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L’entretien, outil de collecte de données

Troisième partie : Protocole de la recherche

4. L’entretien, outil de collecte de données

(a) Présentation

L'entretien est un outil privilégié en recherche phénoménologique et, comme l'indique Van Manent (1997), « il permet d'obtenir une plus grande compréhension du phénomène » (1) Cela dit, cette compréhension se fait à travers une diversité de données variées et enrichissantes, d’informations crédibles, de perceptions authentiques, de sentiments profondes, d’attitudes ou opinions sincères et authentiques. Comprendre signifie ce qu’on pense sur un sujet, approfondir des points importants. Initialiser une démarche participative chez les participants à cette étude ne se fait que par un moyen ou plutôt un espace de communication.

(b) L’entretien semi-directif

Parmi les différents types d’entretiens disponibles (entretien directif, semi-directif, libre), le choix s’est porté sur l’entretien semi-directif (entretien à structure faible). L’entretien directif est trop proche du questionnaire, trop rigide et donc sans intérêt pour cette recherche. Par contre,

l’entretien libre est d’une certaine utilité dans le début ou là où il y a nécessité. Ce genre d’entretien pourrait être un moyen de soulagement, de catharsis. Il peut être anodin voir inutile mais pas nocif.

L’entretien semi-directif permet, donc, d’aborder plusieurs thèmes. Entre chacun de ces thèmes le participant est laissé organiser librement son discours et approcher ses préoccupations, conscientes ou non. Une situation pareille peut imposer le recours à la technique de l’entretien libre,

certainement avec écoute active et empathique.

Ainsi, l’entretien semi-directif permet d’approcher non-seulement l’histoire des participants, mais également leurs propres stratégies de voir les choses et leur propre savoir-faire pour mener leur existence.

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(1). VAN MANEN, M. (1997). Researching Lived Experience: Human Science for an Action Sensitive Pedagogy. London: Althouse Press.

L’entretien clinique occupe une place très importante, puisque c’est dans la rencontre

intersubjective entre le clinicien chercheur et l’accidenté que se construit une relation qui peut conduire à l’instauration d’un climat de confiance et de respect.

C’est en consacrant du temps et une écoute attentive à l’accidenté qu’il pourra se laisser aller à son désir de « dire» son histoire, avec ses propres mots et de sa propre subjectivité.

D’autre part, cette méthode est au plus près de la pratique clinique, et il est à souligner que la majorité des accidentés, résilients ou pas, souffre de certains problèmes psychologiques. C’est pourquoi la démarche semble judicieuse, sans laquelle il est impossible d’atteindre la subjectivité des participants. Dans ces circonstances, les participants se montrent extrêmement réticents à l’égard de toute méthode objective notamment les méthodes quantitatives.

(c) Attitudes facilitant la réalisation de l’entretien semi-directif

Avant le commencement des entretiens, il est particulièrement important de mettre en confiance les interlocuteurs. Pour cela, il faut exprimer clairement le cadre et l’objectif et présenter un bref plan du déroulement de l’entretien sans oublier de garantir les règles de confidentialité et

d’anonymat.

D’autre part, le sujet peut aussi demander des précisions sur tout autre point qui lui paraissait encore trop flou.

Une attitude empathique et une écoute bienveillante sont indispensables au bon déroulement de ce genre d’entretiens. En veillant à adopter une attitude d’intérêt ouverte(1), c’est-à-dire une grande disponibilité tout en restant neutre, sans préjugés ni idées à priori, une manière d’être et de faire qui est un encouragement continu à l’expression spontanée des participants.

C’est cette relation particulière qui permet au participant de se sentir en confiance pour partager son expérience.De plus, il est nécessaire d’être vigilant durant tout l’entretien afin d’en garder le Contrôle et de rester objectif.

L’entretien semi directif cherche à combiner "l’attitude non-directive qui favorise la confiance de l’interlocuteur et le projet directif : rechercher des réponses à une série de questions dont la formulation peut être variable"(Blanchet, 1995) (2).

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(1) .ROGERS, C., (1966), Le développement de la personne, PARIS : Dunod (2). Blanchet, A., (1995), L’entretien dans les sciences sociales, PARIS : Dunod.

(d) Attitudes non-facilitantes à éviter

Nous veillerons tout autant à éviter les attitudes non-facilitantes (1) telles que :

1- La réponse d’évaluation ou de jugement moral qui consiste à faire référence à des normes, à des valeurs ;

2- La réponse interprétative qui apporte une interprétation au sens de l’explication générale ou qui consiste à ne pas accepter le point de vue de l’autre comme étant bien naturel ;

3- La réponse investigatrice qui consiste à poser des questions pour obtenir des Confidences jugées indispensables ;

4- La réponse solution au problème qui consiste à donner au participant une idée pour sortir d’une situation difficile, car il risque d’amener des réponses qui fassent partie du cadre de

référence de celui qui mène l’entretien. (e) Questions de l’entretien :

L’entretien est conduit à l’aide d’une grille de questions, en commençant par des questions ouvertes pour favoriser l’expression de la personne, et en complétant par des questions plus fermées de façon à obtenir certaines précisions alors que la reformulation permet de vérifier et de faire préciser les informations.

Les questions de l’entretien sont inspirées des questionnements et des objectifs spécifiques de la recherche.

Cela signifie que ces questions sont de deux genres ; les unes concernant le participant lui-même alors que les autres concernant l’environnement.

A titre d’exemple ou provisoirement, la grille suivante a été proposée. 1- A propos du premier questionnement, le premier objectif,

Est-c que tu peux me raconter comment l’accident a-t-il fait fonctionner tes propres caractéristiques pour que tu t’en sortes ?

Comment ce fonctionnement évoluait-il ?

2- A propos du deuxième questionnement, le deuxième objectif,

Qu’est-ce qui a été mobilisé dans l’environnement comme réaction à l’accident pour t’aider à surmonter cette adversité ? Comment cette mobilisation évoluait-elle ?

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Les questions de la grille sont là à titre de repère et ne sont pas nécessairement posées dans le même ordre afin de permettre une relative fluidité dans l’entretien.

Selon les orientations qu’il prendra, on posera des questions plus précises pour approfondir tel ou tel point.