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L’effet du nouveau regard du Sahara sur le tissu urbain

Chapitre 01 : La ville saharienne et son développement

1.5. Le développement de la ville saharienne

1.5.3. Le développement urbain de la ville saharienne …

1.5.3.3. L’effet du nouveau regard du Sahara sur le tissu urbain

L'image nouvelle du Sahara riche et prospère contrastait avec l'ancienne qui fascinait. Le Commandant Archier écrivait: "C'est en 1956, avec la découverte du pétrole à Edjeleh et Hassi Messaoud que le Sahara nord oriental entra dans la phase de l'essor industriel. Cette intrusion de la vie moderne en milieu archaïque accélère les processus de désagrégation des structures sociales traditionnelles. En même temps, du travail est offert, sur place, aux habitants, occasion d'enrichissement et de transformation de l'économie et de la société" (Cdt Archier, 1958).

La nouvelle image du Sahara faisait un afflux brutal d’émigrés et l’économie développée a entrainé une transformation du tissu urbain, mais l’Etat en a fait des bases du contrôle territorial. On peut résumer les effets dans les 04 points suivants :

1.5.3.3.1 Le noyau ancien : entre abandon et densification

En pénétrant dans les ksour, on prend conscience de la précarité des oasis quand on observe les vieux noyaux qui étouffent, se dégradent et se défigurent en devenant méconnaissables et où il est difficile d’y vivre. La population est en train de les déserter.

Certains sont déjà vides, d'autres sont en voie de l’être, vu l’état dégradé, d'autres encore ont été totalement transformés après densification.La grave sécheresse récente a précipité la dégradation de la palmeraie, accélérant le processus d'abandon des ksour, de ventes des terres et de leur exploitation sauvage par des techniquesqui épuisent la nappe phréatique.

Les facteurs culturels et économiques (la scolarité, les médias, les idées véhiculées par les flux migratoires internes et externes) ont eu une influence certaine sur l’aspiration des populations aux changements. L'évolution actuelle se caractérise par une profonde mutation socio-économique.Dans un passé récent, le revenu de la population provient surtout de l'agriculture; aujourd'hui, de nouveaux secteurs d’activités ont pris le relais.

Photo n°09: La densification du ksar et extension selon la palmeraie, ksar de Ghardaïa.

(Source: M. Chekhab, 2010)

1.5.3.3.2 Les opérations de logements étatiques: l’habitat collectif

L’habitat collectif est un type de constructions finies non évolutives qui est produit par l'Etat et où la participation des bénéficiaires est totalement absente.

C'est une production massive de tissus ouverts, fait de barres et tours sans préoccupation d'urbanité. "Avec des rues larges, exposées à la violence des tempêtes de sable et à l'ardeur du soleil, ils sont construits selon un alignement répétitif de blocs de quatre à cinq étages, sans relief ni âme, glaciales en hiver et torrides en été, ce qui témoigne de l'incapacité de l'urbanisme moderne à s'adapter à la spécificité de l'environnement oasien" (M. Naciri, 1988).

Comme, il a été favorisé par :

- La localisation des quartiers hors palmeraie les a fait exposer aux aléas naturels (tempête de sable, vents chauds et froids). Malgré les moyens actifs de confort thermique dont les habitants se sont dotés.

- L'usage de matériaux à base de ciment qui s’est généralisé, l’absence de brise et la radiation thermique du sol font de ces logements de véritables serres les nuits d'été.

- L'absence d'arbres, d'aménagement d'aires de jeux, de lieux de rencontres utiles pour faire du lien social et améliorer la qualité de vie, transforme les cités en espaces occupés que par le béton.

- La construction en hauteur (en densité) a perturbé la ville profondément, depuis le détail des conditions microclimatiques jusqu'aux superstructures sociales les plus élaborées.

1.5.3.3.3 L’auto construction réglementaire: forme importée et inadaptée

Les opérations "d'auto construction" (type lotissement) sont décidées et gérées par les municipalités où un plan de masse définissant les dimensions égales des parcelles est dessiné par un bureau d'études de wilaya. Les parcelles sont ensuite vendues avec l'obligation de réaliser un plan-type similaire à celui des opérations étatiques; pour certaines opérations,

Photo n°10: Cité 500 logements, Laghouat.

(Source: T. Hadjadj, 2009)

Photo n°11: Habitat individuel, Rafeji, Ouaragla.

(Source: auteur, 2014)

une aide en matériaux est fournie aux constructeurs par la commune. Dans la réalité, les plans-types ne sont pas respectés, et le parcellaire originel est modifié.

L’auto construction sous-tend habitat individuel, mais les résultats de cette politique, montrent qu'au-delà desproblèmes d'approvisionnement en matériaux, c'est toute la structure et le paysage urbain qui se transforment. A la périphérie des villes, les lotissements de

"villas" ou de maisons modestes ont recouvert des plaines et des vallées entières, car les communes de la périphérie y ont vu un moyen pour s’enrichir et les ont encouragés.(S.

Belguidoum, 2005)

Comme, il a été favorisé par :

- Les lotissements font face à des carences de réalisation d'infrastructures, de gestion et de contrôle des extensions sur leur territoire.

- Les agglomérations, où ces extensions n'ont pas été "planifiées", sont en situation grave.

- Les ajustements effectués par le privé, pour qu’il corresponde à leurs exigences, dénote une inadéquation certaine entre l'habitat en lotissement tel qu'il est institué par l'Etat et le vécu et souhaits des habitants.

- Par opposition à l’habitat traditionnel, le lotissement semble mimer le style colonial où l'îlot est délimité par l'intersection des axes du tracé parcellaire. Il est structuré dans des formes géométriques.

- Ces îlots aérés avec des jardins tendent à se densifier, du fait que les habitants préfèrent faire des extensions aux dépens des jardins, sans considération pour le rôle que joue l'espace vert dans la bioclimatisation de leurs maisons.

- la diversité dans le traitement de façades des habitations (balcons, chambres avancées, ouvertures rectangulaires s'associent sans respect de rythme ou de composition, pour constituer des façades urbaines souvent inachevées.

- La forme rectangulaire de la parcelle semble avoir influé sur le concept architectural de ces maisons et, donc, affecté l'organisation de l'espace habité par une composition extravertie. Ainsi, toutes les constructions sont réalisées en poteaux-poutres (béton armé) avec murs en parpaings ou en brique creuse.

Toutefois, si ce type d'habitat procure un certain confort psychologique (on le préfère au collectif), son mode d'organisation spatiale extravertie avec baies ouvertes sur

Photo n°12: Habitat informel, le quartier Sokra, Ouaragla.

l'extérieur, exposedavantage l'espace aux rayons solaires, en plus de la faible inertie thermique des matériaux de construction qui constituent des ponts thermiques sans omettre la violation de l’intimité. Par ailleurs, la situation des quartiers, hors palmeraie, les prive de toute protection contre les vents et l’ensoleillement. L'orientation NS, qui réduit les températures diurnes et favorise le confort thermique intérieur est totalement négligée.

Ainsi, les habitants se trouvent contraints de climatiser leur habitat ou de se servir des terrasses comme lieux de sommeil durant les nuits d'étés (M. Chaouche Bencherif, 2008).

1.5.3.3.4 L'autoproduction ou le lotissement non planifié : Nous désignons là, l'ensemble des

quartiers construits, dès les années 1960, en périphérie des tissus anciens. En effet, les terrains prolongeant les ksour, propriété des autochtones, ont été lotis, librement, et bâtis par les habitants. C'est ce type de production qui révèle les aspirations des habitants, car à l’occasion, ils décident de toutes les questions liées à la composition spatiale. Si pour les opérations centralisées, les concepts et le suivi des projets des acteurs étatiques généraient des dysfonctionnements,

ici, tout le processus de constitution spatiale est conduit par les habitants.

L'extension de ce type de quartier est accélérée par l'exode rural et la sédentarisation des nomades et le matériau utilisé, de la terre crue, est extrait des carrières proches. La dépendance à l’égard des matériaux nouveaux est évitable.

Ce type d'habitat est une vraie pathologie urbaine, d'autant qu’il prolifère même dans les palmeraies, il nuit à l'image des oasis et des ksour. A. Farhi (1999) écrit à propos de Biskra:"Reconnaissant la valeur inestimable des terres agricoles, mais les propriétaires sont les premiers à les sacrifier pour la construction, à les brader, à couper les palmiers et à utiliser la terre agricole en terrains à bâtir, à réduire la valeur productive des terres en immobilisation ruineuse, ou à adopter des techniques d'extraction de l'eau qui menacent l'équilibre écologique de la ville".Les abattages depalmiers et les constructions illicites ont été menés astucieusement. En effet, les palmiers sont abandonnés afin de justifier leur abattage, alors que les fondations des futures constructions prétextent la nécessité familiale.

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