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Par l’augmentation de la durée de pratique des femmes (versus hommes) C’est un processus

nageurs licenciés

Encadré 1.1 : Auto-présentation des clubs de natation et de leurs différents groupes de pratique

2) Par l’augmentation de la durée de pratique des femmes (versus hommes) C’est un processus

beaucoup plus lent que le premier. Pour l’étudier, on utilise les résultats sur l’abandon et les durées moyennes de pratique.

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Voir notamment Louveau, C. (1999) : in Ministère de la Jeunesse et des Sports (1999) : « Analyse des pratiques sportives des femmes », in Femmes et sport, rapport d’étape du groupe n°4, in Actes des Assises nationales « Femmes et Sport » des 29-30 mai 1999, Ministère de la Jeunesse et des Sports.

Si le premier processus s’observe facilement, le second nécessite quelques investigations. Plus généralement, on se pose la question : dans quelle mesure la féminisation actuelle des populations sportives fait-elle appel à ces deux processus ?

L’analyse de la structure de la population de nageurs nouvellement licenciée montre (voir les analyses précédentes sur les entrées) que les entrées des nageuses sont de plus en plus nombreuses surtout après 30 ans. Si, en natation, on observe un afflux important de femmes adultes, Vérène Chevalier observe chez les cavaliers (entre 1988 et 1992) un afflux massif de petites filles (autour de 10 ans). Ces résultats permettent un premier constat : la féminisation d’une pratique ne se fait pas uniformément à tous les âges.

L’analyse de l’abandon précoce (graphiques 1.7 et 1.7 bis) montre que les taux d’abandon précoce varient de 40 % à 80 % selon l’âge. En natation, on observe peu de différences entre les sexes chez les enfants. Par contre à partir de 20 ans, les nageuses abandonnent plus que les nageurs (5 à 10 % de plus). Ce phénomène évolue lentement, plutôt dans le sens d’une accentuation due au sur-abandon des femmes adultes.

En équitation, Vérène Chevalier observe des taux d’abandon précoce tout aussi élevés. L’abandon précoce est beaucoup moins fort chez les petites filles que chez les petits garçons. Cette différence est expliquée par la nature particulière des relations que les filles ont avec les animaux domestiques. Mais, sur le graphique 1.7, on observe tout comme en natation un sur-abandon précoce des femmes au-delà de 30 ans. Ce sur-abandon précoce des femmes signifierait donc :

- Soit que la pratique institutionnelle plaît moins aux femmes adultes qu’aux hommes adultes (on peut se demander si les valeurs du sport institutionnel en général sont en accord avec les normes et représentations de la féminité) ;

- soit que les femmes ne parviennent pas à gérer dans leur emploi du temps une activité supplémentaire.

De la même façon, on étudie les différences entre les sexes pour l’abandon après plusieurs années de pratique (graphique 1.14). A partir de l’âge de 15 ans, les taux d’abandon des femmes sont supérieurs à ceux des hommes. Cette différence est encore présente pour les anciennetés supérieures à 5 ans mais cependant de moindre amplitude.

Graphique 1.14 : Taux d’abandon par âge des nageurs ayant deux et cinq ans d’ancienneté pour la saison 2001-2002

L’analyse des différences entre les sexes des durées moyennes de pratique aboutit aux mêmes résultats (graphiques 1.12 et 1.12 bis). A partir de 15 ans, les parcours des femmes sont en moyenne moins longs que ceux des hommes. Cette tendance évolue très lentement dans le temps. Finalement, nos hypothèses ont été en partie vérifiées. L’âge est un facteur à prendre en compte lorsqu’on étudie la féminisation d’une population. Cette dernière peut entraîner soit son vieillissement (natation), soit son rajeunissement (équitation). L’afflux de femmes vers les pratiques n’est pas le seul mécanisme qui entre en compte dans la féminisation d’une population sportive. La durée des pratiques intervient également.

Dans le cas de la natation : en 1997, les femmes représentaient 55 % des nageurs licenciés et 57 % en 2002, soit une augmentation annuelle moyenne de la part des femmes de 0,9 %. Le mouvement de féminisation de la population licenciée s’est opéré par des arrivées massives de femmes adultes, mais il a été ralenti par un sur-abandon de ces mêmes femmes par rapport aux hommes (sur-abandon qui a tendance à augmenter). Nous avons calculé que, si les femmes avaient eu les mêmes taux d’abandon que les hommes sur la période 1997-2002, la part de la population féminine de 2002 ne serait pas de 57 % mais de 59 %. Le sur-abandon des femmes adultes constitue un frein à la féminisation de la population des nageurs. Une des conséquences de ces mécanismes est que les cohortes s’appauvrissent en femmes quand l’ancienneté augmente (tableau 1.10).

Tableau 1.10 : Taux de féminité observés pour les nageurs ayant débuté la saison 1997-1998 selon l’ancienneté Saison 2002-2003 (indice transversal) Cohorte 1997-1998 (indice longitudinal) Nombre de saisons d'ancienneté

Taux de féminité 1 (Novices) 56,8 53,4 % 2 58,4 52,4 % 3 53,8 51,6 % 4 50,1 50,7 % 5 48,4 49,6 % 6 et plus 45,7 48,4 %

Dans le cas de l’équitation, les femmes représentaient 64 % des cavaliers licenciés en 1989 et 66,2 % en 1992. Le mouvement de féminisation s’est opéré par l’afflux de fillettes (sur la période 1989-1992), cet afflux est moins massif que celui des femmes adultes en natation. Ces fillettes ont en plus la particularité de pratiquer longtemps. Le sur-abandon des cavalières adultes est néanmoins bien présent mais n’entrave que très peu la féminisation de la population.

Dans les deux populations, nous avons observé un sur-abandon de la population des femmes adultes. Il ne serait pas surprenant de retrouver ce phénomène dans d’autres pratiques sportives et de loisir. Pourquoi les femmes adultes abandonnent-elles plus que les hommes adultes alors même qu’il existe peu de différences pendant l’enfance ? C’est un progrès que de plus en plus de femmes s’inscrivent nouvellement dans un club. Que la durée des pratiques évolue peu et reste inférieure chez les femmes adultes n’en est pas un. N’oublions pas que ce sont les groupes qui se saisissent durablement des pratiques qui ont le plus de chances d’y imprimer leurs valeurs…

BILAN

L’analyse menée dans ce chapitre constitue un travail comparatif permettant la généralisation d’un certain nombre de résultats à d’autres sports et notamment les sports olympiques individuels axés vers la pratique compétitive.

Plus d’un tiers de ces populations de licenciés sportifs est renouvelé chaque saison (graphique 1.15). Si les flux de sortie affichent une certaine stabilité d’une saison sportive à l’autre, les flux d’entrée varient davantage. Dépendants du cycle de vie et de la conjoncture, ils déterminent en grande partie l’évolution des effectifs de population.

Les flux de sortie ont plus largement retenu notre attention. Au-delà de l’effet d’ancienneté sur l’abandon dont on connaissait déjà le caractère généralisable, l’effet du cycle de vie, celui du genre ainsi que l’importance des retours à la pratique après un abandon se retrouvent aussi bien dans le cas de la natation que dans celui de l’équitation.

L’effet du cycle de vie se manifeste par une période de forte attraction vers le sport pendant l’enfance (nombreuses entrées et des taux de sortie faibles) ; l’adolescence et le début de l’âge adulte sont marqués par un désengagement sportif (peu d’entrées et des taux de sortie élevés) ; enfin le sport est de nouveau attractif à l’âge adulte mais il se solde dans une majorité des cas par un abandon précoce (les entrées sont nombreuses, mais les taux de sortie élevés notamment les taux d’abandon précoce). L’effet de sexe ne peut pas être dissocié de l’effet du cycle de vie dont il est dépendant. Il se manifeste par un sur-abandon des femmes adultes par rapport aux hommes, tandis qu’il n’existe pas de différence de sexe pendant l’enfance. Les retours représentent 10 % de la population licenciée. Ils sont fortement dépendants de l’ancienneté : les revenants sont plutôt des personnes ayant accumulé plusieurs années de pratique avant leur arrêt temporaire. Il existe donc un engagement sportif du même type en équitation, en natation et certainement dans nombre d’autres sports. Ces résultats peuvent surprendre dans la mesure où ils concernent des sports différents censés toucher des populations socialement différentes. D’autre part, les deux analyses ont été menées à dix ans d’intervalle.

Ce travail a également permis de tester la méthode d’analyse employée par Vérène Chevalier. La simplicité des indicateurs utilisés est une qualité appréciable de cette méthode. Cependant, l’ancienneté constitue une dimension temporelle supplémentaire non présente en démographie classique. De ce fait, en plus des effets d’âge et de sexe, il est nécessaire de contrôler les effets d’ancienneté. Or, contrôler trois paramètres en même temps dans une analyse descriptive

implique de multiplier graphiques et tableaux. De ce fait, les paramètres d’âge, d’ancienneté et de sexe ont été analysés le plus souvent deux par deux et non tous en même temps.

De plus, cette méthode essentiellement de type descriptif permet d’étudier le début et la fin du parcours sportif, ainsi que le phénomène de retour essentiellement en fonction de l’âge, du sexe et de l’ancienneté. Or, il existe certainement d’autres états qui influencent la survenue de l’abandon. Tout comme en démographie classique où la mortalité est étudiée à travers un certain nombre d’états et d’événements vécus, comme les activités professionnelles, les lieux de vie, les états matrimoniaux, en démographie sportive, la survenue de l’abandon de la pratique doit elle-aussi être accélérée ou ralentie par des événements et des états intervenant au cours du parcours sportif. Or, les fédérations possèdent également des données sur des événements de parcours comme les changements de club ou les niveaux de pratique qu’il ne faudrait pas laisser de côté mais plutôt intégrer à l’analyse de l’abandon. Ainsi, pour pouvoir analyser les fichiers de licenciés d’aujourd’hui et de demain et aller plus loin dans la connaissance du phénomène d’abandon de la pratique sportive, nous avons besoin d’une autre méthode d’analyse permettant d’intégrer de nombreuses variables de parcours. Cette nouvelle méthode doit cependant intégrer les acquis révélés par l’analyse précédente et notamment la place centrale et structurante de l’ancienneté dans l’analyse de l’abandon.

Graphique 1.15 : Mouvements annuels de la population licenciée à la FFN (saison 1999-2000 à 2000-2001)

Chapitre 2 :

Approfondissement de l’étude