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3.5 L’effet des médicaments recommandés par les lignes directrices sur la mortalité et les

3.5.2 L’effet des médicaments cardiovasculaires sur les hospitalisations chez les ainés

3.5.2.1 L’effet des β-bloqueurs sur les hospitalisations chez les ainés 48

Nous avons répertorié trois études cliniques à répartition aléatoire portant sur l’effet d’un β- bloqueur sur le risque d’hospitalisation dans une population gériatrique souffrant d’insuffisance cardiaque 113,137,138. L’étude SENIORS (étude présentée dans la section

3.5.1.1, visant à déterminer l’effet du nébivolol chez les patients âgés souffrant d’insuffisance cardiaque) a été utilisée pour ces trois études.

Premièrement, Flather et coll. 113 ont évalué l’effet de l’exposition au nébivolol sur les

hospitalisations pour cause cardiovasculaire et les hospitalisations pour toutes causes. Aucun bénéfice n’a été démontré pour chacun de ces résultats de santé (RTi 0,90 [IC 95 % : 0,76-1,06] et 0,96 [IC 95 % : 0,82-1,10], respectivement). Par contre, l’étude de l’effet du nébivolol sur les hospitalisations était un objectif secondaire. L’objectif primaire était l’effet du médicament sur le résultat de santé combinant la mortalité toutes causes et les hospitalisations cardiovasculaires. Pour ce résultat, un bénéfice a été retrouvé parmi les patients exposés au nébivolol (RTi 0,86; IC 95 % : 0,74-0,99).

Deuxièmement, Mulder et coll. 137 ont évalué l’effet du nébivolol chez les patients de 70

ans ou plus souffrant d’insuffisance cardiaque sur le risque d’hospitalisation ou le risque de décès selon la présence de fibrillation auriculaire. Le risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque n’était pas diminué tant chez les patients présentant de la fibrillation auriculaire (RC 0,83; IC 95 % : 0,58-1,20) que chez ceux en rythme sinusal (RC 0,89; IC 95 % : 0,63-1,24).

Troisièmement, Dobre et coll. 138 ont évalué l’effet de la dose de nébivolol à la fois sur le

résultat de santé combinant la mortalité toutes causes et les hospitalisations pour cause cardiovasculaire et sur les hospitalisations pour cause cardiovasculaire seulement. On considérait que les patients recevant 10 mg de nébivolol à la fin de la période de titration avaient atteint la dose cible (67 % des patients inclus dans l’étude). Les patients recevant 5 mg étaient considérés exposés à des doses moyennes tandis que ceux exposés à plus de 1,25 mg mais à moins de 2,5 mg étaient considérés exposés à de faibles doses. Chez les patients exposés à la dose cible de nébivolol (comparativement à l’exposition au placebo), le risque du résultat de santé combinant le décès toute cause et les hospitalisations pour cause cardiovasculaire était diminué (RTi 0,75; IC 95 % : 0,63-0,90). Par contre, cette diminution du risque n’était pas retrouvée chez les patients exposés aux doses faibles ou modérées (RTi 0,88 [IC 95 % : 0,64-1,20] et RTi 0,73 [IC 95 % : 0,52-1,02], respectivement). Lorsque le risque d’hospitalisation pour cause cardiovasculaire était évalué séparément, le risque était encore une fois diminué chez les patients exposés aux doses cibles (RTi 0,76; IC 95 % : 0,62-0,94). Par contre, les résultats pour les autres doses ne sont pas présentés pour ce résultat de santé.

Nous avons aussi répertorié trois études dans lesquelles des bases de données administratives ont été utilisées afin de déterminer l’effet des β-bloqueurs sur les hospitalisations 116,139,140. Premièrement, Sin et coll. 116 en Alberta, ont étudié l’effet des β-

bloqueurs sur les hospitalisations pour insuffisance cardiaque chez 11 942 patients âgés de 65 ans et plus (âge moyen : 79 ans) ayant survécu à une hospitalisation pour insuffisance cardiaque. Parmi eux, 9,7 % avaient reçu un β-bloqueur (acébutolol, aténolol, carvédilol, métoprolol, nadolol, pindolol, propranolol, sotalol ou timolol). L’exposition à un β-bloqueur a été associée à une diminution de 18 % du taux d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque (RTi 0,82; IC 95 % : 0,74-0,92). Cette diminution a été observée chez les patients exposés à des doses élevées de β-bloqueurs (doses supérieures ou égales à la moitié des doses cibles utilisées dans les études cliniques) (RTi 0,71; IC 95 % : 0,60- 0,83) mais pas chez les patients exposés à de faibles doses de β-bloqueurs (RTi 0,92; IC 95 % : 0,80-1,07). Deuxièmement, Kramer et coll. 140 ont étudié l’effet des β-bloqueurs chez des ainés admissibles aux Medicare/Medicaid en Caroline du Nord. Les patients inclus dans cette étude étaient des patients ayant été hospitalisés au moins une fois pour de l’insuffisance cardiaque entre 2001 et 2004. Les patients étaient considérés exposés à un β-bloqueur si une réclamation pour du bisoprolol, du carvédilol ou du métoprolol était faite dans la période de 30 jours suivant le congé. La proportion de patients nécessitant une réhospitalisation pour de l’insuffisance cardiaque était plus élevée chez les exposés aux β-bloqueurs (0,41) que chez ceux non exposés (0,33) (différence de proportions -0,08 [IC 95 % : -0,13 à -0,03]). Aussi, le nombre de jours d’hospitalisation durant le suivi était plus élevé chez les patients exposés aux β-bloqueurs (2,2 jours) que chez ceux non exposés (1,8 jours) (différence de proportions -0,4 [IC 95 % : -0,7 à -0,1]). Afin d’expliquer ces résultats, les auteurs suggèrent la présence d’un biais d’indication. Ainsi, les patients ayant un moins bon pronostic auraient été exposés aux β-bloqueurs en plus grande proportion. Les autres raisons suggérées par les auteurs afin d’expliquer leurs résultats sont : la présence de facteurs de confusion non mesurés, une augmentation des hospitalisations dues aux effets indésirables des β-bloqueurs et à un suivi plus étroit, et donc un seuil plus faible pour la nécessité d’hospitalisation, parmi les patients exposés à un β-bloqueur. Troisièmement, Hernandez et coll. 139 ont évalué l’efficacité des β-bloqueurs chez les ainés

nouveau diagnostic d’insuffisance cardiaque. Tous les patients inclus dans cette étude ne devaient pas être intolérants aux β-bloqueurs ou présenter des contre-indications à cette classe de médicament. Parmi les 3 001 patients inclus, 63,2 % ont nécessité une hospitalisation durant la période de suivi d’un an. Le taux d’hospitalisation était diminué chez les patients exposés à un β-bloqueur comparativement à ceux non exposés (RTi 0,89; IC 95 % : 0,80-0,99). Les auteurs ont effectué des analyses selon les groupes d’âge (65-74 et ≥ 75 ans). Alors que les patients âgés de 65-74 ans avaient un risque d’hospitalisation diminué (RTi 0,80; IC 95 % : 0,68-0,94), les plus âgés n’avaient pas de bénéfice (RTi 0,94; IC 95 % : 0,84-1,05).