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L’opération « 100 Chances 100 Emplois »

Dans le document L'industrie jardinière du territoire (Page 109-113)

« 100 Chances 100 Emplois »96 est un programme lancé en 2004 par Schneider Electric dont l’objectif est « de répondre aux besoins économiques d’un territoire tout en contribuant à rétablir l’égalité des chances pour les jeunes adultes issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville » (Ecodocs, janvier 2013). Chaque initiative locale est animée par une grande entreprise, associe un réseau d’entreprise – petites et grandes – et est co-pilotée par un acteur public de l’emploi qui assure le repérage et la sélection des jeunes. L’objec-tif est d’intégrer 60 % des jeunes entrés dans le dispositif en CDD ou contrat de travail temporaire de plus de six mois, en CDI ou encore en contrat d’alternance, après un parcours d’insertion professionnelle au sein des entreprises du réseau.

A. Contexte d’émergence

La démarche de Schneider Electric « 100 Chances 100 Emplois » répond à la demande de Jean-Louis Borloo, ancien ministre de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale, de voir les entreprises s’impliquer dans l’insertion des jeunes

issus des zones urbaines sensibles (ZUS). Ce public connaît en effet un taux de chômage deux fois supérieur à celui des jeunes au niveau national. Parallèlement, ce dispositif est l’occasion de répondre à des besoins économiques locaux par un recrutement dans les ZUS.

L’initiative est d’abord expérimentée à Chalon-sur-Saône en 2004, puis progres-sivement déployée dans une vingtaine de bassins d’emploi dont Angoulême, Auber-villiers Saint-Denis, Chambéry, Dieppe, Grenoble, Le Havre, Lyon, Rouen, Nice… grâce à la mobilisation de nombreuses en-treprises qui ont rejoint Schneider (notam-ment Adecco, Caterpillar, Dalkia, Elior, Saint-Gobain, ST Microelectronics…). L’UIMM s’est également jointe au projet.

B. Descriptif de l’action

Sur un bassin d’emploi donné, l’objectif est de faciliter l’accès à l’emploi de cent jeunes âgés de 18 à 30 ans, issus de ZUS, sur une période de trois ans97. La démarche s’inscrit dans un partenariat durable entre les entre-prises mobilisées, dont des PME et TPE, les

96 - « 100 Chances 100 Emplois » est une association dans laquelle on retrouve une dizaine d’entreprises participant à cette action. L’association nationale a pour objectif de faire connaître le dispositif, de s’assurer de son fonctionnement et de ses résultats sur les bassins sur lesquels il est implanté.

associations de quartier, les services de l’État (préfecture, Direccte, rectorat, service public de l’emploi) et les collectivités locales. Dans les faits, « 100 Chances 100 Emplois » fonctionne en trois temps. Le premier temps est consacré au repérage du public, est assuré par les acteurs de l’emploi (Pôle Emploi, Mission locale, associations spor-tives et de quartier…). Dans un second temps, les jeunes suivent un « sas de mobi-lisation » de quatre jours durant lequel ils rencontrent des chefs d’entreprises et des cadres des entreprises engagés dans le dis-positif. Des simulations d’entretiens sont proposées ainsi qu’un travail sur le com-portement et le projet professionnel. A l’is-sue du sas, des jeunes sont sélectionnés par les acteurs de l’emploi, les entreprises et le cabinet en charge de l’animation du sas, en fonction de leur motivation et de leurs savoir-être. Des actions sont proposées aux jeunes qui ne sont pas retenus à l’is-sue du module, comme une évaluation en milieu de travail par exemple, qui peuvent les aider à intégrer plus tard le dispositif « 100 Chances 100 Emplois » sans repasser par le sas. Le troisième temps est dédié au parcours d’insertion professionnelle dans des entreprises du réseau. Il est constitué de plusieurs étapes d’insertion : évaluation en milieu de travail, missions d’intérim, CDD, mini-stage, alternance… Chaque jeune est suivi par deux référents issus de l’entreprise et par le service public de l’emploi. Les parcours durent en moyenne neuf mois.

Pour les entreprises, les raisons de partici-per à une telle opération sont multiples : re-crutement de proximité, meilleur ancrage territorial de l’entreprise, clause d’inser-tion dans les marchés publics, RSE (diver-sité, égalité des chances), etc. Du côté des jeunes, Didier Rochas, délégué à l’inser-tion chez Schneider Electric et copilote du dispositif sur le bassin grenoblois, ex-plique que « ce dispositif pallie en somme la manque de réseaux de certains candi-dats » (Lettre du cadre territorial, octobre 2013). En outre, il leur permet d’élaborer un projet professionnel et d’acquérir une expérience professionnelle valorisante, même s’ils ne sont pas retenus au terme du parcours d’insertion.

C. Résultats

Depuis 2004, « 100 Chances 100 Emplois » a enregistré 57 % de sorties positives pour les deux mille jeunes qui y ont participé, vers des CDD de plus de six mois, des CDI ou des parcours en alternance (Le journal du Palais de Bourgogne, décembre 2013). Dans certains territoires, comme celui du Dijonnais, l’initiative a été étendue à tous les jeunes et pas seulement aux jeunes issus de ZUS.

Le dispositif concerne encore un nombre limité de jeunes, ce qui pose la question des conditions d’essaimage de « 100 Chances 100 Emplois ». Pour augmenter les effec-tifs, il s’agit d’abord que les moyens hu-mains et financiers soient réunis chez les

partenaires publics de l’opération sur les territoires. Dans la Lettre du cadre terri-torial (octobre 2013), il est précisé qu’un « sas de mobilisation » coûte entre 3 000 et 4 500 euros en fonction des territoires et des prestataires, « ce qui est faible ramené à l’individu (dix personnes par groupe en moyenne). Il faut que l’État, les col-lectivités se posent la question du retour sur investissement » selon Jean-François Connan, directeur responsabilité et Inno-vation sociale chez Adecco et partenaire de « 100 Chances 100 Emplois ». Il s’agit ensuite que le réseau d’entreprises et les territoires assurent un certain niveau de possibilité d’emplois. Enfin, la qualité du partenariat public-privé et l’implication des entreprises sont des gages de réussite du dispositif. Sur le terrain, c’est la grande entreprise qui pilote, chargée de sensibili-ser les autres entreprises à l’intérêt du dis-positif en allant directement à leur contact et organisant des événements. Pour Didier Rochas, « ce qui est le plus difficile, c’est d’arriver à convaincre les entreprises. Il faut taper à la bonne porte au bon moment. Il faut que l’entreprise soit disponible pour pouvoir écouter. »

RÉACTION

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