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Conclusion sur REDI comme outil éducatif

6 Décisions et conclusions

6.4 Conclusion sur REDI comme outil éducatif

Le quatrième module de travail vise { évaluer l’effectivité des budgets de référence et de l’utilisation de REDI comme outil éducatif dans le cadre de la recherche. Nous avons mis en

évidence l’impact des budgets de référence et de l’utilisation de REDI dans le cadre d’un accompagnement individuel visant à renforcer la gestion budgétaire des bénéficiaires. Cet accompagnement visait également à déterminer dans quelle mesure REDI et la familiarisation avec les budgets de référence pouvaient sensibiliser les assistants et conseillers sociaux à évaluer la situation socio-économique d’un bénéficiaire, et { mener une politique sociale inclusive.

En ce qui concerne les bénéficiaires ayant réalisé les quatre séances d’accompagnement, nous constatons qu’ils donnent une évaluation très positive de l’intervention, qu’ils se sentent plus aptes à gérer leur argent et qu’ils ont une meilleure conscience de leurs dépenses et revenus. Cet impact positif de l’intervention a par ailleurs montré – dans un moindre mesure- un (petit) nombre de changements de comportements et d’attitudes face à la gestion budgétaire. Lorsque nous analysons les résultats du post-test, en comparaison avec le pré-test, nous constatons qu’une plus large proportion de bénéficiaires épargne. De plus, nous constatons une tendance à fixer des objectifs sur le long terme et une tentative d’appréhender la manière dont leurs dépenses et revenus s’effectuent. Ces effets sont directement liés à l’accompagnement. En effet, ce dernier incluait la fixation d’objectifs sur le long terme comme technique d’autocontrôle, ainsi qu’une prise de conscience des dépenses grâce à la mise à plat par écrit. En outre, nous avons également remarqué que l’intervention a un effet de renforcement de la confiance en leurs propres compétences { gérer l’argent. Cette auto-efficacité est une étape importante et indispensable pour que les bénéficiaires gèrent leur argent sur le long terme, et il est encourageant de voir qu’une intervention relativement limitée dans le temps a une influence positive.

Dans la pratique, l’implémentation de l’accompagnement individuel consistait à mettre davantage l’accent sur la maitrise et l’apprentissage des techniques d’autocontrôle plutôt que sur l’utilisation des budgets de référence. Cela signifie que l’impact de l’intervention ne doit pas être complètement imputé à REDI ou aux budgets de référence, mais au processus d’accompagnement dans son ensemble, y compris l’apprentissage des techniques d’autocontrôle. Nous comprenons les réticences des travailleurs sociaux lors de l’établissement de budgets détaillés avec les bénéficiaires, car certains d’entre eux n’ont pas de ressource suffisante. C’est pourquoi nous pensons que l’impact aurait pu être plus important si les budgets de référence avaient été octroyés par les CPAS dans le cadre de cette recherche. Néanmoins, des petits changements de comportement sont tout de même à noter après seulement quatre séances d’accompagnement individuel. Etant donné que la charge de travail des assistants sociaux est relativement importante, il n’est certainement pas possible de réaliser cet accompagnement à grande échelle. Une solution plus « efficace » serait de mettre en œuvre des séances collectives permettant de gagner du temps pour les travailleurs sociaux et de créer des occasions pour les participants de partager leurs expériences.

Nous avons également analysé l’impact de REDI et des budgets de référence comme outil de sensibilisation des assistants et conseillers sociaux. Lorsque les assistants et conseillers sociaux ont évalué les cas fictifs, des similitudes avec les résultats du module de travail 1 (la simulation financière s’appuyant sur des cas réels) sont apparues. Le module de travail 4, comme lors de la simulation financière, montre que les montants actuellement alloués par les différents assistants sociaux sont inférieurs à ceux des budgets de référence. Nous constatons aussi que, comme dans le module de travail 1, l'impact de la présence d’enfants ne se traduit pas par une augmentation proportionnelle de l’aide financière octroyée { la famille. En outre, il semble qu’il y ait, dans le module de travail 1, de fortes variations de l’aide entre les différents CPAS, mais aussi entre les assistants sociaux au sein d’un même CPAS. Cela peut être en partie dû { une interprétation différente des situations décrites, ce qui est également suggéré par le fait que les assistants sociaux apportent de nombreuses nuances et suggèrent qu’un certain nombre de spécificités individuelles soient prises en compte pour calculer le soutien financier supplémentaire (les caractéristiques étaient partiellement décrites dans les situations fictives). L’application REDI

permet d’une manière uniforme (une même méthode pour tous les utilisateurs) de tenir compte d’un grand nombre de caractéristiques individuelles, et serait donc un atout précieux dans la pratique, pour pouvoir évaluer des situations de vie spécifiques.

Concernant les familles avec enfants, nous avons à nouveau constaté que le coût additionnel entrainé par la présence des enfants n’est pas suffisamment prise en considération pour calculer le soutien actuel. Il en est de même pour l’estimation du minimum nécessaire pour vivre dans la dignité par des assistants sociaux et conseillers. Même après la formation (qui mettait fortement l’accent sur cet aspect), et la participation { l’étude, il n’y a pas de changement évident indiquant que les assistants et conseillers prennent davantage en considération le coût supplémentaire lié { la présence d’enfants dans le ménage.

Bien que les travailleurs sociaux (1) ne soient pas tout à fait convaincus des conditions attachées { l’octroi de SFS, surtout en comparaison avec les conseillers, et (2) que l’évaluation de l’accompagnement individuel est beaucoup moins positive que celle laissée par les bénéficiaires. Nous remarquons que les travailleurs sociaux estiment que leur accompagnement est aussi effectif après l’intervention (concernant l’anticipation de problèmes et les changements de comportement). Il est possible que les assistants sociaux évaluent l’accompagnement individuel en fonction de la charge de travail que cela entraine. Une solution possible pourrait être un travail d’accompagnement en séance collective.

Les conseillers ayant participé { l’intervention sont en grande partie déj{ convaincus de l’insuffisance des salaires et pensions minimales pour vivre dans la dignité humaine. Après nous remarquons qu’ils sont davantage convaincus. Se familiariser avec REDI et les budgets de référence n’a pas conduit { des estimations plus correctes du montant permettant de vivre dans la dignité. Mais étant donné qu’il s’agit d’une première approche et que l’instrument n’a pas été testé pour évaluer des situations, cela ne doit pas nécessairement être considéré comme un échec. Un point encourageant est que les conseillers recommandent que les budgets de référence ainsi que REDI soient présentés au conseil social d’autres CPAS. En outre, certains conseillers indiquent que grâce à cette présentation et à la participation à la recherche, ils ont obtenu une meilleure vision du montant permettant de vivre dignement, et qu’ils portent { présent un regard différent sur les dossiers de demande d’aide financière. Bien que la participation n’ait pas d'effet immédiat sur la politique du CPAS, certains CPAS ont l’intention de la réadapter. Etant donné que l’introduction des budgets de référence { au moins permis { une partie du groupe politique d’obtenir une meilleure compréhension de la nécessité d’un revenu suffisant pour vivre dans la dignité, et qu’elle a permis de modifier le regard porté sur ce revenu, notre avis est que cela peut contribuer à optimiser la politique concernant les dossiers demandant du soutien.