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2.2 Recension des écrits

2.2.2 L’auto-efficacité en contexte de simulation

Cette première section de la recension des écrits porte sur le premier concept retenu dans le cadre de cette étude, soit l’auto-efficacité perçue telle que définie par Bandura (1977a; 1977b; 1986) dans les activités d’apprentissages liées à la simulation de type ECOS ou SHF en soins infirmiers. Il est considéré comme un jugement que l’on porte sur l’aptitude de l’individu à organiser des tâches et à les exécuter dans un contexte spécifique (Bandura, 2007). Il est au fondement de la motivation, du bien-être et des accomplissements humains et provient de la théorie sociale cognitive de Bandura

(1979a; 1979b; 1986). Selon le cadre théorique de Bandura, la conviction que l’apprenant a de pouvoir gérer les exigences de ses activités d’apprentissage dans un contexte donné affecte entre autres ses réactions émotionnelles (stress/anxiété et dépression), ainsi que sa motivation et ses résultats scolaires (performance académique) (Bandura, 1993).

Plusieurs auteurs s’entendent pour affirmer que l’auto-efficacité perçue augmente avec l’utilisation de la simulation en soins infirmiers (Kameg, et al., 2010; Leigh, 2008a; 2008b; Pike et O’Donnell, 2010; Walker, 2008). De plus, les étudiantes ayant une meilleure auto-efficacité perçue sont susceptibles de réduire l’impact de l’anxiété vécue au cours de situations d’apprentissages complexes (Tuttle, 2009). Cependant, il est à noter que les instruments de mesure et les méthodologies employées diffèrent grandement d’une étude à l’autre malgré les conclusions similaires de ces dernières (Leigh, 2008a). Aucune étude n’a cependant été recensée à ce sujet dans un contexte de formation collégiale en soins infirmiers. Enfin, les études de White (2009; 2011) et Leigh (2008b) concluent que l’auto-efficacité perçue est au cœur de la dispensation des soins de qualité et sécuritaires auprès des patients, il est donc important de s’y attarder davantage (Onovo, 2013).

L’étude américaine de Kameg et al. (2010) visait à comparer l’efficacité de deux stratégies pédagogiques, soit la SHF et l’approche traditionnelle comprenant des cours magistraux, sur l’auto-efficacité perçue. Trente-huit étudiantes (n = 38) finissantes en soins infirmiers furent interrogées à l’aide de trois questionnaires dont le Self-efficacy

visual analogue scale, General self-efficacy scale de Schwarzer et Jerusalem (1995) et le Simulation evaluation survey de Howard (2007). L’échantillon fut scindé en deux

groupes, un groupe réalisait deux simulations avec jeux de rôles (n = 21) alors que l’autre effectuait des lectures, tel que préconisé par l’approche traditionnelle (n = 17). Les résultats indiquent que le recours à la simulation haute-fidélité augmente significativement l’auto-efficacité perçue des étudiantes dans l’établissement d’une communication optimale avec des patients souffrant de troubles de santé mentale. La méthodologie de cette étude est bien décrite dans ce manuscrit qui indique que la variable de la communication en contexte de simulation fut particulièrement difficile à évaluer de par la complexité de cette compétence. Cette dernière fut évaluée à l’aide d’une grille d’observation comprenant entre autres l’expression non verbale et la qualité des interactions des finissantes.

Par ailleurs, l’étude canadienne mixte de Sinclair et Ferguson (2009) visait à décrire l’auto-efficacité perçue auprès de 250 étudiantes en soins infirmiers. Les participantes ont été divisées en deux groupes : 1) un groupe expérimental (n = 125) qui devait réaliser une heure de cours théorique suivi d’une heure de simulation intermédiaire de type ECOS et; 2) un groupe contrôle (n = 125) qui devait réaliser deux heures de cours magistraux avec lectures dirigées. La méthode de collecte de données proposée comprend le recours au questionnaire modifié Baccalaureate nursing student

teaching-learning self-efficacy questionnaire de Goldenberg et al. (2005). Les résultats

montrent que les étudiantes étaient satisfaites du remplacement d’une heure de cours théorique par de la simulation de type ECOS. Les mesures répétées auront su contribuer

à la fatigabilité des sujets et peut-être pu ainsi affecter leur taux d’attrition important, variant de 23 à 75 participants pour le groupe contrôle.

L’étude qualitative de Pike et O’Donnell (2010), ayant eu recours à un groupe focalisé composé de neuf d’étudiantes (n = 9) en soins infirmiers, avait pour but de décrire l’impact de la simulation sur l’auto-efficacité perçue. Les résultats indiquent que la simulation augmente l’auto-efficacité perçue des étudiantes au regard de leur performance dans un contexte académique, sans toutefois être transférable dans un contexte clinique.

L’équipe de Sohn, Ahn, Lee, Park et Kang (2013) ont réalisé une étude pré- expérimentale avec un groupe prétest/post-test qui a su démontrer une augmentation significative de l’auto-efficacité perçue des étudiantes en sciences infirmières pour toutes les dimensions du questionnaire créé à cette fin (Alpha de Cronbach 0,95) comprenant quatre dimensions et cinq à neuf items par dimension. Ces dernières étaient évaluées à l’aide d’une échelle de type Likert de 0 à 10 items. Vingt-cinq (n = 25) étudiantes infirmières ont pris part à une formation d’une durée de cinq heures au sujet de l’hypertension artérielle, comprenant une combinaison de simulation et d’approche par problème dans cette étude, elles ont ensuite répondu au questionnaire auto-rapporté. Les données recueillies en prétest et post-test ont démontré des résultats significatifs pour toutes les dimensions du questionnaire qui sont les suivantes : collecte de données subjectives (t = 2.48, p = 0.020), examen physique (t = 2.47, p = 0.021) priorisation des soins infirmiers (t = 5.78, p = 0.001) et promotion de la santé (t = 2.42, p = 0.023). La

petite taille de l’échantillon recruté sur une base volontaire, l’absence de groupe témoin ainsi que les variables confondantes, telles que les caractéristiques individuelles des sujets, peuvent également avoir eu un impact sur les données recueillies.

Pour sa part, l’étude corrélationnelle descriptive de Cardoza et Hood (2012) avait pour but de mesurer l’auto-efficacité perçue d’étudiantes finissantes du baccalauréat en sciences infirmières (n = 52) réparties en deux groupes (Groupe 1 n = 31 et Groupe 2 n = 21) dans leurs habiletés à répondre aux soins cliniques d’un patient avant et après une participation à une séance de SHF. Entre les temps de mesures (T1-T4) pré/post- SHF, une formation de huit heures ainsi que des lectures complémentaires étaient réalisées par les participantes du groupe 1 seulement. L’instrument de mesure employé

General Self-Efficacy scale (Alpha de Cronbach 0,76-0,90) de Schwarzer et Jerusalem

(1995) comprenant dix items, avec une échelle de type Likert à quatre points, a permis de recueillir les données. Les résultats démontrent une augmentation significative de l’auto-efficacité perçue dans le temps post-SHF (Gr 1. T3 Moyenne = 32,84; ÉT = 3,8); T4 Moyenne = 34; ÉT = 3,9; Gr 2. T3 Moyenne = 26,76; ÉT = 3,7; T4 Moyenne = 29,0; ÉT = 4,2) qui pourrait être en partie attribuable à la formation de huit heures reçue entre ces deux temps de mesure et les simulations réalisées par les participantes du groupe 1. Cependant, il est à noter que d’autres approches pédagogiques, telles que la formation théorique et les lectures complémentaires, ont été utilisées en plus de la SHF entre les différents temps de mesure, ce qui peut avoir affecté les résultats obtenus selon les auteurs.

L’étude doctorale de Grace N. Onovo (2013) avec données quantitatives, ayant recours à un groupe de sujets (n = 32) pré et post-simulation, visait à mesurer les niveaux d’auto-efficacité et d’anxiété perçus d’étudiantes du programme de baccalauréat en sciences infirmières. Les résultats de cette étude concernant l’auto-efficacité sont mesurés à l’aide du Nursing Anxiety and Self-Confidence with Clinical Decision Making

scale (Alpha de Cronbach 0,96-0,97) du NLN (2006) comprenant 27 items en deux

sous-échelles avec échelle de type Likert à six points. Une différence significative pré et post-test fut notée (Moyenne = 0,46; ÉT = 0,11) indiquant que l’auto-efficacité perçue augmente après la réalisation d’une simulation en contexte de laboratoire. Il est spécifié par cette chercheure que plus de pratique avec la simulation en contexte de laboratoire est nécessaire avant la transition dans le milieu hospitalier (Onovo, 2013). Le type de devis ainsi que l’échantillon provenant d’un seul groupe classe peuvent avoir affecté les résultats.

Aussi, l’étude de Luctkar-Flude et al. (2011) visait à comparer l’auto-efficacité perçue de 44 étudiantes (n = 44) du baccalauréat en sciences infirmières ayant participé à divers types de simulations SHF (n = 14), ECOS (n = 14) et patients volontaires en contexte clinique (n = 16) portant sur l’évaluation clinique de la condition respiratoire d’un client. L’instrument de mesure employé est le Health Assessment Educational

Modality Evaluation qui comprend deux sous-échelles : l’auto-efficacité dans le cadre

des habiletés d’évaluation clinique et la satisfaction avec les stratégies éducationnelles. Il y a 17 items avec une échelle de type Likert à cinq points (Alpha de Cronbach 0,78- 0,96). La comparaison des approches pédagogiques ayant recours à la simulation n’a

donné aucune différence significative. Selon les auteurs, ceci pourrait être en partie attribuable à la petite taille de l’échantillon.

Pour terminer, la recension des écrits de Leigh (2008a), comprenant 62 articles, indique que la performance des étudiantes en soins infirmiers augmente après une participation active à une activité ayant recours à la SHF, en raison de l’augmentation de l’auto-efficacité perçue que cette expérience procure aux participantes (Bantz, Dancer, Hodson-Carlton et Van Hive, 2007; Beyea, Von Reyn et Slattery, 2007; Bremner et al., 2006; Eaves et Flagg, 2001; Henneman et Cunningham, 2005; Henrichs, Rule, Grady et Ellis, 2002; Lasater, 2007; McCausland, Curran et Cataldi, 2004; Reilly et Spratt, 2007; Schoening, Sittner et Todd, 2006).