• Aucun résultat trouvé

a L’EE reverse l’expression de la sensibilisation comportementale

Partie I. Résumé et discussion de nos résultats

I.1. a L’EE reverse l’expression de la sensibilisation comportementale

Nos résultats démontrent que trente jours d’EE sont capables de reverser la sensibilisation comportementale (Solinas et al. 2008). Après un ou sept jours d’EE, l’expression de la sensibilisation comportementale est similaire à celle observée chez des souris SE, laissant suggérer que les effets bénéfiques de l’EE nécessitent du temps afin de contrecarrer les neuroadaptations induites par l’injection répétée de drogues, responsable du phénomène de sensibilisation.

Il a été démontré que les stimuli associés à l’administration répétée de drogues (expérimentateur, injection, contexte) subissent une forme de sensibilisation, que l’on nomme sensibilisation contexte-dépendante, ne s’exprimant que dans le contexte où l’animal a reçu les injections de drogues (Anagnostaras and Robinson 1996; Duvauchelle et al. 2000; Robinson and Berridge 2008). Ainsi une hypothèse envisageable serait que l’EE bloque la valeur incitative des stimuli environnementaux associés à la prise de drogues et que trente jours d’EE sont nécessaires à cela.

I.1.b. L’EE diminue le comportement de recherche de drogues

Nous avons mis en évidence que trente jours d’EE bloquent le comportement de recherche de cocaïne induit par le contexte dans des modèles animaux de PPC et d’AA (Chauvet et al. 2011; Solinas et al. 2008). De la même manière qu’avec la sensibilisation comportementale, les effets bénéfiques de l’EE ne sont pas

observables après un ou sept jours d’exposition mais après trente jours (Solinas et al. 2008). De manière intéressante, trente jours d’exposition à l’EE n’altèrent pas l’aversion de place conditionnée induite par le lithium (Solinas et al. 2008). Ces résultats démontrent que les effets curatifs de l’EE ne passent ni par un défécit mnésique, ni par une diminution de la valeur motivationnelle des stimuli, mais qu’ils seraient spécifiques de la valeur motivationnelle des drogues.

I.1.c. L’EE diminue la rechute induite par les cues

Nos résultats démontrent que trente jours d’EE, après exposition à la cocaïne, réduisent significativement la rechute induite par les cues (Chauvet et al. 2009). Ces résultats ont été confirmés par une étude du groupe de Neisewander démontrant que vingt et un jours d’EE réduisaient la rechute induite par les cues (Thiel et al. 2009).

I.1.d. L’EE diminue la rechute induite par le stress

Nous démontrons également que trente jours d’EE a des propriétés curatives sur la rechute induite par l’injection de yohimbine, molécule communément utilisée afin d’induire un stress à la fois chez l’homme et l’animal (Bremner et al. 1996a; b).

I.1.e L’EE inhibe la rechute induite par la cocaïne dans le modèle animal de PPC mais n’a aucun effet dans un modèle animal d’AA

Bien que dans notre premier papier, nous démontrons que l’EE inhibe la rechute induite par la cocaïne par l’utilisation d’un modèle animal de PPC chez la souris (Solinas et al. 2008), dans un second papier nous ne retrouvons pas cet effet curatif de l’EE par l’utilisation du modèle animal d’AA chez le rat (Chauvet et al. 2009). En effet, en utilisant comme modèle animal d’addiction la PPC, nous démontrons que dix jours d’exposition à l’EE abolissent la rechute induite par la cocaïne après extinction. Nous avons démontré dans les expériences précédentes (Chauvet et al. 2011; Solinas et al. 2008) que les effets curatifs de l’EE étaient observables après 30 jours d’enrichissement mais pas après sept jours. Dans cette expérimentation, les effets curatifs de l’EE sont observables après dix jours.

Dans une autre série d’expérimentations, nous avons étudié les effets curatifs de l’EE et ceci par l’utilisation de la procédure classique d’extinction/rechute dans le modèle animal d’auto-administration (Chauvet et al. 2009). Contrairement aux résultats obtenus en CPP, après dix jours d’exposition prolongée à la cocaïne (six heures par jour), résultant en une escalade de la prise de drogues (Ahmed and Koob 1998) et un comportement de recherche de drogues persistant (Semenova and Markou 2003), nous ne retrouvons pas les effets curatifs de l’EE sur la rechute induite par la cocaïne, et ceci quelque soit le temps d’exposition à l’EE (Chauvet et al. 2009). En effet, trois mois d’exposition à l’EE n’ont aucun effet sur la rechute induite par la cocaïne. De plus, avec une exposition moins importante à la cocaïne (trois heures par jour versus six heures par jour), aucun effet bénéfique de l’EE n’est observé non plus (Chauvet et al. 2009; Thiel et al. 2009).

Ces différences concernant les effets de l’EE sur la rechute induite par la cocaïne observée en PPC et en AA pourraient s’expliquer par la différence de modèles animaux utilisés, par la différence d’espèce mais surtout par la différence d’exposition à la drogue. En effet, dans la PPC, les souris reçoivent quatre injections non contingentes de cocaïne alors qu’en AA, les rats ont la possibilité de s’auto- administrer la cocaïne librement pendant trois ou six heures. Ainsi les effets induits par la drogue sont beaucoup plus forts en AA du fait de la durée d’exposition à la drogue. Ces résultats suggèrent que certains effets bénéfiques de l’EE sont observables seulement après une exposition faible à la drogue comme celle obtenue avec la PPC mais pas après une exposition longue, répétée et volontaire comme celle obtenue avec l’AA.

Etant donné que le modèle d’AA est le modèle animal de référence pour étudier l’addiction, nous considérerons qu’il est probable que la stimulation environmentale ne soit pas capable de diminuer le craving et les risques de rechute chez des personnes qui auraient été exposés de manière très forte à la drogue.

Documents relatifs