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La classification des enjeu

Dans le document La recherche à l'IGN : activités 2000 (Page 80-82)

Il est d’usage de distinguer trois grands types d’enjeux : l’être humain, l’ensemble écosystème-environnement et les richesses économiques [GLEYZE 00].

L’être humain

À défaut d’une quantification économique, les dommages sur les populations se mesurent habituellement en nombre de blessés et de morts. Dans le triste décompte des victimes, certaines précisions sont souvent de mise : distinction entre les personnes présentes à la source du risque et les personnes « extérieures » touchées par effet induit, prise en compte d’un temps de latence dans la manifestation des effets néfastes, etc. L’incertitude sur un bilan humain est proportionnelle au nombre de victimes et concerne les personnes blessées pour lesquelles l’apparition de séquelles reste hypothétique dans les faits et dans le temps. Les statistiques d’anticipation du nombre de victimes pour un risque donné (probabilité d’aléa) s’expriment classiquement sous la forme d’un nombre de décès par an et par million d’habitants, sans distinction des tranches de population concernées.

L’écosystème et l’environnement

Les dommages infligés à l’écosystème et à l’environnement correspondent à des pollutions accidentelles ou chroniques et à leurs effets induits. De fait, les dommages se chiffrent par le montant de lutte contre la pollution, de réhabilitation de sites, de remise en état d’installations, mais aussi par les manques à gagner et les pertes d’investissement. Un flou demeure cependant autour des dommages intangibles (perte de jouissance, dégradation du patrimoine, etc.).

Les richesses économiques et les infrastructures

La quantification des dommages potentiels consiste à évaluer la masse de richesses exposées. Partant de la connaissance de l’occupation des sols et des coûts unitaires pour chaque type d’occupation des sols, le montant recherché correspond à la quantité :

Volumes × Valeurs unitaires

habitations, emplois, équipements, etc.

Qu’il s’agisse, entre autres, d’établissements à caractère économique ou administratif ou d’infrastructures, la vulnérabilité se cantonne généralement aux dommages structurels potentiels et laisse de côté les perturbations induites, souvent dues à l’existence de réseaux rendant les systèmes interdépendants. Cet état de fait est regrettable, car le montant des effets indirects peut être tout à fait comparable à celui des effets directs.

L’évaluation pratique de la vulnérabilité

Ces quelques considérations laissent deviner combien les dommages les plus faciles à évaluer sont les dommages tangibles directs, car il est facile, pour eux, d’avancer une valeur économique. À l’opposé, les dommages intangibles (dégradations de paysage, dommages irréparables au patrimoine historique…) et les dommages indirects (perturbations routières, ruptures d’activité…) sont difficiles à identifier précisément, à quantifier et même à comparer proportionnellement à l’ensemble des dégâts.

En pratique, pour une grande majorité des études de risques - qu’il s’agisse d’enjeux humains, environnementaux ou économiques - la quantification de la vulnérabilité est réalisée de manière partielle par la création de classes (par exemple, répartitions en zones vulnérables faibles / moyennes / fortes). Les méthodes de classification vont des simples outils descriptifs (par exemple, vulnérabilité humaine échelonnée par les valeurs de densité humaine) à des techniques plus poussées de statistiques spatiales (classification automatique hiérarchique, etc.).

Lorsque le risque est appréhendé sous ses aspects économiques, la vulnérabilité est explicitement exprimée sous forme de coûts. Ainsi, la majorité des études relatives aux risques d’inondation se fondent sur les retours d’expérience et associent à chacune des crues passées une description économique détaillée des dommages déplorés.

Dans le domaine assurantiel, il arrive que la vulnérabilité soit mesurée par un degré d’endommagement compris entre 0 et 1, et qui, appliqué à la valeur de l’unité, permet d’obtenir une estimation du montant des pertes affectées. L’évaluation exclusive des dommages et préjudices sous forme d’un montant économique a, par ailleurs, amené de nombreux pays et organismes à attribuer aux bilans en blessés et en morts des montants chiffrés… De manière générale, les évaluations économiques de dommages sont ajustées sur un ensemble de valeurs de référence, étalonnées par l’expérience et formalisées sous forme de fonctions ou de tableaux d’endommagement.

La détermination du niveau de risque : la synthèse aléa × vulnérabilité

À l’issue des étapes d’identification du risque et de l’analyse de l’aléa et de la vulnérabilité, l’expert dispose de tous les éléments pour déterminer les niveaux de risque. Bien évidemment, ce travail dépend du mode de représentation des deux composantes aléa et vulnérabilité, multipliant ainsi le nombre de façons d’appréhender le risque, comme nous allons le voir dans les lignes qui suivent.

Dans la plupart des études de risques, en particulier celles menées dans des objectifs de prévention, le risque se présente comme un « simple » croisement de l’aléa et de la vulnérabilité. L’aléa représentant la probabilité d’occurrence d’un événement donné et la vulnérabilité chiffrant le montant des dommages consécutifs à ce même événement, le risque se définit logiquement comme l’espérance des dommages déplorés suite à l’événement considéré, selon la formule :

Risque = aléa x vulnérabilité

probabilité d’occurrence du phénomène dommages consécutifs à la réalisation du phénomène

Dans de nombreuses études, l’analyse de l’aléa et, à plus forte raison, l’analyse de la vulnérabilité ont souvent conduit à quantifier aléa et vulnérabilité en les rangeant en « classes » ou « niveaux » (faible / moyen / fort / etc…), pour deux raisons principales :

• les techniques d’évaluation ne permettent pas une précision suffisante tant pour le niveau d’aléa (estimation incertaine d’une probabilité) que pour le niveau de vulnérabilité (difficulté de chiffrage exhaustif des dommages déplorés) ;

• la représentation des valeurs d’aléa, de vulnérabilité et, à terme, de risque demande à être simplifiée en vue de constituer un document d’aide à la décision, lisible par toutes les parties prenantes.

De ce fait, la notion de risque comme « espérance des dommages » est simplifiée par l’usage d’un tableau quantifiant les niveaux de risque en fonction des niveaux d’aléa et de vulnérabilité : il s’agit de la clé de détermination du risque. Le tableau B.5.4 (page suivante) est un exemple de clé de détermination à trois niveaux pour l’aléa, la vulnérabilité et le risque (faible / moyen / fort).

Dans le cadre des analyses de risque principalement envisagées sous les aspects économiques, la synthèse de l’aléa et de la vulnérabilité est parfois réalisée au travers de la notion de « Coût Moyen Annuel » (CMA). Cet indicateur

correspond à l’espérance mathématique de la fonction des dommages dont le caractère aléatoire est traduit par la probabilité d’occurrence du phénomène considéré [TORTEROTOT 93].

En d’autres termes, le risque est résumé sous forme d’une courbe mettant en relation la fréquence de l’événement en abscisse aux coûts des nuisances en ordonnée. Ce procédé permet notamment d’évaluer l’impact de mesures structurelles ou préventives par comparaison des courbes de CMA estimées.

Si ce type d’analyse économique exclut généralement toute considération géographique du phénomène étudié, il en est tout autrement des principes d’agrégation des niveaux d’aléa et de vulnérabilité par produit ou par clé de détermination. Le phénomène dangereux considéré possède en effet une étendue spatiale sur laquelle les niveaux d’aléa, d’une part, et de vulnérabilité, d’autre part, risquent fort de varier : le croisement des deux composantes nécessitera ainsi de discriminer plusieurs niveaux de risque selon la localisation spatiale et conformément à la règle de détermination adoptée. Les problématiques de zonage introduisent ainsi de plain pied la géographie dans le domaine des risques.

tableau B.5.4 : exemple de clé de détermination du risque à trois niveaux

Vulnérabilité forte Vulnérabilité moyenne Vulnérabilité faible

Aléa fort Risque fort Risque fort Risque moyen

Aléa moyen Risque fort Risque moyen Risque moyen

Aléa faible Risque moyen Risque moyen Risque faible

Dans le document La recherche à l'IGN : activités 2000 (Page 80-82)