• Aucun résultat trouvé

Partie II : enquête et résultats

D) Les effets sur le fonctionnement du service

2. Des freins

2.5 L’effet institutionnel

Pour finir nous aborderons l’effet institutionnel qui peut représenter une difficulté pour les CPE dans la mise en place d’un service de vie scolaire performant. En effet comme nous avons pu le voir précédemment, les missions du CPE n’ont cessé de se complexifier au fur et à mesure des années, et par conséquent la charge de travail demandée s’est beaucoup

intensifiée. Quelle place reste-t-il alors pour la gestion d’équipe ? Cette mission est inhérente au bon fonctionnement du service de vie scolaire, mais elle doit s’équilibrer avec les nombreuses autres tâches qui incombent au CPE. De fait, cet équilibre est de plus en plus dur à obtenir compte tenu de la charge de travail attribuée au CPE. C’est dans ce sens que l’effet institutionnel peut être un frein au bon fonctionnement du service et à la mise en place d’une gestion d’équipe cohérente et efficace.

Finalement, il apparaît que la structure même de l’établissement (que ce soit un collège où un lycée par exemple) va induire des problématiques différentes et qu’un service de vie scolaire, pour qu’il soit efficace, doit être géré en prenant en compte tout son contexte. Cela va donc créer une difficulté supplémentaire pour le CPE, car à chaque nouvelle prise de fonction, il devra revoir sa manière d’appréhender la gestion du service afin de s’adapter aux contraintes imposées par l’établissement. En cela, un modèle fonctionnant bien dans un établissement, pourra se révéler moins adapté dans un autre. Ceci impliquera pour le CPE de devoir réinventer ses méthodes de travail pour répondre aux exigences de ce nouveau service.

Limites de l’enquête

Après avoir analysé nos résultats d’enquête nous avons pu dégager un certain nombre d’informations qui nous permettent d’établir des liens entre les postures d'autorité adoptées par le CPE et leurs incidences sur le fonctionnement d’un service de vie scolaire. Mais cette recherche ne peut pas répondre définitivement ni totalement à la question de départ. En effet, nous nous sommes intéressées à deux établissements (un lycée et un collège), une grosse structure et une plus petite, pour comparer les modes de fonctionnement des CPE entre différentes structures. Cependant, pour que les résultats soient plus complets, il aurait sans doute fallu comparer un plus grand nombre d’établissements différents (un grand collège, un petit lycée, une cité scolaire, etc), et donc interroger plus de CPE et d’AED également. De plus, les personnes interrogées, qu’elles soient CPE ou AED, n’étaient que des femmes. Il nous manque alors aussi un point de comparaison en fonction du sexe. Cette variable aurait peut être donné lieu à des postures et des visions du métier différentes. Enfin nous n’avons étudié que des établissements situés en zone urbaine (par souci de proximité géographique) et là encore les problématiques de ces établissements sont souvent différentes de celles des établissements ruraux. Ainsi, ce sont là autant de variables supplémentaires que nous aurions pu rajouter à notre recherche afin d'approfondir les résultats.

Conclusion

Nous avons donc, à travers notre travail de recherche, tenté de comprendre de quelle manière les postures d’autorité du CPE déterminaient le fonctionnement d’un service de vie scolaire.

Pour cela nous avons étudié en premier lieu les évolutions internes et externes au métiers de CPE, et comment celles-ci avaient influencé sa relation à l’équipe de vie scolaire et la manière de la gérer. Nous avons également redéfini les notions d’autorité et de management afin de pouvoir par la suite analyser au mieux les postures des CPE. Nous avons ensuite procédé à des entretiens de CPE et d’AED afin de croiser les témoignages et avoir une vision d’ensemble nous permettant de répondre à nos hypothèses et à notre questionnement de départ.

Il est ainsi apparu que le fait qu’il y ait du turn-over dans une équipe de vie scolaire n’était pas forcément le reflet d’une mauvaise relation de travail avec le CPE, mais s’expliquait plus par les motivations personnelles de chacun et par le fait que les statuts qui composent cette équipe sont précaires « c’est pas du turn-over dû à la CPE par exemple.

C’est pas des gens qui seraient partis parce que… parce que ça se passait mal ou voilà. C’est des gens qui sont partis vers d’autres horizons.» (Manon, AED, collège). Nous nous sommes

également rendues compte que la gestion d’un service de vie scolaire était plus influencée par la multiplicité des personnalités qui en ont la charge que par la taille de l’équipe en elle- même. Enfin nous avons observé que la gestion d’équipe était une mission spécifique du Conseiller Principal d’Éducation qui nécessite une certaine appétence, c’est pourquoi c’est un rôle à part entière pour Marie Riff, au lycée par exemple. D’un autre côté c’est également une mission investie par tous les CPE, à leur manière car cette gestion est inhérente au métier.

Finalement pour tenter de répondre au questionnement de départ nous retiendrons que le CPE peut agir de manière à créer des leviers pour faire fonctionner efficacement son service de vie scolaire. Ainsi il peut se positionner en tant que chef de service bienveillant et créer les conditions qui amèneront de la confiance au sein de l’équipe. De plus, en apportant de la reconnaissance et de la valorisation à son équipe il ne fera que renforcer cette confiance mais aussi le bien-être de son équipe. Enfin, en favorisant la meilleure communication au sein de celle-ci, il pourra établir une forte cohésion et ainsi créer une équipe soudée qui fonctionnera bien et qui permettra de rendre le service de vie scolaire le plus optimal possible. Nous retiendrons notamment l’importance du recrutement comme première étape dans la

constitution d’une équipe aux profils multiples. Le CPE devra donc choisir des personnalités qui lui correspondent et à son image, afin de favoriser par la suite une forte cohésion d’équipe. Cette cohésion est un facteur essentiel pour qu’un service de vie scolaire fonctionne sans l’intervention quotidienne du CPE. L’autonomie de l’équipe permettra alors à celui-ci de se consacrer à d’autres missions. Mais il faut aussi que le CPE s’adapte à la structure dans laquelle il évolue, qu’il tienne compte des contextes qui s’imposent à lui et à son équipe, afin d’envisager la gestion d’équipe la plus adaptée et la plus efficace.

Pour conclure, la gestion d’équipe est une manière pour le CPE de piloter la vie scolaire dans son ensemble. L’autorité qu’il met en place à l’égard de l’équipe est donc au service d’une ambition plus large, celle de « placer les adolescents dans les meilleures conditions de vie individuelle et collective, de réussite scolaire et d’épanouissement personnel » (circulaire 2015).

Annexe 1 - Grille d’entretien CPE et grille d’entretien AED

Documents relatifs