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L’application REDI est-elle correctement utilisée?

3 Module de travail 2: recensement des bugs et résolution des problèmes

3.3 L’application REDI est-elle correctement utilisée?

Concernant notre second objectif, nous avons cherché à savoir si REDI est correctement utilisée par les assistants sociaux. Sur base de l’exercice de simulation réalisé lors du premier module de travail et sur base des commentaires des utilisateurs, nous avons dressé une liste de préoccupations concernant l’utilisation de REDI. Celle-ci concernant { la fois l’encodage des revenus et des dépenses, l’utilisation de REDI pour une gestion budgétaire du client, les montants de référence comme minimums absolus et le respect de l’autonomie du client.

3.3.1 Encodage avec précision des revenus et dépenses

Tout d’abord, nous soulignons que l’utilisation de REDI exige que les données soient entrées d’une manière rigoureuse dans le système. Pour parvenir { un budget de référence précis et adapté à chaque client, il est important que tous les revenus et dépenses soient encodées correctement dans l’application web (comme par exemple les bourses d’étude, les pensions alimentaires, les cotisations syndicales, les prêts, les remboursements, les revenus immobiliers, etc.).

3.3.1.1 Encodage incorrect des dépenses

Si des erreurs surviennent lors de l’encodage des dépenses, le budget de référence calculé n’est pas exact. Un exemple concerne une erreur lors de la saisie des prêts ou remboursements à charge du bénéficiaire. Chaque CPAS peut décider de manière autonome si ces dépenses doivent être prises en considération ou non dans le calcul du montant de référence. Mais soulignons que si ces dépenses ne sont pas prises en considération, le budget disponible est mis sous pression – davantage que ce que nous avons montré grâce aux résultats de la simulation financière. La possibilité d’une vie digne est donc compromise. Nous avons noté que lors de l’exercice de simulation, tous les paiements auxquels les bénéficiaires doivent faire face n’ont pas été encodés. A nouveau, leurs budgets disponibles sont mis sous pression. Voici un exemple : la simulation indique qu’une famille avec deux enfants a besoin de 1813,45€ pour vivre dignement. Il s’agit d’une famille où un seul revenu est perçu, et qui a trois remboursements à charge inclus par le CPAS dans le calcul du budget mensuel. Si ces remboursements n’avaient pas été pris en considération, un déficit de 817,16€ aurait été présent. En d’autres termes, inclure les remboursements dans le calcul du budget mensuel a une influence capitale.

Une autre constatation est que certains bénéficiaires ont des coûts liés aux charges énergétiques qui sont presque nuls. Bien que nous ne puissions pas nous prononcer sur l’exactitude de ces montants, nous recommandons à tous les utilisateurs de REDI de rester prudents sur la signification des coûts liés aux charges de consommation. S’il n’y a présence que de consommation d’eau et d’électricité, alors ces charges doivent inclure le chauffage. En outre, nous avons remarqué que les données concernant les cotisations syndicales, les frais de banque ou bien l’assurance maladie sont souvent manquantes. De plus, alors que l’assurance incendie est obligatoire, son coût n’est pas systématiquement comptabilisé dans le budget. En outre, nous pensons que l’assurance hospitalisation est nécessaire pour vivre dans la dignité (afin d’éviter de lourdes dépenses d’hospitalisation, ainsi que les soins { domicile après une hospitalisation). Peu de clients semblent disposer de cette assurance.

Notons également que dans les montants actuellement octroyés par les CPAS, les frais liés au remplacement du matériel défectueux ne sont pas pris en considération. Bien que les CPAS pensent qu’il n’est pas possible de budgétiser cet aspect, seule une minorité d’entre eux n’a pas

voulu en tenir compte. Dans les calculs de la simulation ci-dessus, ces coûts sont pris en considération.

Enfin, il ne faut pas uniquement encoder toutes les dépenses, mais aussi prêter attention à ce que le montant encodé soit correct. Par exemple, un CPAS avait encodé des frais de santé s’élevant { 1214€. Après un contact avec ce CPAS, il s’est avéré que les frais s’élevaient { 55€. 3.3.1.2 Encodage incorrect des revenus

Il est nécessaire d’encoder correctement tous les revenus. Lors de la vérification des dossiers encodés par les CPAS, nous avons constaté des situations où une allocation familiale était perçue, alors qu’il n’y avait pas présence d’enfants au sein du ménage. Ces dossiers ont été gardés pour l’analyse. Nous devons garder { l’esprit que dans le cas contraire, cette erreur conduirait { une sous-estimation du budget nécessaire au ménage. Par conséquent, les surcoûts de REDI seraient plus réduits que la réalité.

De plus, pour de nombreux dossiers, aucune bourse d’étude n’a été encodée. Même si nous ne pouvons pas exclure que ce soit effectivement le cas, nous avons fortement insisté sur le fait que la bourse d’étude doit être encodée au titre de revenu. Elle est prévue pour couvrir une partie des frais scolaires et augmente le budget disponible du ménage.

Comme pour les dépenses, il est utile de vérifier la véracité du montant encodé. Ainsi, nous avons recensé un dossier concernant un couple, où un seul revenu était encodé (un RIS). Suite à notre demande, le CPAS a indiqué que le couple percevait en réalité deux RIS. Par ailleurs, dans un autre dossier, une famille percevait un RIS de 1915€. Il s’est avéré en fait que le montant devait être saisi comme un revenu provenant du travail. Bien que cette dernière erreur n’ait pas d’impact dans le calcul du budget de référence, notre classification pour la simulation, ainsi que le dossier de base du client, s’en trouvaient faussés.

3.3.1.3 Périodicité des dépenses et revenus

Un autre point concerne la périodicité des dépenses et revenus. Dans la version de REDI avec laquelle les CPAS ont travaillé, tous les revenus et dépenses encodés doivent être mensuels (à l’exception des charges d’énergie où un menu déroulant permet de choisir si le montant encodés couvre 1 mois, 3 mois, 6 mois ou 1 an). Lors de l’exercice de simulation, certains revenus ont été encodés sur base annuelle. Ceci conduit bien entendu à une surestimation des revenus, allant jusque 500€. Tous les dossiers contenant des bourses d’étude ont été vérifiés par les chercheurs, et corrigés si nécessaire, ou ajustés aux montant maximums pouvant être octroyés.

Les développeurs de REDI vont modifier l’application afin que ce type d’erreurs ne puisse plus se présenter. Ainsi, lors de l’encodage de certains revenus, la périodicité sera demandée, et REDI calculera automatiquement le montant par mois.

3.3.1.4 Postes de dépenses diverses dans REDI

L’application REDI distingue différents postes de dépenses, ce qui n’est pas toujours pratique. Elle distingue les frais de télévision, les frais liés à Internet et les frais de téléphonie. Hors, le bénéficiaire peut avoir souscrit { des forfaits couvrant ces trois dépenses. Pour l’assistant social, il peut devenir difficile de départager les coûts liés à ces trois services. Une solution possible est d’encoder le montant dans une seule des trois cases prévues { cet effet, afin d’éviter de démultiplier les coûts.

A nouveau, les développeurs de REDI tiennent { adapter l’application au travail de terrain. Afin d’éviter cette situation problématique, un case supplémentaire permettra d’encoder le montant forfaitaire.

3.3.2 REDI et l’accompagnement budgétaire des bénéficiaires

Les CPAS ont encodé quelques dossiers en situation d’endettement. Pour ces clients, le revenu disponible est octroyé par le médiateur de dettes, et doit permettre de couvrir tous les frais nécessaires. Comme pour les montants attribués par les CPAS, ces montants étaient inférieurs à ceux calculés par REDI. Cela confirme notre hypothèse que REDI peut également être un outil utile pour déterminer le montant { octroyer aux personnes endettées afin qu’elles puissent vivre dans la dignité.

3.3.3 Montants de référence comme minima absolus

Pour calculer le solde (soit l’excédent ou le déficit du revenu actuel par rapport au budget de référence), REDI utilise les cases nommées « objectifs ». Si l’assistant social ne connait pas le montant réel de la dépense, alors il peut encoder le montant de référence qui est le strict minimum pour vivre dignement. En effet, plutôt que de préférer sa propre estimation, le montant de référence est un bon indicateur de la dépense nécessaire.

Pour les dossiers encodés dans le cadre de la simulation, nous avons encodé le montant de référence si la donnée était manquante, ou lorsque le CPAS a encodé des montants inférieurs à la référence. Ceci s’explique par la philosophie des budgets de référence. Ces derniers sont les dépenses minimales absolues qu’une personne doit prévoir. Cette philosophie prévoit que dans le budget minimal octroyé mensuellement, chaque poste de dépenses doit pouvoir être couvert par un montant minimum.

3.3.4 Respect de l’autonomie des clients

Si pour une dépense particulière, le bénéficiaire a besoin d’un budget inférieur au montant de référence, il est libre, conformément à la vision des budgets de référence et { l’autonomie des clients, de dépenser le montant restant sur un autre poste de dépense. REDI peut également servir de fil conducteur lors des contacts entre le bénéficiaire et l’assistant social. Ainsi, l’assistant social pourra récolter d’une manière structurée les différentes dépenses du bénéficiaire comme par exemple le coût des différentes assurances (hospitalisation, incendie, etc.). Il n’est pas nécessaire que les dépenses du bénéficiaire correspondent exactement { celles indiquées dans les budgets de référence. Mais en lui garantissant un montant minimum pour chaque dépense dans le budget de référence, nous garantissons au client de pouvoir vivre dans la dignité, et de pouvoir participer pleinement à la vie en société.

3.4

Conclusion : L’application REDI est-elle un instrument