• Aucun résultat trouvé

L’environnement : une prise de conscience qui se traduit moins par du bénévolat

Dans le document Baromètre DJEPVA sur la jeunesse 2019 (Page 107-111)

IV. UNE LÉGERE AUGMENTATION DE L’ENGAGEMENT DES JEUNES

4.3. L’environnement : une prise de conscience qui se traduit moins par du bénévolat

pas au quotidien

En 2010, le rapport des Nations unies sur la jeunesse et le changement climatique notait que « répondre et s'adapter au problème du changement climatique sera[it] l'un des traits caractéristiques de l'avenir de la jeunesse d'aujourd'hui50 »

.

Huit ans plus tard, le rapport des Nations unies sur la jeunesse et l’agenda 2030 du développement durable précise : « L'engagement actif [des jeunes] est la clé de sociétés durables, inclusives et stables et de la prise en compte des futurs enjeux les plus sérieux à l'égard du développement durable, tels que les impacts du changement climatique, les conflits, les inégalités entre sexes, les migrations forcées, la pauvreté et le chômage51. »

L’engagement bénévole des jeunes en faveur de l’environnement reste « modéré ». En effet, « l’environnement » se place en 2019 en 6e position (12 %) des domaines cités par les jeunes et progresse faiblement (+ 1 point) depuis 2017. « L’intervention d’urgence en cas de crises dues à une catastrophe naturelle » est la dernière cause désignée par les jeunes, avec une faible participation (5 %). À l’échelle européenne52, les conclusions rencontrent celle du Baromètre Jeunes : l’engagement pour le climat est minoritaire (5 % de participation en 2017).

Les jeunes ne sont donc pas plus nombreux à donner de leur temps pour la planète. En revanche, d’autres indicateurs montrent une montée de la sensibilisation des jeunes à cette cause qui représente « un nouvel espace de mobilisation pour les jeunes » pour reprendre les mots de la sociologue Anne Muxel53.

L’enquête Conditions de vie et Aspirations montre tout d’abord que les jeunes se disent plus particulièrement préoccupés par la dégradation de l’environnement que la moyenne de la population, et ce depuis quarante ans que cette donnée est suivie. L’attention portée à la dégradation de l’environnement évolue fortement en fonction du contexte économique. En période d’amélioration économique, de diminution du chômage, les préoccupations environnementales progressent. Les jeunes sont eux aussi pris dans ces mécaniques. Parmi les onze sujets de préoccupations proposés dans l’enquête Conditions de vie et Aspirations54, 26 % des Français déclarent que la dégradation de

l’environnement figure parmi leurs deux préoccupations principales. Un taux en progression de 4 points par rapport à 2018, de 12 points par rapport à 2015, et le plus haut depuis près de 20 ans que le CRÉDOC suit cet indicateur. La tendance chez les 18-30 ans est encore plus nette (Graphique 61).

50

Organisation des Nations unies, département des affaires économiques et sociales, Rapport mondial sur la jeunesse : La

jeunesse et le changement climatique, 2010. 51

Organisation des Nations unies, op. cit., p. 19.

52

Commission européenne, « Opinion des Européens sur le développement, la coopération et l’aide », Eurobaromètre spécial, no

455, 2017

53

Colinet Mathieu, « Anne Muxel, sociologue : “Le climat, un nouvel espace de mobilisation pour les jeunes” », Le Soir, 7 mai 2019 (édition en ligne).

54

Le chômage, les maladies graves, la dégradation de l’environnement, la pauvreté en France, la pauvreté dans le monde, la drogue, la violence et l’insécurité, les tensions internationales, les conflits sociaux, l’immigration, l’Europe.

INJEP NOTES & RAPPORT/ RAPPORT D’ÉTUDE

n n n

106

G

RAPHIQUE

61.L

ES PRÉOCCUPATIONS À L

ÉGARD DE L

ENVIRONNEMENT N

ONT JAMAIS ÉTÉ AUSSI HAUTES

EN PARTICULIER CHEZ LES

18-30

ANS

(E

N

%)

« Parmi les sujets suivants, quels sont les deux qui vous préoccupent le plus ? – La dégradation de l’environnement »

Source : CRÉDOC, enquêtes Conditions de vie et Aspirations, 1991-2019.

Champ : Ensemble des personnes de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine.

Note de lecture : L’année 2015 a donné lieu à une double interrogation en face-à-face et en ligne.

Les jeunes Français, contrairement aux jeunes Européens, placent même l’environnement comme la priorité (57 %) des autorités européennes, devant l’emploi (53 %), l’éducation et la formation (51 %)55. La fin 2018 et le début 2019 ont été, rappelons-le, marqués par différentes mobilisations publiques : fortes réactions à la démission du ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot en août, marches pour le climat particulièrement mobilisatrices en septembre, octobre et décembre, nombreux soutiens à l’action en justice contre l’État pour le climat, menée par le collectif d’associations « L’affaire du siècle » et dont la pétition a rassemblé plus de 2 millions de signatures, marches de jeunes étudiants, collégiens au niveau international à l’appel de la jeune suédoise Greta Thunberg. Les jeunes ont voté massivement pour la liste écologique aux dernières élections européennes en mai 2019 (25 % des 18-24 ans et 28 % des 25-34 ans, d’après une enquête IPSOS/Sopra Steria)56,

Les jeunes ne donnent pas plus de leur temps bénévolement pour des causes environnementales, mais ils sont plus nombreux, depuis quelques années à dire faire partie d’une association environnementale (Graphique 62).

55

Commission européenne, « Opinion des Européens sur le développement, la coopération et l’aide », Eurobaromètre spécial, no

455, 2017.

56

IPSOS, 22:30 - Le RN prend la première place des Européennes, 2019.

31% 32% 25% 26% 0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 18-30 ans ensemble des Français Crise de 2008 Crise de 1992-1993 Eclatement de la "bulle" internet Grenelle de l'environnement

G

RAPHIQUE

62.

L

A PROPORTION DE

18-30

ANS ADHÉRENTS ÀUNE ASSOCIATION ENVIRONNEMENTALE

(E

N

%)

Source : CRÉDOC, enquêtes « Conditions de vie et aspirations », 1979-2019.

Champ : Ensemble des personnes de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine.

Cette adhésion correspond-elle à une forme de soutien symbolique via la signature de pétitions diffusées par ces associations ou à un intérêt pour l’accès à une information spécialisée et crédible à leurs yeux ? On peut penser à l’intérêt actuel pour le flexitarisme et végétarisme, ou à celui pour les questions de protection animale (via par exemple l’association L214 dont plusieurs vidéos ont eu beaucoup d’écho médiatique). L’adhésion à une association serait ainsi un premier pas vers une information qui ne se traduirait pas encore par un don de son temps, mais par des actes au quotidien. En effet, se développent en la matière des pratiques que l’on pourrait qualifier de « micro- engagements » individuels : donner quelques heures ponctuellement pour nettoyer les déchets d’un espace vert ou d’un cours d’eau en opération « commando » ; participer aux mobilisations et grèves étudiantes ; s’engager au quotidien sans pour autant donner de son temps en veillant à manger moins de viande dans son alimentation, à choisir des modes de transports moins énergivores, à acheter des vêtements d’occasion plutôt que neufs.

Les jeunes empruntent en effet de nouvelles voies pour protéger l’environnement : participation citoyenne de proximité, achats d’occasion ou pratiques collaboratives, transports alternatifs qu’ils associent plus volontiers que leurs aînés à un moyen de protéger la planète57. Interrogés en 2016 dans l’enquête Conditions de vie sur les principaux avantages des pratiques collaboratives, ils sont 28 % à penser que les pratiques collaboratives sont un moyen de protéger l’environnement, contre 22 % de la population dans son ensemble. Et de facto, ils sont le fer de lance de ces pratiques : en 2016, 29 % des moins de 25 ans et 30 % des 25-39 ans y ont eu recours, contre 22 % des 40-59 ans et 16 % des 60- 69 ans58. Une étude européenne, qui analyse la pratique de huit écogestes, révèle par exemple que les

jeunes Européens en général (et les jeunes Français ne dérogent pas à la règle) se montrent moins bons élèves que leurs ainés sur un certain nombre de pratiques, à l’exception des modes de déplacement (Graphique 63). Ils déclarent plus souvent, avoir choisi un mode de déplacement respectueux de l’environnement, tel que la marche à pied, la bicyclette, les transports en commun. (50 % des Français

57

Brice MansencaL Lucie, Croutte Patricia, Hoibian Sandra, « Pour protéger l'environnement, les jeunes se tournent vers des transports alternatifs et les pratiques collaboratives », Théma, Modes de vie et pratiques environnementales des Français, Commissariat général au développement durable, 2018.

58

INJEP NOTES & RAPPORT/ RAPPORT D’ÉTUDE

n n n

108

âgés de 15 à 24 ans, contre 38 % des Français, et 35 % de l’ensemble des Européens).59 Les jeunes se montrent ainsi de moins en moins portés sur la voiture individuelle et s’orientent plutôt vers des pratiques de covoiturage, 56 % ayant déjà eu recours à ce mode de déplacement pour une courte distance (contre 31 % de l’ensemble de la population), et 46 % sur de longues distances (vs 30 %)60.

G

RAPHIQUE

63.

P

OUR LUTTER CONTRE LA DÉGRADATION DE L

ENVIRONNEMENT

,

LES JEUNES SE TOURNENT VERS LES TRANSPORTS ALTERNATIFS

(E

N

%)

« Au cours du mois dernier, avez-vous accompli l’une des actions suivantes pour des raisons environnementales ? »

Source : Eurobaromètre Spécial 416, septembre 2014.

Champ : Ensemble des personnes de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine

59

TNS politique et social pour la Commission européenne, « Attitudes of European citizens towards the environment »,

Eurobaromètre Spécial, no 416, 2014. La question était : « Au cours du mois dernier, avez-vous accompli l’une des actions

suivantes pour des raisons environnementales ? Trier la plupart de ses déchets pour le recyclage, réduire ses déchets, choisir des produits locaux, acheter des produits portant un label environnemental, réduire sa consommation d’énergie, réduire sa consommation d’eau, moins utiliser sa voiture, choisir un déplacement respectueux de l’environnement. ».

60

Pautard Éric, « Les Français et la mobilité durable : quelle place pour les déplacements alternatifs à la voiture individuelle ? »,

Datalab, SOeS, 2016. 25 11 19 26 50 32 34 60 17 14 23 22 44 27 38 63 26 28 33 46 38 48 56 82 20 21 33 35 35 37 52 72

Moins utilisé votre voiture Acheté des produits écologiques qui portent un label environnemental Réduit les déchets, par ex., en évitant les produits sur-emballés et en

achetant des produits ayant une plus longue durée de vie Choisi des produits locaux Choisi un mode de déplacement plus respectueux de l'environnement (à

pied, en bicyclette, en transports publics)

Réduit votre consommation d'eau Réduit votre consommation d'énergie, par ex., en baissant la climatisation ou le chauffage, en ne laissant pas des appareils en veille, en achetant des

appareils à basse consommation d'énergie

Trié la plupart de vos déchets pour le recyclage

Dans le document Baromètre DJEPVA sur la jeunesse 2019 (Page 107-111)

Documents relatifs