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L’autocollimation m´ esoscopique

7.2 Autocollimation m´ esoscopique

7.2.2 L’autocollimation m´ esoscopique

a l’´echauffement de la structure. La recombinaison non-radiative de surface ´etant particu-li`erement efficace sur GaAs[129], le gain disponible pour le mode laser est fortement r´eduit (d’o`u des seuils ´elev´es) et l’´el´evation de temp´erature importante.

Pour pallier cette difficult´e inh´erente `a notre approche de laser `a autocollimation, nous avons suivi une double approche. D’une part, nous avons ´etudi´e la passivation ´ elec-tronique du GaAs pour limiter les recombinaisons surfaciques : passivation ´electronique `a base de souffre ou d’azote en milieu aqueux[126], travaux que je ne pr´esenterai pas ici. D’autre part, nous avons cherch´e de nouvelles g´eom´etries permettant d’obtenir l’auto-collimation tout en pr´eservant des zones non structur´ees les plus longues possibles pour pr´eserver le gain optique. L’id´ee premi`ere de cette approche est d’alterner des zones non-structur´ees o`u le faisceau s’´etale librement avec des zones `a cristal photonique fonctionnant en r´egime de focalisation afin de compenser l’´etalement. En effet, comme on peut le consta-ter sur la figure7.16(a) page suivante, au del`a de la fr´equence d’autocollimation, le cristal photonique pr´ec´edemment utilis´e pr´esente une large plage de fonctionnement en r´egime de focalisation (en vert). En cr´eant une structure m´esoscopique qui alterne des sections de ce cristal photonique avec des sections de membrane non structur´ee (figure 7.16(b)), nous devrions pouvoir obtenir un faisceau se propageant en moyenne sans ´etalement lat´eral, un r´egime que nous avons baptis´e autocollimation m´esoscopique.

7.2.2 L’autocollimation m´esoscopique

Lorsque nous avons pris le parti d’´etudier des structures m´esoscopiques pour obtenir un r´egime d’autocollimation, les travaux dans ce domaine ´etaient peu nombreux. Rien

n’in-cristal photonique focalisant membrane massive (défocalisante)

(a) (b)

Figure 7.16 – Autocollimation m´esoscopique : (a) courbes isofr´equences pour un cristal photonique `a maille carr´ee avec r´egime de focalisation (en vert) ; principe de l’autocollima-tion m´esoscopique : une alternance de sections de membrane non-structur´ee `a dispersion normale (en gris) et de sections de cristaux photoniques en r´egime de focalisation assure une propagation moyenne sans dispersion lat´erale.

Figure 7.17 – Figure issue de [130] : une alternance d’air (n = 1) et de cristaux photo-niques simulant un indice de phase de nP hC =−1 permet l’obtention d’une autocollimation m´esoscopique.

diquait que nous pouvions r´eellement obtenir le r´egime d’autocollimation m´esoscopique o`u les dispersions lat´erales dans une section non-structur´ee et dans une section `a cristaux pho-toniques se compensent parfaitement. Les seuls travaux sur des structures similaires ´etaient mˆeme plutˆot pessimistes. En effet, l’´equipe de Mocella avait ´etudi´e des structures alternant des sections d’air avec des sections `a r´egime de focalisation[130] (voir la figure 7.17).

Selon leur ´etude, l’obtention d’un r´egime d’autocollimation ´etait soumis `a des con-traintes tr`es fortes. Les sections d’air et de cristaux photoniques devaient ainsi ˆetre de mˆeme longueur physique et poss´eder des indices de phase oppos´es afin d’obtenir un r´egime d’indice de phase moyen quasi-nul[130].

Nous avons en fait pu d´emontrer que ces conditions ´etaient arbitrairement trop limi-tatives et que l’indice de phase ne jouait pas de rˆole direct dans l’obtention de l’autocolli-mation m´esoscopique[131].

En effet, comme illustr´e sur la figure 7.18 page ci-contre, lorsque l’on consid`ere la propagation d’un faisceau `a une fr´equence r´eduite donn´ee u0 et dans une direction ~k = kx~ex + ky~ey donn´ee, l’indice de phase correspond `a la distance entre le centre du

dia-n

φ

Figure 7.18 – Indice de courbure : pour une isofr´equence `a une fr´equence r´eduite u0 et un vecteur d’onde central k, l’indice de phase nϕ = k/u0 ne d´etermine pas la dispersion lat´erale du faisceau. Celle-ci est dict´ee par l’indice de courbure nc = Rc/u0 o`u Rc est le rayon de courbure de l’isofr´equence au point consid´er´e.

gramme de dispersion1 et le point ~k consid´er´e, divis´e par la fr´equence r´eduite (en vert sur la figure 7.18) : nϕ(~k, u0) =

~k

/u0. Cet indice de phase n’est en rien li´e au rayon de courbure local Rc de la courbe isofr´equence au point ~k (en rouge sur la figure 7.18) qui est le param`etre clef r´egissant la dispersion lat´erale du faisceau. En effet, les ´etudes men´ees durant le projet CLAC en partenariat avec Emmanuel Centeno de l’universit´e Blaise Pas-cal ont permis de montrer que la dispersion lat´erale ´etait r´egie par un indice de courbure nc= Rc/u0, directement d´eduit du rayon de courbure.

Pour un mat´eriau homog`ene isotrope, l’indice de phase et l’indice de groupe sont ´egaux : nc(u) = nϕ(u) = n(u) o`u n(u) est l’indice optique du mat´eriau consid´er´e.

En revanche, pour des cristaux photoniques, l’indice de courbure nc(u) est sans rap-port direct ni avec l’indice de phase nϕ(u), ni avec l’indice optique du mat´eriau hˆote n(u). Une analogie peut ˆetre faite avec la propagation de paquets d’onde dans un milieu dispersif : ce n’est pas l’indice de phase qui r´egit leur propagation, mais l’indice de groupe qui d´ecoule des variations locales de l’indice de phase entre les diff´erentes fr´equences com-posant le paquet d’onde. Ici, la situation est similaire, mais en lieu d’un paquet d’onde fr´equentiel, nous avons un paquet d’onde angulaire et l’indice de courbure joue un rˆole similaire `a l’indice de groupe.

Nous avons ainsi pu ´etablir[A22], [132] que les conditions d’obtention de l’autocolli-mation m´esoscopique ´etaient tr`es permissives, vu qu’il suffit de v´erifier :

1. Ceci n’est rigoureusement vrai que sur la premi`ere bande du cristal photonique. Sur une bande N > 1, il est n´ecessaire de prendre comme origine le centre de la Ni`eme zone de Briouillon.

Figure 7.19 – Conditions d’obtention de l’autocollimation m´esoscopique : la courbure moyenne accumul´ee sur une m´eso-p´eriode D doit ˆetre nulle.

d1 n + d2 nc = 0 ou de fa¸con ´equivalente nc n =d2 d1 (7.1)

o`u d1 et d2 repr´esentent respectivement les longueurs des zones homog`enes et des zones focalisantes `a cristaux photoniques, n est l’indice de phase du mat´eriau homog`ene et nc l’indice de courbure dans les zones focalisantes (voir la figure 7.19). Cette ´equation traduit que la courbure accumul´ee sur une p´eriode de la structure doit ˆetre nulle. Elle permet de constater deux propri´et´es tr`es particuli`eres de l’autocollimation m´esoscopique. Tout d’abord, seuls l’indice de phase dans les sections homog`enes et l’indice de courbure dans les sections `a cristaux photoniques rentrent en jeu. L’autocollimation m´esoscopique ne d´epend donc pas de l’indice de phase dans les sections `a cristaux photoniques, qu’il est possible de choisir de fa¸con arbitraire. Ensuite, cette condition est ind´ependante de la m´eso-p´eriode D = d1+ d2, vu que seules les longueurs relatives des deux sections comptent. On peut donc choisir aussi de mani`ere arbitraire la p´eriode de la structure m´esoscopique. Ces deux propri´et´es permettent de concevoir des structures `a autocollimation m´esoscopique avec une grande marge de manœuvre.

Nous avons ainsi apport´e un ´eclairage nouveau sur un domaine relativement r´ e-cent de l’autocollimation m´esoscopique. En particulier, le concept d’indice de courbure permet de mod´eliser simplement la propagation dans ces structures m´esoscopiques tr`es complexes[A22],[CA49]. Cela nous a permis de pr´evoir que l’autocollimation m´ esoscopi-que ne se limitait pas aux structures d’indice moyen quasi-nul majoritairement constitu´ees d’air[130] et que l’on pouvait concevoir des structures comprenant majoritairement du ma-t´eriau potentiellement actif[A22]. La figure7.20 page ci-contre pr´esente ainsi la simulation de la propagation d’un faisceau de lumi`ere dans une membrane de GaAs non structur´ee (figure 7.20(a)) et dans une membrane `a autocollimation m´esoscopique (figure 7.20(b)) constitu´ee `a 97 % de mat´eriau massif et potentiellement actif.

Durant le projet CLAC, nous avons finalement observ´e l’effet laser dans de telles structures sans pour autant arriver `a le relier de fa¸con univoque `a un effet d’autocollima-tion m´esoscopique[CA37],[CS28],[CS24].

Figure 7.20 – [Issue de[A22]] Autocollimation m´esoscopique dans une structure compos´ee `

a 97 % de mat´eriau massif (simulations FDTD) : (a) propagation libre dans le mat´eriau massif ; (b) propagation autocollimat´ee dans une structure alternant 3/4 de mat´eriau massif et 1/4 de cristal photonique (maille carr´e ; 12 % de facteur de remplissage en trous).