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L'INTÉGRATION GLOBALE DE L'INFORMATIQUE DANS LES LYCÉES

Jean François LEVY

3- L'INTÉGRATION GLOBALE DE L'INFORMATIQUE DANS LES LYCÉES

Mais l'évolution des matériels et des logiciels, considérable ces dernières années, a fait apparaître de nouveaux problèmes. Dans la mesure où les établissements voient leurs équipements augmenter et se complexifier (réseaux locaux, Internet), il n'est plus possible de cantonner les analyses sur l'intégration de l'informatique aux seuls aspects cognitifs et didactiques. L'informatisation globale d'un établissement (condition nécessaire à l'utilisation pédagogique de l'ordinateur) est un processus dont les dimensions techniques, économiques, organisationnelles sont déterminantes. C'est pourquoi nous analysons maintenant les conditions de l'introduction des ordinateurs

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dans tous les services des établissements de type lycée : administration et intendance, CDI, CPE et les enseignants* .

Une approche en termes de sociologie des organisations [Crozer], de structure organisationnelle [Mintzberg] permet de spécifier les applications administratives, pédagogiques (obligatoires ou laissées à l'initiative de l'établissement - de quels acteurs ?), de montrer certaines interactions entre ces deux domaines que l'on croit volontiers - à tort - complètement étanches, telles que l'utilisation d'un logiciel d'aide à la décision pour les conseils de classe. On constate également que l'informatique peut être générateur de discussions qui lui sont étrangères (l'informatisation des bulletins trimestriels qui débouche sur une remise en question de l'évaluation), ou bien sert de révélateur à certains conflits de pouvoir.

La bureautique professorale (ensemble des utilisations professionnelles de la bureautique par les enseignants, les documents fournis aux élèves et la gestion de leurs notes) est en train de se diffuser, d'abord chez les technologues ; cette approche de l'informatique par les enseignants, si elle s'étend leur permettra peut-être de se familiariser à un instrument qu'ils peuvent alors imaginer plus facilement comme aide dans des activités pédagogiques - de manière interactive avec les élèves.

Nous proposons ainsi l'hypothèse d'une nouvelle conséquence de la rupture technologique étendue cette fois au niveau de l'ensemble de la structure organisationnelle des établissements secondaires. Cette rupture pose des questions nouvelles :

• Le changement d'échelle dans les équipements (un lycée de 200 ordinateurs n'est plus si rare) et la complexité des installations (réseaux locaux interconnectés, Internet généralisé à l'ensemble des établissements) va rendre quasiment obligatoire une gestion globale et rationnelle de l'informatique, qui ne pourra plus être accomplie de façon largement informelle par des enseignants déchargés partiellement de cours, si passionnés et compétents soient-ils, mais demandera le concours d'un ou plusieurs professionnels à plein temps capables de maîtriser l'ensemble de l'organisation de l'établissement, pour les fonctions d'achat, de maintenance et d'évolution des parcs. En d'autres termes, les établissements devront être pourvus d'une « technostructure » (Mintzberg) à l'instar des entreprises qui ont intégré leurs instruments informatiques. Cette transformation est problématique, dans la mesure où elle implique des changements dans les qualifications, le nombre des emplois, et donc des budgets importants pour sa généralisation. De plus l'introduction de ce type de fonction dans une « bureaucratie

professionnelle » (Mintzberg) qui en était dépourvue pose des problèmes en termes de pouvoir lié aux compétences, entre autres. • Le volume des coûts, la pluralité des sources de financement, leur

origine (ressources propres, rectorat, région, état) auront des conséquences socio-économiques et politiques qui vont remettre en question la place de l'établissement scolaire et de ses responsables au sein des collectivités territoriales, par exemple, tendant également à lui donner un rôle et des responsabilités semblables à ceux exigés des entreprises. Les établissements et leurs animateurs sont-ils prêts à assumer cette transformation ? Est-ce possible ? Souhaitable ?

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