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3.3. LA COLLECTE DES DONNEES

3.3.1. L’entrevue de groupe

L’outil de collecte de données choisi est l’entrevue de groupe, aussi appelé

« focus group ». C’est « une technique d’entrevue qui réunit de quatre à douze participants et un animateur, dans le cadre d’une discussion structurée, sur un sujet particulier » (Geoffrion, 2010, p. 391).

Comme il s’agit d’obtenir une description du vécu des parents-éducateurs au sein des groupes de soutien, c’est l’outil qui semble le plus adéquat pour cette étude. Il permet de « [faciliter] la compréhension du comportement et des attitudes d’un groupe cible » (Geoffrion, 2010, p. 392) en créant un environnement permissif et non-menaçant (Krueger et Casey, 2000). Selon Fortin (2010), c’est la présence des pairs qui rend l’expérience propice à l’émergence d’idées et d’opinions. Enfin, Ivanoff et Hultberg (2006) ajoutent qu’il s’agit de développer une compréhension collective des points de vue ou de l’expérience des participants, dans notre cas, l’expérience des parents- éducateurs au sein du groupe de soutien.

3.3.1.1. Les avantages

Par rapport à des entrevues individuelles, cette méthode de collecte de données donne accès à une plus grande variété d’opinions et de perceptions sur l’objet d’étude (Ivanoff et Hultberg, 2006). Comme d’autres méthodes qualitatives, il est possible d’élaborer un verbatim des discussions, ce qui accentue sa crédibilité aux yeux de la recherche (Grudens-Schuck, Allen et Larson, 2004). Selon Connaway (1996), c’est une méthode particulièrement adaptée pour l’exploration de nouveaux sujets de recherche, en particulier ceux qui sont basés sur la perspective des participants, car elle permet de faire ressortir leurs points de vue en profondeur. D’ailleurs, en plus du discours, d’autres types de données, telles que le langage non verbal, les intonations ou les silences, contribuent à l’approfondissement des résultats (Grudens-Schuck et al., 2004).

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Concernant le déroulement de la discussion, Geoffrion (2010) rapporte qu’il s’agit d’une méthode de collecte de données qui a l’avantage de pouvoir être menée par un seul chercheur tout au long du processus. Il ajoute que c’est un outil flexible qui laisse la possibilité à l’animateur d’élargir, de réduire ou d’adapter le cadre et l’ordre de la discussion en fonction des diverses variables (caractéristiques du groupe, temps de parole, etc.). La formulation des questions sous une forme ouverte laisse à d’autres thèmes ou idées non prévues dans le guide d’entrevue la possibilité d’émerger. Enfin, l’utilisation de certaines techniques linguistiques par l’animateur (reformulation, nouveau questionnement, etc.) permet d’améliorer la compréhension du sujet par les participants et des réponses par le chercheur (Geoffrion, 2010).

3.3.1.2. Les limites

Cependant, quelques limites sont associées à cet outil de collecte de données. Dans la majorité des cas, les résultats sont non généralisables et non représentatifs de la population théorique (Grudens-Schuck et al., 2004). C’est le cas de cette étude puisqu’il s’agit d’un échantillonnage non-probabiliste et qu’il y a seulement deux groupes de soutien participants.

Concernant le déroulement de l’entrevue de groupe, Geoffrion (2010) rapporte qu’elle se situe dans un milieu artificiel et qu’il peut donc être biaisé par rapport à la réalité. La dynamique de groupe peut avoir des effets négatifs sur les discours et, par conséquent, sur les résultats, car elle peut entrainer le retrait de certains participants, les encourager à la conformité ou à censurer leurs réactions (Connaway, 1996). Enfin, plusieurs auteurs mettent en garde l’animateur sur le fait que son opinion personnelle peut influencer les réponses et l’attitude des participants (Geoffrion, 2010) et que la réussite de l’exercice est dépendante de son talent (Connaway, 1996; Grudens-Schuck et al., 2004).

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3.3.1.3. L’organisation

Selon Geoffrion (2010), l’organisation de l’entrevue de groupe nécessite de clarifier les quatre thèmes suivants : « 1) le nombre de groupes, 2) la structure des groupes, 3) le lieu physique et 4) le guide de discussion » (p. 398).

Le nombre de groupes fait référence à l’homogénéité ou à l’hétérogénéité de la population étudiée. Les sous-groupes ayant des critères semblables, par exemple, le même profil sociodémographique, le même âge, le même sexe, etc., devraient être associés afin de limiter les possibles effets négatifs dus à une différence de dynamique de groupe. Dans notre cas, le critère pris en compte est l’appartenance à l’un des deux groupes de soutien participants. Il n’y a pas eu de mixité entre les deux groupes et une entrevue de groupe a été organisée distinctement dans chaque groupe de soutien participant. Ainsi, au total de deux, ces discussions permettent de dresser des portraits différents de chacun des groupes de soutien investigués.

La structure des groupes fait référence au nombre optimal de participants, mais les auteurs ne s’accordent pas tous sur ce nombre. Entre 6 et 12 participants semble cependant constituer un nombre adéquat (Connaway, 1996; Côté- Arsenault et Morrison-Beedy, 1999; Geoffrion, 2010; Grudens-Schuck et al., 2004; Ivanoff et Hultberg, 2006). Finalement, il y a eu 6 participants pour un groupe et 4 participants pour l’autre groupe.

Le choix du lieu physique requiert plus d’attention lorsque la situation nécessite un observateur externe et/ou des conditions logistiques spécifiques (supports audiovisuels, salle isolée, etc.). Concrètement, pour les deux entrevues, les participants ont été placés autour d’une table afin qu’ils soient tous à la même hauteur (Geoffrion, 2010). Les entrevues se sont déroulées dans un lieu choisi par les participants : un espace municipal et une salle privée dans un musée.

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Cela présentait l’avantage de maintenir les participants dans leur milieu et d’épargner des problématiques liées à la logistique (location d’une salle, coûts du transport, etc.). Aussi, vu que les participants sont des parents dont les enfants ne sont pas à l’école le jour, une activité était offerte aux enfants : espace de jeux sécurisé et libre sous la supervision d’un adulte, pour l’une des entrevues, et visite et activités dans le musée avec une animatrice, pour l’autre.

Selon (Geoffrion, 2010), le guide d’entrevue24 permet de déterminer un ordre

provisoire et un résumé des principaux thèmes à aborder. Selon les recommandations de cet auteur, celui-ci a été divisé en trois parties : (1) une phase d’introduction qui vise à souhaiter la bienvenue aux participants et à expliquer le déroulement de la suite, (2) la phase de discussion qui commence avec un premier sujet plutôt simple pendant une dizaine de minutes afin de « réchauffer l’atmosphère » (p. 402) et (3) une phase de conclusion et de remerciement aux participants.

3.3.1.4. L’animation

Certains auteurs rappellent que la réussite d’une entrevue de groupe est dépendante de l’attitude de l’animateur (Connaway, 1996; Grudens-Schuck et al., 2004). Geoffrion (2010) rappelle que l’animateur doit démontrer une attention soutenue et un désir de comprendre. Par ailleurs, malgré sa position d’autorité, il doit rester neutre et faire preuve de souplesse et de subtilité. Les questions doivent être simples et posées de façon ouverte en évitant les questions accusatrices et en invitant au développement des propos.

Deux styles d’animation sont fréquemment observés (Geoffrion, 2010). Le style directif se traduit par l’intervention constante de l’animateur qui souhaite contrôler la

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discussion en posant un grand nombre de questions. L’intérêt est d’aborder toutes les questions importantes pour la recherche. Quant au style non-directif, l’animateur présente les sujets mais laisse une certaine latitude aux participants, tout en empêchant trop de déviation. L’intérêt est de porter attention aux thèmes importants pour les participants.

Pour cette recherche, il était important que les participants abordent les thèmes selon leur perspective. La discussion a été principalement animée selon un style non-directif tout en réservant une partie du temps à la fin pour vérifier que la plupart des thèmes voulus ont été abordés. Aussi, l’intégralité de la discussion a été enregistrée sur un support audio, afin de maintenir la concentration de l’étudiante-chercheuse sur l’animation du groupe et l’écoute des propos de participants au lieu de faire une transcription écrite simultanément.