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L’analyse mixte des données

Considérations d'ordre méthodologique

5. Le plan d'analyse des données

5.3. L’analyse mixte des données

Les statistiques et l’expression graphique des données conviennent à l’étude des corrélations entre des phénomènes susceptibles d’être traduits en variables quantifiables. Il faut réaliser que les faits qui intéressent le sociologue par exemple ne sont pas tous mesurables, quantifiables. Si l’outil statistique permet d’élucider autant que possible les postulats et hypothèses méthodologiques sur lesquels il repose, il ne dispose pas, en lui-même, d’un pouvoir explicatif. Van Campenhoudt et Quivy (2011 : 205) ont raison d’écrire : « Il peut décrire des relations, des structures latentes, mais la signification de ces relations et de ces structures ne vient pas de lui. C’est le chercheur qui donne un sens à ces relations par le modèle théorique qu’il a construit au préalable et en fonction duquel il a choisi une méthode d’analyse statistique ».

A la vérité, bien souvent une recherche concrète se fait sur le plan quantitatif et sur le plan qualitatif.

La méthodologie mixte combine justement la recherche qualitative et la recherche quantitative. Elle peut être diachronique, régionale, sur le terrain, explicative et compréhensive. Ses données qualitatives et quantitatives sont soumises à une triple analyse, statistique, documentaire (sens et signification des propos) et d’entretien (sens et signification des propos). La recherche mixte est

bien expliquée et présentée par A. Tashakkori et C. Teddlie (1998) dans leur ouvrage intitulé précisément Mixed methodology : combining qualitative and quantitative approaches,ThousandOaks, CA, Sage Publications. Miles et Huberman ont développé depuis 1991 l’approche mixte : les processus de collecte et d’analyse des données ne sont pas menés de façon exclusive dans la logique qualitative ou dans la logique quantitative. En 2003, ils développent leur pensée dans la 2èmeédition revue et augmentée de leur livre intituléL’analyse des données qualitative,Bruxelles, De Boeck.

Lectures recommandées

Paradigmes et méthodes

BOUDON Raymond, 1971, Lacrise de la sociologie: question d'épistémologie sociologique,Genève Droz.

BOURDIEU Pierre, Chamboredon Jean Claude et Passeron Jean Claude, 1973,Le métier de sociologue, préalables épistémologiques,

Paris, Mouton 2émeéd.

DE BRUYNE P., HERMAN J. et DE SCHOUTHEETE M., 1974, Dynamique de la recherche en sciences sociales,Paris, PUF DOGAN M. and PELASSY D., (1990)How to compare Nations? Strategies

in Comparative Politics,Chatham,Chatham House.

DURKHEIM E., 1988,Les règles de la méthode sociologiqueprécédé de

«L'instauration du raisonnement expérimental en sociologie» par BERTHELOT J.-M., Paris, Flammarion.

GINGRAS F-P, «La théorie et le sens de la recherche», Benoît Gauthier, dir., 1993,Recherche sociale. De la problématiqueàla collecte des données,Sillery, Presses de l'Université du Québec, p.113-138.

GRAWITZ M., 1986,Méthodes des sciences sociales,10eédition, Paris Dalloz, (10-édit).

KUHN T.S., 1972,La structure des révolutions scientifiques,Paris, Flammarion.

MONIÈRE D., 1976,Critique épistémologique de l'analyse systémique de David Easton:essai sur le rapport entre théorie et idéologie, Ottawa, Editions de l'Université d'Ottawa

SKOCPOL T., 1979,States and social Revolutions: A comparative Analysis of France, Russia and China,Cambridge, Cambridge University Press.

TOURAINE A, 1973,Production de la Société,Paris, Seuil.

-1978, La voix et leregard, Paris, Seuil.

YIN R.K., 1984,Case Study Research and Methods,Beverly Hills, Sage, Applied Social Research Methods Series, vol. 5, p.13-26.

Observation directe et observation participante

BEAUD S. WEBER F, 1998,Guide de l'enquête de terrain,Paris, La Découverte.

DE KELELE J. M., 1983,Méthodologie de l'observation,Louvain La Neuve, Laboratoire de Pédagogie Expérimentale, Université Catholique de Louvain.

DESLAURIERS J. P., 1985,dir.,La recherche qualitative, résurgences et convergences,Chicontimi, Université du Québec à Chicontimi.

JANET B.J.et JOSLIN R.A.,Politicial Science Research Methods, Washington CQ Press, 1986, p.223-247.

LAPERRIÈRE A, 1933, «L'observation directe», Benoît Gauthier, dir.,Recherche Sociale. De la problématiqueàla collecte des données,Sillery, Presses de l'Université du Québec, p.251-272.

L'échantillonnage

BEAUD J.-P., «L'échantillonnage» B. GAUTHIERdir1993.,Recherche Sociale. De la problématique à la collecte des données, Sillery, Presses de l’Université du Québec, p.195-225.

FORTIN M.-F. : «Méthodes d'échantillonnage» M.F. Fortin 1996,

Le processus de la recherche, de la conception à la réalisation, VilleMont Royal (Québec), Decarie Editeur p. 199-212.

Le questionnaire, le sondage

BERTHIER N., 1998,Les techniques d'enquête. Méthode et exercices corrigés,Paris, A. Colin.

BLAIS A., «Le sondage» Benoît Gauthier, dir, op. cit., p.361-398.

DEROO et DUSSAIX A, 1980,Pratique et analyse des enquêtes par sondage,Paris, PUF.

DE SINGLY François 1992,L’enquête et ses méthodes : le questionnaire, Paris Nathan.

JAVEAU CI., 1982,L'enquête par questionnaire,Paris, Édition d'organisation/ Édition de l'Université de Bruxelles.

GHIGLIONE R. et MATALON B., 1978,Les enquêtes sociologiques, théorie et pratique,Paris, Armand Colin.

LOUBET DEL BAYE J.L., 1986,Introduction aux méthodes des sciences sociales, 2eedit. augmentée,Toulouse, Privat, p.46-77.

L'entretien et le récit de vie

BLANCHET A. et GOTMAN A., 1992,L'enquête et ses méthodes:

l'entretien,Paris, Nathan, (comment préparer, réaliser et analyser les entretiens).

BLANCHET A.etal,1985,L'entretien dans les sciences sociales,Paris, Dunod.

BLANCHET A., 1991,Dire et faire dire: l'entretien,Paris, A. Colin.

DAUVAIS J.-P., «L'entretien non directif», Benoît Gauthier, dir.,1993., Recherche Sociale. De la problématique à la collecte des données, Sillery, Presses de l’Université du Québec.,p.273-293.

GEOFFRION P., «Le groupe de discussion», Benoît Gauthier dir.,1993., Recherche Sociale. De la problématique à la collecte des données, Sillery, Presses de l’Université du Québec.,p.311-333.

DE LANDSHEERE G. «L'entretien ou l'interview», De Landsheere, 1970, Introductionàla recherche en éducation,Paris, Armand

Colin/ Bourreher, p.461-464.

MUCCHIELLI R., 1993,L'interview de groupe,Paris, ESF, (17, édition).

BERTRAUX D., 1980,«L'approche biographique:savalidité méthodologique, ses potentialités », CIS, LXIX.

PENEFF J. 1990,La méthode biographique. De l'école de Chicago à l'histoire orale,Paris, A. Colin.

L’enquête ethnographique

BAUD Stéphane et WEBER Florence 1998,Guide de l’enquête de terrain, Paris, Edit. La Découverte

MBONJI Edjenguélé 2005, L’Ethno-Perspective ou la Méthode du Discours de l’Ethno-Anthropologie culturelle, Yaoundé, PUY

L'analyse de contenu

BARDIN L., 1989,L'analyse du contenu,Paris, P.U.F.

GHIGHONE R., BEAUVAIS J.L, TRONGNON A.,Manuel d'analyse de contenu,Paris, A. Colin, 1980 (Coll. U).

KRIPPENDORFF K.H.,1980, Content Analysis: An Introduction to Its Methodology,Newbuiy Park, Californie, Sage Publications.

LANDRY R., «L'analyse de contenu», B. GAUTHIER, dir.,1993., Recherche Sociale. De la problématique à la collecte des données, Sillery,

Presses de l’Université du Québec.,p.339-359.

MUCHIELLI R., 1974,L'analyse de contenu,Librairie Techniques/Les éditions ESP, Paris.

L'étude documentaire et la recherche documentaire

BOISVERT O. «L’étude documentaire», Benoît Gauthier, dir.,1993.,

Recherche Sociale. De la problématique à la collecte des données, Sillery, Presses de l’Université du Québec.,p.79-111.

CIBOIS P., 1984,L'analyse des données en sociologie,Paris, PUF.

LAGHZALLI M.et TARDIF E., 1986 janvier, Guide de recherche documentaire en science politique, Montréal, Université du

Québec.Note pédagogiquen° 1.

LOUBEL DEL BAYE J.L., 1978,Introduction aux méthodes des sciences sociales,Toulouse, Privat, p.102-110.

La mesure des attitudes

BÉLAND F., «La mesure des attitudes», Benoît Gauthier, dir.,1993., Recherche Sociale. De la problématique à la collecte des

données, Sillery, Presses de l’Université du Québec.,p.399-423.

DE LANDSHEERE G. « Les attitudes et les opinions », De Landshere, Introduction à la recherche en éducation,Paris Armand Colin / Bourrelier, p. 131-139

Chapitre 7

L’analyse des données

PROLOGUE : CLASSIFICATION ET ANALYSE DES DONNÉES.

LECTURE D’UN TABLEAU

Classer et analyser des données

Pour l’essentiel l’analyse des données comprend deux étapes : la classification de l’information et l’analyse proprement dite des données.

Les informations recueillies sur un objet de recherche grâce à des protocoles ordonnés d'exploitation des observations que sont les techniques de recherche constituent malgré tout autant d'éléments fragmentaires du phénomène observé et doivent être structurées et articulées de façon cohérente dans un système de relations explicatives.

Il faut les analyser d'abord; plus tard, on les discutera. L’analyse des données vise à montrer leurs liens avec le problème de recherche.

Mais concrètement, comment traiter la quantité d'informations recueillies? Il faut les ordonner, les classer ou les regrouper pour pouvoir les analyser à proprement parler. Les informations recueillies ou les faits observés doivent être isolés, regroupés et classés dans des catégories, dans des tableaux, des graphiques (diagrammes, histogrammes, courbes, etc.).

C'est la seule manière de permettre à la quantité importante d'informations de prendre sens en laissant découvrir les liens qui n'étaient pas toujours évidents. Il faut donc traiter les informations ou les faits pour les transformer en données analysables. En principe le terme de « donnée » est réservé pour qualifier l’information traitée.

Les informations recueillies subissent un traitement quantitatif par l’analyse statistique descriptive et par l’analyse statistique explicative. Les informations qualitatives sont recueillies et traitées par l’analyse documentaire ou par l’analyse de contenu.

Apprendre à lire un tableau

Le texte de François De Singly (1992 : 95-110), très pertinent, convient à cet effet.

Les données sont collectées afin de répondre à une problématique de recherche, pour résoudre un problème posé. En recherche quantitative surtout, les tableaux et les figures (diagrammes, histogrammes, courbes, etc.)

modalités d’une seule variable : on peut décrire la distribution des effectifs et les pourcentages des modalités de réponses. Dans une perspective d’explication sociologique, il est possible de construire un tableau qui croise deux variables pour mettre en lumière l’action éventuelle d’un facteur social, l’effet d’un déterminant social. La variable indépendante est celle qui représente, selon l’hypothèse, un facteur qui influe sur… La variable dépendante (qui dépend de l’action de la première) est celle qui est censée subir l’action de ce facteur.

Habituellement, les réponses à la partie du questionnaire par exemple qui porte sur l’objet explicite de la recherche sont considérées comme des variables dépendantes. Ces dernières sont croisées avec les réponses empruntées à la partie du questionnaire cherchant à approcher les facteurs supposés être influents. Le tableau croisé veut rendre visible l’action supposée de la variable indépendante sur la variable dépendante. C’est d’ailleurs par rapport à la variable indépendante qu’on calcule les pourcentages. Par exemple, si l’on pense que le niveau d’étude est un des éléments qui intervient dans la pratique religieuse, on établit un tableau croisant la variable indépendante « niveau d’étude » et la variable dépendante

« pratique religieuse ». La structure du tableau doit supposer la relation et fournir des pourcentages calculés par rapport à la variable indépendante.

Il arrive qu’une variable test entre en ligne de compte pour permettre de vérifier une relation observée entre deux variables, de mesurer l’effet de la variable indépendante. C’est le cas de l’analyse multivariée.

Pour en rester au tableau croisé avec deux variables, considérons, avec tout le sérieux requis, les « règles » que François De Singly fixe pour disposer un tableau (pour une lecture rapide, par l’accoutumance de l’œil, cf. les deux premières règles) et pour analyser les données du tableau.

→ «Première règle

La variable indépendante doit être disposée en lignes, et la variable dépendante en colonnes »

« Deuxième règle

Les pourcentages doivent être calculés en fonction de la variable indépendante (ou jouant cette fonction). […] »

« Troisième règle

L’effet de la variable indépendante sur la variable dépendante est approché par l’éventuelle variation des pourcentages lus, modalité par modalité, de la variable dépendante. Dans chaque colonne, est souligné le plus (ou les plus) fort pourcentage. [...] »

« Quatrième règle

En première lecture, une règle d’équivalence entre nombre est décidée : sont considérés comme équivalents deux nombres dont l’écart est égal ou

inférieur à cinq points [ainsi 26,6% et 27,7%; 94,9% et 89,7%(moins de 5 points de différence).

Ce mode de lecture rompt avec la lecture majoritaire qui est le mode de lecture le plus fréquent pour les commentaires de sondage d’opinion. Ilne faut pas regarder ligne par ligne les nombres les plus importants,(souligné par nous), car sinon c’est la modalité la plus fréquente de la variable dépendante dans le groupe considéré (défini par une modalité de la variable indépendante) qui ressort. […] »

« Cinquième règle

Une fois soulignés, colonne par colonne, les plus forts nombres qui indiquent l’action de la variable indépendante, il convient d’écrire un ou plusieurs énoncés résumant la ou les variations observées. Le commentaire se concentre donc sur les variations observées selon le principe de la troisième règle. Les phrases doivent être construites autour des termes « plus que » et « moins que » afin de bien marquer la logique comparative de la perspective explicative. »

« Sixième règle

Ce n’est que lorsqu’est mise en lumière l’action de la variable indépendante par la lecture comparative (verticale) qu’il faut prendre en compte le poids relatif des modalités de la variable dépendante, grâce à une lecture horizontale, ligne par ligne. En effet, tous les énoncés (règle 5) portant sur des variations ne sont pas équivalents. Ils doivent être référés à la fréquence de la pratique considérée et à son sens […] »

« Septième règle

De la description d’une relation (éventuelle) entre variable indépendante et variable dépendante dans l’échantillon, il ne faut pas se hâter de généraliser sur l’action de la variable indépendante, sans vérification. Il convient de prêter attention à la construction sociale de la population dans laquelle l’échantillon est puisé […] »

« Huitième règle

L’action hypothétique d’une variable indépendante doit être contrôlée par l’introduction de plusieurs variables tests. Cette procédure prend le nom d’analyse multivariée, désignant des croisements de trois (au moins) variables entre elles.

L’introduction d’une variable test ne modifie pas les règles de présentation et de lecture des tableaux statistiques. La variable indépendante doit toujours être disposée en ligne et la variable dépendante en colonne. Ce qui change, c’est le nombre de sous-tableaux croisant la variable indépendante et la variable dépendante, fonction du nombre de modalité de la variable test […]

[…] Pour la lecture de tableaux doublement croisés (c'est-à-dire avec trois variables), il convient de disposer de manière cohérente le tableau selon le contrôle que l’on veut effectuer. La variation recherchée (effet associé au sexe de l’enfant, ou l’effet associé au milieu social de la famille) désigne la variable indépendante, et les conditions dans lesquelles le test est effectué renvoient à la variable test (qui est une variable indépendante qui change provisoirement de statut. »

« Neuvième règle

[…] Maîtrisée, [la méthode des tableaux croisés] permet de préciser les conditions de l’action de la variable indépendante […]

Le contrôle de la relation entre variable indépendante et variable dépendante par l’introduction successive de variables tests révèle les dimensions par lesquelles la première agit. Dans cette perspective, l’analyse multivariée […] a pour intérêt de dévoiler, derrière les résultats « bruts », les conditions par lesquelles agissent les déterminants sociaux des conduites. »

Notons en terminant que les tableaux et les figures à l’appui du texte narratif doivent avoir un numéro et un titre précisant l’information présentée (pour des détails supplémentaires, se référer au chapitre 13 sur l’article scientifique).

Retenons aussi que les tableaux et les figures ne sont pas de simples illustrations en appoint à un texte narratif ; ils peuvent être le point de part de l’analyse et à l’origine de la rédaction du texte narratif. Tout comme en géographie une carte peut être le point de départ d’un cours, d’une dissertation ou d’un commentaire.