• Aucun résultat trouvé

La première partie de ce chapitre nous a permis de mieux définir le concept de l’inclusion. Plusieurs auteurs se sont intéressés aux particularités de l’inclusion qui se déroule en service de garde à la petite enfance. Nous en présenterons ici les principaux éléments, de même que les composantes considérées comme des incontournables pour assurer son succès.

2.1 Caractéristiques de l’inclusion en service de garde à la petite enfance

Boudreault et al. (1998) indiquent que l’inclusion constitue « un processus dynamique et pertinent en faveur de l’enfant d’âge préscolaire vivant avec des incapacités » (p. 116). Selon Odom et al. (1996), l’inclusion au préscolaire est une pratique assez différente de celle qui a lieu plus tard dans le parcours de l’enfant, étant donné la nature du développement du jeune enfant, les pratiques éducatives qui ont cours avec cette clientèle, la structure organisationnelle en place dans les milieux d’accueil, de même que la préparation des intervenants. Le tableau 6 présente un résumé des principales caractéristiques de l’inclusion lors de la petite enfance, selon Odom et al. (2011).

Tableau 6

Principales caractéristiques de l’inclusion au préscolaire

1. L’inclusion possède différentes significations, mais il s’agit essentiellement d’appartenir, de participer et d’atteindre le potentiel de chacun dans une société diversifiée.

2. L’inclusion prend différentes formes.

3. L’accès universel aux programmes inclusifs n’est pas encore une réalité pour tous les enfants de la naissance à 5 ans présentant des incapacités.

4. Une grande variété de facteurs tels que les attitudes et croyances à propos de l’inclusion, les caractéristiques de l’enfant et de l’adulte, les politiques, et les ressources peuvent influencer la façon dont l’inclusion est implantée et vue par les familles et les praticiens.

5. La collaboration est une pierre angulaire de l’inclusion de haute qualité.

6. L’enseignement, l’intervention et le support spécialisés sont des composantes clés de l’inclusion de haute qualité et sont essentiels afin d’obtenir les résultats souhaités pour les enfants et leurs familles.

7. L’inclusion peut bénéficier à tous les enfants, avec ou sans incapacités.

8. Le développement professionnel est nécessaire pour s’assurer que les praticiens acquièrent la connaissance, les habiletés et le soutien nécessaires pour mettre en place une inclusion efficace.

Information tirée de Odom et al. (2011). Inclusion for Young Children With Disabilities : A Quarter Century of Research Perspectives. Journal Of Early Intervention, 33(4), 344-356. Ces auteurs se sont basés sur trois sources : Early Childhood Research Institute on Inclusion (Odom, 2002), National Professional Development Center on Inclusion (2009), ainsi que Buysse et Hollingsworth (2009).

Les caractéristiques présentées par Odom et ses collaborateurs (2011) permettent de comprendre un peu mieux la situation actuelle de l’inclusion des jeunes enfants dans les services de garde et d’en définir les grandes lignes. Nous nous attarderons maintenant à quelques facteurs qui peuvent faciliter l’inclusion en service de garde.

2.2 Composantes essentielles de la réussite

En 2006, Dionne, Julien-Gauthier et Rousseau ont effectué une démarche de modélisation de l’inclusion en service de garde à la petite enfance. En se basant sur « des dimensions documentées dans les écrits scientifiques comme étant des obstacles à considérer ou encore des éléments qui favorisent grandement la participation des enfants handicapés en milieu de garde » (p. 236), elles ont identifié sept composantes contribuant à la réussite de l’inclusion. La figure 3 présente les composantes de ce modèle, qui seront ensuite expliquées dans les paragraphes suivants.

Figure 3 - Composantes essentielles à la réussite de l’inclusion en service de garde à la petite enfance (Dionne et al., 2006)

Tout d’abord, une politique de pleine participation doit être mise en place par les services de garde afin de faciliter l’inclusion de tous les enfants dans le milieu et leur apporter le soutien dont ils ont besoin. Cette politique doit s’adresser à l’ensemble des enfants, qu’ils présentent ou non des incapacités.

La réussite de l’inclusion passe également par la sensibilisation (tant des enfants que du personnel en service de garde et des parents) et par la formation des acteurs

Politique claire de

pleine participation Sensibiliser, former

et outiller Faire équipe (soutien) Préparer la transition scolaire Dépister les difficultés développementales Accompagner tous les enfants Partager instruments communs

Réussite de

l’inclusion

impliqués (personnel, parents, autres membres de la communauté). La formation du personnel en service de garde revêt une importance toute particulière puisqu’elle « permet aux intervenants d’être pleinement conscients de leur rôle et de leurs responsabilités dans l’implantation de l’inclusion, en plus de leur fournir différentes stratégies d’intervention » (Ibid., p. 243).

Le soutien disponible dans un service de garde a une grande influence sur le déroulement de l’inclusion. Dionne et al. (2006) croient que le personnel éducateur qui accueille un enfant ayant des besoins particuliers dans son groupe doit pouvoir compter sur deux équipes de soutien : celle propre à son service de garde et celle qui gravite autour de l’enfant. L’équipe du service de garde (composée de divers membres de son personnel) partage la responsabilité de la réussite de l’inclusion avec le personnel éducateur et s’assure de mettre en place les conditions qui y sont favorables dans le milieu, par exemple les activités de sensibilisation et de formation. L’équipe spécifique à l’enfant est pour sa part composée d’intervenants spécialisés et de professionnels et autres partenaires à l’inclusion. Cette équipe assume différents rôles tels que favoriser la collaboration entre les partenaires, aider à la mise en place et à l’évaluation des objectifs pour l’enfant, faciliter l’inclusion, etc.

La quatrième composante de l’inclusion présentée par Dionne et al. (2006) est en lien avec la précédente. Il s’agit pour les intervenants spécialisés de se servir d’instruments d’évaluation qui sont reliés aux pratiques d’intervention auprès de l’enfant et au suivi de ses progrès; concrètement, les outils utilisés doivent permettre d’établir des liens avec le personnel du service de garde.

Une autre mesure à préconiser dans le cadre d’un modèle inclusif est l’accompagnement de l’enfant qui présente des besoins particuliers, mais aussi des autres enfants dans son groupe. Il s’agit d’offrir au personnel éducateur une ressource d’accompagnement dont le rôle est de soutenir l’ensemble des enfants du groupe.

Dionne et ses collaboratrices (2006) avancent également que le dépistage précoce des difficultés développementales devrait être fait dans les milieux à l’aide de pratiques et d’outils éprouvés et efficaces (pratiques exemplaires).

Enfin, la dernière composante présentée pour assurer la réussite de l’inclusion est celle de préparer adéquatement la transition entre le service de garde à la petite enfance et le milieu scolaire. Cette transition doit être planifiée à l'avance et menée dans un esprit de collaboration entre tous les partenaires impliqués, incluant les parents.