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5.2 Contributions théoriques de la recherche

5.2.2 L’apport du niveau méso – facteurs liés au travail

Le niveau qui semble avoir un plus grand impact sur l’influence du stress et de la détresse psychologique chez les avocats membres du Barreau du Québec est le niveau méso. D’abord, trois principaux facteurs organisationnels ont systématiquement été rapportés par des employés lors de l’étude de Biron, Brun et Ivers (2008) figurant comme étant des risques à la santé, soit la surcharge de travail en termes de quantité, la mauvaise relation avec le superviseur ainsi que la faible participation aux prises de décisions. L’analyse des résultats tend à confirmer les conclusions émises dans l’étude de Biron et al. (2008). En effet, la surcharge de travail s’est révélée être un important facteur

de stress, tout comme une relation non harmonieuse avec le supérieur. Bien que mentionné par moins de participants, plusieurs participants ont soulevé avoir une faible autorité décisionnelle, ou ne détenir que peu d’influence. Tous ces facteurs étaient considérés comme des facteurs de risque à la détresse psychologique par les participants.

5.2.2.1 L’apport des demandes contractuelles dans l’explication du stress et de la détresse psychologique chez les avocats du Québec

Les demandes contractuelles sont une sous-catégorie de niveau 2 du niveau méso parmi les plus importantes dans l’explication du stress et de la détresse psychologique au sein des participants de cette étude. Ainsi, 12 facteurs de risque et quatre (4) facteurs de protection composent cette sous-catégorie de niveau 2. Elle en constitue donc la plus proéminente.

Les résultats de la présente étude réaffirment les nombreuses études ayant soutenu que les longues heures de travail constituent un facteur de stress et de détresse psychologique (Bartram et al., 2009; Cadieux, 2013; Cadieux & Marchand, 2015; Hayasaka et al., 2007; Parent-Lamarche, 2008). En effet, le nombre d’heures moyen travaillées par les participants de cette étude est de 54 heures, et plus de la moitié des participants ont mentionné lors de l’entrevue ce facteur comme étant un facteur de risque. Également, travailler les fins de semaine est un facteur de risque à la détresse psychologique pour près de la moitié des participants de l’étude, notamment parce que cela contribue à travailler de longues heures hebdomadairement, et également parce que cela contribue à des conflits travail-vie personnelle.

Malgré les longues heures de travail, notamment de par la culture de performance de même que de la surcharge quantitative présente quotidiennement pour les avocats, plusieurs avocats ont mentionné ne pas avoir de temps pour prendre des pauses dans la journée ou pour diner, représentant alors un facteur de risque à la détresse psychologique.

Également, la littérature mentionne que les objectifs d’heures facturables annuels constituent l’évaluation principale de la performance dans le secteur privé de la profession (Gleixner & Aucoin, 2015). La présente étude appuie non seulement la précédente étude, mais suggère également que les objectifs d’heures facturables annuels constitueraient un facteur de risque à la détresse psychologique pour la moitié des participants travaillant ou ayant travaillé dans le secteur privé. Ajoutons que les résultats de la présente étude suggèreraient que le développement de clientèle pour près de la moitié des participants s’avèrerait être un facteur de risque à la détresse psychologique, notamment parce que cela demande la participation à des activités de réseautage telles que les 5 à 7 ou des rendez-vous à la Chambre de commerce, activités n’étant pas comptabilisées dans les objectifs d’heures facturables. Ces activités sont généralement obligatoires ou fortement recommandées, augmentant alors la pression sur les avocats. Il est à noter que le développement de clientèle semble être davantage un facteur de risque pour les femmes avocates qui connaitraient plus de démonstration de sexisme de la part de clients masculins.

5.2.2.2 L’apport de la violence dans l’explication du stress et de la détresse psychologique

Les résultats obtenus par la présente étude s’alignent également à ceux obtenus par Brown et MacAlister (2006), alors qu’il y aurait bel et bien présence de violence physique et psychologique dans le milieu juridique. Ainsi, l’analyse des résultats a permis de repérer plusieurs formes de violence psychologique, telles que l’agressivité des clients, le manque de respect des clients, du supérieur ou d’un collègue, ainsi que du sexisme. Il est également intéressant de noter que la présente étude tend à confirmer celle de Brown et MacAlister (2006) dans le sens où ces facteurs de risque semblent être davantage présents chez les femmes que chez les hommes.

5.2.2.3 L’apport des relations sociales dans l’explication du stress et de la détresse psychologique

La littérature propose que la relation avocat-client soit un facteur de risque notamment lorsque les clients sont agressifs ou manquent de respect (Ramos, 2012), tel que confirmé précédemment par les résultats de la présente étude. Également, les résultats s’alignent à la littérature actuelle en proposant que la charge émotive importante démontrée par les clients puisse s’avérer être un facteur de stress (Ramos, 2012). Également, la présente étude propose que la clientèle exigeante soit un facteur de risque pour la majorité des participants, tous genres et secteurs professionnels confondus. Toutefois, la présente étude ajoute un volet intéressant proposant qu’il n’y ait pas que des facteurs de risque à la détresse psychologique émanant de la relation avocat-client. En effet, la moitié des participants ont mentionné une relation harmonieuse avec le client comme étant un facteur de protection, et une grande majorité ont énoncé qu’aider ou avoir le sentiment d’aider un client leur apporte du bien-être.

Absent dans la littérature, la relation avec le juge fut mentionnée par plusieurs participants comme étant un facteur de risque à la détresse psychologique, notamment lorsque les avocats ne se sentent pas respectés par les juges ou lorsque ces derniers sont inflexibles et exigeants. Également, plusieurs participants ont mentionné que de ne pas savoir qui sera le juge présent à l’audience à l’avance s’avère être un facteur de stress important, amenant même de la peur pour certains.