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L’ENT au sein du dispositif éducatif parental

Dans le document Actes de la Conférence EIAH 2017 (Page 94-100)

L’ENT dans les pratiques éducatives parentales

4 L’ENT au sein du dispositif éducatif parental

L’un des principaux apports de notre approche est que l’ENT ne transforme pas les pratiques parentales, bien qu’il les outille parfois dans une logique d’enrichissement plus que de substitution. Il contribue au dispositif de suivi scolaire, notamment comme « filet de sécurité », et concourt aux échanges parents-enfant au sujet de la scolarité. Mais alors qu’il constitue une source d’information pour ces acteurs scolaires, il ne permet que rarement, dans les situations évoquées lors des entretiens, de développer une communication symétrique et réciproque entre l’école et les parents.

Ainsi, contrairement aux discours de substitution développant l’idée qu’il remplacerait des outils traditionnels, l’ENT serait davantage «un outil auquel on a recours au moment et pour le temps nécessaire (notes, publication de documents, etc.)» qu’un «environnement par défaut» [27]. Les dispositifs « classiques » considérés souvent comme pleinement fonctionnels, l’ENT ne fait qu’élargir les possibles, pour certains parents et dans certaines configurations, quand d’autres au contraire n’y voient pas d’utilité.

Pour nombre de parents en effet, l’ENT n’apparaît pas nécessaire au suivi scolaire puisque leur enfant est sérieux et a de bons résultats ou parce que l’agenda et le carnet de correspondance suffisent à assurer un suivi des devoirs ou des notes. Ines, une des adolescentes rencontrées, résume selon elle le caractère accessoire de l’ENT : «les devoirs, moi je les note dans mon agenda, les notes elles seront sur le bulletin et normalement les délégués nous les donnent et les actualités on peut les voir sur le tableau du collège».

Si la majeure partie des parents rencontrés estime ne pas être particulièrement incitée ni contrainte à utiliser l’ENT, d’autres, alors même que les modalités classiques leurs paraissent pleinement satisfaisantes, sont sensibles aux incitations institutionnelles du collège. Madame Tenaille justifie ainsi l’utilisation qu’elle a de l’ENT en expliquant qu’elle veut donner l’exemple à son enfant : «si les parents [ne l’utilisent pas], bah après je pense que les enfants ne vont pas y aller non plus !». Ce type de configuration s’accompagne d’ailleurs de pratiques de suivis soutenues via les autres outils ainsi que d’une participation à la vie de l’établissement visant à encourager l’enfant à s’engager à son tour. Un usage qui n’est pas dans ce cas justifié par un souci de contrôle, mais d’une certaine manière d’exemplarité et de conformité aux préconisations.

En matière de contrôle, l’ENT peut être mobilisé en renfort si le suivi a montré ses failles ou parce que les parents le redoutent. Dans une logique de précaution qui n’est ni liée à un dérapage de l’enfant, ni le symptôme d’une tendance des parents au «flicage». En leur offrant la possibilité d’effectuer un suivi plus discret et à leur rythme, l’ENT est pour ces parents la garantie qu’il n’y aura pas ou plus de problèmes. Mais pour d’autres, l’importance attachée à la confiance et au relationnel les amène à n’utiliser que peu d’outils de suivi. Tout en s’intéressant à la scolarité de leurs enfants, ils privilégient le développement de l’autonomie. Pour eux, aller sur l’ENT reviendrait à «fliquer», à «fouiner».

Si les positionnements des parents rencontrés sur la gestion du dilemme entre suivi et autonomisation des enfants sont contrastés, parfois même au sein d’un même foyer, l’idée que l’ENT puisse être utile dans le cas où les enfants ont des problèmes est prégnante. Le cas de la famille Figue est d’ailleurs assez révélateur de cette ambiguïté. Ce couple insiste sur le sérieux de leur fille et l’importance qu’ils accordent à la confiance et la discussion. Utilisatrice ponctuelle, la mère est rassurée par l’existence de l’ENT en cas de velléités de dissimulation des notes. Le père, plus en retrait, craint l’utilisation possible de l’ENT pour « fliquer » les enfants, mais reconnait qu’il peut être utile pour « des parents de cancres », comme il dit lui-même qu’il a été.

Pour de nombreux parents rencontrés, l’ENT, utilisé ou non, fonctionne donc comme un filet de sécurité disponible à certains moments de la scolarité «pour prévenir tous les risques de “chute” concernant les résultats scolaires ou le comportement en général» [16]. Cette notion de safety net, développée par Johnson [12]et reprise par Le Pape et Van Zanten [16], exprime bien ce phénomène. Les affordances attribuées à l’ENT contribuent au sentiment chez les parents de disposer potentiellement, ponctuellement, et de manière diversifiée, d’un outil permettant de détecter ou limiter tout accident scolaire. Madame Citron nous a ainsi expliqué ne l’utiliser que pour son aîné dont les résultats ont connu un certain relachement à l’entrée au lycée.

Nous constatons au travers des propos des personnes rencontrées que c’est dans la relation parent-enfant que l’ENT prend toute sa place. Notamment par des connexions partagées, il devient le centre de discussion et de partage entre adulte et enfant. Nombre de collégiens rencontrés n’hésitent pas à solliciter leurs parents pour montrer une bonne note ou les photos d’une activité. L’ENT occuperait ainsi une place significative dans ces échanges sur la scolarité. Une pratique généralement appréciée, notamment par Madame Bleu qui explique que son fils et elle ont pris l’habitude de se connecter chacun de leur côté, dans la même pièce, et de parcourir et commenter en même temps les contenus disponibles.

Globalement l’ENT, quelle que soit l’intensité de la communication entre parents et enfants au sujet de l’école, offre une opportunité pour renforcer les échanges entre parents et enfants. Parce qu’il donne des informations sur les activités, sur la cantine, sur les cours ou sur les voyages, il permet un mécanisme de renforcement des liens qu’Epstein a déjà décrit [8]. Ce sentiment est assez partagé par les parents rencontrés, comme madame Figue qui souligne que «ça doit être bien pour ceux dont les enfants ne parlent pas» ou madame Mauve pour qui même dans les connexions de parents sans leur enfant, l’ENT permet de suivre sa vie et de lui faire savoir : «montrer aussi à l’enfant qu’on s’intéresse je pense. Qu’il y a quand même un regard qui est posé. Enfin qu’il sache ».

L’ENT comme support d’échanges au sein de la famille est assez peu porté par les discours d’accompagnement. Il s’agit là pourtant, selon nous, d’un de ses atouts. Plusieurs «travaux ont [d’ailleurs] démontré l’importance des discussions familiales à propos du collège» [1]. Les informations disponibles sur les ENT vont bien au-delà des notes, des contenus des cours ou des emplois du temps. Les discussions qui nous ont été rapportées portaient le plus souvent sur les activités socioéducatives ou sur des matières moins valorisées comme le sport ou l’art plastique. Il semble bien dans ce contexte que les ENT aient un rôle fort à jouer dans la mise en valeur de la vie scolaire des enfants et plus largement la valorisation des projets éducatifs des établissements. En dépit cependant des discours promouvant les ENT comme instruments du partenariat école-famille, notre constat est qu’ils se développent davantage comme un outil de consultation, dans une relation à sens unique [28]. Car en définitive, si les ENT s’inscrivent dans le développement et le renforcement d’échanges impliquant les parents, c’est davantage au sein même de la famille qu’avec l’établissement scolaire et ses acteurs.

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juvéniles : approche par la prescription de l’observation

Laëtitia Pierrot1, Hassina El-Kechai1, Sébastien Iksal2, Jean-François Cerisier1

1 Université de Poitiers, TECHNÉ - EA 6316 86000 Poitiers, France laetitia.pierrot@univ-poitiers.fr / hassina.el.kechai@univ-poitiers.fr /

cerisier@univ-poitiers.fr

2 Université du Maine, LIUM - EA 4023 53000 Laval, France sebastien.iksal@univ-lemans.fr

Résumé. Cet article présente un travail mené dans le cadre du projet Living

Cloud. Il rend compte des comportements juvéniles en matière d’usage numérique et donne des indications sur l’appropriation des technologies par des adolescents. Cette appropriation est traitée dans ce travail à travers l’analyse de

la circulation des pratiques numériques juvéniles. Le public de jeunes ciblés ici

est composé de lycéens d’un établissement de l’Académie de Poitiers. Les résultats de cette étude ont vocation à accompagner les transformations des pratiques pédagogiques des enseignants avec le numérique et alimenter la réflexion surle numérique éducatif dans la région. Nous nous attardons dans cet article sur le travail qui nous a amené à spécifier le plus formellement possible la notion de circulation des pratiques numériques. Nous présentons également

comment cette spécification nous a guidée dans le choix et la mise en œuvre

d’une méthode d’analyse de traces numériques pour étudier cette circulation.

Mots-clés. Traces, Pratiques numériques juvéniles, Besoin d’observation, Jeunes, Théorie de l’activité

Abstract. This paper introduces a research developed in the framework of Living Cloud, a project that aims to outline youth behaviors when using digital devices and to report on technology appropriation. Within this research, the appropriation is addressed by the analysis of digital practices circulation. High school students of a city of Poitiers nearby area compose our study sample. Results intend to guide teachers’ pedagogical practices transformations when

using digital devices as well as to contribute to the reflection on digital education. In this paper, we focus specifically on the work process that got us to formalize the circulation concept and how this formalization guided us to choose and implement a framework analysis.

Keywords. Traces, Pratiques numériques juvéniles, Besoin d’observation, Jeunes, Théorie de l’activité

1 Introduction

Le projet Living Cloud auquel nous participons au sein de l’équipe de recherche TECHNE de l’Université de Poitiers est commandité par l’ancienne Région Poitou-Charentes, par le Rectorat de l’Académie de Poitiers et par un établissement scolaire du Secondaire : le Lycée Pilote International et Innovant (LP2I). Le projet est déployé depuis l’année scolaire 2014-2015 au sein de ce lycée général de l’académie de Poitiers.

La principale action liée à ce projet consiste à fournir à l’ensemble des lycéens un équipement informatique personnel qu’ils utilisent tout le long de leur scolarité dans l’établissement.L’objectif du projet Living Cloud est d’accompagner les enseignants dans l’élaboration d’activités d’apprentissage adaptées aux élèves et de fournir des indicateurs d’usage avant la définition de nouvelles politiques d’équipement. Cela se fait à l’échelle de l’établissement avec lequel nous travaillons, à qui nous rendons régulièrement des rapports sur l’utilisation des équipements. Cela a par exemple contribué au passage d’un équipement choisi par l’établissement, (une tablette tactile sous Android), à une politique de BYOD1

. Les résultats issus de cette étude visent à fournir des préconisations, pour ce lycée en particulier et les autres établissements en général, à destination du service numérique de la Région.

Nous avons contribué à ce projet par un accompagnement scientifique qui vise l’observation et la restitution de comportements d’élèves et d’enseignants face à l’usage du numérique dans des contextes d’apprentissage. L’une des facettes de cet accompagnement scientifique porte sur la collecte et l’analyse de données d’utilisation d’équipements de lycéens du LP2I. Notre réflexion pour récolter ces données s’appuie sur une recherche qui combine entretiens et analyse des traces numériques d’activité. Un des objectifs de cette analyse de données porte sur un besoin d’observation spécifique lié à une recherche doctorale : la circulation des pratiques numériques des lycéens. C’est sur ce besoin que nous focalisons le contenu de cet article.

La notion de circulation correspond à la manière dont les pratiques numériques d’un sujet (considéré à l’échelle individuelle : le lycéen dans notre cas) peuvent être enrichies par les pratiques issues de l’environnement social (le collectif) et comment l’environnement social à son tour peut bénéficier de pratiques individuelles.

Nous considérons qu’une pratique peut être transmise à un sujet ou acquise par l’expérience par le sujet et peut s’apparenter dans sa construction à un apprentissage. Une pratique peut concerner un individu, mais peut également s’inscrire au sein d’une communauté ou d’un groupe social. Les pratiques peuvent différer d’une communauté à une autre, d’un groupe social à un autre au sein d’une même communauté et également d’un individu à l’autre à l’intérieur d’un même groupe social. Nous formulons l’hypothèse que les interactions au sein de ces groupes et communautés induisent une circulation des pratiques numériques qui amènerait à leur enrichissement chez les uns et les autres et favoriseraient l’enrichissement des compétences numériques.

1

Le terme BYOD pour Bring Your Own Device désigne l’approche retenue par le LP2I où les élèves ont le droit d’utiliser leur équipement personnel numérique, qu’il s’agisse d’un ordinateur portable ou d’une tablette.

Dans notre travail, nous adoptons la définition proposée par Aillerie [1] : la notion de pratique correspond à l’ensemble des actions régulières réalisées en mobilisant un ou plusieurs instruments, selon le contexte, avec une intention particulière. Pour donner des exemples de pratiques numériques, nous pouvons citer les pratiques informationnelles que nous pouvons observer à travers des requêtes effectuées dans des contextes spécifiques [2], les pratiques de production en amateur ou encore les pratiques de communication, selon un canal privilégié [1][7][8][9].

Pour étudier la circulation des pratiques, nous nous basons pour partie sur une collecte et analyse de traces numériques. Nous avons installé pour cela un logiciel de traçage, Kidlogger, sur les équipements numériques des lycéens avec leur accord et celui de leurs parents. Les données récoltées ont été complétées par des logs du proxy, qui nous donnent des informations sur l’utilisation du réseau. Nous avons également exploité des informations complémentaires fournies par l’établissement comme l’emploi du temps des élèves qui nous donnent des indications des créneaux horaires de cours et nous permettent ainsi de savoir si les pratiques observées se déroulent en classe ou en dehors de la classe.

Pour mener l’analyse des données collectées, nous avons mis en place un processus basé sur la prescription de l’observation. Ce processus d’analyse nous a amené à décrire très finement le besoin d’observation qu’est la circulation des pratiques. Cette description a abouti à une formalisation de cette notion de circulation que nous décrivons ici dans cet article de façon détaillée. Nous décrivons également ce processus d’analyse que nous avons mis en œuvre et l’illustrons par des exemples. Nous finissons par la présentation de quelques résultats d’analyse obtenus au sujet de la circulation des pratiques numériques au LP2I.

2 Circulation des pratiques numériques juvéniles : définition et

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