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Chapitre 4 : Résultats et analyses

4.1 Analyse descriptive

4.1.8 L’attractivité

Le dernier indicateur de marchabilité que nous avons observé avec notre grille est l’attractivité. Au premier abord, les résultats peuvent étonner puisque les cartes d’occupation du sol au chapitre 3 (3.2) démontrent une forte mixité de l’usage résidentiel et commercial. Dans notre évaluation, nous sommes allés au-delà des catégories classiques d’usage du sol (ex; commercial, résidentiel, industriel, etc.), pour relever les lieux que nous croyons susceptibles d’inciter des déplacements chez les aînés. Entre autres, nous avons noté s’ils se trouvaient des arrêts de transports collectifs, des services de proximité, des services médicaux et paramédicaux, des espaces récréatifs susceptibles d‘intéresser les personnes âgées (par exemple, nous n’aurions pas pris en compte un parc de planche à roulettes), les lieux de culte, les restaurants et les places publiques. Nous avons ensuite évalué la part des destinations sur le tronçon selon quatre critères; qu’il y ait des destinations tout le long du tronçon, qu’il y en ait partiellement, qu’il n’y en ait qu’une ou deux destinations ou qu’il n’y en ait aucune (voir Annexe 2).

Sachant cela, il n’est pas étonnant de constater que les quatre ZP situées en proche banlieue ont des scores similaires. En fait, ce sont sur les artères commerciales des deux villes où les scores sont les meilleurs, suivis par les tronçons situés à proximité des espaces verts tandis que les tronçons les moins attrayants représentent des portions plutôt résidentielles.

Les résultats indiquent aussi qu’il y a une plus grande attractivité dans les deux ZP situées dans les quartiers centraux, les lieux attirants se situant à la fois sur des rues commerciales et des rues résidentielles. Néanmoins, la grande différence entre la ZP Wazemmes-Gambetta et la ZP RLPP réside dans la variété des types de commerces et de lieux qui ont été relevés.

En guise de conclusion de la section analyse spatiale, nous présentons l’indicateur de potentiel piétonnier qui regroupe tous les items contenus dans la grille de marchabilité (Figure 23; Figure 24). À la différence des précédents indicateurs, ce dernier score a pour intérêt de présenter le potentiel piétonnier des ZP de manière intégrale. Le score maximal obtenu pour l’indicateur de potentiel piétonnier est de 72 et le minimum de 30 sur un maximum théorique de 100, de ce fait cet indicateur présente moins de variabilité, son étendue étant de 42.

Un premier constat concernant le potentiel piétonnier est que l’on retrouve une supériorité de scores moyens, la majorité des tronçons oscillants entre 45 et 58. Néanmoins, on retrouve plus de tronçons au troisième rang (en rouge) du côté de Lille. De ce fait, la ZP de RLPP se démarque fortement de la ZP de Wazemmes-Gambetta puisqu’aucun tronçon ne présente de score faible, tandis qu’à Wazemmes-Gambetta 7 tronçons se classent au troisième rang. De plus, 19 tronçons des 50 échantillonnés dans RLPP se classent au premier rang, contre 2 pour son comparatif lillois.

Nous remarquons qu’un secteur composé des rues Marquette, Fabre, Beaubien et de Drucourt de notre échantillon de la ZP RLPP a un score de marchabilité moyen. Lorsqu’on le décortique par indicateur, ce secteur se classe au deuxième ou troisième rang (jaune ou rouge) pour tous les indicateurs, à l’exception de l’indicateur d’esthétisme. De fait, il s’agit d’un secteur qui, à ce jour, n’a pas subi de travaux de réfection des trottoirs à l’instar des rues avoisinantes.

Nous notons également que les tronçons situés sur Jean-Talon, Papineau et Christophe- Colomb ont des scores moyens. Or, ces rues sont des voies de transit menant aux quartiers limitrophes et au centre-ville. Ces artères ont quatre voies, une circulation plus rapide et sont à double sens ce qui contribue à renforcer le sentiment qu’on évolue dans un environnement dédié à l’automobile plutôt qu’à la marche. À Wazemmes-Gambetta, les deux tronçons ayant un fort score de potentiel piétonnier sont situés à proximité de la station de métro Gambetta. Autrement, il est difficile d’établir des liens entre les scores des tronçons de cette ZP si ce n’est l’irrégularité de l’aménagement qu’on retrouve particulièrement au sein de la commune de Lille. Par ailleurs, s’il existe une constante c’est sans aucun doute que les tronçons au faible score de potentiel piétonnier à Lille sont des rues résidentielles, alors que ce n’est pas nécessairement le cas à Montréal.

Dans la ZP de Verdun, on remarque que les tronçons de la rue Wellington se classent surtout au premier rang. On retrouve aussi quelques tronçons au potentiel piétonnier fort sur les rues Verdun et Bannantyne. Bref, les rues commerciales y sont généralement plus attractives et aménagées pour favoriser la fluidité des déplacements piétonniers et automobiles. Des rues résidentielles y ont également des scores élevés. Tandis que du côté de Lomme-Lambersart, quelques tronçons ont un score de potentiel piétonnier fort. Ils se situent sur l’avenue commerciale de Dunkerque, sur la rue du Quai de l’Ouest en bordure du canal de la Deûle, où se trouve un petit parc, de même que sur la Place du docteur Martin, où l’on retrouve plusieurs cabinets médicaux et services paramédicaux, un joli parc, beaucoup de végétation et des conditions de circulation automobile sécuritaire (sens unique, zone 30, plusieurs passages piétonniers). Une des caractéristiques communes des tronçons à faible score de cette ZP est qu’ils sont particulièrement encombrés, comme démontré sur la Photo 2. De plus, les zones à faible score de potentiel piétonnier sont surtout au sud-ouest de l’avenue de Dunkerque du côté de l’ancienne commune de Lomme.

Par ailleurs, il est intéressant de remarquer que les tronçons de l’avenue de Dunkerque dans la ZP Lomme-Lambersart (Figure 23) ont des scores de marchabilité assez différents, passant de 44 (faible) à 64 (fort). Quelques-unes de nos données peuvent expliquer ces différences. Déjà, pour toutes sortes de raisons, la largeur des trottoirs, l’encombrement, l’éclairage et le volume piétonnier varient beaucoup d’un tronçon à l’autre (Photo 5). Les tronçons classés au deuxième et troisième rang sont ceux dont les scores de sécurité sont les plus faibles. Il faut savoir que par période, le stationnement est interdit et qu’il y a plus de voies de circulation sur la chaussée. Il y a également quelques tronçons où la chaussée est éclairée des deux côtés de la route et d’autres où un seul côté est éclairé. Finalement, sur l’avenue de Dunkerque, la propreté et les points attribués pour la qualité du paysage varient beaucoup, certains endroits étant inoccupés voir délabrés.

La ZP d’Ahuntsic est la ZP montréalaise où l’on compte le moins de tronçons au score de potentiel piétonnier situés au premier rang (5 au total) et où l’on dénombre le plus de tronçons classés au troisième rang, soit 10 tronçons au score faible. En fait, lors de la collecte de données, nous avions remarqué que des 3 quartiers montréalais, Ahuntsic est celui dont les infrastructures piétonnières semblaient être les plus vieilles et les plus dégradées. Toutefois, à

Bourassa ont de faibles scores, car il s’agit d’un boulevard peu esthétique à 8 voies où l’on se sent vraiment dans un paysage construit pour l’automobile. La chaussée y est très large et le paysage est encadré par des bâtiments plutôt en hauteur avec pour conséquence qu’on s’y sent petit et vulnérable. On est alors dans un lieu contraire à ce à quoi Ewing et al. (2006) réfèrent lorsqu’ils parlent d’un paysage construit à échelle humaine. En comparaison, le quartier Croix compte plusieurs tronçons classés au premier rang. Ceux-ci sont tous situés sur les rues commerciales de la Gare et Jean Jaurès où les trottoirs sont larges où il y a un bon couvert végétal et un éclairage orienté piéton.

Photo 5. Avenue de Dunkerque (Source : Ariane St-Louis, 2013)

Concernant le potentiel piétonnier des traversées, nous ne notons pas de différence majeure entre les résultats obtenus pour le score global de potentiel piétonnier et les scores de confort et de sécurité, ceci tant à Lille qu’à Montréal.