• Aucun résultat trouvé

4.1- L’image comme élément déclencheur de la production verbale :

d’enseignement – apprentissage des langues

II. 4.1- L’image comme élément déclencheur de la production verbale :

En classe de langues, l’image peut être le déclencheur qui apporte des motifs conversationnels aux élèves. Quand on emploie l’image comme un moyen pour activer l’interaction verbale, on met l’accent sur un point important dans le processus enseignement – apprentissage : comment faire parler l’apprenant ?

L’enseignant cherche des motifs de communication pour susciter la parole chez ses apprenants. Le recours à l’image en classe permet à l’apprenant de quitter le milieu institutionnel et d’imaginer des situations en relation avec ce qui est représenté sur le

111Goldstein, B. (2009). Working with images .a ressource book for the language classroom .Combridge university press, cité par Catherine Muller in l’image en didactique des langues et des cultures : une thématique de recherche ancienne remise au goût du jour. Synergie. Portugal N° 2. 2014 p122.

112Corbett, J. (2003). An intercultural approach to english language teaching. Clevdon : Multilingual Matters, cité par Catherine Muller in l’image en didactique des langues et des cultures : une thématique de recherche ancienne remise au goût du jour. Synergie .Portugal N° 2. 2014 p123.

56

document visuel. Des spécialistes comme A. Maly, A. Duff et Grellet ont souligné les capacités de l’image à susciter des productions verbales « le caractère non discursif de l’image facilite une multiplicité d’interprétations et permet à la créativité de se développer »113. Le document visuel interpelle l’apprenant et l’encourage à s’exprimer, cette approche se base sur la puissance productrice et évocatrice de l’image. D. Coste recommande l’utilisation d’une image situationnelle qui est ouverte à plusieurs interprétations ; quant à Goldstein, il considère que l’ambiguïté est un élément déclencheur du discours. Il préconise l’exploitation en classe, des images pouvant être lues à plusieurs niveaux. Ce genre de documents visuels offre différents éléments à voir, de sorte qu’une polysémie est possible. À cause de l’aspect énigmatique, ces documents se prêtent à plusieurs interprétations et suscitent des discussions en classe de langues lorsque les apprenants divergent sur ce qui est représenté.

L’image insolite peut provoquer des réactions de la part des apprenants. Chaque spectateur a besoin de donner une interprétation personnelle qui sera verbalisé par la suite. Le caractère insolite de l’image permet de favoriser l’expression des apprenants, et de stimuler leur imaginaire « des photos ambiguës, énigmatiques, lacunaires qui laissent une place à l’imaginaire de celui qui les regarde, lequel il va pouvoir lever les voiles de l’ambigüité ou combler les lacunes de cette photo et de la sorte co-construire l’univers et se l’approprier »114

II.4.2- L’intericonicité :

La perception d’une image se base sur le principe d’analogie « le décodage et la construction des images se fait toujours en relation avec d’autres plus anciennes »115. Par conséquent, le récepteur appréhende le document iconique en fonction de sa banque d’impressions visuelles, c’est-à-dire chaque individu réagit en fonction des images qu’il a déjà mémorisées. En observant les documents iconiques, d’autres documents surgissent, dont une partie peut être documentée, sans oublier les images mentales. « Cette mémoire des images, ça peut être une mémoire des images externes perçues mais ça peut être tout aussi bien la mémoire des images internes suggérées par

113Goldstein, B. (2009). Working with images .a ressource book for the language classroom .Combridge university press, cité par Catherine Muller in l’image en didactique des langues et des cultures : une thématique de recherche ancienne remise au goût du jour. Synergie. Portugal N° 2. 2014 p124.

114Yaiche, F. (1986). Photos-expressions. Paris. Hachette .p9.

115Pauzet, A. (2005). Représentations picturales et imagerie collectif. Étude de linguistique appliquée N°138.p137.

57

la perception extérieure d’une image »116 .C’est ainsi que l’apprenant confronté à des photographies d’auteur met en relation ces documents visuels avec d’autres formes, en se basant sur un principe d’analogie. Pour mettre en exergue « le caractère discursif de l’iconicité »117Courtine parle de l’interdiscours.

Certains producteurs d’images créent d’une manière consciente des échos avec d’autres images. La publicité se fonde principalement sur des références implicites à d’autres œuvres picturales. C’est ce que souligne Pauzet : « le publicitaire a construit son discours autour de ces allusions, comptant sur une connivence culturelle »118. Donc on peut chercher « des images du quotidien largement diffusées »119. « Un réseau d’images plus anciennes appartenant à notre patrimoine culturel »120. Pauzet propose d’accompagner des publicités palimpsestes avec les œuvres picturales sur lesquelles les images publicitaires se fondent. Il existe une autre approche qui préconise la sélection des images qui présentent des thèmes universels singuliers, comme la femme, la beauté, l’homme, le rêve, la nature, la ville, l’eau, le feu, la mort. Les signes visuels de la société des apprenants qui représentent le même thème avec les signes visuels de la société étudiée peuvent être mis en relation.

Introduire des signes visuels d’autres cultures apporte une empathie, C.

Margerie suggère de « proposer des images renvoyant à la culture d’origine de l’étudiant »121. Travailler sur ces représentations est une tâche qui peut être effectuée à partir des prises de position des apprenants de leur sentiment et de la dimension interculturelle. Les comparaisons entre ces signes visuels gagnent à être introduites selon les époques et les lieux. Par exemple, il y a la possibilité d’effectuer la comparaison des représentations picturales en fonction des pays. De même, étudier les tableaux en diachronie va permettre de dévoiler un imaginaire collectif et des valeurs partagées.

116Courtine, J. (2011). Déchiffrer le corps .penser avec Foucault. Grenoble : éditions Jérôme Million p39.

117Ibid. p39.

118Pauzet, A. (2005). Représentations picturales et imagerie collectif. Étude de linguistique appliquée N°138.p139.

119Ibid. p141.

120Pauzet, A. (2005). Représentations picturales et imagerie collectif. Étude de linguistique appliquée N°138.p149.

121Margerie, C. (1981). L’image dans l’enseignement audiovisuel des langues .in : De Margerie, C. Porcher.

Des média dans les cours de langues. Paris : Clé, international, p21-60/ p53.

58

Documents relatifs