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L’apport de l’attachement et du climat d’apprentissage au moment de la transition vers le

Globalement, les données disponibles suggèrent la sécurité d’attachement pourrait se lier aux buts de maîtrise et d’évitement de la performance via les perceptions de compétence scolaire et les symptômes d’anxiété. Comme d’autres travaux le suggèrent (Aviezer et al., 2002 ; Duchesne et Ratelle, 2014 ; Priddis et Howieson, 2012), la sécurité d’attachement pourrait même influencer les caractéristiques personnelles (perceptions de compétence scolaire et anxiété) et les buts d’accomplissement avant l’arrivée du jeune adolescent à l’école secondaire. La sécurité d’attachement perçue par l’adolescent avant la transition pourrait favoriser la confiance et la compétence dans l’expérience scolaire et orienter les intentions d’apprentissage vers la maîtrise des tâches à réaliser après la transition. À l’inverse, l’adolescent percevant un attachement moins sécurisant avant la transition pourrait être plus anxieux dans l’exploration de la nouveauté et diriger ses actions en fonction d’éviter l’échec s’il sent qu’il n’a pas la capacité de réussir une tâche perçue plus menaçante après la transition. Ces liens sont importants à documenter puisqu’ils pourraient éventuellement servir à mieux orienter les stratégies de prévention du côté de la famille en tenant compte de l’attachement aux parents.

2.5 L’apport de l’attachement et du climat d’apprentissage au moment de la transition vers le secondaire

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que l’aspect déstabilisant de la transition est étroitement lié aux changements qui prennent place dans le nouvel environnement d’apprentissage. Parmi ces changements, il est possible de relever une diminution des occasions de faire des choix et de participer à la prise de décision en classe, ainsi qu’une augmentation des pratiques favorisant la comparaison sociale.

Ces changements peuvent être mis en parallèle avec ceux qui prévalent dans un climat d’apprentissage centré sur la performance et ayant une influence moins positive sur les perceptions de compétence scolaire et l’anxiété. Par exemple, les études menées auprès des élèves qui tendent à comparer leurs performances à celles des meilleurs élèves de leur classe indiquent que ces intentions peuvent entrainer une perception plus négative de la compétence scolaire (Marsh et Hau, 2003 ; Marsh et al., 2008). De la même façon, les élèves qui perçoivent un climat de performance sont aussi plus à risque de rapporter des problèmes d’ajustement émotif, tout spécialement lorsqu’ils affichent des prédispositions à l’anxiété avant même la transition vers le secondaire (Duchesne et al., 2012).

Qui plus est, de nombreuses études indiquent que le passage du primaire vers le secondaire pose un défi d’adaptation particulier aux élèves en termes de perceptions de compétence scolaire et de bien-être psychologique (Barber et Olsen, 2004 ; Duchesne et Ratelle, 2010 ; Duchesne et al., 2012 ; Eccles et al., 1989 ; Eccles et Roeser, 2013 ; Urdan et Midgley, 2003). Les travaux s’étant centrés sur cette période de la scolarisation révèlent par exemple que la compétence scolaire perçue par les élèves tend généralement à décliner (Eccles et al. 1989) et ce, pour une majorité d’élèves (Ratelle et Duchesne, 2013). D’autres recherches indiquent que le début de l’adolescence constitue un moment propice à l’apparition des premiers symptômes anxieux (Clark, Smith, Neighbors, Skerleck et Randall, 1994 ; Hale, Raaijmakers, Muris, Van Hoof et Meeus, 2008 ; Kashani et Orvaschel, 1990 ; Kessler, Berglund, Demler, Jin et Walters, 2005 ; Ohannessian, Lernee, Lerner et von Eye, 1999) et que le caractère stressant de la transition n’y est pas totalement étranger (Duchesne et al., 2009 ; Eccles et Roeser, 2013).

En somme, ce que nous savons de ces études permet de dégager deux grands constats. Le premier repose sur l’idée que le contexte de la transition primaire-secondaire semble associé à une perception plus négative de la compétence scolaire et l’émergence de problèmes anxieux. Le second suggère que le fait de se retrouver dans un environnement d’apprentissage plus compétitif

et potentiellement plus stressant peut constituer un facteur de risque suffisamment important pour expliquer une partie de ces changements. Ces constats nous orientent tout naturellement vers les facteurs de protection pouvant contrer le déclin de la compétence scolaire et réduire l’anxiété des élèves qui arrivent au secondaire.

Dans cette thèse, deux catégories de facteurs socioéducatifs ont été associées aux perceptions de compétence scolaire et la présence d’anxiété, c’est-à-dire les perceptions du climat d’apprentissage et la sécurité d’attachement. Ainsi, les recherches permettent d’établir des liens climat d’apprentissage  perceptions de compétence scolaire / anxiété (ex., Elliot et McGregor, 2001 ; Linnenbrink, 2005 ; Wolters, 2004), des liens attachement  perception de la compétence scolaire / anxiété (p. ex., Bilgin et Akkapulu, 2007 ; Duchesne et al., 2012), sans toutefois considérer la contribution complémentaire de ces deux facteurs contextuels. Seules quelques études ont déjà tenté d’expliquer certaines facettes de l’expérience scolaire en intégrant à la fois des facteurs scolaires et familiaux dans leurs équations (p. ex., Duchesne, Ratelle, Guay et Poitras, 2007 ; Friedel, Cortina, Turner et Midgley, 2007 ; Gonida, Voulala et Kiosseoglou, 2009). Aucune d’elles n’a encore considéré l’attachement parental au moment de la transition primaire-secondaire. La contribution des liens directs et complémentaires du climat d’apprentissage (maîtrise / performance) et de l’attachement sur les perceptions de compétence scolaire et l’anxiété pendant la transition vers le secondaire sera donc évaluée, ce qui permettra de développer une meilleure compréhension de leurs contributions pour expliquer les deux caractéristiques personnelles censées orienter les buts d’accomplissement.

Bien que les recherches aient surtout fait état de liens directs entre l’attachement et les perceptions de compétence scolaire et l’anxiété, il n’est pas exclu que l’attachement puisse interagir avec le climat d’apprentissage. Certains auteurs suggèrent notamment que la sécurité parent- adolescent, c’est-à-dire l’intériorisation d’un schéma relationnel sécurisant dans lequel la mère est perçue comme accessible, ouverte à la communication et réconfortante, peut agir comme une

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environnementaux (le soutien à l’autonomie) et certains construits motivationnels serait modulée par le style d’attachement au partenaire amoureux (Gore et Rogers, 2010 ; Milyavaskaya, McClure, Ma, Koestner et Lydon, 2011). Bien que ces études ne portent pas précisément sur la sécurité d’attachement au parent et les perceptions du climat d’apprentissage, elles suggèrent néanmoins que l’attachement peut interagir avec d’autres facteurs (p. ex., environnementaux) pour expliquer la motivation. Dans cette thèse, nous examinerons si les relations entre le climat d’apprentissage (maîtrise et performance) et les caractéristiques personnelles (perceptions de compétence scolaire et anxiété) sont modérées par la sécurité d’attachement chez les jeunes adolescents qui transitent vers le secondaire.

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