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I NTRODUCTION G ÉNÉRALE

L A S TRUCTURE DE LA R ECHERCHE

2.1. L A T HEORIE « Q UADRUPLE H ELIX »

Souhaitant contribuer à l’enrichissement de la littérature sur les SNI, nous allons développer un modèle de croissance de R&D avec des dépenses publiques productives, afin d’établir un encadrement théorique pour le concept QH.

Aujourd'hui, la nature de l’innovation a fortement évolué depuis l’ère industrielle (OCDE (2009)) où l'innovation correspondait à des développements technologiques réalisés par des experts dans des instituts de recherche au sein d’un environnement caractérisé par une culture du secret.

Actuellement, l'innovation consiste en toutes les activités qui créent de la valeur en apportant des solutions nouvelles à des problèmes concrets. L’innovation est considérée comme le résultat de la co-création entre les différents acteurs dans un contexte de réseaux de collaboration. La théorie QH décrit cette nouvelle réalité économique.

Le QH est un développement de la théorie Triple Helix (TH) de l'innovation (Etzkowitz et Leydesdorff (2000), Etzkowitz et Klofsten (2005)). Considérant le fait que la triple hélice n'est pas une condition suffisante ni la condition nécessaire pour la

32 croissance et pour aboutir à l’innovation de long terme, un nouveau courant apparaît, en ajoutant au TH, une quatrième hélice au système d’innovation : la société civile. Ainsi, nous aboutissons à la théorie QH (Liljemark (2004) et Khan et Al-Ansari (2005)). Dans cette perspective, Barroso (2010) a écrit que la croissance des économies modernes exige une coordination entre tous les agents économiques, y compris les partenaires sociaux et la société civile. Eriksson et al. (2006) sont bien d’accord sur le fait que l’innovation est dirigée par les utilisateurs. Ces utilisateurs, la société civile, sont les coproducteurs de l’innovation, et leur rôle est aussi important que celui des institutions de recherche, du gouvernement et des entreprises.

Selon la théorie QH, la structure économique d'un pays repose sur quatre hélices – d’un côté, l’académie et les infrastructures technologiques, de l’autre les entreprises, le gouvernement et finalement la société civile – et la croissance économique est gérée par la création d’unités productives différenciées qui interagissent les unes avec les autres et se complètent mutuellement en produisant des innovations permanentes (cf. Carayannis et Campbell (2006, 2009a, 2009b), Arnkil et al. (2010) ; MacGregor et al. (2010)).

Souhaitant illustrer théoriquement le rôle important des quatre hélices sur la croissance économique, nous allons développer un modèle qui relie ces quatre piliers et nous allons chercher leurs interactions et leur impact conjoint sur la croissance économique.

En supposant une structure avec un seul secteur, le modèle QH que nous proposons montre que toute la société est impliquée dans l'innovation qui résulte de la co-création entre les quatre hélices liées par des réseaux.

Les innovations sont matérialisées par des unités spécialisées de production – les infrastructures technologiques et l’académie et les entreprises - qui interagissent et se complètent, au sein d'une culture de coopération et de partage des connaissances (Carayannis et Campbell (2006, 2009a, 2009b), Arnkil et al. (2010), MacGregor et al. (2010)).

Les infrastructures technologiques sont des infrastructures de R&D. Ces infrastructures créent des réseaux, des partenariats et des associations pour développer la R&D, et vendre des biens et services techniques (Etzkowitz et Leydesdorff (2000)).

Comme l'a soutenu Powell et Grodal (2005), les infrastructures technologiques sont également cruciales dans la décodification des connaissances tacites et permettent donc le transfert des connaissances à travers des réseaux.

Les gouvernements fournissent le soutien financier et le système de régulation afin de promouvoir la création de liens entre les universités et les entreprises (parcs scientifiques, incubateurs d'entreprises et autres institutions de liaison).

La société civile participe à l'économie par la production, contribuant à l'innovation et exigeant une qualité de plus en plus élevée concernant les biens et services.

Dans cette nouvelle ère que l’on peut qualifier de « nouvelle innovation », la concurrence uniquement par la technologie est devenue de plus en plus difficile car aucun agent ne peut innover seul car il ne dispose pas de toutes les ressources. L'interdépendance des institutions est le résultat des économies émergentes d'innovation (OCDE (2009)). Les entreprises veulent encore maximiser leurs profits, mais la société est passée de la culture du secret à celle du partage.

Le concept de complémentarité (cf., par exemple, Matsuyama (1995)) semble donc parfait pour illustrer cette nouvelle ère de l’innovation où tous bénéficient de l'interaction, de la coopération et du partage des connaissances. Par conséquent, et selon Thompson (2008), nous supposons l'existence de complémentarités entre toutes les entités qui contribuent à un niveau intermédiaire à la production d’un bien final - infrastructures technologiques, académie et entreprises - qu'on appellera des Unités Intermédiaires de Production (UIPs).

Aussi, nous incluons également les coûts d'investissement dans l'innovation, à la manière de Thompson (2008).

Le rôle du gouvernement consiste à faire des dépenses publiques productives dans les domaines de l'éducation et la santé, dans les infrastructures technologiques, dans les services, dans l'innovation et à définir la régulation et la gouvernance des États, ce qui augmente la productivité de tous les inputs. Nous utiliserons la spécification des dépenses du gouvernement proposée par Barro (1990a).

La société civile est engagée dans la production et dans l’innovation et elle a un rôle dans la demande, elle est du côté de la consommation au sein de notre économie ; les

34 citoyens (la société civile) souhaitent consommer de l'innovation, des nouvelles connaissances, des technologies et des produits et services, sous la forme d'un produit final (la production totale) Z.

Le modèle que nous allons présenter comporte une deuxième contribution scientifique sur le plan théorique dans le sens où il s’agit d’un modèle de croissance de R&D basé sur des dépenses publiques productives, qui, selon Irmen et Kuehnel (2009), est nouveau au sein de la littérature des dépenses publiques et de la croissance économique.

Le reste du chapitre est organisé de la manière suivante : la section 2.2 décrit le modèle et ses principaux résultats ; et enfin dans la section 2.3, nous effectuerons quelques remarques finales pour conclure ce chapitre.