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3- L'appréciation subjective (ou soutien social perçu)

La troisième dimension fait référence à l’évaluation cognitive d’une personne vis-à-vis du soutien qu’elle estime recevoir d’autrui. Cette appréciation regroupe plusieurs dimensions telles que le sentiment d’avoir suffisamment de soutien, la satisfaction à l’égard du soutien reçu, la perception selon laquelle les besoins de soutien sont comblés, la perception de la disponibilité et de l’adéquation du soutien et enfin, l’assurance que le soutien sera disponible en cas de besoin (Barrera, 1986).

La définition du soutien social n’est pas toujours clairement énoncée dans les études et ce concept est parfois utilisé pour faire référence à de multiples phénomènes (Ponnelle & Lancry, 2002). Elle renvoie tantôt à l’une de ces dimensions (le plus souvent les comportements de soutien), tantôt à l’ensemble. Dans notre étude, nous considérerons le soutien social comme une dynamique interactionnelle composée conjointement du partage social d’une expérience émotionnelle, de comportements de soutien et de l’appréciation du soutien associée à ces comportements de soutien. Nous prendrons en considération les ressources de réseau sous l’angle des possibilités de partage social d’une personne.

Le soutien social et ses dimensions font l’objet de mesures à travers l’utilisation d’une variété d’instruments. Ces échelles sont souvent construites pour répondre aux besoins d’une étude. Certaines échelles mesurent une des dimensions du soutien social telles que le soutien social fourni (Social Support Behaviors Scale) ; la perception du soutien social (Inventory of Socially Supportive Behaviors) ; les ressources de soutien social (Social Support Resources Scale). D’autres combinent ces dimensions tout ou partie (Arizona Social Support Interview Schedule ; Interpersonal Support Evaluation List) (pour revue voir Beauregard & Dumont, 1996). Notre étude cherche à analyser le soutien social en tant que dynamique interactionnelle dans une perspective située. Nous appréhenderons le soutien social avec une analyse qualitative pour comprendre finement le processus et n’aurons donc pas recours à ce type d’instruments.

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”social support is traditionally considered to be the exchange of verbal and nonverbal messages conveying emotion, information, or referral, to help reduce someone’s uncertainty or stress, and “whether directly or indirectly, communicate to an individual that she or he is valued and cared for by others””

Retenons de cette section que le soutien social n’est pas toujours clairement défini et que nous nous intéresserons, dans notre étude, à l’ensemble de la dynamique de soutien social. Nous pouvons nous demander de quels types de ressources de réseau les participants au forum disposent. Autrement dit quelles sont leurs cibles de partage social. De même, nous nous interrogeons sur la nature des comportements de soutien trouvés sur les discussions qui traitent de difficultés professionnelles ainsi que sur l’appréciation subjective des participants quant au soutien dont ils bénéficient sur les forums.

Nous allons maintenant présenter la première composante du soutien social, à savoir le partage social des émotions.

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Le courant théorique présenté dans cette partie s’inscrit dans le courant des théories de l’appraisal en mettant l’accent sur la dimension sociale des émotions. Rimé (2005) qualifie son orientation de « cognitivo-sociale ». Il considère que l’émotion est au service de la cohérence cognitive (signale les écarts entre la vision du monde et l'expérience) et de la production de sens (fait pression pour que l'individu réduise les écarts). Son point de vue est que l’expérience émotionnelle est un processus individuel mais aussi social et que le partage social des émotions est une composante de l’expérience émotionnelle. Nous verrons, dans un premier temps, que le partage social des émotions peut être considéré comme une tendance caractéristique de l’expérience émotionnelle. Nous mettrons ensuite en évidence les principales caractéristiques du partage social des émotions, ainsi que ses fonctions.

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L'expérience émotionnelle est le point de départ d'importants processus de régulation qui impliquent des aspects cognitifs, symboliques, affectifs et sociaux. L'émotion ne s’éteint pas dès que les circonstances émotionnelles disparaissent et est suivi d'effets sociaux et cognitifs (Rimé, 2007). Butler et Gross (2009) ainsi que Rimé (2009a, 2009b) proposent une approche dynamique de l'étude des émotions et de leur régulation chez l'adulte qui intègre les niveaux d'analyse individuel et social.

Le partage social implique d’une part la réévocation de l’émotion sous forme d’un langage socialement partagé, et d’autre part la présence d’un partenaire auquel cette réévocation est adressée, « description dans un langage socialement partagé d'un épisode émotionnel par la personne qui le vit

à quelqu'un9» (Rimé, 2007, p468). Le partenaire peut être réel ou symbolique, autrement dit la cible du partage social peut être un interlocuteur identifié auquel l’individu rapporte un événement émotionnel ou il peut être un partenaire symbolique, en puissance ce qui est le cas par exemple d’une personne qui se livre dans un journal intime (Rimé, 2005). Le partage se produit généralement juste après l'événement émotionnel. La personne relate les circonstances de ce qui a provoqué l'émotion, elle décrit ses pensées, ses émotions et ses réactions associées (Rimé, 2009a).

Des études ont montré que dans 80 à 95% des cas, les gens déclarent partager leurs vécus émotionnels (pour revue voir Rimé, 2005). Le partage concerne aussi bien les émotions positives que négatives. Rimé (2005, 2007) et Pennebaker et al. (1997, 2001) défendent la thèse selon laquelle le partage social des émotions est une conséquence caractéristique de toute expérience émotionnelle : « Le partage social constitue une conséquence typique de l’émotion, voire une facette de l’expérience

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"The social sharing of emotion entails a description, in a socially shared language, of an emotional episode to some addresse by the person who experienced it”

émotionnelle » (Rimé, 2005, p87). Rimé (2009b) propose de considérer le partage social comme une

manifestation de l'émotion au même titre que l'expression faciale, physiologique, comportementale, cognitive et phénoménale, traditionnellement considérées comme des caractéristiques de la réponse émotionnelle. Ainsi, selon Rimé (2009a), le partage social des émotions intervient dans le processus de régulation des émotions. Deux visions du processus de régulation s’affrontent : une vision individuelle et une vision sociale. La première postule que les adultes développeraient leur capacité à réguler les problèmes indépendamment d'une intervention externe. La seconde considère que les processus interpersonnels de régulation de l'émotion ne disparaissent pas et qu’au contraire ils se développent avec l’âge pour donner lieu à des pratiques interdépendantes qui sont au cœur même de la régulation des émotions chez les adultes (Ibid.). Nous nous positionnons davantage vers cette seconde approche mais souhaitons la nuancer. De notre point de vue, l’expérience émotionnelle n’est pas « indissociable d’une réponse sociale » comme le postule Rimé (Ibid.), en témoignent par exemple les personnes souffrant de solitude qui ne peuvent partager leurs émotions. Nous envisageons plutôt le partage social comme une tendance caractéristique de l’expérience émotionnelle. Si nous reconnaissons largement la propension des individus à partager leurs expériences émotionnelles, quelque soit la valence de l’émotion, nous ne considérons pas pour autant le partage social comme un phénomène automatique. En outre, la culture prend une part importante dans le partage social et semble influencer ses manifestations (Kim, Sherman & Taylor, 2008). Les processus émotionnels, les réponses émotionnelles et la régulation émotionnelle sont des processus modérés, façonnés par autrui et partagés avec autrui, tant au niveau interpersonnel qu'au niveau socio-culturel (Kim, 2009).

Nous considèrerons, à la lumière des éléments exposés, que le partage social des émotions est une tendance caractéristique de la réponse émotionnelle. Nous allons présenter, dans la prochaine section, les caractéristiques du partage social des émotions afin de mieux cerner ce phénomène.

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Rimé, Finkenauer, Luminet, Zech, et Philippot (1998) ont étudié la propension du partage social en fonction de l’intensité de l’expérience émotionnelle. L’indicateur utilisé ici est le nombre de fois où un individu a parlé à des personnes différentes du même épisode émotionnel sur une échelle de temps. Les résultats du questionnaire semblent montrer un lien direct et positif entre l'intensité de l'émotion ressentie et la propension du partage social. Autrement dit, plus un épisode émotionnel est intense, plus la personne va avoir besoin d’en parler longtemps et de manière répétée.

Différentes études basées sur des questionnaires se sont intéressées aux cibles du partage social et montrent que celles-ci sont généralement les proches (pour revue voir Rimé, 2005). A l'âge adulte, la cible privilégiée est le conjoint (75%), des membres de la famille (30%) et des amis (20%). Les personnes non intimes jouent difficilement un rôle dans le partage social. Le type de relation entre les individus joue un rôle dans la manifestation des émotions, les individus manifestent davantage d'émotions positives avec un ami qu'avec un inconnu (Jokobs, Manstead & Fischer, 1999). Bien que peu d’études se soient intéressées au partage social en situation professionnelle, les collègues semblent des cibles privilégiées du partage social, suivis des conjoints (Rimé, 2005). Ceci pourrait s’expliquer par le partage d’une identité professionnelle commune. Toutefois, la question de l’intimité reste en suspens pour les participants au forum qui échangent de manière anonyme. Nous pouvons ainsi nous questionner sur les motivations des participants à s’engager dans des échanges avec des personnes qu’a priori ils ne connaissent pas.

L'environnement social peut ne pas être réceptif au besoin de partage, les réactions d’intérêt de l’auditeur peuvent céder la place à l’angoisse et à l’effroi (Rimé, 2005). L’étude de Delelis (2004)

montre qu'un individu s'engage dans un processus de partage de ses émotions ou au contraire dans un processus d'isolement en fonction de la réaction supposée de son interlocuteur. Autrement dit, le contexte social a une influence sur la manifestation des émotions des individus. En outre, certaines émotions telles que la honte et la culpabilité apparaissent plus difficilement communicables que les autres (Finkenauer & Rimé, 1998). Le partage social peut également échouer lorsque l'expérience émotionnelle est traumatique, processus plus complexe qui ne respecte pas les traits classiques du partage social (Rimé, 2009a).

Un état émotionnel négatif suscite, d’une part, un travail cognitif et d’autre part, des échanges sociaux (Rimé, 2009a). D’une part, lorsque des éléments de l'expérience infirment les schémas des activités de poursuite de buts (prédire les états du monde et les conséquences de nos propres actions ; contrôler des situations et atteindre les situations prévues), il en résulte un état de dissonance cognitive. Un travail cognitif impliquant l'abandon des buts et une réorganisation des motivations, une modification des schémas, un renouvellement de la signification, un recadrage ou une réévaluation de l'événement est alors nécessaire (Rimé, 2007). D’autre part, les états émotionnels négatifs poussent à la comparaison sociale, à la narration et à la conversation. Pour ce faire, l’individu doit avoir des échanges sociaux. Généralement, les individus après avoir vécu un épisode émotionnel négatif, n'abandonnent pas leurs buts et leurs schémas, ne veulent pas changer leurs représentations. Ils restent sur leur évaluation initiale de la situation émotionnelle et ne se sentent pas prêts à changer leur perspective. Le travail cognitif ne se fait pas immédiatement après l'expérience émotionnelle. Le partage social des émotions est une composante normale de la réponse émotionnelle dans les phases qui suivent l'épisode émotionnel. Toutefois, la persévération du besoin de partager la même expérience est un indice d'une récupération pauvre et suggère des déficits dans l'achèvement du travail cognitif (Ibid., p480). Ainsi, si la personne cherche à répéter l'épisode émotionnel longtemps après qu'il ait eu lieu, un travail cognitif est à encourager (e.g. dans le cadre d’une psychothérapie).

Rimé (2007) a recensé douze motifs à partager ses expériences émotionnelles à partir de quatre études. Pour trois d’entre elles, des étudiants ont été assignés à une tâche de rappel d’un épisode émotionnel récent qu’ils avaient partagé et ont été invités à lister les motifs possibles de ce partage. Les données de la quatrième étude sont issues de réponses à un questionnaire fermé (pour revue voir Rimé, 2007). Les motifs recensés sont au nombre de douze : (1) répéter; (2) se décharger (3) aide et soutien (4) confort / consolation (5) légitimisation / validation (6) clarification et signification (7) conseils et solutions (8) créer des liens (9) susciter de l'empathie (10) gagner de l'attention (11) se distraire (12) informer et/ou mettre en garde. On observe que les motifs de partage sont orientés vers l’attente d’aide de l’interlocuteur. L’aide attendue peut répondre aux besoins socio-affectifs et cognitifs en termes de régulation (cf partie 3.1 du chapitre I, p16).

Retenons de cette section que les individus semblent d’autant plus partager leurs émotions que leur intensité est forte. Le partage social se produit généralement envers des proches (conjoint, famille, amis). En contexte professionnel, les cibles privilégiées sont les collègues. La réaction supposée de l’interlocuteur peut entraver le processus de partage. Les émotions telles que la honte et la culpabilité semblent difficilement communicables. Les motifs de partage sont associés aux besoins cognitifs et socio-affectifs en termes de régulation émotionnelle. La section suivante présente les fonctions du partage social.

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Le partage social des émotions remplit différentes fonctions. L’inventaire ci-dessous a été largement inspiré de Rimé (2009a) et a été complété par d’autres lectures (Rimé, 2005 ; Keltner & Haidt, 1999 ; Pennebaker, 1997 ; Pennebaker & al., 2001, etc.)

Premièrement, le partage social des émotions a une fonction basique de répétitions, rappels, ou reviviscence. Pour les émotions positives, il s'agit de capitalisation. Pour les émotions négatives, cela peut jouer un rôle important pour la mémoire émotionnelle collective (Rimé, 2009a).

Deuxièmement, le partage social a une fonction socio-relationnelle. Les expressions émotionnelles servent à maintenir ou renforcer les liens sociaux par des mécanismes d'empathie10. L’expression des émotions joue un rôle central dans la régulation des interactions humaines et dans la construction des relations sociales (Keltner & Haidt, 1999). Selon Rimé (2005), le partage social des émotions peut entrainer la modification des rapports et la création d’un rapprochement affectif entre des personnes qui ne possèdent pas de liens préalables. L’individu qui partage, gagne de l'attention sociale, suscite l'empathie, le soutien, la légitimité et la validation d'autrui, noue des liens sociaux avec eux, reçoit des conseils et des solutions. Soulignons que la dynamique proposée par Rimé (Ibid.) est celle observée dans des conditions expérimentales où le partage social se déroule de manière optimale. Nous pouvons interroger le modèle au regard de la complexité des situations naturelles. Plus un épisode est chargé émotionnellement, plus la personne qui écoute manifeste de la proximité physique (Rimé, 2005). La diminution de la distance physique est un élément important pour expliquer le rapprochement affectif (Pennebaker & al., 2001). Ces travaux montrent que l'expression des émotions est impliquée dans la construction de relations sociales. Nouer des liens est l’un des douze motifs de partage recensés par Rimé (2007) et listés dans la section 2.2 (p28). Dans cette perspective, les participants sur les forums qui échangent leur vécu émotionnel devraient nouer des liens sociaux et affectifs.

Troisièmement, le partage social sert des fonctions cognitives en apportant de l'expérience à l'articulation cognitive (organisation des pensées et ressentis). Communiquer de manière répétitive sur une expérience émotionnelle peut transformer la représentation mentale (Rimé, 2009a). Le processus d'articulation cognitive peut contribuer progressivement à se distancer de son expérience et à adopter un point de vue décentré sur le matériel émotionnel11 (Ibid., p80). Pennebaker (1997) montre, en conditions expérimentales, qu'expliciter ses pensées et ressentis par écrit (journal intime) constitue une forme d'adaptation à des événements difficiles à gérer. Gauducheau (1998, p390) ajoute que « L'explicitation du vécu permet de réorganiser l'univers symbolique du sujet en y intégrant

l'expérience émotionnelle bouleversante ». Autrement dit, l’explicitation permet de donner du sens à son vécu, de le comprendre et de l’intégrer. Les échanges entre professionnels sur les forums se font par écrit, ce qui peut favoriser ce travail de réorganisation.

Quatrièmement, le partage social a des fonctions socio-cognitives. Les individus ont besoin de (1) comparaison sociale. Les individus confrontés à des informations ambigües cherchent de la clarification dans leur environnement social (Festinger, 1954 ; Goethals, 1986) et à se comparer avec des personnes qui vivent une situation similaire ou pire (Wills, 1981). De plus, les individus s'engagent dans un travail de (2) réduction de la dissonance cognitive. Celle-ci se manifeste lorsqu’il y a des éléments de l'expérience qui infirment les schémas des activités de poursuite de buts. Ainsi, les

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Nous détaillerons ce concept d’empathie dans la partie 3.2. du présent chapitre, p33

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"The process of cognitive articulation can contribute to a progressive distancing from this experience and to adoption of a decentered point of view on the emotional material."

modèles sur soi-même et le monde sont remis en cause afin de préserver un sentiment de cohérence, de prévisibilité et de contrôle. Les recherches ont montré que les individus qui s'engagent dans un travail de réduction de la dissonance cognitive initient généralement la communication (Festinger, Riecken, & Schachter, 1956).

Cinquièmement, le partage social a des fonctions socio-culturelles. Le partage social alimente la base des connaissances et la production de sens collective. La narration et la construction d'un récit (story-telling) peut être en jeu dans le partage social des émotions. La conversation peut transformer et absorber des éléments familiers dans la représentation sociale. Le partage social se propage au-delà d'une communauté. Christophe et Rimé (1997) observent que les cibles du partage social vont, à leur tour, partager l’expérience dont ils ont été l’auditeur. Ils appellent ce phénomène « partage social secondaire ». Raconter un épisode émotionnel n’est pas confidentiel pour la personne qui l’écoute. En effet, Christophe, Delelis, Antoine et Nandrino (2008) ont invité des participants à se souvenir d'une situation récente dans laquelle ils ont relaté à une tierce personne un épisode émotionnel (positif ou négatif et plus ou moins intense). 70% des participants ont effectué un partage social secondaire où ils ont décrit l'événement, décrit leurs propres réactions mais aussi divulgué l'identité de la personne. En outre, les résultats des études de Christophe et Rimé (1997) et Christophe et al. (2008) montrent que plus l'épisode émotionnel relaté est marqué émotionnellement, plus le partage secondaire est important (nombre de partages et nombre de cibles). Des motivations interpersonnelles peuvent expliquer ce partage secondaire : répéter des récits émotionnels peut améliorer la visibilité sociale, l'intégration sociale, contribuent à la diffusion de la connaissance émotionnelle au sein d'une communauté. Ce procédé permet l'élaboration et le raffinement des prototypes d'émotions socialement partagées ainsi que des scripts émotionnels.

Chaque expérience émotionnelle peut contribuer à la construction d'outils de protection culturellement partagés tels que le sens commun, la construction et la diffusion de la connaissance sociale sur les épisodes émotionnels et leurs réponses, les suppositions partagées et les représentations sociales. Lorsque le même type d'épisodes est relaté, cela crée des schémas qui permettent de libérer des ressources cognitives, l'individu peut ainsi focaliser son attention sur l'histoire et sur les éléments inattendus.

Enfin, les expressions émotionnelles donnent des éléments sur les états mentaux des individus (croyances, intentions, sentiments, désirs) et permettent la coordination avec autrui (Keltner & Haidt, 1999). La signification des comportements socialement exprimés dépend de la définition de la nature du phénomène émotionnel proposé par chaque théorie. On trouve diverses interprétations, non contradictoires, dans les théories cognitives. Pour Scherer (2003), les comportements sont l’expression des traitements cognitifs et de l’évaluation que fait l’individu de la situation. Pour Frijda (1986), les comportements expressifs faciaux renseignent sur la tendance à l'action de l'individu. Hess et Kirouac (2000) considèrent que la fonction des émotions n’est pas seulement de manifester un état mental mais correspond à une demande envers autrui et suscite des réactions de l’interlocuteur. Par exemple, manifester de la tristesse informe que la situation est perçue comme incontrôlable et peut inciter à offrir de l'aide ou du réconfort. Les manifestations émotionnelles auraient ainsi des effets sur le type de réactions apportées.

Nous avons étudié, dans cette section, le phénomène du partage social des émotions. Celui-ci est observé dès lors qu’une personne vit un épisode émotionnel, quelque soit la valence de l’émotion. Le partage social peut ainsi être considéré comme une tendance caractéristique de l’expérience émotionnelle. La section suivante va traiter de la réponse au partage social et étudier les différents

comportements de soutien social. Nous préciserons notamment le processus d’empathie, élément fondamental de la dynamique de soutien.

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Nous étudierons, dans un premier temps, les différents comportements de soutien qui font suite au partage social d’un épisode émotionnel. Dans un second temps, nous nous centrerons sur