recommandations ou prescriptions [GIVONE 98].

L’élaboration de cartes règlementaires est considérablement contrainte par l’échelle d’étude (la carte doit pouvoir être confrontée aux documents d’urbanisme), la connaissance très précise des aléas (elle-même soumise aux coûts des travaux d’expertise) et les difficultés évidentes d’évaluation de la vulnérabilité.

L’apport du document cartographique aux missions d’aménagement du territoire ne se cantonne pas seulement à la politique de gestion des risques. Le développement des systèmes d’informations géographiques et des outils de navigation embarquée étendent aujourd’hui le rôle de la carte aux missions d’alerte et d’organisation des secours en temps réel. Bien souvent, les acteurs ne disposent pas de la bonne carte au bon moment (« trop de cartes tue la carte »). L’usage de cartes ne peut supplanter la démarche de gestion des risques et d’aménagement : elle est là pour l’appuyer.

Par ailleurs, il est bien entendu, qu’une simple cartographie de l’aléa ne suffit pas à quantifier le risque : c’est hélas ce qui se passe lorsque les aménageurs et décideurs ne disposent que d’un zonage de l’aléa après une inondation, sous la forme d’une étendue de la zone inondée.

carte B.5.2 : zonage de l’aléa d’inondations dans la commune de Palaja dans l’Aude (source : site internet du dossier départemental des risques majeurs dans l’Aude : http://www.aude.pref.gouv.fr/ddrm/@Aude00.htm)

En réalité, les méthodes globales de gestion des risques naturels quantifiant et croisant aléa et vulnérabilité sont très rares. Citons, pour exemple, la méthode Inondabilité du CEMAGREF, dont l’originalité réside dans le choix de représenter aléa et vulnérabilité au risque d’inondations selon la même unité [GENDREAU, LANG 99]. Tandis que l’aléa correspond naturellement à la période de retour de l’inondation sur l’ensemble des parcelles, la vulnérabilité s’exprime, pour sa part, comme la période de retour acceptable, compte-tenu de l’occupation des sols de chacune des parcelles.

La comparaison des deux niveaux ainsi établis permet de mettre en évidence les zones sous-protégées (en rouge sur l’exemple fourni par la carte B.5.3, page suivante), les zones sur-protégées (en vert) ainsi que les zones non inondées par la crue maximale envisagée (en jaune).

Cet exemple met cependant en relief la difficulté pour le document cartographique de prendre en compte l’ensemble de tous les scénarios envisageables pour le phénomène ou des différentes répartitions possibles de la vulnérabilité sur la zone d’étude. En l’occurrence, une carte du type de celle issue de la méthode Inondabilité doit reposer à la fois sur des seuils prédéfinis de risque acceptable et des crues de référence dont on détermine leur délimitation spatiale, aboutissant ainsi à une représentation figée du risque d’inondation.

Á l’opposé, une méthode du type CMA est capable d’intégrer conjointement la variété des phénomènes selon leur période de retour et leurs conséquences dommageables, permettant par là de juger de la sensibilité de la zone et de ses aménagements au risque d’inondation. Au demeurant, une telle méthode présente le défaut de ne pas admettre de support cartographique, et pour cause : l’information spatiale est préalablement agrégée à la région d’étude.

carte B.5.3 : exemple de zonage issu de la méthode Inondabilité

(source : site internet du CEMAGREF de Lyon - présentation de la méthode Inondabilité : http://wwwhh.lyon.cemagref.fr/public/presentations/Inondafr/)

Dans le document La recherche à l'IGN : activités 2000 (Page 82-85)